Ne dites plus "accélération"

Le gouvernement a décidé de bannir plusieurs termes qui risqueraient d'entraîner un possible état de non-vie définitive des motards

Dans la future réforme du permis de conduire, le gouvernement a décidé de bannir plusieurs termes qui risqueraient d'entraîner un possible état de non-vie définitive des motards sur les routes. Les constructeurs devront adapter leur communication.

Le ministère de la Cohésion sociale et de la Tendresse volontaire poursuit son travail d'apaisement de la langue française. Ainsi, plusieurs termes vont définitivement disparaître du vocabulaire motard. "Accélération", "vitesse", "puissance" ou encore "régime maximal" font partie des quelque 84 noms communs ou adjectifs qui ne seront plus tolérés dans les discussions et encore moins dans les brochures publicitaires des constructeurs.

Afin de promouvoir et de faciliter la non-contestation, le ministère a proposé une liste de synonymes non-offençants et non-agressifs. À la place d'accélération, il faudra désormais dire "vouche", une onomatopée qu'il est aisé de comprendre. "Puissance" devient "you-hou-hou", en hommage à notre ministre de la Vidéodiffusion et de la Vérité en Toutes Circonstances.

Puisqu'il nous est encore possible d'employer ces termes bientôt non-bienvenus et que nous ne les mentionnons ici qu'à des fins éducatives, notez que "aérodynamique" et "caractère moteur" ne pourront plus figurer dans les brochures publicitaires des constructeurs. Ce seront à ces derniers qu'il revient de proposer leurs propres euphémismes à la commission du Bien Parler qui déterminera l'adéquation des mots choisis.

Des glissements de genre ont aussi été établis. Ainsi, "poignée de gaz", précédemment d'une genraison féminine, basculera vers une genraison masculine, car le poignée de gaz est symbole d'agressivité. Ce dernier rejoint ainsi le piston, le vilebrequin, le carter ou encore le compte-tours, ce qui est fort logique d'un point de vue grammatical.

Afin de s'assurer que la population coopère de son plein gré et en parfaite liberté, une mise à jour de l'application gouvernementale "StopMalParler" sera très facile à télécharger. Celle-ci, par l'intermédiaire du micro des smartphones, garantit que les citoyens, lors de leurs échanges sociaux, ne commettent pas de faux-pas en employant des termes désormais non-agréables. Soulignons une fois de plus que "StopMalParler" n'est pas du tout obligatoire, mais qu'elle doit être impérativement installée pour tout déplacement dans un lieu public ou privé.

Un Cercle populaire de 45 citoyens tirés au sort s'assurera que tout a été fort bien fait dans les règles de bienséance, que le bilan de cette réforme est CO2-neutre et pro-diversité et qu'aucune minorité n'a été lésée lors des bienveillants échanges constructifs d'idées, ce qui est résolument doubleplusbien.

Attention : Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé est purement fortuite.

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