Essai Kawasaki ZX-6R 636
La bombe
La Kawasaki ZX-6R, devenue ZX-6R 636 en 2001, a longtemps été l'une des sportives les plus polyvalentes de sa catégorie. En 2002, elle a fondamentalement changé pour devenir plus exclusive, et enfanter une petite soeur encore plus extrême avec la ZX-6RR.
Découverte
La nouvelle ZX-6R apparaît plus petite que sa version précédente. La ligne a changé de fond en comble avec des lignes plus tendues; les courbes précédentes laissant la place à des triangles, et notamment pour les phares avant et arrière. La prise d'air remonte désormais sur le carénage. On admire le cadre en aluminium et surtout la fourche inversée aux tubes dorés.
En selle
On a l'impression de monter sur un jouet. Est-ce vraiment une 600 cm 3? On dirait une cylindrée inférieure. Tout parait petit, sauf la hauteur de selle et les pieds touchent à peine terre malgré mes 1,70m. Le corps tombe entier bascule vers l'avant pour s'appuyer sur les demi-guidons. La position est assurément exclusive.
Sous les yeux, on retrouve le compteur digital partagé sur de nombreux modèles et notamment la Z 1000 : tout est concentré sur un seul cadran, les vitesses au centre et le compte-tour autour avec une zone rouge à plus de 15.000 tr/mn. Sur les côtés, on retrouve les traditionnels témoins de point mort, huile, passage en réserve, clignotants et plein phare. Moins traditionnels le shift light - permettant de signaler le changement de rapport- , et le chrono par tour, permettant d'enregistrer 99 tours. Par contre, un seul trip partiel.
Les rétroviseurs se règlent facilement et offrent toujours une bonne visibilité, quelle que soit la position de conduite.
Contact
Les feux de position et de croisement s'allument automatiquement, nouvelle norme européenne oblige. Le quatre cylindres rugit de suite. Embrayage, démarrage... La moto semble ici un poids plume, tandis que la tête semble se poser au-dessus de la bulle, pour ne plus voir les compteurs. Les pieds se retrouvent particulièrement relevés mais les genoux enserrent parfaitement le réservoir. Et c'est sans doute l'une des motos les plus agréable à serrer contre soi.
La première se révèle courte, comme la seconde, tandis que la moto bondit littéralement à chaque passage de vitesse. Chaque passage de vitesse oblige a un savant dosage de l'accélérateur. Seule la position fortement basculée vers l'avant permet d'accentuer le poids sur l'avant sans jamais déjauger. On se trouve ici aux antipodes d'une GSX-R 600 qui apparaîtrait douce en comparaison. Et le freinage est à la hauteur des performances, particulièrement mordant y compris de l'arrière. Un freinage appuyé de l'arrière entraînera une dribble rapide, facilement maitrisable mais surprenant. Quand au freinage avant, il donne l'impression de s'écraser contre un mur à chaque freinage un tant soit peu appuyé. Sensations garanties...
Ville
La ZX6R accepte tous les régimes. Elle ronronne à deux-milles tours en sixième, commence à ronger son frein dès les quatre milles tours, s'élance dès les six mille tours et ne s'arrête plus ensuite jusqu'à offrir son maximum à 12.000 tr/mn. Autant dire qu'en ville, c'est inexploitable et que le moteur chauffe rapidement, bridé par les régimes intermédiaires. Par contre, c'est léger, maniable et cela se faufile partout.
Si la boite de vitesse est un peu dure sur les deux premiers rapports, tous les autres rapports sont d'une douceur absolue qui amène à changer de rapport sur du velours. La seule difficulté rencontrée repose sur la difficulté de trouver le point mort à l'arrêt, qui demandera régulièrement au moins deux essais avant d'y arriver.
Autoroute
Sortie de Paris, la ZX6R rage et prend ses tours. La position devient rapidement limande pour se protéger des turbulences et le buste colle au réservoir, les bras repliés. Là, la protection devient parfaite, même avec un blouson plutôt "flottant". Même à des vitesses largement prohibées, la moto semble ne pas connaître de limite qu'un moteur hurlant dans les tours. En courbes rapides, il suffit de pousser légèrement le guidon pour que la moto s'inscrive parfaitement en courbe, sans aucun effort.
