Tour de Californie - J2 - Lundi 4 mai
Lundi 5 mai 2008
Avant même de commencer la journée, j’ai déjà un sentiment de frustration comme je l’explique à Monica mon hôtesse au Wickyup Ranch. En effet les parcs nationaux américains sont le trésor de ce pays, et en « visiter » ou plutôt traverser deux le même jour semble être une hérésie.
En même temps, à part la route de Séquoia à Kings Canyon qui était affichée comme ouverte et le détour vers Glacier Parc dans Yosemite, j’ai roulé ce jour là sur tous les miles d’asphalte de ces deux parcs ouverts à cette époque de l’année.
Ca ne change pas le problème du départ : ces parcs ne sont pas faits pour être découverts en voiture, mais plutôt en randonnée pédestre et en camping plutôt qu’en hôtel.
Pour revenir à Monica et au Ranch WickyUp, voici des photos de l’intérieur et l’illustration en images de l’appellation « Bed & Breakfast », Monica a mis les petits plats dans les grands et même sorti le drapeau français en mon honneur !
Par contre, ayant roulé plus que prévu la veille, j’ai accepté de prendre le petit déjeuner tardivement à 9h du matin et du coup je me retrouve en selle peu après 10h du matin. Monica s’intéresse aux préparatifs de la moto et admire les ingénieuses sacoches textiles intérieures Guzzi. Elle prend une photo de son premier invité motard avant de me laisser partir.
Voici l’itinéraire prévu.
Dès le début de la journée, je passe près du Lac Kaweah.
Puis je stoppe sur un pont au dessus de la rivière qui alimente le lac.
J’arrive rapidement au péage de l’entrée du parc ($5 pour les motos, $10 pour les voitures mais quelque soit le nombre d’occupants).
Monica m’a conseillé de monter à pied sur le rocher du « Morro » (le Maure en Espagnol), mais l’accès est fermé. Je prend quand même une photo dudit rocher.
La route est superbe, en bon état relativement large et parsemée d’épingles.
Seule ombre au tableau, les limitations de vitesse descendent parfois jusqu'à 25MPH (35km/h). Hum, on va dire que quand ces dernières ne sont pas justifiées par la proximité d’un parking ou d’un croisement, je suis trop occupé à soigner mes trajectoires pour regarder le compteur.
Second arrêt obligatoire et à vrai dire bienvenu pour se remettre un peu de tous ces virages, l’arbre le plus massif du monde, le général Sherman, n’est qu’à quelque dizaines de mètres du parking (d’ailleurs la route est la « Generals Highway »)
Les Séquoia sont vraiment des arbres uniques. Après leur découverte, un anneau détaché de l’écorce avait été envoyé sur la cote Est mais les botanistes et biologistes avait crié à la tromperie. Il a donc fallu abattre l’arbre pour découper une rondelle complète du tronc et les convaincre. Le plus dur fut le transport.
Ce Séquoia n’est pas l’arbre le plus haut du monde, mais c’est le plus massif et un des plus anciens, Sherman date je crois de 1000 ans avant J.C.
Le centre de l’arbre est mort et compact, la vie se développe dans les anneaux externes (au fond rien de nouveau, c’est pareil sur d’autres gros arbres qu’on connaît mais certains arbres comme les sapins qu’on utilise pour les meubles sont coupés avant que le centre ne meure).
J’apprend tout ça dans les panneaux d’information autour des arbres (ici et plus encore a Yosemite dans la Mariposa Grove) et en écoutant un des visiteurs qui donne ces/ses informations a qui veut l’entendre. Ceci m’évite un arrêt au musée du parc.
Je fais une pause lors de ma descente pour prendre un panorama en photo et suis rejoint par deux motards en BMW R1200RT. Ils ont visiblement pas mal bourlingué et dorment en camping.
