Essai Aprilia SMV 750 Dorsoduro
Supermot' Dorsoduro millésime 2009
Après la Shiver, Aprilia décline son vtwin à 90° en version supermotard avec la SMV 750 Dorsoduro "Dos Dur" en italien. Elégant mélange de styles, mixant trail sportif et supermot avec une gueule bien spécifique, la Dorsoduro affiche un physique mêlant courbes et tailles droite : velu. Agressif, ce supermot’ se caractérise par un angle de chasse court et un débattement plus important des suspensions. Si par rapport au roadster, le twin a perdu 3 chevaux - 92 chevaux -, il a gagné en contrepartie du couple, beaucoup plus bas : 8,4 m.kg à 4.500 tr/min contre 8,25 m.kg à 7.250 tr/min. Du coup, la Dorsoduro se place en directe compétition face à la KTM 690 SM et la Ducati Hypermotard...
Découverte
Bien dessinée, la Dorsoduro mélange les courbes de la selle avec les lignes tendues de la ligne d’échappement sous la selle et du phare avant avec son V spécifique. Si l’avant est déjà sympa, l’arrière est tout simplement unique avec la double ligne d’échappement aplati entourant le feu arrière et les striures de squales des pots. On remarque ensuite le cadre périmètrique entremêlé avec un treillis tubulaire en acier du plus bel effet. Façon supermotard, on note enfin les repose-pieds crantés et les protège-mains. De plus près la finition est remarquable et on se plait à passer la main sur la bête comme sur l’encolure d’un cheval. En selle ?
En selle
A 870 mm, la selle est haute, très haute, limite trop haute pour le pilote d’1,70 m qui mettra péniblement le bout d’un seul pied à terre. Par contre, la selle est fine et facilité la montée sans trop d'acrobaties. Malgré ses 186 kilos, la Dorsoduro apparaît alors très légère et du coup met rapidement en confiance.
On retrouve ici des formes de compteur proches de la Shiver 750 et de la Mana 850 avec un compte-tour analogique sans zone rouge indiquée et un écran digital : trip partiel, totalisateur, horloge, température moteur, chronomètre, conso. instantanée et moyenne, vitesse max., et toujours l'indication du profil de conduite - Sport, Pluie, Route - typique du Ride-by-wire instauré par Aprilia.
Le guidon large cintré plat tombe bien sous les mains et le triangle bras, pieds mains se révèle droit et naturel. On peut régler l'écartement des leviers de frein et d'embrayage.
Contact
Rhaaa… ce bruit rauque. La Dorsoduro séduit dès le contact par son bruit velu. La moto réagit instantanément à la poignée de gaz et les premiers tours de roue demandent un peu de douceur pour ne pas partir en wheeling immédiat ! çà part immédiatement ! La boite est douce et précise.
En ville
La Dorsoduro se faufile partout, sans difficulté, aidée par le bras de levier du guidon, sa légèreté et une couple disponible dès 2.000 tr/min. De fait, elle incite à tourner la poignée en permanence pour jouer, encore et encore. Le rayon de braquage court de 4,30 termine de dresser un tableau facile en ville pour la supermot. Malgré le twin, elle accepte d’enrouler sur un filet de gaz pour distiller ses sensations… La difficulté réside uniquement alors dans le respect des limitations de vitesse...
Autoroute
La Dorsoduro s’élance rapidement sur l’autoroute mais avoue vite ses limites. Les hautes vitesses ne sont pas son fort avec une protection qui se révèle inefficace. Qu’importe ceci n’est pas son terrain de jeu favoris.
Départementales
C’est sur départementales que la Dorsoduro trouve son élément idéal. Avec un train avant précis, elle s’inscrit facilement en virage. L’énorme bras de levier permet ensuite de faire presque tout, sans y penser. De fait si le twin se fait sentir sous les 2.000 tr/min, il est très disponible dès 3.000 tr/min et permet de se propulser réellement d’un virage à l’autre sans attendre de monter dans les tours. A ce rythme, le cadre suit très bien pour encaisser les contraintes. Ce sont à la limite les suspensions arrières plutôt souples par rapport à la fourche avant dure, qui peut poser problème quand on pousse la machine dans ses retranchements à rythme très rapide.
La selle fine permet d’être particulièrement mobile sur la moto et de contrebraquer fort façon supermotard. Le tout confirme ses envies et ses capacités d’attaque sur petites routes.
A noter que les modes « Sport », « Touring » et « Rain » jouent un rôle prépondérant sur la machine, peut-être encore plus que sur les autres modèles en bénéficiant, avec une prédilection pour le mode Sport sur petites routes, et Touring en ville. On réservera le mode « Rain » aux jours de pluie et de fatigue car la Dorsoduro apparaît comme anémique sur ce mode.
Freinage
Le freinage est assuré par des disques pétales Braking pincés par des radiaux à quatre pistons. Le résultat est brutal. La Dorsoduro freine en effet fort, voire très fort, et notamment de l’avant. Et si les premiers millimètres de la poignée ne semblent rien actionner, toute la puissance arrive d’un coup avec un mordant qui stoppe la moto dans n'importe quel élan. C'est très puissant, même brutal... surtout quand on ne s'y attend pas. Du coup, en conduite même rapide, il est préférable de se contenter de deux doigts afin de limiter les surprises. Et si l’on veut prendre le levier d’une main, le freinage s’avère agressif. Ceci dit, avec un peu d’habitude, çà se maîtrise très bien.
Consommation
Le petit réservoir accueille juste 12 litres, de quoi effectuer 200 km en moyenne, en fonction de la conduite - souvent musclée - qu’inspire la Dorsoduro. Pendant l'essai la consommation moyenne s'est établie à 5,4 litres.
Confort
La selle se révèle accueillante et permet d'enchaîner une journée de route sans fatigue, avec un confort aidé par des suspensions gommant bien les défauts de la route.
Duo
La Dorsoduro est livrée en France avec ses reposes-pieds passager… mais pas en Italie. Il n’y a ni poignée, ni vraiment beaucoup de place pour le passager. Il reste possible d’en prendre un mais franchement, c’est haut et pas idéal.
Pratique
Il n’y a pas de place sous la selle.
La béquille est relevée vers l’arrière… En fait, on la cherche au début avant de s’apercevoir qu’il faut lever la jambe en arrière pour l’accrocher et la faire reposer au sol. Au moins, elle ne risque pas de gêner même sur les angles extrêmes. Elle se replie ensuite facilement.
Conclusion
L’Aprilia Dorsoduro a réussi la transformation supermot’ en proposant une machine ludique, fun et agréable au jour le jour, aussi bien en ville que sur petites routes. Le moteur se révèle un régal et le comportement global particulièrement joueur. Le look global constitue la cerise sur le gâteau d’une réussite, peut-être même la meilleure déclinaison Aprilia de son twin 750. Et pour ne rien gâcher, à 8.849€, la Dorsoduro est la moins chère des gros supermot’.
Points forts
- Moteur
- Look
- Finition
Points faibles
- Selle haute
- Aspects pratiques
- Autonomie
Concurrentes : Ducati Hypermotard, KTM 690 SM
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