Ducati Hypermotard 796
Le bicylindre Ducati 796 en version supermot' millésime 2010.
La Ducati Hypermotard 796 est la déclinaison de l’hypermotard 1100, présentée lors du salon de Milan en 2009. De loin, rien ne permet de différencier les deux modèles, très très proches esthétiquement. Pourtant la 796 est plus proche du Monster 696 avec ses 81 chevaux et 7,7m/kg de couple que de la grande soeur avec ses 10 chevaux de moins, ses 3 mkg de couple en moins, ses 12 kilos de moins sur la balance et une selle plus basse de 20 mm. Alors, moins de puissance, moins de couple, pour une moto fade mais facile pour les débutants ?
Découverte
Dans sa livrée blanche – pearl nacré - on ne distingue d’abord aucune différence entre 1100 et 796 cm3, à part la couleur du cadre, noir mat contre le rouge du 1100.
On retrouve, comme la grande sœur, le bec de canard, l’élégant monobras, la selle – presque – fixe, les rétroviseurs repliables placés dans la ligne horizontale du large guidon droit, les clignotants dans les pare-mains, le bouchon de réservoir en forme d’écrou (non monté sur charnière).
On remarque enfin les différences au niveau du compteur (hérité de la Streetfighter!), des commodos, de la fourche avant non réglable, des freins, du guidon acier ou de la chambre de tranquillisation sous le moteur… mais il faut vraiment chercher. Bref, c’est une vrai mini hypermot (et non pas une sous hypermot), soignée, pour 2.700 euros de moins que sa grande sœur !
En selle
Avec ses « seulement » 825 mm de hauteur de selle, le pilote d’1,70m peut tout juste toucher de la pointe des deux pieds le sol… mais cela ne gêne en rien. D’abord c’est mieux que le 1100 (où l’on se sent beaucoup plus perché haut) et ensuite le poids plume de la bête de 167 kilos à sec (189 kilos tous pleins faits), donne l’impression d’atterrir sur un jouet. La selle se révèle accueillante et les cuisses serrent facilement le réservoir à la forme parfaite.
Le compteur digital offre presque tout ce qui est nécessaire, hormis une jauge : compteur de vitesse, trip unique, compte-tour, horloge, témoin d'entretien programmé, température d'huile, témoin de pression d'huile, niveau de charge batterie, témoin de passage en réserve, indicateur de phare, indicateur de point mort, diagnostic injection et possibilité de DDA. L’ordinateur de bord se passe d’un coup de pouce gauche, sur le guidon : très pratique.
L’appel de phare et le plein phare se manipulent avec le même interrupteur, derrière le guidon pour le pilote ; c'est pratique mais cela occasionne également des mises en plein phare intempestives.
Les bras s’écartent largement pour s’emparer des poignées. Le buste se penche légèrement pour dominer le phare avant, bien en appui sur l’avant.
On déplie les rétroviseurs, qui ont le mérite de ne pas montrer les coudes, mais qui offrent une vision limitée.
Contact
Le Twin Desmodue en L à refroidissement par air de 803 cm3 (ne cherchez pas pourquoi le modèle s'appelle 796) s’ébroue de façon calme. Çà vibre à peine. La béquille se relève facilement.
Première, le tour de poignée droite envoie immédiatement. Hum, c’est plus proche d’un 800 velu que d’une petite 600 çà ! Mais la moto se prend en main très facilement dès les premiers tours de roue. On s’y sent tout de suite à l’aise et dans son élément, sans peur ni précaution particulière à prendre.
En ville
L’Hypermotard est un jouet extrême en ville, se faufilant avec aisance dans le moindre trou de souris, aidé en cela par un large bras de levier, un poids plume et un excellent rayon de braquage. Le moteur est pêchu, dynamique, avec des reprises, même sur le dernier rapport à 40 km/h (ok, à ce régime çà cogne quand même).
Il n’y a que les rétroviseurs, placés en extérieur, qui touchent facilement tous les autres rétroviseurs… à rabattre donc obligatoirement sous peine de voir des automobilistes rageurs après avoir vu leur rétro touché à tout bout de champ.
La première est presque violente et demande du dosage, la seconde est plus douce mais encore bien dynamique; la moto apprécie presque plus la 3e pour arriver à enrouler tranquillement. De toute manière, les premiers rapports ruptent dès 8.500 tr/min, mais à des vitesses largement interdites en ville de toute manière… sauf qu’avec la gnac du moteur, il est vraiment facile d’arriver au rupteur en ville.
