Elefantentreffen : neige, Bavière et bikers
Froid, bois et paille garantis depuis 1956
Bienvenue chez les Elephants !
Parmi les rassemblements motards, celui des Elephants (ou Elefantentreffen pour les locaux) est peut-être l’un des plus rudes. C’est aussi un pèlerinage incontournable du côté de la Bavière jusqu’à plusieurs circuits, allant du Nürburgring au Salzbürgring au fil des années.
C’est à deux pas la frontière de la République Tchèque, à Thurmansbang-Solla, qu’ils se donnent rendez-vous en tout début d’année pour l’Elefantentreffen. D’autres, les « vieux de la vieille », restent fidèles au Nürburgring pour l’Altes elefantentreffen, l’événement étant scindé en deux pour deux occasions de partir à l’aventure – aussi rude qu’un Dakar, mais dans un registre tout autre !
Les lieux d'accueil de l'événement ont varié entre Bad Durkheim en 1958, Stadtoldendorf en 1959 ou encore Grossen Feldberg Taunus l’année suivante. L’Autriche et le Salzbürgring seront hôtes de l’événement de 1978 à 1988, après près de deux décennies assurées par le Nürburgring.
Sur ces lieux, vous ne trouverez probablement que des bikers purs et durs : par des températures négatives, ce rassemblement implique camping sur plaine enneigée et paille indispensable pour survivre. Les plus prudents y amèneront leur side-car pour arpenter les chemins enneigés. Si le camping est toute une histoire, se rendre à l’Elefantentreffen est une toute autre partie de plaisir, entre autres imprévus…
Des origines vertes
Au commencement, il y avait les anciens combattants, qui, en 1956, se remémoraient la Wehrmacht au guidon de side-cars Zündapp KS 601 ou BMW sous la houlette d’Ernst Leverkus. Les éléphants verts, comme ils étaient surnommés, protestaient à l’encontre du diktat de l’automobile sur la moto.
S’ils se dirigeaient vers des paysages enneigés, c’était tout bonnement pour prouver qu’à deux-roues, on pouvait aussi se déplacer en hiver. Dont acte.
L'idéologie n'a duré qu'un temps. Au fil des ans, le rassemblement est devenu multiculturel, attirant chaque année entre 5.000 et 10.000 motards. Il faut dire qu’il rend hommage à toute la communauté motarde, quitte à résumer tout son esprit : libres, intrépides et raides dingues de la route.
Le périple ne s’improvise pas
En 2011, La Voix du Nord avait suivi deux motards aguerris pour leur premier périple du côté des Eléphants. Avant le jour-J, leur préparation avait duré plus d’un an et demi, non sans l’appréhension du départ.
Préparer sa moto n’est pas un prérequis, c’est une exigence. On n’est pas dans un scénario où on conseille aux automobilistes l’utilisation de pneus neige. Non, c’est bien plus kolossal.
L’un des deux acolytes avait en effet fixé une paire de béquilles de skis sur chaque côté de sa Yamaha 750 Virago, au carénage avant revu et corrigé. Des chaînes se retrouvaient elles-aussi dans l’aventure, placées sur le pneu arrière.
Le trajet de plus de 1000 kilomètres leur imposait par ailleurs de prévoir large du côté des prévisions, sans oublier tout le matériel nécessaire au campement. Une fois arrivée, c’est un autre monde qui s’ouvrait à ces deux férus de deux-roues.
Il faut dire qu’une fois sur place, tout le monde est dans le même panier. Les origines, classes sociales et autres détails qui peuvent faire grincer les dents et susciter des débats houleux ne sont plus. Tous dans la même galère, dans la même passion, dans le même pèlerinage. Une expérience profondément humaine, l’une de celles qu’il faut avoir vécu, même si votre corps vous fait savoir qu’il aurait bien voulu s’en passer !
La tradition, le maître-mot
Les anciennes rendent le rassemblement quelque peu vintage : Ural, Jawa et Guzzi figurent sur le podium dans la catégorie vintage. On y rencontre des personnalités éclectiques, qui ne vous laisseront certainement pas indifférents.
Une procession commémorative aux flambeaux est organisée chaque année en hommage aux motards tués sur la route. La communauté prend tout son sens, ce ne sont plus des connaissances ou amis dont on parle, mais bel et bien des frères d’armes.
Que l’on tente l’aventure en solo ou en groupe, cette tradition conserve ses lettres de noblesse : l’avoir fait est une fierté, l’envisager un rêve, le découvrir un rite de passage.
Commentaires
Bonjour,
20-10-2016 11:57Souvenir de 1976, je les ai fait avec une 650 yam et une passagère (pas pour me tenir chaud mais pour les finances) en 4 jours au départ de la mayenne, il n'y avait pas d'autoroute mais pas de radars non plus. il faudrait que je retrouve les photos dans mes archives
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