Nettoyage de printemps

Ça fait partie des petits plaisirs de la vie : nettoyer ma bécane. Pas trop souvent, genre deux fois par an. Comme je vide mes placards pour faire de la place selon l'efficace méthode de cette japonaise grâce à laquelle mes affaires tiennent (presque) dans le coffre de la voiture.

De temps en temps je vais rendre visite à mon médecin pour la tête, afin de clarifier certaines choses ; la méthode a fait ses preuves et quel soulagement de pouvoir me regarder en face tel que je suis plutôt que je me l'imagine. A d'autres moments, je classe, trie et jette l'immonde masse de papelards qui vient avec la vie moderne. Mais la cerise sur le gâteau, c'est le nettoyage de la bécane.

Je suis aidé en cela de ne pas avoir une de ces machines dont le style torturé appelle le nettoyage à la brosse à dents pour les grandes surfaces et au coton-tige pour le reste. Le Burgondeman fait partie de cette génération de scooters où ils ne se prenaient pas tous pour des X-Max, avec des recoins partout. Il est lisse et facile.

Armé d'une cuvette d'eau chaude -où j'ai jeté trois ou quatre gouttes de savon noir pour la forme- et de quelques chiffons, je commence par m'asseoir quelques instants devant la bécane. Rien ne presse. J'ai toute l'aprème pour faire ça. Je commence par le bloc compteur : le plastique en est fragile. Puis je passe aux optiques avant et arrière. Commencer par le haut, souvent plus propre et finir par les retours du carénage, plein de débris. Petites spécificités des scooters : les marche-pieds qui nécessitent l'emploi d'une petite brosse et le coffre dont je retire la moquette pour secouer les débris qui s'y accumulent.

J'y vois là un moyen inattendu de pratiquer le zen en mouvement. Le Taï-Chi de la serviette microfibre. Le Qi Gong du seau d'eau tiède. Avec un peu de concentration, ce n'est plus moi qui bouge, c'est inversement le scooter qui se déplace devant mes mains immobiles. Jusqu'au moment où je tombe sur un nouveau pet dans la peinture et rhaapitain-murdféchié.

Sans chaîne, je n'ai plus à me fader le pénible nettoyage d'une partie arrière maculée de graisse noire et collante. Par contre, après 10 années sur les routes, la lèpre ronge lentement la peinture du moteur ; juste devant la roue arrière, le carter principal est irrécupérable.

J'ai regardé, amusé, quelques-unes de ces vidéos où des spécialistes font grand cas de leurs compétences en matière de nettoyage de voitures de luxe à 300 Smics -vu ce qu'elles roulent, ce sont bien les dernières à en avoir besoin. Le commentateur, subjugué, détaille le prix du pot de cire et indique que les chiffons servant au nettoyage sont jetés après avoir servi sur une seule voiture. Ah.

Moi, le nettoyage fini, je fais une nouvelle pause pour détailler le brillant, les paillettes dans le bleu et les insectes qui profitent de la chaleur des plastiques noirs qui virent lentement au gris.

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