Roman : René (épisode 44)
Episode 44 : PHILIP ISLAND… !
Après tout ça, le transport depuis l'aéroport jusqu'aux portes du circuit n'est qu'une simple formalité dont j'ai pas besoin de te conter le déroulement !
Philip Island : un des plus beaux tracés au monde, en bordure de l'océan. Un des plus difficile aussi, alternant courbes rapides et épingles délicates. D'une longueur de quatre mille quatre cent quarante cinq mètres, le tracé australien présente un certain dénivelé demandant une paire grosse comme les miennes (et alors ?…, t'es jaloux ???) si on veut s'y imposer. Une autre particularité de ce circuit est ses variations climatiques importantes ; sa proximité de l'océan fait que le temps change très vite, avec un vent quasi-permanent qui ramène du sable sur la piste. Les mouettes, présentes en nombre conséquent, ajoutent aussi leur part non négligeable de problèmes possibles. Bref, un tracé à la hauteur des plus affûtés, mais certainement un des plus risqué du championnat, y'a mieux pour débuter sur une moto inconnue…
On se fait un tour de piste ? Allez, suis le guide : la ligne droite fait huit cent trente cinq mètres. Le départ a lieu au milieu de cette dernière pour plonger très vite dans un droite assez prononcé qui se resserre en sortie. A peine le temps de souffler, et tu vires dans un grand gauche au rayon assez régulier (en deuxième). Tu passes la trois rapidement pour plonger en quatre dans un gauche très large. Ensuite, gros freinage pour aborder un droite en épingle (première). Petite accélération, et nouvelle épingle à gauche à la sortie de laquelle tu visses à fond pour un très léger gauche, puis droite, lesquels s'abordent presque sans couper, en six. La courbe suivante, un autre gauche, est assez hard au niveau trajectoire. Large elle aussi, elle conditionne une épingle à droite assez vicelarde sur laquelle s'enchaîne un gauche en deux. Petit bout droit, puis un autre gauche en trois, pour enfin revenir vers la ligne droite.
La pole de l'an passé est détenue par Régis LACONI en 1'33'42.
Aujourd'hui, mercredi, le temps est au beau fixe. Il en sera de même pour la fin de semaine d'après les responsables météo. Mais sait-on jamais là-bas ?
Une séance d'essai libre d'une heure est prévue
demain, en milieu d'après-midi. Elle va permettre une remise
en jambe et dégrossir le travail (c'est l'ouverture
de la saison, faut pas oublier…, et comme c'est moi l'écrivaillon
de service, j'en ai décidé ainsi !). Vendredi, une
séance le matin et une l'après midi. Samedi matin,
le chrono parle pour déterminer l'ordre de départ
de pour la superpole, les pilotes partent un à un pour leur place
sur la grille.
Dimanche, warm up en matinée, puis la première manche (derrière
les supersports), puis la seconde une heure trente plus tard. Voilà,
t'as le programme (qu'est-ce qu'on dit au monsieur ?)
Le matériel vient d'arriver au box. Papy, Jean-Yves et Ovomaltine, sous la houlette d'Albert, se mettent rapidement au boulot pour le déchargement et l'agencement de l'impressionnant pack constitué des motos, des pièces et de l'outillage. On sent que le team est rodé à cet exercice, et la technique d'organisation bien huilée.
Pendant ce temps, Max enjoint les autres à le suivre, pour l'installation à l'hôtel qui borde le circuit. Tu verrais la tronche du personnel en voyant débarquer les girls du marchand de capote…
René est détendu, concentré sur la tache qui l'attend, certes, mais il affiche un calme olympien de bon augure pour la suite des événements. Il jette simplement quelques regards étonnés devant l'étalage de luxe présent dès l'entrée dans le hall.
Maurice, quand à lui, semble accuser le coup de ses frasques en altitude, il baille à s'en décrocher la mâchoire, et suit la troupe avec l'entrain d'un escargot au galop !
