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Essai BMW R12 nineT

For ever young

Boxer de 1.170 cm3, 109 ch et 115 Nm, cadre périmétrique en acier, 220 kg, 18.290 €

La NineT célébrait le chiffre anniversaire de la marque bavaroise en 2013. Clin d’oeil affirmé à l’héritage stylistique et technologique BMW, la R nineT se voulait synthèse et symbole de la génétique bavaroise en termes de roadster. Comme un hommage moderne à la toute première moto BMW, la R32, de 1923. Roadster dur et pur (leitmotiv du concept), la NineT profitait aussi de la mode des café racers personnalisés, un des arguments majeurs de la machine.

Mais 10 ans ont passé et c’est donc l’heure du renouveau, même pour cette machine à remonter le temps. Comment réinventer une icône néo-rétro ? En réinventant le concept sans en dévoyer les origines. Un pari délicat qui, comme les trains, en cache surement un autre.

Essai BMW R12 nineT
Essai BMW R12 nineT

Découverte

On ne prend pas tout à fait la même et on n’en fait pas tout à fait la même chose. Enfin, si, mais non. C’est clair ? Mouais… L’idée est de garder le style, mais de repenser son châssis pour accroitre encore la personnalisation. Et les déclinaisons par la marque. Aussi. Surtout…

Un design plus vintage en 2024
Un design plus vintage en 2024

Bref, comme sa devancière, la R12 NineT revêt une livrée sombre rehaussée de ton argent et métallique sur un nouveau réservoir de 16 litres (- 2). Etirant des lignes très classiques faiblement bombées, mais aux épaulements marqués, ses galbes restent sensuels. Mais, plus court, il simplifie ses volumes en partie basse. De fait, l’entrée d’air côté droit disparait, car la boite à air passe sous la selle. Et donc adieu aux deux platines latérales ajourées. Mais la machine peut toujours, à l’envi, être modifiée. Pas de changement pour le phare. Fixée sur le té inférieur, l'optique ronde cerclée d'argent intègre en son centre l’emblème BMW sur le cache-ampoule. Le garde-boue est toujours fixé aux tubes par deux puissantes platines aluminium. Et ça compte.

Réservoir de 16 litres
Réservoir de 16 litres

Nouveauté sensible, le cadre principal tubulaire acier est désormais en une seule pièce sur lequel la boucle arrière amovible, de même type, est boulonnée. Mais BMW en profite pour incliner largement l’amortisseur vers l’avant. Ce qui est bien pratique pour faire un custom… J’dis ça…

Le châssis intègre toujours savoureux le bicylindre à plat comme élément porteur. Refroidi par air et huile, c’est sans aucun doute le meilleur boxer produit par la marque à l’hélice. Les cache-culbuteurs en profitent pour mimer un peu les éléments des motos des années 70/80. Avec toujours un beau coloris magnésium anthracite. Chacune des culasses abrite deux arbres à cames en tête entraînés par chaîne. Ils actionnent les soupapes via des linguets ultra-légers, adaptés aux hauts régimes. Le bloc bavarois de 1 170 cm³, débite 109 ch à 7 000 tours et 115 Nm de couple à 6 500 révolutions (contre 110 ch à 7 750 tr/min et 119 Nm à 6 000 tr sur le premier modèle). Cette belle personnalité s’associe à trois modes de conduite (Rain, Road, Dynamic), un contrôle de traction DTC et couple et à l’ABS.

Bicylindre à plat Boxer de 1.170 cm3 euro 5+
Bicylindre à plat Boxer de 1.170 cm3 euro 5+

Les vocalises de la R12 nineT ont été soignées, mais votre œil d’expert notera tout de suite la copie singeant l’échappement Akrapovic « d’avant ». Certes, le nouvel élément en inox à doubles cigares et fort seyant. Mais il n’a pas le même cachet.

Le double silencieux, placé côté gauche, gagne lui aussi un design revu
Le double silencieux, placé côté gauche, gagne lui aussi un design revu

Élément d’importance qui confirme une évolution de gamme, la géométrie se fait beaucoup plus ouverte : angle de colonne de 27,7°, chasse de 110,7 mm et empattement de 1 511 unités transforment assurément la machine. Sa devancière affichait 25,5°, 102,5 mm et 1 476 mm. Forcément différent en dynamique.

