Expérience de motard
MAIS T'AS QUEL AGE ?!
Deux motos antinomiques vues par un motard (pas un pilote) qui ne s'en remet pas.
Samedi de mars au soleil, la route est sèche, l'air est piquant,
le plein est fait. 70 km pour se mettre en jambes, et un rien de temps
après, je me présente impatient (et humble) devant la concession
BMW-Kawa de Chambéry. Parmi la gamme BM au complet, la RS se détache
nettement. Le gris sombre lui va bien, et la teinte unie permet de profiter
de ses lignes. L'arrière est aussi léger que l'avant
est massif. J'aime. Seul bémol, le phare pourrait être
placé plus bas ; elle y gagnerait un air ombrageux en accord avec
sa personnalité.
Formalités expédiées je tente de sortir au plus vite
de la “zone d'activité” pour profiter de ma demi-heure
d'essai. Les ronds-points, croisements, et autres labyrinthes me
permettent de juger de la maniabilité de la moto. Très convenable,
tant qu'il ne s'agit pas de slalomer entre des files de voitures.
Le bicylindre vibre agréablement, reprend sans problème
à bas régime : les avantages sans les inconvénients.
La position est agréable, quoique j'eusse aimé un
peu plus d'appui sur les bracelets ; on est finalement assez droit.
Ne préférez plus le train
La route s'ouvre, et je comprends mieux à qui j'ai
à faire. Ça pousse bien. Rien d'explosif mais je doute
d'avoir besoin de plus. La protection est bonne, la moto très
stable et docile, avec des suspensions peut-être un peu fermes au
long cours. Bref, c'est un bicylindre père de famille ! C'est
sérieux, ça se bouge avec une certaine inertie, on comprend
ce que ça veut, et quand ça a décidé quelque
chose, ça s'y tient ! Un genre de Lino Ventura mécanique,
voyez ? Avec ses manies, comme ses commodos de clignotant, auxquels on
doit bien finir par se faire, ou sa béquille loin devant façon
Guzzi.
Mais ce qui détonne, c'est la voix. Imaginez Gabin doublé
par Roger Carrel… Ça s'arrange quand on monte les régimes,
mais cela n'a rien du tonnerre dont le patriarche ferait trembler
trois générations. Le pompon, c'est le klaxon. On
avait dû me faire une blague, car j'avais le modèle
réglementaire d'un 102 (vous savez “peeeep”).
A part cette réserve, futile eu égard à la philosophie
de la moto, j'ai aimé l'impression de sérieux
imperturbable, avec pourtant beaucoup d'efficacité si elle
sort de sa réserve. Les pilotes de la Boxer Cup ne se plaignent
pas de ses aptitudes sportives ! Et puis, qu'est-ce qu'elle
est belle et différente !
Les choses auraient pu en rester là s'il n'avait pas
été si tôt, et si les Kawa n'avaient pas été
exposées juste à côté.
La Z1000 est aussi flashy que sur les magasines. Pour le reste …
C'est vrai ? Je peux ?
Z pour Zazou ?
Avant même de mettre le contact, j'ai perçu le gouffre
séparant les deux motos. Si la RS force le respect et en impose
à chaque tour de roue, la Z ne demande qu'à se faire
bousculer. On a l'impression d'être assis sur un trail
(un petit), léger.
La sortie du parking s'est faite en marche arrière, les pieds
en l'air (et je ne suis pas acrobate), le premier rond point a été
avalé façon super-motard et j'ai ridiculisé
les scooters sur la partie urbaine (j'avais des comptes à
régler !). La moto est évidente, extrêmement maniable,
stable, avec un moteur explosif et disponible à tous les régimes.
Je n'avais jamais rencontré une moto comme celle-là.
Si la Hornet 900 est sûrement comparable en termes de motorisation,
l‘agrément de la partie cycle est ici tout autre. Quant à
la BM, si la RS est un ours respectable, la Z est une surfeuse cocaïnomane.
Le revers de la médaille, c'est que je n'ai pas su
rester raisonnable plus de deux minutes. Je l'ai jetée de
tous côtés, j'ai dû arracher du bitume à
l'accélération comme au freinage, je me suis déplacé
les cervicales, et j'ai fini par rendre la moto avant de casser
quelque chose.
Les aspects pratiques ? Sais pas, sans intérêt sur cette
bombe. Et puis, si j'ai pu réfléchir sur la RS, là
j'avais autre chose à faire. J'ai quand même
remarqué la lisibilité moyenne du compte-tours (mais nous
l'avons tous lu partout), son esthétique, et de méchantes
vibrations (très bruyantes) dans le tableau de bord.
Et pour monsieur, ce sera ?
Ces motos n'ont clairement pas grand-chose en commun, mais pourraient s'adresser au même motard ; choisir la RS ou la Z est en soi un vrai choix de vie, tant ces motos sont des musts dans leur catégorie. Reste que pour la Z, c'est le motard qu'il faudra songer à brider. Alors au moment du choix, je m'interroge … déjà 35 ans ? ou seulement 35 ans ?
Philippe - 7 avril 2003
Vous avez aussi une expérience à raconter en tant que motarde ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)
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