english

Essai Pneus Metzeler Sportec

Metzeler Sportec avantMetzeler Sportec avantSV 650: essai des Metzeler Sportec

J'avais déjà expliqué il y a quelques temps que les ME Z-4 ne sont pas adaptés à la SV 650. J'ai depuis été contacté par Metzeler France, qui loin de contester mon point de vue, me propose de tester le dernier-né de leur gamme sportive, le Sportec M-1.

Metzeler positionne ce dernier sur le même créneau que les Michelin Pilot, les D 207 (et maintenant D 208) et autres Dragon Evo. Il est appelé à remplacer le ME Z-3, et se positionne entre le supersport Rennsport et le routier Z-4.

Rendez-vous pris avec le directeur commercial de Metzeler France pour la monte, le premier contact se fait dans des conditions délicates: il pleut à verse.

Les premiers tours de roue se font sur des oeufs, d'autant que je ramène, autour de la taille, mes 2 précédents pneus, vieux d'à peine 800 kilomètres. Je suis surpris d'être mis très vite en confiance par le pneu avant, au point qu'au bout de 3 kilomètres, je me sens suffisamment à l'aise pour freiner sur le mouillé comme je freine doucement sur le sec. J'ai l'impression que le pneu s'écrase plus au freinage, et offre une surface de contact plus importante. Il faut dire que j'ai peu roulé sur le mouillé avec les D 207 et que sous la pluie j'avais peur avec les Z-4. L'arrière, même neuf, n'a pas l'air d'avoir envie de glisser alors même que je le sollicite un peu plus que je n'ai l'habitude de le faire par temps de pluie, où je suis on ne peut plus prudent (la glisse, je laisse ça aux pilotes).

La pluie se calme, le périph' redevient quasiment sec. A un rythme un peu plus élevé (110-120), je note une plus grande stabilité de la moto en ligne droite. Elle bouge moins. J'ai l'impression d'avoir une moto tout d'un bloc, comme si j'avais monté un amortisseur de direction réglé très dur. A l'accélération, elle se tend, et j'ai cette impression de pneu arrière qui "colle" à la route, un peu comme si j'avais monté un pneu bien plus large, offrant une surface de contact au sol plus importante.

Le pneu avant "téléphone" bien l'état de la route: sur une portion de périph que je connais bien, entre la porte d'Italie et la porte de Champerret, je sens au guidon des déformations du bitume que je n'avais pas remarquées jusqu'à présent. Intéressant sur une route que l'on ne connaît pas, moins drôle sur le trajet de tous les jours où l'on peut apprendre par coeur toutes les déformations de la chaussée. Pourtant c'est à mon sens un pneu plus confortable que le D 207, qui se révèle plus "sec" par exemple quand on monte un trottoir ou que l'on passe sur un raccord important à basse vitesse. Le Sportec amortit mieux le choc.

Par rapport au D 207, la mise sur l'angle se fait de manière plus progressive: je ne suis pas surpris par une sur-réaction de la moto aux mouvements imprimés au guidon. La moto se penche sans à-coups, comme cela peut être le cas avec le D207. Mais ceci sans que l'on perde en maniabilité. On penche aussi facilement, mais plus progressivement. A la décharge des D 207, ce sont des pneus très triangulaires, par opposition au Metzeler, plus ronds. Sur le sec et à bonne vitesse, on freine bien en ligne, mieux encore qu'avec le D 207. J'ai cette impression, déconcertante au début, d'avoir encore une fois un pneu plus large, avec une surface de contact au sol plus importante. En tous cas, le levier de frein me renvoie une impression d'adhérence plus grande. Sur l'angle, je ne tente pas le diable: les freinages d'outre-tombe en courbe, ce n'est pas mon rayon.