De fait, pas besoin d'attendre le couple maximal pour profiter de l'engin, qui réagit dès 2.000 tr/min, se muscle à 3.000 tr/mn et monte en puissance de façon encore plus expressive à 4.000 tr/min.
Autoroute
L’hypermotard s’élance presque violemment sur autoroute. A 125 km/h, calé à 5.000 tr/mn, je m’attends déjà à la prise au vent et à avoir la tête arrachée… mais rien ! Le compte-tours prend 1.000 tr/min, accroche les 150 km/h sans fatigue. Il faut atteindre 1.000 tr/min supplémentaires, soir 170 km/h (sur autoroute allemande comme pour les 150 km/h) pour commencer à sentir la pression sur la nuque. La forme frontale associée au saute-vent d’origine fait ici un excellent boulot. L’hypermotard ne demande qu’à courir vite et tient toujours particulièrement bien le pavé... d'autant plus que le régime moteur n'est plus limité aux 8.500 tr/mn comme sur les premiers rapports.
Départementales
Après avoir excellé en ville et presque apprécié l’autoroute, l’hypermotard s’engage avec envie et délectation sur les départementales. Disponible à pratiquement tous les régimes sans trou, elle accepte tout du pilote... et encore plus avec son embrayage APTC qui limite les blocages de la roue arrière sur les rétrogradages violents. Du coup, elle peut vraiment se cravacher dans tous les sens, pour le plaisir et plus encore.
Freinage
Le frein arrière ne sert à rien pour ralentir les ardeurs de la monture. Tout au plus sert-il en ville, pour ralentir doucement avant un feu, ou à stabiliser légèrement la moto en entrée de virage. Au moins, il ne risque pas de bloquer !
Le frein avant à contrario demande du doigté. Il offre au premier abord une puissance douce et un bon feeling mais se révèle particulièrement puissant voire brutal quand on le saisit vraiment.
Confort
La selle est large et longue et permet de bien se positionner, mais aussi de bien bouger dessus. Les suspensions par contre se révèlent sensibles aux raccords de la chaussée, remontant instantanément les informations dans le dos. Si l’hypermotard est agréable, voire idéale sur bitume lisse, dès que celui-ci se dégrade, la conduite se rapproche d’un rodéo.
Duo
Contrairement aux apparences, le passager – de petit gabarit – est bien loti. L’aileron arrière cache des poignées, qui se révèlent juste un peu glissante en fonction des gants. Mais le confort est là, au moins pour des petites distances.
Consommation
En conduite cool, la consommation passe en-dessous les 5 litres au cent. Mais même en ouvrant, avec une conduite dynamique en ville et rapide sur autoroute, la consommation s’avère tourner autour des 5,9 litres/cent. Heureusement, car le réservoir ne fait que 12,4 litres, soit à peine 230 kilomètres d'autonomie... dans la lignée des hypermot, mais quand même. Car franchement, elle peut faire de la route et ne se réduit pas à du jeu dans un périmètre réduit.
Pratique
Il n’y a aucune place sous la selle, qui ne se soulève pas... hormis avec une clef de la trousse à outil, logée elle-même dans la partie gauche du carénage, lui-même démontable par trois vis. Bref, elle n'est pas faite pour être soulevée.
Il n’y a pas moyen de poser de sacoche magnétique à l’avant. Par contre, à l’arrière, le cadre treillis permet d’arrimer facilement un sac, sans abîmer la peinture.
Les rétroviseurs se plient et de déplient facilement, mais du coup, ne conservent pas sytématiquement leur position initiale, demandant à être reréglés.
On regrette l’absence de jauge à essence.
Conclusion
Loin d’une sous-version de l’hypermotard 1100, l’Hypermot 796 se révèle être un modèle facile de prise en main, léger, maniable, joueur et procurant son lot de sensations… largement servi par un look valorisant. Il gagne encore à perdre une dent sur son pignon de sortie de boite (14 au lieu de 15), ce qui lui apporte encore plus de nervosité et de gnac à bas et moyen régime (avec le risque toutefois de ne plus être conforme à l’origine et de poser des problèmes d’assurance). Avec un couple disponible très tôt et des performances proches d’un roadster velu, l’hypermotard se destine au motard qui veut une machine expressive mais agréable au jour le jour et relativement polyvalente.
Points forts
- Esthétique
- Facilité de prise en main
- Moteur
- Finition soignée
Points faibles
- Autonomie
Concurrentes : Aprilia Dorsoduro 750, KTM 690 SM
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