Je pars devant eux et comme les courbes s’élargissent à mesure que l’altitude diminue, je mène avec un bon rythme. Les exercices du samedi sont profitables, encore tous frais et je roule à vive allure. J’ai de la chance de ne pas croiser de policiers. En fait quand je stoppe pour prendre en photo cette église, une voiture de police vient s’y garer.
Il faut dire que je me suis mis la pression en collant au dos de mon casque l’autocollant « StreetMasters – Motorcycle Workshops » comme les instructeurs du stage. Il s’agit donc de s’appliquer et démontrer la théorie du « Late Apex » au plus grand nombre…
Comme prévu dans mon itinéraire, je quitte la très roulante CA 180 (Kings Canyon Road) pour prendre Elwood Road. Coupant au plus court, le GPS me fait passer par Silver Lane, une route à l’asphalte très dégradé et à la forte pente. Bon, je me lève sur les cale pieds et met mon poids en avant et tente de conserver une vitesse minimale et de rester souple sur les gaz et ça passe sans soucis. Mais c’est une portion qui aurait pu être évitée si j’avais lu une carte plutôt que de suivre le GPS.
Elwood Road est une petite merveille, c’est vraiment rural.
Mais c’est aussi étroit et par deux fois dans des épingles a gauche en descente, malgré tous les enseignements du samedi, je tire tout droit vers le mur, stoppe et remet ensuite la moto dans la bonne direction. La fatigue commence en effet à se faire sentir et la chaleur est écrasante dans ces collines. Heureusement pas de témoins !
La route me conduit a longer le réservoir de Pine Flats.
(J’ai beau zoomer sur Google Maps je ne trouve pas le nom de cette rivière qui prend sa source dans le parc de Kings Canyon et constitue la frontière Nord du Parc de Séquoia.)
En tous cas, il fait chaud, la route devenue Trimmer Springs Rd depuis que j’ai traversé la rivière est étroite et tortueuse et mes genoux me font souffrir.
Je bifurque sur Maxon Road qui me fait remonter en altitude, du coup je suis plus à l’aise pour hausser un peu le rythme. Puis Watts Valley Road ou je rencontre des vaches dans des prairies verdoyantes.
Là je suis content de mon rythme d’escargot. Les vaches savent s’écarter de la route lorsque j’approche, mais le font avec leur lenteur habituelle. Pour plus de sûreté, je stoppe et attend que la vache soit retournée dans un pré.
Burrough Valley Road est une route moins tortueuse, j’étire mes jambes sans descendre de la moto. Puis je prend TollHouse Rd (oui ici ils ont une ville qui s’appelle « cabine ou maison de péage » !) et Lodge Rd qui devient la CA 168 pour un court moment et enfin je suis les panneaux indiquant Yosemite sur Auberry Road et la CA-41.
Comme le montre la carte, rapidement ça commence à tournicoter. C’est bien plus confortables que les petites routes entre les deux parcs autour du réservoir de Pine Flats, mais les pins donnent beaucoup d’ombre et certains passages ruissellent donc prudence et souplesse dans la conduite.
J’arrive sans encombres à l’entrée du parc et fait une pause pour nettoyer ma visière et me dégourdir les jambes. Un panneau indique de payer a la sortie du parc. Je décide d’aller voir la « clairière du papillon » (Mariposa en espagnol et Grove en anglais, le premier mot étant aussi une ville proche du parc).
J’y apprend encore plus de choses sur les Séquoia, notamment comment les incendies sont nécessaires a leur reproduction mais peuvent quand même les blesser et que leurs racines sont très peu profonde et le passage des touristes peut faire s’effondrer ces géants.
Je reprend ensuite la route vers le nord du parc.
Comme tous les visiteurs de ce parc à leur premiere visite, pour moi il y a un « avant » Yosemite Valley et un après. Avant je ne vois pas beaucoup de différence avec Séquoia : La route est large, je m’éclate dans les virages et il y a beaucoup de dégagements pour que les camping-cars, caravanes et voitures me laissent passer. Je dois éviter les biches comme à Séquoia, je suis d’ailleurs surpris quand j’aborde un virage à droite avec la montagne coté droit sous la forme d’un promontoire ou 3 jeunes biches regardent les voitures passer avec plus d’intérêt que de crainte.
