La Chronique de Koud'pied o'Kick
Koud'pied o'Kick est un journaliste professionnel écrivant actuellement pour un grand hebdomadaire. Vous le retrouvez chaque mois exprimant son opinion sur un monde qu'il affectionne énormément : la moto, avec un amour immodéré de la controverse, à nul autre pareil.KroniK d'avril : Orthodoxie Marquesiste !
Pensée du mois: la fracture sociale prend un nouveau coup dans la tronche: la sortie de Dardevil. Oui, mais et Dardéchamps, dans tout ça ?
Ya des jours, je me demande vraiment comment travaillent les autres membres de ma profession. Je pars du principe qu'un rectificatif s'impose quand j'ai vraiment écrit une conn... Le reste, j'envoie bouler. Et quand la bourde est dans une communiqué de presse (CP) : allez mourir. Vous employez au bas mot 6 personnes, entre le rédacteur du CP et la palanquée de pousse-mégots chargée de vérifier que le diamètre de points sur les i est bien conforme à la charte graphique de la boîte, venez pas me les casser s'ils ont mal fait leur boulot. S'ils ne se sentaient pas obligés de sortir 15 CP par semaine à la moindre pétouille, on réduirait d'autant le risque de caramélisation, d'ailleurs.
Et là... MR, numéro du 27 mars... un rectificatif suite à une erreur dans un CP. Faire un rectificatif parce qu'un constructeur s'est planté sur un tarif ou une date de dispo, d'accord. Mais là... C'est pour nous dire que la future KX 250 4T sera aussi fabriquée par Kawa au Japon. Fon-da-men-tal. Vous en conviendrez.
Cette introduction me permet derechef d'embrayer sur un de mes sujets de prédilection: les marques et la somme d'énergie colossale que les entreprises consacrent à leur préservation. Comme je le faisais remarquer à un pote ya pas si longtemps que ça, une marque ne vaut rien. Par contre, elle coûte cher, très cher. Paradoxe. Lui me disait: « imagine un peu ce que vaut le wossh (le vermicelle informe plaqué sur des pompes de sport américaines fabriquées par des gosses en Asie) ». Ma réponse: « nada, nichts, wallou, dallekeu. Seule, une marque ne vaut rien ». Oui, mais voilà. Vu la térachiée de personnes employées à l'entretien de cette marque, ça fait plein de sous en jeu. Plein de sous pour les agences de pub-com, plein de sous dans les boîtes, cramponnées à leur logo. Donc on entretien ce mensonge autour de la « valeur » de la marque parce que cela sert les intérêts de cette multitude. Preuve ? Collez un logo Caco-Calo sur une pompe à essence, et voyez le résultat. Ou le logo Suz' sur des boîtes de bouffe pour chat.
Le lien avec ce « rectificatif » ? Ya 2 communiquants (une chez Suz' et une chez Kawa) qui font des pieds et des mains pour conserver leur job après que leur direction a décidé le co-développement d'un certain nombre de machines. Décision logique pour des constructeurs plus faibles que Honda et Yam. D'un point de vue business, ça s'explique. Oui mais... Comme maintenir ces sacro-saints « éléments différenciateurs » entre 2 modèles strictement identiques ? Ces « éléments différenciateurs » ne sont pas en cause, il s'agit plus du maintien de ces derniers. Et leur maintien, c'est quelques dizaines de millions d'euros de pub, de communication, de voyages de presse, qui font bien plaisir à tout le monde (sauf au client qui paye l'addition). Bref du taf' pour quelques milliers de personnes de part le monde. Or, s'ils voient écrit quelques part: KX 250 = RMX 250, c'est la cata absolue. Le pigeon... heu... le client, sachant qu'il s'agit du même produit, ira indifféremment acheter une verte ou une jaune, selon des critères nettement plus difficiles à définir comme la couleur de son casque ou la teinte de ses rouleaux de PQ. Pour les 2 sus-mentionnées, c'est l'horreur, puisque leur job perd une grande partie de sa légitimité. D'où ce rectificatif qui n'a intéressé que 2 communiquants +1 personne (moi, en l'occurrence): il était « très important » de faire savoir au client que sa Kawa ne serait pas fabriquée par Suz'.
Enfin, tout ça pour dire que la prochaine KX 250 soit fabriquée par Kawa ou par Wiskas, on s'en tamponne à partir du moment où elle pousse.
Les promesses à Chichi
Voyez-vous, à mon avis, la place prise par ce rectificatif aurait été nettement mieux employée si MR avait fourré son nez du côté des annulations de crédits décidées par Bercy (not' ministère de gros sous). 14 juillet 2002, ça rigole plus, Chichi annonce qu'il va chauffardiser les chauffards. Ca, on l'a vu, ça commence. Mais aussi qu'il va consacrer 59 millions d'euros à l'amélioration des routes (c'est Bouygues, Colas et les autres qui se frottaient les mains). Stratégique classique du bâton et de la carotte. Manque de bol, pour tout un tas d'excuses diversement valables, ces crédits viennent d'être supprimés (source: Canard Enchaîné). Par contre, les crédits pour les radars... Onn 'a plus aujourd'hui qu'un gros bâton, et la carotte a filé dans la poche de quelqu'un d'autre. Une fois encore, on s'est fait couillonner. Ya des surpris, dans la salle ?
