De l'(in)utilité du tableau de bord

Un tableau de bord ne sert à rien !

Un tableau de bord ne sert à rien. Je me faisais cette réflexion il y a quelques jours lorsque je suis monté sur une moto de piste dépouillée de tout, à part son voyant de point mort et d'huile. Sur route, il faudrait ajouter un voyant de niveau d'essence et de température d'eau. Donc en gros cinq loupiotes. Tout le reste, kilométrage compris, pourrait passer par une prise de type ODB qui servirait en gros une fois par mois pour vérifier que tout va bien. J'ajouterai quand même une montre à cet inventaire, petit luxe bien pratique parfois.

Initialement, il s'agissait de répondre à une exigence du Code de la route qui veut que le conducteur soit informé en permanence de la vitesse à laquelle il circule afin de pouvoir le culpabiliser et le taxer de diverses manières. Je crois me souvenir qu'il faut aussi le kilométrage total -sans doute pour fournir aux commerciaux un argument pour prendre l'air navré qui n'annonce rien de bon pour ton portefeuille.

Une fois assimilée l'évidence que la vitesse à laquelle je roule ne regarde en rien les ministères de la guerre ou de la flicaille, je me retrouve donc avec un tableau de bord où ne figure plus que les informations dont j'ai vraiment besoin pour conduire. Tout le reste est superflu.

Consommation instantanée ? Le plus souvent, ses indications sont fantaisistes : il s'agit juste de la lecture de l'angle d'ouverture d'un des papillons d'injection. Pour avoir une donnée précise, il faudrait qu'il s'agisse d'un débitmètre en sortie de pompe à essence. Donc : poubelle. Indicateur de rapport engagé. Non mais sérieusement ? T'es même pas foutu de compter jusqu'à six ? Température extérieure ? Renifle. Si ça pique dans les narines : prudence. Et gaffe sur les ponts et sous les arbres -ce que ton indicateur de température extérieure ne te dira pas, dommage.

Je lisais naguère l'intervioue d'une tête d'oeuf du marketing de chez Blaireaumobile (1) qui se paluchait l'hypophyse avec la « signature visualistique » (2) des tableaux de bord sortant de ses bureaux d'études. Deux paragraphes rien que sur la police de caractère. Coup de bol, c'était pas moi l'interviouteur, parce qu'au bout de deux phrases j'avais déjà des envies d'objets pointus -et rouillés- plantés dans les parties molles de ladite tête d'oeuf.

Il y a deux choses qui m'horripilent. D'abord les tableaux de bord numériques qui te disent bonjour avant de te rappeler sur quelle moto tu es -des fois que pendant la nuit tu aies oublié le nom du pitoyable tas de boulons à beaucoup trop cher qui te sert de brêlon. Et ensuite les afficheurs de vitesse numériques. Je hais ces compteurs. Précis au km/h près... sauf qu'ils sont faux. Un peu comme Claire Poivre-Pernault qui récite presque la vérité dans son jité. Sauf que ce qu'elle dit est faux. Systématiquement.

Je me dis que ça fait bientôt un siècle que les constructeurs collent des compteurs sur des machins qui roulent -ou qui volent, ou qui flottent- et qu'à la longue ils auraient pigé deux trois trucs sur la manière d'agencer ce bazar de manière correcte. Eh ben même pas. Y'a encore des mauvais qui arrivent à te pondre des tableaux de bord mal gaulés, illisibles au soleil, qui te pètent les yeux la nuit, avec des éclairages à chier -sérieusement, des compteurs éclairés du même orange maladif des lampes au sodium ?- sans trip partiel, sans horloge, sans voyant d'huile et avec les câbles de gaz ou les durites de frein qui passent devant. C'est si compliqué que ça de nous vendre des compteurs fonctionnels ?

~le mois dernier, j'ai cassé l'entraîneur de compteur sur le Burg'. C'est fou comme j'ai trouvé ça gênant de ne pas connaître ma vitesse le temps de commander la pièce de rechange et de réparer.

(1) qui fournit aux peinge-culs des voitures dont l'appellation commerciale commence par une lettre du début de l'alphabet et finit par un chiffre peu élevé

(2) je n'invente rien

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