La Chronique de Koud'pied o'Kick
Koud'pied o'Kick est un journaliste professionnel écrivant actuellement pour un grand hebdomadaire. Vous le retrouvez chaque mois exprimant son opinion sur un monde qu'il affectionne énormément : la moto, avec un amour immodéré de la controverse, à nul autre pareil.KroniK de juillet : Salade de pignons, sauce alu
Ben voilà. Tondeuze est morte. Salade de pignons sauce alu.
Début mai, je l'avais retrouvée un matin sur la latérale, baignant dans une mare d'essence et d'huile. Les types de la voirie avaient dû la relever (merci à eux), parce qu'ils avaient mis sur le trottoir un peu de sciure pour absorber l'huile. Rétro fracassé, levier d'embrayage cassé. Rien d'autre. Une chance que le réservoir n'ait pas été touché.
Vue comment est garée ma bécane, difficile de croire qu'elle soit tombée tout seule. Collée contre un mur, il faut en vouloir pour faucher la béquille. Sans doute des types qui n'aiment pas les Honda rouges et noires. Des Tondeuzophobe, en quelque sorte. Je répare.
La semaine suivante, rebelote. Bécane par terre. Ce coup-ci, le tête de fourche a morflé, et les pattes de fixation ont trinqué. Cassées net. Je démonte. J'achète de la colle, du mastic, et je répare. Quitte à ouvrir mon portefeuille, autant m'équiper. Je m'offre une clef dynamo tip top au passage, quelques douilles. Le tout en vue d'une révision que je programme pour le 17 mai.
Le 17 mai arrive. Grosse flemme. Temps pas génial. Coupes Moto Légende ? Je me tâte. Je veux bosser peinard. Et puis, comme un idiot, je ne suis pas passé chez Honda demander s'ils avaient des joints. Si je foire le joint de purge ou celui du couvre-cylindre, je suis à pieds. Ya pas de raison de les démolir, mais tout de même.
Finalement, je me dis que ça attendra bien la semaine prochaine. Direction Champigny, petite soirée peinarde entre potes. Sous les tunnels de l'A86, je vérifie une nouvelle fois que mon compteur est très juste. A 90 km/h compteur, je suis à 89 km/h selon celui d'une RSV 1000. Donc à 130, logiquement... Hein, quoi ? Non, non, j'ai rien dit m'sieur l'agent. Bref, tout ça pour dire qu'elle marche pas trop mal, pour une Tondeuze.
C'est en rentrant que ça a commencé à se gâter. Vent de face ? Toujours est-il que je suis souvent obligé de tomber la 4 pour maintenir la machine au-dessus de 100 km/h. Sortie Asnières. Je tombe mes rapports normalement. Et là, juste avant le virage, la roue arrière bloque net. Embrayage. Le moteur s'arrête dans un hoquet.
Ça y est, j'ai serré. Problème avec la pompe à huile, bulle d'air dans le circuit depuis la chute ? Pourtant, elle fumait normalement. Bah, heureusement, je ne suis pas trop loin. 3 km à tout péter. Je pousse. Après quelques minutes, j'essaye le kick: bloqué. Ça sent la soudure, tout ça. Je laisse refroidir. Nouvel essai. Houlà ! Qui a mis du sable dans les carters ? Ça crisse, c'est pas bon. J'ai aussi fumé l'embrayage ? Zut de zut, il est raide neuf, à peine 1.000 bornes. Changé en mars.
Le lendemain matin, météo pourave, averses à faire des procès à Météo France. Tant pis. Je m'installe dans la cour, et commence à démonter. C'est jamais que de la flotte, après tout. Juste protéger la batterie. Réservoir, radiateur ('dedieu, que les durits d'eau trop courtes sont pénibles à démonter), couvre-culasse. Culasse. Piston... Il n'a rien... Kick. Le cylindre est nickel. Miroir. Fob fob fait l'admission. Les traces de calamine sont négligeables sur le piston... Mon haut moteur est impeccable. La culasse ne porte pas la moindre trace de calamine.
Alors...
Alors... C'est l'embrayage. Et mmm.....
Vidange. Glou glou... C'est tout ? Houlala. Houlala lala. Un demi verre à moutarde d'huile à tout casser.
Je n'ai même pas démonté le carter d'embrayage que j'imagine déjà le massacre. Salade de pignons sauce alu. C'est à ce moment là que je me suis aperçu qu'il pleut vraiment fort, et que le truc qui me chatouille dans le dos, c'est la flotte qui me coule des cheveux. J'ai froid. Mais pas seulement à cause de la pluie. Mon moteur est mort.
Jetons-y tout de même un oeil. C'est pas les 8 vis de fixation du carter d'embrayage qui vont m'arrêter, maintenant. Autant constater de visu et voir si c'est rattrapable. Tic, tic tic, font les vis au fur et à mesure que je les débloque. Pas à dire, quand on bosse à la clef dynamo, ça fait un joli bruit les vis que l'on débloque.
Le carter s'ouvre.
Bon...
Ben c'est pas non plus l'embrayage. Donc...
C'est la boîte...
Ça aura mis du temps à faire tilt. L'huile par terre, sur le trottoir, c'était pas de l'huile de graissage, mais de l'huile de boîte. Ça fait bientôt 250 bornes que je roule à fond avec 20 cl d'huile dans les carters. Que âne ! Mais quel âne ! Et dire que si j'avais bougé mon hulk ce matin-là, j'aurai fait la vidange, et donc forcément j'aurai vu le problème. Et zut... Et zut... Tout ça à cause d'un crétin qui n'avait rien de mieux à faire qu'à latter une bécane même pas belle dans la rue. J'aurais été moins tarte, j'aurais cherché à comprendre pourquoi il y avait tant d'huile sur le trottoir alors que mon réservoir d'huile était encore à moitié plein. Et pourquoi la garde de mon embrayage variait autant. N'empêche, respect. 250 bornes à toc (comme d'hab') avec des carters moteurs secs, ils les construisent solides ces petites bestioles. Les pignons visibles n'ont rien.. C'est l'alu du carter qui a morflé. Pas courant les Honda à embrayoire à sec. Quoique. Ya la Bécanarossi.
