La Chronique de Koud'pied o'Kick
Koud'pied o'Kick est un journaliste professionnel. Vous le retrouvez chaque mois exprimant son opinion sur un monde qu'il affectionne énormément : la moto, avec un amour immodéré de la controverse, à nul autre pareil.Mini-KroniK d'avril - confiture au cochon
Il y a quelques mois, un olibrius se répandait sur ce site en conseils paternalisants sur l'inutilité des machins qui dépassent les 70 chevaux, sur les vertus de la légèreté, tout en dénonçant la confusion entre cylindrée et statut social.
Eh bien figurez-vous que ce triste personnage vient de se parjurer : il est sur le point de s'offrir un de ces objets inutilement rapides qu'il critiquait à longueur de diatribe censément caustique, et dès que l'occasion se présentait.
L'olibrius, le triste personnage... c'est moi.
Et vous savez quoi ?
Je m'en cogne.
Ouais gars, je vais (probablement) me dégotter une GSX-R.
Ya que les imbéciles qui ne changent pas d'avis -disent les imbéciles quand ils changent d'avis.
Ma psy serait fière de moi : je vais arrêter de brandir des motos improbables et péraves en guise de manifestation extérieure du peu d'estime que je me porte. Ce qui me donne d'ailleurs une excellent occasion de faire un parallèle entre ma monture actuelle, la brave Bimocati, et ce missile permiscide en vente libre bleu et blanc. Enfin... surtout blanc, car pour espérer le conserver plus de 48 heures je vais lui coller un poly couleur gel-coat pour profiter de l'effet antivol de la moto moche.
J'ai fait un ch'tit tour avec ma future, qui s'appellera donc Confiture au Cochon. Je m'attendais à un truc complètement explosif, inexploitable, caractériel, creux jusqu'à 12.000 tours, incontrôlable entre 12.000 et 13.000, et plus rien au-dessus, hyper-délicate à emmener...
Bref, une sportive, quoi. Un truc pas pour les zormosessuels*. En fait, pas du tout.
Un Gex (600), c'est une GS avec un moteur qui prend 6.000 tours de plus, des braceloches, et un cadre que t'as pas l'impression que tous les axes ont été amoureusement usinés au burin dans un subtil alliage de ferraille pour fer à cheval et de chamallows trop cuit. Ca va beaucoup trop-rapidement-trop-vite pour le permis, et à peu près aussi-vite-trop-vite pour mes éparses connaissances en pilotage.
Je pensais que le freinage allait me faire regretter mon chromosome Y, mais non. Ca peut freiner tranquillou. Je pensais que j'allais descendre de là fracassé, les poignets en marmelade (c'est ballot, sur Confiture), le hulk comme après une garde à vue et le dos bon pour une pension d'invalidité à 100%, mais non. C'est pas très confortable, mais supportable. Paradoxe : j'avais plus mal au hulk après 50 bornes sur la SV-N de l'année dernière que sur Confiture au bout de 80 bornes de routes pas toujours tip-top. Les rétros sont acceptables, on voit la même chose que sur la GS, les vibrations en moins.
A 140 compteur, où sur la GS tu commences la séance de muscu pour tenir la cadence (et le moteur de laper goulûment son huile), la pression du vent vient soulager les poignets. En serrant un peu les guibolles, t'arriverais ptète même à te gratter le dos sans finir la tête incrustée dans l'araignée. Reste les retours de carénage qui ont du mal à éviter mes genoux lors des déplacements sur la selle. Au pire, je leur expliquerai la politesse à coup de disqueuse.
Faut voir un truc, aussi : c'est mon premier quatre pattes (à part une brève incursion de 20 kilomètres sur un antique Zeph' 750 Potouvide ya quelques années déjà). Donc aborder un rond-point sans trop savoir sur quel rapport je suis et arriver à en sortir sans y laisser 2 molaires à cause des cognements du moteur, c'est nouveau pour moi. Un moteur qui reprend en 6 à 10.000 tours de la zone rouge sans que ça me coûte une transmission primaire, aussi.
J'avais le souvenir du bruit du Fazer premier modèle du Dadou, qui faisait pfuii pfuiii pfuiiii, façon gonfleur à matelas pneumatique. Le pot d'origine du Gex fait un joli bruit de turbine jusqu' à 9.000 tours. Après, il tousse un coup, et se met à gueuler comme quand tu découvres le prix de la réviz' des 20.000 sur une Ducate.
Voilà donc le projet que j'entrevois pour Confiture : repousser les limites du concept d'utilitaire de luxe, un peu comme si t'allais acheter tes serpillières chez Hermès. La stratégie du saumon, ça m'a toujours réussi, donc plutôt que d'essayer de faire de ma GS-E la seule GS-R 500 de France, je vais transformer cette Gex en GS 600 E et montrer à la face du monde qu'il est possible de se traîner comme une grosse tanche sur une bécane capable d'atomiser la moindre Subaru sponsorisée gouv.fr sur route.
Uh ? C'est déjà fait quotidiennement par tout un tas de Kéké® un peu partout dans le monde ? Rhaaah murde ! Toute pétée ma super-idée...
C'est d'autant plus dommage qu'elle m'est livrée avec l'équipement du parfait baroudeur : une sacoche de selle qui se zippe et un tapis de réservoir. Reste plus qu'à y coller des n'oreilles de Mickey (alias les protèges mains), une paire de valbondes alu 40 litres et des Bib Mousse, et je suis prêt pour le prochain Rallye des Pharaons. 240 à toc dans les dunes (et encore, je tire un poil court), ça va faire grimper la consommation de Lexomil chez Katoche.
Hmmm... Ouais, bon. On va commencer par aller à la Tortue avec. Pour l'aller-retour Terre-Lune en solitaire à la rame, on verra en juin.
Et depuis ce temps-là, alors ?
Ca fait combien ? Ouais, bientôt deux ans que je scrute en vain le marché de la moto à la recherche de la Brêle Ultime™ : 160 kilos tous pleins faits, bicylindre, 50 chevaux, 130 de croisière, 170 à toc, avec une selle. Tu peux Googeuliser tant que tu veux, en France, ya pas. C'est surtout le poids qui fout le dawa dans l'équation. Ca m'étonne d'ailleurs que les constructeurs n'aient pas encore pris comme prétexte l'augmentation du prix des matières premières ces derniers mois pour justifier une hausse des prix de vente.
Un coup d'oeil sur la version britannique d'eBay m'a plongé dans des abîmes de désespoir : pourquoi que ces salauds de brittons z'ont droit au VFR 400, au FZR 400, aux CBR 400, aux GSX-R 400, eux ? C'était bien la peine de ce faire tailler en rondelles à Azincourt si c'est pour se retrouver, 600 ans plus tard, à baver devant ces meules à jamais inaccessibles à nous, pauvre victimes de la Guerre de Cent Ans (qu'est-ce qu'elle vient faire ici, la Guerre de Cent Ans ? J'en sais fichtre rien, tiens, justement, puisque tu m'en fais la remarque...). Et non, je ne suis pas volontaire pour tenter l'aventure homologation européenne + passage aux Mines pour avoir le privilège de rouler sur une bécane dont aucun mécano, même multimarques, ne voudra.
* Raah... j'les sent venir, les pénibles qui vont lâcher, l'air méprisant : "bah forcément, c'est une 600, c'est des bécanes de meufs. Les Z'hommes, les vrais, y roulent en 1000"
Koud'pied o'Kick, - le 14 avril 2007
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