Roman : René (épisode 42)
Episode 42 : Présentation de l'équipe puis, pas de temps à perdre… En route vers l'Australie !
Pendant deux plombes, la partie restau du Tourist Trophy jouit d'une ambiance bien particulière. Fred, sur la demande de Max, a décidé de les retenir à table avant le départ, quelques clients curieux de la présence de cet énorme camion devant l'établissement se sont pointés, et le téléphone arabe a très rapidement fait son œuvre en faisant radiner tout le village…
Faut dire que les filles, pendant que les fourneaux se mettent en branle, ont joué un numéro savamment orchestré du genre « regarde comme je suis bien foutue… » au son de la sono que le tenancier a branché de bonne grâce sur la demande d'un Dave assez fier de son résultat. Le show est bien huilé, le public, qui ne sait plus à quel sein se vouer, bave comme une meute de chiens attendant la pitance, et surtout, René semble totalement partant pour l'aventure !
Ensuite arrive le moment de grailler ; Fred et Isa ont bossé comme jamais, car pas mal de locaux voulant être de la partie (ben voyons…), le restau affiche complet… Heureusement, quelques-uns leur ont filé un coup de main ; improviser quarante cinq couverts en un temps record, à deux, c'est un peu comme si on avait demandé à un mec comme toi de vidanger tout seul sa bécane…
C'est l'occasion de faire connaissance avec le team composé de trois mécanos. Papy, lequel s'occupe de la partie mécanique, Jean-Yves pour la partie cycle et Ovomaltine, l'arpette d'origine helvétique marchant sur les traces de ses glorieux aînés en commençant à manier la clé de douze avec dextérité. La responsabilité informatique, incontournable à présent, est confiée à Juju, un jeune diplômé branché computer. Albert Poncharal, le responsable de l'équipe, un vrai puit de science toujours alerte du haut de ses soixante dix printemps, est le pilier du staff technique et un formidable chef d'orchestre motivant ses troupes avec un enthousiasme d'adolescent.
C'est lui qui explique à René, après les présentations, le choix des machines : BIMOCATI a décidé de faire son entrée en mondial SBK par la petite porte en confiant deux machines, ainsi que l'assistance directe de l'usine, au team GAGA. L'entreprise italienne, qui vient tout juste de commercialiser un 500 roadster grand public, avait en gestation une hypersport trois cylindres depuis quatre ans. Sous l'impulsion de son bouillant PDG, Joan-Paolo DAUTRICOURI, cent exemplaires sont récemment sortis des chaînes pour être vendus via le net et ainsi permettre à la marque de participer au championnat. Un seul pilote, pas de tête d'affiche ni d'ambition particulière, voilà le plan pour mettre au point la moto en vue d'une implication en force l'année suivante. Les essais hivernaux, loin des caméras, ont servi à dégrossir le travail. Alain TERIEUR, le pilote attitré, est un fin metteur au point en plus de ses qualités de pilote toujours intactes, ce qui a permis à la moto de tourner rapidement dans la même seconde que les temps de référence des autres teams engagés sur le circuit de JEREZ, il y a une quinzaine de jours. Ce circuit, loué en secret à l'aide d'un chèque conséquent, possède en effet la particularité de posséder toutes les caractéristiques techniques qu'on risque de rencontrer sur les autres pistes du mondial. Une moto qui va vite à JEREZ, va vite partout…
Le trois cylindres en ligne à injection possède la particularité d'avoir sa mécanique installée dans le sens de la route, ce qui réduit grandement sa largeur et permet une machine particulièrement étroite, gage d'une bonne pénétration dans l'air. Outre le fait qu'un trois pattes est plus coupleux qu'un quatre, ce type d'architecture autorise une puissance moindre pour une vitesse égale, ce qui toujours bon pour la fiabilité. Evidement, ce moulin oblige un empattement conséquent, problème contourné par l'absence de cadre, remplacé par une coque autoporteuse. Ca rentre au chausse-pied, mais le résultat est équivalent aux valeurs de la nouvelle GSXR, la référence du moment. Sur le papier, comme en essai, le projet semble tenir la route. Reste à valider tout ça en course…
C'est Albert qui est chargé de faire remonter les infos à l'usine pour faire évoluer la moto car aucun technicien de la firme n'est présent sur décision du Boss de l'usine, l'implication de la marque n'étant pas officielle…
Le remplacement provisoire d'Alain par René a dû nécessiter l'aval de Joan-Paolo. C'est Grigou qui s'est chargé de le convaincre, lequel a demandé à Dave, impliqué dans l'aventure, de faire de même avec le Respectable.
Voilà, t'es au parfum à présent !
L'heure du départ approche. Fred va garder les KAWASUKI chez lui et ZIVA restera quelques jours son invité. Le problème des visas et de l'engagement de René a été anticipé par la fédération. Reste plus qu'à grimper dans le camion pour atteindre l'aéroport. Là, les caisses contenant le matériel seront déchargées et acheminées directement sur le circuit par avion cargo, tandis que le personnel empruntera un vol régulier. L'envol est prévu à vingt heures.
C'est alors que se déroule une scène qui va avoir son importance pour la suite des évènements un peu plus tard, Maurice vient de se mettre un peu à l'écart, muni de son téléphone portable…
Il compose un numéro, attend quelques instants, puis se met à causer dans l'appareil :
« Le comte Satovitch ?, c'est Maurice… »
Il s'éloigne d'avantage et passe dix minutes à discutailler ferme. Puis il raccroche, visiblement satisfait de lui…
René a suivi le manège en fronçant les sourcils, mais sans dire un mot.
