Salon Moto Légende 2006
Week end chargé. Visite d'un service de gérontologie.
Dans les allées du 9e Salon Moto Légende on entendait parler de papy, mamy, grand père,
grand mère etc .....
Au hasard des couloirs les discussions allaient bon train "Elle a
toussé et s'est arrêtée", "il a fallut la
pousser pour qu'elle démarre", "Elle affiche ses 70 printemps",
"il fume comme un deux temps". "Maintenant, il va falloir
lui faire un petit lifting"... On pouvait même croiser un docteur
en blouse blanche. Sur la poche droite, sa spécialité :
Carburologue.
Bon, remettons les choses au point, je n'ai pas visité une maison de retraite. J'ai simplement traîné mes baskets, comme tous les ans, au salon moto légende. Grand rendez vous parisien des amoureux des petits anciennes. Et pour cette huitième année, la place d'honneur revenait à la France : Cocorico !!!!
Avant la guerre de 40, la France pouvait s'enorgueillir d'une sacré production. D'accord, ce n'est plus le cas actuellement malgré quelques timides essais comme la BFG, la moto Française qui ne mérite pas encore le tampon collection mais ça ne tardera pas. Et encore au moins 50 ans avant que Voxan puisse prétendre avoir une place d'honneur au sein des petites vieilles.
Sur l'affiche cette année, une habituée de la manifestation, la MAJESTIC. Moto carénée de l'époque, exercice de style produit à 100 exemplaires en 1932 par la firme Dollar. Entreprise qui malgré la consonance de son nom, était parisienne. L'habit ne fait pas le moine.
Cette petite machine possédait trois vitesses commandées par un levier que l'on repère aisément à droite de la moto. Équipée d'une coque autoporteuse et d'une direction à pivot empruntée à l'automobile, elle affichait 140 kg sur la balance. Son mono cylindre de 350 cm3 développait 11 cv. Fabriquée à 100 exemplaires en 1932.
Mais parlons d'abord de l'entrée. Le visiteur était accueilli cette année par un petit voyage dans le temps digne d'Orson Wells. A droite un pique nique sur l'herbe mettait en valeur une V35 Bergmeister de 1956. Lui faisait face une moto pleine d'histoire: une Blériot. Le nom vous dit forcément quelque chose. Bien sûr le fameux aviateur qui a traversé la manche en 1909. La Blériot nous permet d'apprendre que celui que l'on connaît comme aviateur fabriquait des phares d'automobiles. Après son exploit il devient constructeur d'avion. mais la guerre finie, difficile de rentabiliser les ateliers. Alors il renoue avec les phares automobiles et essaye d'y adjoindre la production motocyclette. La Blériot se présente au grand public au salon d'octobre 1919 en deux modèles : la B20 "tourisme" et la D20 "sport" à cadre rigide. Mais du fait d'un problème de fiabilité et de prix, l'atelier ferme ses protes en 1922, juste après l'arrivée de la STD qui nous accueille dans sa superbe robe bleue outremer.
A coté, un superbe triporteur couleur crème fait son marché en affichant fièrement le sigle Peugeot. Un peu plus loin, le GL 10 affiche lui aussi le fameux lion dressé de la firme Sochalienne. Et sous sa selle bi-place dressé ouverte pour l'occasion, deux petites bouteilles bleues bien connues des campeurs trônent à la place du réservoir. Un peu moins ancien que ses congénères le GL 10 avait la particularité en 1977 de "carburer" au butane. Il suffisait d'un réglage du carburateur pour que le modèle soit propulsé avec une autonomie de 100 km par bouteille.
Plus loin la firme Dollar expose des modèles dans un état parfait. La tête d'indien ne présente aucune ride. Le premier pavillon (nouveauté de l'année) nous met l'eau à la bouche et donne envie d'aller voir l'exposition principale.
Entrée dans le hall principal nous sommes accueilli par plusieurs motos toutes plus rutilantes que les autres. De vrais vedettes sous les sunlights. Venu voir des petites anciennes un peu ridée, je n'aperçois que des top modèles dans des robes quasiment neuves. Même pas une tache d'huile sur la moquette. Nous retrouvons des marques bien connues mais dans des modèles peu courants :
- Peugeot et une 1000 HP de 1913. 150 kg de métal pour un moteur 1000 cm3 affichant fièrement ses 7cv.