En revanche, ça s'excite du côté du relèvement à 150 km/h de la vitesse limite sur autoroute, amendement évidemment retoqué par l'Assemblée nationale. 2 poils de jugeotte auraient suffit pour se convaincre de l'inutilité de cette mesure. D'abord, il s'agit de 150 km/h « secs », c'est à dire qu'à 151 km/h, z'êtez crac dedans. Ineptie à deux niveaux, pratique et théorique. Pour dépasser dans les règles de l'art un véhicule, il faut le faire rapidement, donc avec une marge de vitesse suffisante. Ca c'est pour la pratique. Et pour la théorie, connaissant l'imprécision des compteurs de vitesse, on se dirigeait tout droit vers de gros soucis juridiques, puisque nos compteurs sont loin d'être homologuées UTAC, à l'inverse des radars qui doivent être étalonnés régulièrement (je me demande d'ailleurs si c'est bien l'UTAC qui s'occupe de ça).
De plus, la limitation à 150 km/h existe de facto. Tout le monde sait que si on roule à 100-105 compteur sur nationale et 150 sur autoroute on a fort peu de chance de se faire accrocher au radar. Simplement à cause des tolérances des compteurs et du radar. Les changements de la taille des pneus a aussi son incidence: avec un pneu avant plus haut, à vitesse compteur comparable, ma vitesse réelle est supérieure à celle que j'ai avec un pneu taille basse. Pas de beaucoup, mais si 1 km/h de différence suffit pour me faire pruner... Pareil si tu rallonges ta démultiplication et que ton capteur de vitesse est sur ton pignon de boîte.
Enfin, en bon Etat Policier qui refuse son appellation, tu risque jusqu'à 7 ans de taule si tu dégommes quelqu'un, et jusqu'à 100.000 euros d'amende. 100.000 euros... 5 ans de mon salaire. Deux fois le prix de mon (petit) appart'. Moi, ce que je vois, c'est qu'après avoir fait un freinage d'urgence dans un piéton, comme ils n'ont pas forcément envie de gagner 7 ans de parties fines dans les douches avec d'autres poilus, y en a un paquet qui vont remonter fissa sur leur bécane ou dans leur bagnole et taper le délit de fuite. A durcir des lois, on obtient parfois l'effet (voire l'excès) inverse.
Tolérance zéro, deuxième
Ceci dit, faisez gaffe, cette histoire de tolérance risque d'être remise en cause d'ici peu, puisqu'il est question de la supprimer tout bonnement, et de coller les radars (au choix) à 131, 111, 91, 71 ou 51 km/h avant déclenchement de l'Apocalypse Permiscide. S'ils l'appliquent effectivement de manière systématique (Egalité, c'est encore marqué sur nos pièces de monnaies), en une semaine on a résorbé tous les embouteillages en France puisque 50% des conducteurs n'auront plus un seul point sur leur permis. Corollaires: le déficit de l'Etat français va faire un bond incroyable à cause de la chute verticale de la vente d'essence et donc des rentrées budgétaires, Peugeot et Renault vont licencier à tour de bras, mais ça tombe bien, les usines de Boulogne-Billancourt vont pouvoir être transformées en prisons pour motards et caisseux.
Moi je veux bien rouler à 50, mais encore faudrait-il que, perché sur ma chtite 125 sur les quais de Seine, je ne me fasse pas pousser au cul par des poids lourds et des bétonnières. Mi-mars, sur les quais de Seine entre Boul-Bille et Levallois, j'ai vu 2 radars à 1km d'intervalle, pas forcément planqués. J'avais du mal à rester en dessous de 65 compteur vue la pression derrière. Y sont gentil les mecs qui poussent au train: c'est pas leur permis qui est dans ma poche.
Ce qui me rassure quelque part, c'est que les flics savent bien que ne pas laisser de marge est difficilement applicable. Simplement à cause du nombre de conducteurs qu'il faudrait arrêter par heure, et de la masse de prunes que cela représenterait en plus à traiter. S'ils abaissent la vitesse d'accrochage des radars, ils vont vite être saturés: une fois qu'ils auront 5 véhicules en file d'attente, ils laisseront passer les autres. Où est l'égalité de traitement là dedans ? De plus, ce genre d'opérations n'est pas faite pour soigner leur image auprès des conducteurs, qui les ont déjà largement dans le pif. Qu'ils n'oublient tout de même pas une chose: ils n'existent que pour nous servir, tout comme ceux qui leur filent des ordres.
Koud'pied o'Kick, - le 5 avril 2003
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