On retrouve une fourche inversée de 45 mm de diamètre et 120 unités de débattement, déjà présente sur les derniers millésimes et donc ajustable sur chaque tube. La transmission par arbre et cardan prend place dans le monobras placé côté droit. Ses mouvements sont donc gérés, sur 120 mm, par un combiné amortisseur incliné. Il est ajustable en compression-détente par vis et en précharge via une molette profilée côté droit, juste au-dessus des tubes d’admissions. Mais cette manette n’est plus en aluminium forgée ; un plastique dur profilé la remplace.
Les jantes à rayons tangentiels de 17 pouces en alliage léger chaussent des Continental ContiRoad en 120/70 et 180/55. Leur rotation est stoppée, à l'avant, par une paire d'étriers à montage radial et quatre pistons, mordant des pistes de 320 mm. Le ralentisseur opposé, à deux pistons, pince un disque de 265 mm.

Une ouvelle boite à air désormais installée sous la selle
Une ouvelle boite à air désormais installée sous la selle

L’ensemble est convaincant, mais perd un poil en force. Toutefois, la ligne est plus homogène, presque plus dynamique.

En selle

Étroite et avec seulement 795 mm de hauteur de selle, la R12 nineT se fait accueillante pour de nombreux gabarits. Placés dans l'axe des jambes, les repose-pieds pourraient toutefois s'avérer gênants pour certains. Ceux de l’accompagnant reposent sur des platines boulonnées au cadre arrière. La position est sensiblement moins typée roadster, presque matinée d’un style « custom ». Le guidon plus proche du pilote, tant par son orientation que du fait du bidon plus court. La flexion des jambes reste limitée, mais le dos se courbe doucement vers l’avant. En standard, les deux compteurs analogiques incluant des fenêtres LCD ne démontrent pas une qualité ébouriffante. L’option TFT compacte et connecté Buetoooth, à l’anachronisme bienvenu, sera plus opportune. Un poussoir sur le commodo gauche permet de choisir l'information souhaitée. Prises 12 volts et USB sont disposées de part et d’autre de l’avant-cadre.

Capot selle chromé
Capot selle chromé

En ville

Ample et feutré, le chant de la R12 nineT est en totale adéquation avec son style. Mais on perd le craquement de l’échappement. Euro5 oblige. Et la BMW danse toujours, légèrement, de gauche à droite, bercée par son léger couple de renversement. Pour autant, le roadster conserve son savoir-vivre germanique. Les commandes sont douces, précises et la boite verrouille parfaitement. De quoi apprécier sereinement les premières évolutions en zone urbaine et redécouvrir le flat air/huile. Sublimé par sa mélodie, le twin à plat conserve sa séduction. Et une souplesse appréciable, reprenant sur un filet de gaz en sixième à 1 500 révolutions/minutes. Mais le boxer sait toujours « swinger » et donner un « jab » rapide au besoin. Sa fausse douceur donne envie de lui laisser du champ libre.

220kg en ordre de marche
220kg en ordre de marche

Autoroute et voies rapides

L'Allemande se cale vite au légal autoroutier avec un joli vrombissement, faisant ronronner son coeur à 5 200 tours. À ce régime, la nineT se relance avec vigueur sur le dernier rapport. Un court moment suffit à confirmer une position moins agréable qu’auparavant au guidon de la nouvelle R12 nineT. Le dos est légèrement arqué, la position plus typée, entre roadster et custom léger. À la longue, c’est moins confortable. Mais les liaisons ne sont pas faites pour cette moto haute saveur. Pour la déguster pleinement, il lui faut un écrin routier à la hauteur.

Départementales

Quel que soit le rythme, le charme du flat air/huile s'exprime sur une large plage de régime moteur. Gavé de couple, à tous les régimes et sur tous les rapports, le bouilleur fait valoir une rugosité délicate, une rondeur sans pareils. En virage à gauche, les échappements rasent l'asphalte, amplifiant naturellement la mélopée du bloc. Catapulte veloutée, la R12 nineT est un plaisir à emmener et surtout à relancer en pilotage coulé rapide. Le gras moteur reste sans nul doute l’atout charme numéro 1 de la machine. Précise, l’injection guide l’Allemande sans à-coups, laissant au pilote une parfaite aisance en courbe. De même, on apprécie le fonctionnement transparent du quickshifter optionnel. Il prouve que BMW sait faire un système efficace sur un flat twin… La 1300 GS devrait s’en équiper.

Une puissance de 109 chevaux à 7.000 tr/min et 115 Nm de couple à 6.500 tr/min
Une puissance de 109 chevaux à 7.000 tr/min et 115 Nm de couple à 6.500 tr/min

Sensiblement plus rigide, la Munichoise assure un comportement dynamique sans reproche, servi par une grande précision. La nouvelle position donne l’impression d’être davantage couché sur le bitume, « à l’ancienne ». Plus ouverte, la géométrie n’assure toutefois pas la même sportivité d’évolutions et perd un peu de sa vivacité et de son naturel à être emmené rapidement.