L'Ancien rejoint ensuite le groupe et s'adresse à l'ensemble :
« Vous allez m'excuser, mais j'ai un truc urgent à faire… Partez sans moi, je vous rejoindrai à l'aéroport pour le départ. Il y aura certainement un endroit ou garer ma bécane jusqu'à notre retour. »
Ce faisant, il monte s'équiper, redescend en cuir avec un sac et son casque à la main, puis sort pour se rendre au hangar ou dorment les motos. Quelques minutes plus tard, la V6, munie de ses valises, se trouve devant l'hôtel restaurant en train de chauffer sur sa latérale.
René décide alors de rejoindre son frangin :
« Maurice, me dit pas que… », commence t'il en s'adressant au père la Gatouille.
« Ben si… », répond l'autre en se marrant tout en enfourchant sa brèle.
La KAWASUKI s'éloigne ensuite rapidement…
René rejoint les autres en se grattant la tête.
« Changera jamais celui-là ! », se dit-il pour lui-même.
L'heure avançant, s'agit de perdre de temps, tout le monde embarque pour prendre place dans la partie salon du monstre de la route, et c'est parti pour l'aventure…
Ce truc roulant, c'est un véritable palace. Je te laisse imaginer que toute l'équipe tient à l'aise à l'intérieur, confortablement installés dans les immenses canapés en alcantara. C'est beau quand on a les moyens ! Et pour la bonne cause en plus, LA course…
Bon, pas question d'embarquer un tel engin pour l'Australie ; celui-ci restera parqué, sous bonne garde, dans un coin de l'aéroport. Mais pour l'instant, la liaison Maisidon-Lesgaz / Nice n'a rien d'un chemin de croix, le bar, la vidéo et… les filles !!!
Si je te dis que le père René est resté les bras croisés en pareille compagnie, tu vas me croire ?
Ben…, pour une fois, l'Ancien est plus préoccupé par ce qui l'attend, que pour se lier d'intimité avec au moins une de ces charmantes créatures, du moins dans l'immédiat…
Non, dans l'instant, René cause technique avec Albert, Max et Dave, leur prouvant par là même, qu'il est décidé à faire son boulot correctement. Il doute toujours du résultat, Philip Island n'ayant rien à voir avec Le Mans ou Jerez, en plus qu'il s'agit ici d'une épreuve de championnat du monde, mais la détermination dont il fait preuve par la voix et le regard, semble les rassurer sur le fait que Superpapy va rouler en donnant le meilleur de lui-même !
Trois heures plus tard, le truck fait son entrée dans l'enceinte de l'aéroport international.
Mazette, quel endroit… c'est gigantesque, une vraie ville consacrée au transport aérien !
Après dix bonnes minutes à déambuler à travers le dédale d'artères bordées de bâtiments en tout genre, le camion stoppe enfin à proximité d'un immense hangar. Max se lève, va voir le chauffeur, puis revient à l'intérieur en s'adressant à son équipe :
« Un bus vient nous chercher pour nous mener au hall d'embarquement. Le chauffeur va surveiller le chargement du matériel et voyager dans l'avion cargo. Normalement, nous devrions arriver simultanément. »
En effet, quelques minutes plus tard, un transport en commun à l'effigie de l'aéroport s'arrête à proximité du camion.
Ils descendent tous (les filles d'abord, histoire d'avoir une vue plein sud…), et c'est alors que le rugissement d'un six cylindres se fait entendre. Une superbe Sport-GT, équipée avec mauvais goût d'un ensemble valises + top case, sur laquelle se trouve juché un gars en cuir dont la particularité est de porter une ridicule queue de renard à l'arrière de son casque, vient de faire son apparition : je suis sûr que t'as deviné qu'il s'agit de Maurice (tu vois quand tu veux…) !
Le personnage en question descend de sa monture, enlève son casque pour le poser sur sa selle, s'étire longuement (rigole pas, ça t'arrivera un jour…), puis va chercher un sac dans son top case. Il le sort avec une extrême prudence, en sort une espèce de fiole qu'il glisse dans une de ses poches, referme le sac et le tapote avec satisfaction en le gardant à la main…
René le regarde faire, les bras croisés, puis s'adresse à son frangin :
« Maurice…, tu vas pas recommencer j'espère ??? »
L'autre lui lance un clin d'œil et répond :
« Fait moi confiance, tu me diras merci plus tard… »
La V6, sur instruction de Max à la demande du Respectable, restera à proximité du camion. Mais Pépère insiste d'une façon quasi impérative pour que son précieux sac soit du voyage, et surtout, de faire attention aux chocs éventuels !
Puis vient le moment de monter dans le bus, d'aller jusqu'au hall d'embarquement, de passer par la case « vérification de la paperasserie », pour enfin emprunter un escalier roulant au bout duquel attend un véhicule chargé de les conduire à la porte de l'énorme Jumbo Jet dont les mécanos s'affairent au dernières vérifications. Là, ils sont pris en charge par de charmantes hôtesses de l'air (ben ouais, c'est jamais des boudins…) qui les installent en classe « affaires ».
Y'a déjà pas mal de monde d'installé, du couple de retraités se payant le voyage de leur vie, en passant par le PDG de la société Trucmuche, et de richissimes rentiers décidés à aller se dorer la pilule au bord de l'océan indien.
Dans le cas présent, Max a insisté pour que son équipe et lui-même soient regroupés.
Pour ton info, l'Australie, ce n'est pas la porte à côté. J'ai pas calculé la distance (toute façon, t'iras JAMAIS là-bas, t'as déjà du mal à faire cent bornes d'une traite au guidon de ta brèle…), mais sache que le vol va durer vingt cinq heures, et qu'il vont d'abord se rendre à Paris (ben, ouais…), puis direction SINGAPOUR (en INDE, inculte…), là, ils refont le plein pour atteindre cette fois MELBOURNE, …Ouf !!!
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