Frankenstein attitude

Le "franchouillard way of life" a du plomb dans l'aile.

Faut pas rêver : ça va pas aller en s'arrangeant. Le "franchouillard way of life" a du plomb dans l'aile. On aurait des constructeurs en France, on pourrait imaginer les voir anticiper le gros dos d'âne économique qu'on est en train de franchir. Mais là, avec les japonais et quelques européens, c'est moins évident.

Sauf à se dire qu'on va retrousser nos petites manches et s'y mettre. A (re)faire nos bécanes. Pas besoin de coller plein de sous dans la conception d'un moteur façon Vox' : on a tout sous la main. Minarelli, Rotax et les autres ont un catalogue dans lequel on peut piocher. Pour le cadre, il doit bien nous rester deux ou trois vieux scrogneugneus de la belle époque qui savent manier le TIG. Et pour le dessin, on a Stark.

Nan, j'déconne.

Un truc gna-gna-gna-merde in France où on pourrait aller frapper à la porte du patron en lui demandant si des fois il aurait pas envie de nous refaire le coup de la RDLC, ou de l'XT, ou de la R90S.

Et puis si ça coûte encore trop cher, on a qu'à se fabriquer des Guzzicati, ou des TMW (Triumph Motor Werke), ou des Voxton, ou (enfin !) des Kawasuki. Dans des appentis au fond du jardin que dedans on écrit l'Histoire, on se bricolerait les bécanes de nos rêves au lieu d'attendre qu'elles viennent d'ailleurs.

Frankenstein attitude, quoi.

Genre un gromono XR amoureusement glissé entre les poutres en alu d'une partie-cycle de Cagiva Mito. Un NS 400 R dans le cadre d'une Speed Triple. Une SR 125 avec une fourche maousse et un monobras "maison" parce que ça aurait trop la classe de débouler avec un bitza pareil.

Faudrait pas juste s'en tenir à l'accastillage, comme avec banal caf-ra. Non. Toute la bécane. Moteur, cadre, suspensions, roues, circuit électrique. Avec des calculs vachteuh savants pour savoir où mettre le moteur dans le cadre, comment aligner la transmission, dans quel type de métal tailler les platines de montage et tout et tout. Ça sert à quoi qu'on forme des p'tits jeunots en mécanique si c'est pour juste leur faire faire des vidanges et des changements de filtre à air ?

Bon, faudra aussi monter quelques niveaux en Diplomatie pour expliquer le concept au flicard du bord de la route et qui va te demander -un peu comme dans Star Wars, premier épisode- "et vous allez où avec cette... chose ?". Avec des histoires de grand-mère, de pot de beurre et de galette, par exemple. Et puis arranger le coup côté assureur, qui va chercher en vain les marques VoxField ou Moto Agusta.

Prenons un exemple. Moi. Au hasard.

J'ai toujours eu du mal à n'avoir qu'une seule moto. Il me fallait le traîne-couillon de tous les jours qui ne craint rien, qui démarre au premier coup de pouce même après 3 semaines d'inactivité, involable et bardé de crochets pour fixer sacoches et valoches. Donc idéalement 4 temps. Et puis un petit machin léger qui hurle à la mort, qu'avec je suis Barry Sheene dès que j'ai le trousseau de clefs en main. Un 2 temps, cela va sans dire. Une gueule d'italienne avec la fiabilité d'une japonaise. Tu vois le truc ?

Pour la première, le flat deux soupapes est tentant. Mais voilà... trop prévisible. Les vétouines Guzzi sont pas mal, mais un peu lourds. Le quatre en ligne est trop bof. Reste le 3 pattes. Pas un K75, trop lourd. Alors un 675 Tromphe. Léger, compact, moderne. Il faut lui trouver un cadre à ses dimensions. J'me demande s'il rentrerait dans celui d'une CB 500 (premier modèle). Avec des suspattes revues à la hausse pour encaisser disons 25 chevaux de plus -pas la peine de lui faire cracher tous ses bourrins, c'est juste pour aller faire les courses et puis l'important c'est le couple. Un selle confort bien plate, un réservoir de 20 litres, un petit saute-vent histoire de tenir le 120 sans trop fatiguer et roule ma poule. Et voilà la Humph CB 675. D'où ce court extrait de dialogue : "t'as quoi, comme bécane ? Une Humph". Hi hi.

Quant à l'autre... rhalalah... c'est délicat. Deux temps, oui, mais pourtant. 400 SS. Eh oui... 400 SS. Ou Guzzi 350, tant qu'on y est. Quitte à troquer le moteur qui hurle pour une partie-cycle à faire des arabesques sur du bitume tout doux tout lisse. A l'opposé, l'inévitable RGV 250. Mais sans les valves qui tombent dans les chambres de combustion, siouplé. Ou alors une RDLC, disons dans un cadre de SV. J'me demande si on peut glisser un KH 400 dans un châssis de DR 400. Hmmm... Rhalalah... Dilemme.

Du coup, quand vient la saison des nouveautés, on regarderait d'un oeil indifférent les photomontages dans les magazines, vu qu'on ferait les nôtres pour de vrai. Et on s'intéresserait de plus près aux fiches techniques des moteurs pour guetter les super-carrés ou au contraire les longues courses en fonction des idées qui nous trottent dans la tête.

~en Grande-Bretagne, une société colle un ensemble moteur-transmission-pont de Mazda MX-5 dans un châssis de MGB-GT, le tout homologué. Miam. Ultra-miam, même. Le tarif ? Ultra-ouch. Sinon j'en aurais déjà une~