Optimisée par le bras de levier important du guidon large, la prise d'angle est naturelle, bien servi par les enveloppes Continental. Certes, j’aurais préféré une monte moins large à l’arrière, mais la progressivité de la mise sur l’angle sied bien au caractère général de la BMW. En grande courbe et à vive allure, la tenue de cap est très bonne, tout comme dans les enchainements rapides. Et la garde au sol est étonnante pour une moto assez basse. Ainsi, on peut tout de même adopter un très bon rythme au guidon de la bavaroise. Et tout en contrôle. Ajustées pour un ressenti confortable, adapté à la philosophie de la R12nineT, les suspensions travaillent en harmonie en toute occasion. Sur un freinage réflexe, l'attaque des étriers est immédiate. Bon point, la direction ne verrouille pas lors des freinages en courbe. La fourche régule la course de ses fourreaux et les transferts de masse avec efficacité.

Trois modes de conduite (Rain, Road, Dynamic)
Trois modes de conduite (Rain, Road, Dynamic)

Partie-cycle

Cadre treillis rigide, moteur porteur, fourche de qualité et amortisseur de direction… tout concourt à un comportement efficace. De fait, la R12 nineT est évidente à prendre en main. Même quand le rythme s'accélère, elle procure une constante sensation de maitrise.

À l'avant, la fourche inversée de 45 mm est entièrement réglable et permet à la roue de travailler sur 120 mm.
À l'avant, la fourche inversée de 45 mm est entièrement réglable et permet à la roue de travailler sur 120 mm.

Freinage

Puissants, les étriers avant assurent des décélérations musclées, mais facilement modulables et l'élément arrière assure un guidage optimal en courbe.

Double disque de 310 mm, étriers monobloc radiaux à 4 pistons, ABS PRO BMW Motorrad
Double disque de 310 mm, étriers monobloc radiaux à 4 pistons, ABS PRO BMW Motorrad

Confort/Duo

Suspensions comme sellerie confèrent un confort de bon aloi, effaçant la plupart des défauts des réseaux routiers. Les grosses compressions se font toutefois sentir plus sèchement. BMW a développé une bagagerie souple et étanche spécifique à la NineT : sacoche réservoir et de selle.

La hauteur de selle est de 795mm
La hauteur de selle est de 795mm

Consommation

Non mesurée.

L'essai vidéo de la BMW R12 nineT

Conclusion

Devenue R12, la nineT conserve son caractère unique, majoritairement apporté par son flat-twin velouté. Les volumes du réservoir et la finition générale de la machine contribuent aussi à préserver la sensation de rouler un accident spatio-temporel. Mais la nouvelle ergonomie me convient moins. Elle se justifie pleinement dans l’idée de plateforme voulue par BMW. En effet, la nineT se conjugue en modèle Custom… Cette dernière possède une assise encore plus basse et l’ensemble de la machine, profilée, semble être le vrai custom que la marque aurait dû produire. Fourvoyée dans la R18, la firme de Munich a fait les mêmes erreurs que les Japonais en s’attaquant à ce segment. Au contraire, la R12 Custom est une vraie traduction cruiser de la philosophie BMW. Mais nous n’avons pas eu le droit de l’essayer...

Une version A2 est toujours proposée pour les jeunes permis
Une version A2 est toujours proposée pour les jeunes permis

La nouvelle version de la nineT demande 18 290 €. C’est 3 000 de plus que celle de 2013 pour une moto somme toute assez proche de son ancêtre. À confronter aux Triumph Speed Twin 1200, 14 295 € et Thruxton RS, 17 995 €. Cette dernière se fait encore plus séductrice que l’Allemande avec ses finitions haut de gamme.

À la fois évolution et faire-valoir d’une nouvelle gamme à venir, la R12 nineT modifie doucement son positionnement tout en conservant ses qualités séductrices. Décidément un modèle inoxydable.

Points forts

  • Esthétique élégante
  • Concept de personnalisation
  • Caractère et disponibilité moteur
  • Agilité de la partie-cycle
  • Sonorité enivrante

Points faibles

  • Tarif
  • Instruments standards
  • Position typée
  • Quickshifter optionnel

La fiche technique de la BMW R12 NineT

Conditions d’essais

  • Itinéraire : routes sinueuses à revêtement variable, sec.
  • Météo : 15 à 24°, ensoleillé
  • Kilométrage : 170 km / offroad : 80 km
  • Problème rencontré : ras

Equipements essayeur

  • Casque Nishua
  • Blouson Rekurv
  • Jean Vanucci Armalith 2.0
  • Gants Vanucci Speed profi IV
  • Bottes Rekurv

Équipement de série

  • Réservoir en aluminium
  • Modes de conduite Rain/ Road/ Dynamic
  • Keyless Ride
  • Fourche inversée intégralement réglable et jambe de suspension avec amortissement asservi à la course de débattement
  • Régulation du couple de frein moteur dynamique
  • Système de freinage semi-intégral
  • ABS Pro
  • Contrôle dynamique de la traction
  • Nouvelle conception de l’installation d'échappement