- Une superbe René GILLET qui a remporté, avec le modèle 750, le concours des armées. Bicylindre en V à 45° pour un poids total de 160 kg.
- Une Koehler Escoffier qui répond au doux nom de Mandoline 500. Le modèle 500 cm3 version tourisme atteignait 100 km/h. Un modèle 1000 cm3 a existé. Monet Goyon a racheté la marque en 1930.
- Une Motobécane au couleurs beige et chocolat trône au milieu de ses consoeurs. Prototype développé après le guerre (1946-1947) pour la police de de seine et Oise. Deux modèles auraient vu le jour modifié, semble t-il par l'usine elle même. Motobécane a produit des deux roues jusqu'en 1982.
- Belle mécanique aussi que cette Ratier de 1962 dont il existait précisément 1057 exemplaires. Elle ressemble furieusement à une BMW et pour cause. il s'agissait en fait d'évolution de CEMEC avec des pièces d'origine du constructeur allemand. RATIER a équipé les forces de l'ordre.
- Et juste à coté, dans une peinture jaune, un autre modèle MOTOBECANE-MOTOCONFORT, la L3. Sortie au moment du boom des japonaises, son look ne pouvait pas rivaliser. Petit moteur 2 temps de 3 cylindres, elle développait 38 cv et il n'en fut produit que 779 exemplaires entre 1973 et 1976.
Bref, les anciennes marques françaises étaient fièrement représentées grâce à tous ces amateurs qui les soignent pour le plaisir de l'oeil, par amour de la mécanique sans électronique, simplement par passion.
Mais cette exposition préfigure le salon en lui même. Décomposé en parties bien distinctes. Une partie présente les professionnels qui gravitent autour de la moto de collection. Les revues spécialisées, les assureurs, les fabricants de pièces détachées. Tout ce petit monde, qui place la passion avant le commerce.
N'oublions pas les clubs, animés bénévolement par des passionnés d'une marque d'un thème, ils sont venus nous présenter les engins pour lesquels ils vibrent. Les stands, rivalisant d'invention et de bricolage pour mettre en valeur l'objet de leur passion. L'objet qui consomme tout leur temps libre. La passion n'existe que dans le partage et partager ils connaissent. Ils sont prêt à en parler pendant des heures, prêts à se noircir les mains pour aider un confrère. Leur principale qualité ? La patience pour ses petites vieilles bien capricieuses parfois.
Et cette fameuse bourse d'échanges qui permet de fouiner dans les caisses de mécanique pour trouver la pièce rare. Pour dénicher le cendrier qui fera bien sur la table du salon. Quel plaisir de mettre la main sur un verre qui trônera fièrement sur le bar. Un diaporama de l'île de Man trouverait bien sa place sur une étagère dans le salon. Et si je m'offrais un vieux cuir avec un bol.
Parfois l'anglais est de rigueur pour acquérir la marchandise souhaitée. Certains viennent de loin pour nous présenter leur stand.
De toute façon difficile de ne pas trouver l'adresse qui va bien. Impossible de ne pas dénicher quelque chose qui nous plaise. Impensable de ne pas éprouver du plaisir à laisser traîner nos mains sur ces objets, dans ces caisses sur la selle de ses motos à rafistoler. Inimaginable de ne pas alimenter notre passion en admirant ces motos pour lesquels nous sommes restés des heures devant la vitrine d'un concessionnaire en rêvant de passer notre permis.
Allez, moi je vais rêver que j'ai les moyens de m'acheter la statue d'Ed la poignée sur sa 750 Honda. Je ne ferais qu'en rêver, les 100 originaux faits à la main en résine se négocient à 6.500 Euros quand même. Mais elle ferait bien dans mon garage à coté d'une petite Kawa 900 à retaper non ?
On se donne rendez vous sur place l'année prochaine ? Moi j'y serais c'est sûr !
Reportages photos
Les plus belles photos du Salon Moto Légende 2006
La Rédaction - Novembre 2006
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