Pour le piège ultime, à savoir la grosse déformation transversale, là, pas de miracle: la moto bouge sèchement. Mais de manière complètement différente: le ME Z-4 était furieux d'être dérangé dans son sommeil et réagissait de manière brusque, et louvoyait pendant longtemps. Là, le Sportec engueule la chaussée, bien décidé à suivre son cap quoiqu'il arrive, et force le passage. La réaction est brusque, certes, mais j'ai l'impression d'un pneu plus "volontaire", qui ne veut pas se faire enquiquiner par de simples raccords et autres joints de dilatation un peu trop marqués. Il se remet plus vite en ligne une fois l'obstacle franchi. ça fait "blang!", et je suis passé. Si ça bouge toujours, il faut sans doute chercher l'explication du côté de la fourche, notoirement trop souple sur la SV pour ce genre d'exercices (faut pas pousser, ce n'est pas une sportive).

Sorti par un dimanche radieux pour me tirer une petite bourre en Vallée de Chevreuse (inévitablement) avec quelques copains, le verdict est simple: ce ne sont plus les pneus qui limitent ma vitesse, mais bien ma capacité à emmener la moto. Bref, je ne sais pas piloter (et dans un sens, c'est pas plus mal). Le copain en SV S, chaussée de D 207 dès sa sortie de la concession, se balade loin devant alors que je me dépouille. Damned ! Il va falloir que je trouve une autre excuse que mes sales pneus pour expliquer pourquoi j'arrive systématiquement bon dernier.

D'un point de vue technique, le Sportec est fabriqué de manière à ce que la carcasse soit souple sur la bande de roulement (montée rapide en température) et rigide sur les flancs (bonne tenue sur les appuis). Une question d'enroulage des fils d'aciers de la carcasse (la fameuse ceinture acier 0°). Difficile d'avoir la moindre info sur la composition du pneu: les manufacturiers gardent jalousement leurs "petits secrets". Entre guillemets parce que cela doit tenir plus du secret de polichinelle tellement cette industrie compte peu d'acteurs capables de sortir un pneu pour sportives digne de ce nom. Les "secrets" de fabrication, ça m'a toujours bien fait marrer.

Maintenant, il faut bien comprendre que le Sportec est une gomme tendre, et que toutes ses qualités ont au moins un défaut: il va s'user très vite. Personnellement je table sur 6 ou 8.000 bornes pour l'arrière, et 10 à 12.000 pour l'avant en roulant très sagement. Soit à peine moins de la moitié de la durée de vie d'un Z-4. Pour ceux qui habitent dans le Sud et qui ne sortent qu'au beaux jours, inutile de vous faire des illusions: si vous attaquez un peu, vous allez ruiner un Sportec arrière en 4.000 kilomètres.

Pour la petite histoire, on nous a confirmé chez Metzeler que les Z-4 n'était pas adaptés à la SV 650, vue par Suzuki comme une moto "sage" et routière, et donc montée avec de la gomme dure. Mauvais calcul. Je suis sûr que même avec du BT 57 ou même du Macadam, la SV serait plus sécurisante et plaisante à la conduite qu'avec du Z-4, destiné aux grosses routières de type FJR ou flats Béhème. La question que je pose ici est donc: que fait Suzuki pour remédier à cela, étant donné qu'ils ont sans doute été mis au courant soit par leurs concessionnaires, soit par leurs clients qui, comme moi, ont constaté une nette amélioration du comportement de leur moto avec une autre monte? Pour avoir causé le week-end dernier avec une motarde à Carole qui avait encore ses Z-4, elle a largement confirmé les impressions ressenties avec ce pneu: louvoiements en courbe, au freinage, faible montée en température, trop lente de surcroît, etc... Bref, si vous avez une SV, jetez vos pneus d'origine et râlez auprès de vos concessionnaires qui, avec un peu de bol, remonteront vos commentaires à Suzuki France. La SV mérite des gommes mieux adaptées à son poids limité au regard de ses performances et à son mode d'utilisation.

PS: merci à Sylvain, de Moto Expert (Colombes) pour le montage des pneus

Sportec M-1 Tailles disponibles
Arrière Avant
150/60ZR17 66W TL 110/70ZR17 54W TL
160/60ZR17 (69W) TL 120/60ZR17 (55W) TL
170/60ZR17 (72W) TL 120/65ZR17 (56W) TL
180/55ZR17 (73W) TL 120/70ZR17 (58W) TL
190/50ZR17 (73W) TL 130/70ZR16 (61W) TL
200/50ZR17 (75W) TL  

Un essai réalisé par Grégoire