Équipement optionnel

  • Partie arrière pour monoplace
  • Roues à rayons Classic noires
  • Headlight Pro
  • Contrôle de la pression des pneus
  • Digital Display
  • ConnectedRide Control, support pour smartphone inclus
  • Pack Confort (assistant de changement de rapport Pro, régulateur de vitesse, Hill Start Control Pro et poignées chauffantes)
  • Option 719 avec packs de pièces fraisées

Accessoires spéciaux

  • Sacoches et sacoche de réservoir de la collection Soulfuel
  • Carénage de cockpit
  • Corps de selle court
  • Silencieux arrière en titane
  • ConnectedRide Navigator

Commentaires

Gouniaf

Les markéteux de BMW ont-ils jeté un coup d'½il aux petites annonces avant de déterminer le prix de cette "nouvelle" Nine T ? On en trouve des palettes à moins de 10 000 ¤ (et moins de 10 000 km, a croire que ça ne roule pas ces trucs).

28-02-2024 18:13 
Meuldor

A ce tarif je vais chez Triumph.

28-02-2024 19:05 
Picabia

BMW se place clairement dans le segment premium pour une moto relativement basique dont le tarif grimpe encore avec les options.
Pour les fans de la marque

28-02-2024 19:28 
Vastenov

Toujours pas compris l(e grand)'écart de prix avec la R12 question

3 300 brouzoufs de plus quand même...

28-02-2024 20:33 
Bee Loo

Ils ont enfin mis des caches à cet immonde radiateur d'huile !

28-02-2024 23:01 
ludo51

18000 balles pour une bécane qui n'offre aucune originalité technique , avec des éléments parfaitement conventionnels , une instrumentation standard , pas la moindre protection , une INaptitude au duo et un moteur de 10 ans d'âge , ils se touchent plus qu'un peu chez BMW , on est pas loin de l'escroquerie .....

29-02-2024 08:39 
troncherouge

Tout à fait d'accord avec gougnaf, il faut vraiment être accro à l'odeur du neuf (et encore c'est rien à côté de l'odeur de colle des Simca p60 neuve des années 60!) pour mettre 18M balles dans ce type de bécane. Mon voisin et ami en a acheté une de 4ans d'âge avec 6000km avec le catalogue complet d'options BMW pour 11M balles..... elle est superbe avec réservoir alu brossé verni.. et il a fait 1000km en un an!

29-02-2024 10:16 
eriko

La hauteur de selle a été abaissée de 1 cm par rapport au précédent modèle Cela suffit a modifier l'ergonomie dans le mauvais sens pour Français Damien.795 mm c'est la hauteur de selle de ma Hornet 750 et avec mon 1,69m j'ai tout juste les pieds à plat des 2 côté.Par curiosité j'irai tester cette BM mais je n'achèterai pas car prix injustifié.

29-02-2024 10:41 
Alphonse Encourbe

C'est déjà cher de base, alors avec les packs au prix bmw j'imagine pas...

01-03-2024 11:22 
Mister

10000 km en six mois sur mon ex Nine T Pure. Une bombe atomique et anatomique. Clairement ma BMW et génération de boxer préféré. Il a beau ne plus être tout jeune, ce moulin est une tuerie. Pour moi à 100000 lieues des trois et quatre pattes modernes en terme de sensations et de couple.

Avec une conduite plutôt « papa parfois dans l’allégresse », j’ai bien aimé la nouvelle position de conduite. Je ne l’ai pas encore roulé mais ça ne devrait plus tarder. C’est clair que le prix explose et il n’est, semble t’il, plus question des modèles moins chers qu’étaient les Pure et autres Urban et Scrambler. Apparemment, BM mise plutôt sur le modèle Custom R12. On verra bien…

Le prix devient élitiste, mais ne rêvons pas, à quelques très rares exceptions près, ça va être de plus en plus tendance. T’façons je n’achète pas de neuf, donc pas concerné. J’avais acheté ma Nine T full options et comme neuve, 6000¤ de moins que le neuf et avec 3000 km. Très bien revendue, après 10000 km de bonheur.

17-03-2024 04:58 
fift

Tiens, j'ai une question sur la garde au sol : je me souviens avoir suivi une Nine-T (première version) en Allemagne avec ma Thruxton.
Et dans les petits virages de la vallée du Neckar enfilés à rythme correct, sans plus, les cache-culbuteurs me semblaient fort près du sol. Est-ce juste une impression de ma part, ou bien est-ce que finalement ça peut frotter assez vite ?

20-03-2024 12:13 
 

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