Départementales
La ZX-6R, loin de ses limites exploitables sur autoroute, devient plus sympathique sur départementale où il devient possible de la faire monter dans les tours sur les petites routes. Agile, elle n'a jamais besoin d'être forcée. Au contraire, les genoux serrés contre le réservoir et enfoui dans sa bulle, le guidon se tient avec deux doigts et la moindre pression légère du bout des doigts permet à la moto de s'inscrire dans la courbe avec une facilité déconcertante. La partie cycle est stable et semble ne jamais pouvoir être mise en défaut. Cela devient rapidement un vrai régal, de pousser le quatre cylindres dans les tours. Encore une fois, je n'aurai pas réussi à la pousser dans ses retranchements. Elle semble toujours tout accepter, sans prendre au dépourvu.
Confort
On arrive là au sujet qui fâche. C'est une hypersportive, réglée dure et sans passager, cela permet de ressentir tous les défauts de la route. A tel point que l'on pourrait se demander s'il y a vraiment un amortisseur quelque part ! Kawasaki ne faillit pas ici à sa réputation, et depuis le premier modèle que j'ai essayé en 1998, le confort est toujours au même niveau : dur et spartiate. En contrepartie, la tenue de cap est absolue et la moto se ne désunit jamais. Il ne faut donc pas hésiter à travailler les suspensions qui offrent en plus le maximum de réglages possibles : détente et compression tant sur la fourche que l'amortisseur arrière et de 12 à 17 crans de réglages possibles. Donc, cela permet réellement d'affiner précisémenttous les réglages.
Le duo, ne change pas grand chose, bien au contraire. Le passager se placera sur le strapontin, mais ne résistera pas longtemps.
Freinage
Mordant, violent. Le freinage est tellement efficace qu'il demande une excellente maîtrise sur sec, et un doigté absolu sur mouillé. Est-ce le fait des nouveaux étriers radiaux ? En tout cas, le feeling est extraordinaire et si le dosage est obligatoire, les sensations de retour sont immédiates et précises.
Pratique
La selle s'ouvre pour découvrir une trousse à outil et de quoi placer un bloc disque. La poignée passager a disparue et "bien sur", il n'y a aucune béquille centrale sur ce type de moto. On regrette l'absence de warning, certes peu utiles sur circuit, mais on n'est malheureusement pas toujours sur circuit avec des machines de ce type.
Le ralenti est par contre très facilement accessible sur le coté, plus d'ailleurs que sur certains roadsters.
Consommation
Avec six litres au cent en moyenne, l'injection continue à faire des miracles. Ceci laisse une autonomie de 300 kilomètres, mais de toute manière, l'arrêt aura été obligatoire bien avant. Ici, c'est l'humain qui consomme ses forces.
Conclusion
La Kawasaki ZX-6R 636 est une formidable machine, devenue encore plus exclusive en 2003. C'est une véritable bombe, inexploitable au quotidien, et que l'on rêve d'emmener sur circuit pour espérer en exploiter quelques pourcentages. Réactive, sensible, vive... elle procure des sensations inoubliables et un plaisir de conduite par un moteur et un freinage répondant au centième de seconde à la moindre sollicitation même la plus légère. Elle a indéniablement un tempérament sanguin. Du coup, elle doit être réservée à des pilotes confirmés, ayant déjà tâté au moins d'une sportive ou d'une Sport-GT auparavant.
Points forts
- moteur
- freinage
- consommation
Points faibles
- confort
Point de vue d'utilisateur
Damien
Moto très stable et maniable en solo ou très chargée (passagère, sacoche réservoir, topcase, le tout sur les routes du Tarn!) sans toucher aux réglages d'origine. Moteur très plein pour un 600 et surtout très puissant dans les tours; un vrai bonheur! Consommation très raisonnable. Peut-être globalement la meilleure de toutes celles que j'ai eue (10).
Concurrentes : Honda CBR 600, Suzuki GSX-R 600, Triumph Daytona 600, Yamaha R6
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