Et puis il y a la vallée. J’y arrive alors que des grosses gouttes éparses tombent sans que je puisse identifier de quel nuage. Pas assez en tous cas pour mettre la combinaison de pluie.
Sur un parking prévu à cet effet, je tente d’immortaliser la vue et cet instant de découverte.
A cette période de année les fontaines sont très actives comment le montrent toutes les autres photos de la journée.
Je suis la route GPS éteint et arrive au village. Depuis un moment je vois des panneaux étranges qui indiquent « route a double sens ». Ils sont étranges pour moi car je n’ai pas compris que normalement on circule sur 2 files dans le même sens autour de la vallée en gardant la montagne à sa droite, mais que là encore le dégel exige des travaux de remise en état.
Pour l’instant, il est presque 7h du soir et j’ai faim. Quand je constate que la route indiquée par mon GPS pour sortir du village est bloquée, je me gare avec difficulté (n’étant pas le seul a me retrouver dans cette situation) et vais dîner au bar.
En repartant la lumière de niveau d’essence bas s’allume. Le GPS est complètement paumé car je roule a contre sens. Il reste une heure de jour et je suis théoriquement à 30 miles de hôtel, ce que je peux faire sur la réserve mais hôtel n’est pas une station essence…
J’applique alors les préceptes de StreetMasters pour une conduite coulée a 50km/h. Il est tard et la petite portion en travaux (graviers mouillés mais qui passe sans soucis) ne me cause pas vraiment de retard.
Apres une dizaine de miles, je vois un groupe de pompes à essence avec automate bancaire et fais le détour Le prix est exorbitant, presque $1 par gallon (environ 4l) de plus qu’hors du parc (total $5 pour 4l de SP95), mais c’est une bonne marque et j’en profite pour laver la visière ET la moto.
Le résultat, c’est qu’il est passé 20h et que la nuit est tombée lorsque je reprend la route.
Quand je ressors du parc, les cabines de péage sont fermées pour la nuit. Estimant avoir donné ma contribution lors de mon tout récent passage à la pompe, je file sans demander mon reste.
Là encore, je trouve une nouvelle application au travail effectué sur le regard pendant le stage. La conduite de nuit est agréable grâce aux élément réfléchissant au centre et aux bords de la route et a la bande blanche qui longe l’extérieur de la voie qui elle-même est bien large avec de grandes courbes.
Tout est donc agréable jusqu'à ce que le GPS m’indique que je viens de passer hôtel.
Ah bon ? J’ai pas vu d’hôtel moi !
Pour faire court, il fallait « avoir la foi » et continuer de l’avant jusqu’au village, l’hôtel étant juste derrière le panneau d’entrée mais comme je me faisais tellement plaisir dans les courbes, je n’étais pas 100% sur de ne pas avoir manqué l’hôtel donc j’ai quand même rebroussé chemin.
J’arrive donc après 9h du soir. Un couple est déjà dans le jacuzzi et je n’aurais pas le courage de ressortir de la chambre de toutes façons. Je dois utiliser le téléphone de nuit pour faire descendre la gérante qui continue sa conversation téléphonique tout en m’indiquant comment remplir les papiers. La chambre est bien mais un peu chère (proximité du parc) surtout que le petit déjeuner n’est pas inclus. Après la douche je prépare rapidement (comme on le verra demain était même négligemment) l’itinéraire du lendemain (vers le lac Tahoe et au-delà).
Au final voici l’itinéraire. A part les petites déviations (totalement souhaitables d’ailleurs) dans Yosemite et surtout les aller-retour pour trouver hôtel, c’est à peu près ce qui était prévu