Quand à Dave et Max, on les sent habitués à la fréquentation de ce type d'endroit. Ils ne prêtent aucune attention au décor somptueux.
Excuse-moi, j'oubliais de préciser, l'établissement qui les accueille est un cinq étoiles avec une immense piscine chauffée bordée de cocotiers au pied de laquelle se prélassent une multitudes de jolie filles en petite tenue (j'y peux rien ! C'est TOUJOURS comme ça dans les palaces…). Cette vue te parvient dès l'entrée d'un hall immense, constitué de marbre blanc, par l'entremise d'une gigantesque baie vitrée. On accède à l'étage à l'aide d'une demi-douzaine d'ascenseurs drivés par des grooms à toque rouge. Bien évidemment, il y a un immense comptoir, avec l'incontournable gars en costard blanc, nœud pap' et chauve comme il se doit. Sur le côté : le bar et le restaurant. C'est comment ? Tu commences à m'emmerder, t'as qu'à aller voir toi-même !
La soirée est consacrée au farniente en vue de se remettre du décalage horaire, histoire d'aborder la journée de demain en pleine forme. Installation dans les chambres (les frangins ensemble), une douche, un bon roupillon, et un repas du soir pas trop copieux. La soirée se termine très tôt, tout juste le temps de lier connaissance avec les responsables des teams, certains pilotes (dont un Régis LACONI, mort de rire de serrer la louche à un concurrent pouvant être son grand-père…). Les attitudes, face au team GAGA, sont mi-interrogatives/mi-moqueuses, faut dire que le pari de Max est VRAIMENT osé…
Seules les girls, un peu plus vêtues qu'à l'ordinaire (sur ordre du boss, pour ne pas en faire trop dès l'arrivée…) semblent mettre tout le monde d'accord, même comme ça, elles en jettent, ces demoiselles triées sur le volet par un patron connaisseur !
Entre-temps, Albert et les mécanos ont rejoint l'équipe à table. Une digestion rapide au pied de la piscine, et tout le monde regagne les chambres pour une nuit de récupération.
Jeudi, très tôt en matinée :
Toute l'équipe, sauf les girls, est réunie dans le box pour une réunion de travail. C'est l'occasion pour René de faire connaissance avec la BIMOCATI, et de procéder aux premiers réglages pour la position. Pépère est grand et la machine particulièrement compacte ; ce n'est pas simple de l'accorder au pilote. Mais finalement, grâce au talent de Jean-Yves, un compromis est rapidement trouvé.
Ensuite, on procède au démontage d'une des deux machines, pour expliquer à Superpapy ses particularités techniques, le comportement découlant de ça, et les possibilités en terme de mise au point. La brèle ressemble un peu à la DUCATI, en plus compacte et sans treillis tubulaire (pour cause…). L'originalité vient des trois échappements séparés, deux à gauche et un à droite. Rien sous la selle, laquelle soutient le radiateur de refroidissement. Une fois le carénage posé, on ne distingue absolument pas la disposition si particulière du trois cylindres. Une bien belle machine en réalité !
Pour comprendre un circuit, rien de tel que dans étudier son tracé sur papier. Max, ancien pilote, se charge de potasser ce chapitre avec le Respectable, lequel étudie chaque détail. Puis, c'est la rediffusion en vidéo du GP de l'an passé, avec décortication minutieuse de chaque courbe en étudiant les trajectoires des meilleurs. Après s'être enfilé ce gros morceau, rien de tel qu'un tour de circuit à pied, histoire de se dérouler les articulations et visualiser en live la piste.
Quand ils en terminent, la matinée tire à sa fin. C'est l'heure du déjeuner à l'hôtel (on mange léger…). Puis, après une heure passée à décompresser au bord de l'eau, c'est le retour vers le box et le début véritable de l'aventure. Les mécanos commencent à sortir les motos des stands, les premiers grondements mécaniques se font entendre, et les pilotes enfilent les cuirs en attente du feu vert de la direction de course, dans moins d'une demi-heure !
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