Changement de bécane
C'est pas demain la veille que je vais trouver une Tontroize pour greffer sur Tondeuze un bas moteur en état de marche. Donc, je me mets à la recherche de Virgule, ma prochaine moto. J'avais bien pensé l'appeler WindForce ou HexFire, mais il aurait fallu que j'explique. Wawawa point lerepairedesmotards point com. Annonces. Après Tondeuze, ya eu la NSR. NSR. Mouis. Mais en full, elle n'est pas homologuée. Donc repassage aux Mines si je veut rouler peinard. Mouais. Aprilia RS. Trop fragile. TZR, connaît pas. RG 250 ? Non, je vais me tuer avec ce truc. Et bonjour le gouffre. Essence, huile, maintenance. Bon, c'est sûr qu'avec ça, ils vont moins faire les malins avec leurs 4 pattes pleins de chevaux et de soupapes. Mais tout de même, ça fait cher le quart d'heure d'humiliation. Et ça va me coûter une fortune en fonds de pantalons et en caleçons.
Un Bandit 400 ? Pourquoi pas. En raccourcissant la démul', on doit pouvoir améliorer le couple en bas. M'enfin pour 3.000 euros, ya ptete moyen de trouver autre chose. Une GS-E ? Moins fun que la Bandit, mais moins risqué. Plus diffusé. Moins complexe à la maintenance. Et ça se vole pas, une GS-E. Mais quitte à prendre une 500, autant taper dans le CB 500, nettement plus fiable. Eh zut, ça y est, à nouveau des bécanes de 200 kilos.
On repart. DR 350. Hmm, je fais pas mal de route, y va pas apprécier le mono. Réfection moteur aux alentour des 30.000. Et puis passé 150 bornes, bonjour le mal au derche. Passager ? On oublie. 400 WR. Houlà ! Cher, le bestiau. 250 Estrella. Pfff, ça se traîne. 120 à toc, autant remonter Tondeuze. 250 Volty, pareil. Pourquoi n'ont-ils jamais importé la 350 Goose ? Une tête de petite Bandit, le mono de la DR 350, et roule ma poule. 'Tain ! entre 125 et 500, c'est le vide sidéral !
Les scoobites ? Les 400 et plus sont trop lourds et trop longs, les X9 sont grave moches. Les 250 4T se traînent eux aussi aux alentours de 120. Et en ville, on fait mieux que ces baignoires à roulettes. Le C1. Mpfrrrt ! Pardon... Ça m'a échappé. Tiens, ya un Gilera VXR à vendre. Mouais. On va me le tirer fissa si j'achète pas en même temps un Pitt-Bull en guise d'antivol. Je suis pas non plus convaincu par les capacités de reprise d'un truc pareil, disons entre 90 et 120.
Le vide
On y revient, les bécanes légères (150 kilos) prenant 150 à toc (suffisant) et pas trop exclusives (ni trail ni custom) yen a pas sur le marché. 400 CBS ? Pas très sexy. Je veux pouvoir continuer à faire l'idiot sur petites routes à vitesses quasi-réglementaires.
C'est tout le dilemme de la situation actuelle. Ya des flicards derrière chaque gravillon, et l'entrée de gamme routière chez Yam' dans 2 mois, ça sera la Fazer 6. 240 à toc. Ca me fait mal aux seins de payer quasiment 7.000 euros pour une bécane que je ne peux théoriquement utiliser qu'à mi-régime. Pour bien faire, au lieu d'imposer une limitation à 100 chevaux, faudrait faire payer les bécanes au km/h théorique. Tu veux te traîner à 90, no souci, c'est 3.000 euros, quelle que soit la cylindrée. 140, pour toi, c'est le maximum ? OK, file-moi 5.000 euros. T'as absolument besoin de 240 km/h en pointe ? Ca commence à 10.000 roros. Puisque si on en croit les zotorités c'est la vitesse qui prime, non ? Ok, ça reviendrait à faire payer une capacité potentielle à enfreindre les limitations de vitesse sur route. Mais yen a bien qui payent pour avoir le droit de polluer, alors...
Je regardais le catalogue Suz. Vous connaissez la FXR 150, vous ? Non, je parie. OK, imaginez un truc qui ressemble à une SVS 2003 de poche, en un peu moins anguleux, propulsé par un mono 4T de 150 cm3 aux environ de 135 km/h à toc. Tout ça fait dans les 140 kilos avec les pleins. La puissance flirte avec les 20 chevaux, pour un petit 1,4 mkg de couple. C'te bestiole a un compteur tout numérique façon Freewind. Allez, poussons la cylindrée jusqu'à 250 histoire de gagner un peu en couple, passer la barre des 25 chevaux et du 150 à donf, et zou ! Qu'est-ce que tu veux, on se refait pas : moi, mon truc, c'est les bécanes tellement vives que pour couper deux files, t'as juste à renifler sous le casque.
Bref, tout ça pour dire que pour trouver mon bonheur dans la gamme de motos importées en France, ça va être coton. A moins de jouer de la scie égoïne et de couper en deux quelques quatre cylindres. Si on prenait, par exemple, une R6 et qu'on divisait tout par deux à part la contenance du réservoir et la taille des roues, ça pourrait le faire, non ?
Koud'pied o'Kick, - le 1er juillet 2003
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