Rene : retour et suite...
LES EPISODES EFFACES PLUS LA SUITE,
Pour les liens avec les antérieurs, Papy, comme d'hab' ?
Donc, le début, ici, en cours de post...
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et la suite ici :
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Bonne lecture :
Ben mon vieux ! : j’peux t’dire qu’l’épisode du Mans à fait causer dans les chaumières, et particulièrement dans le p’tit monde d’la presse spécialisée :
Le Gatouillable, maintenant que la saison de GP est finie, fait l’objet de toutes les conversations du milieu et sort même du domaine de la moto… Tu veux un exemple ?, bon, c’est d’accord, mais au départ le gars René n’a pas très bien pris la chose…
Rentré chez lui, son phone n’a pas arrêté de driiiiiinger, obligeant le fossile à rester près de ce dernier pour répondre, bien souvent négativement, aux sollicitations les plus diverses : la faute à Grigou dont le papier à fait l’effet d’une bombe !!!
Imagine un peu : un vieux, semblable à tant d’autres, comme on en rencontre des centaines à longueur d’année dans les couloirs des concessions, sorti de nulle part en plus, aucun palmarès à son actif, bref , un monsieur toulmonde qui roule en moto comme n’importe qui…
Mais qui se permet, lors d’un stage de pilotage, de bousculer le déroulement de ce dernier, mettant à genou le moniteur qui n’était rien d’autre que Christian SARRON en personne, et allant même jusqu’à finir devant le Maître lors d’une série de dix tours qui restera dans les annales du circuit : même les exploits de ROSSI sur sa monture bleue passent actuellement au second plan devant l’énormité accomplie par le Respectable…
Bon : on cause, on cause… et j’m’égare !. J’te parlais d’quoi déjà ? : ha oui !, le phone du Vieux :
Moto Canard, Moto Verrue, Poignéedanlecoin Magazine : tous se battent pour une interview de Pépère qui commence à trouver ça un pneu gonflant !
La presse non spécialisée a eu vent de l’événement, et voilà ce que j’voulais te dire : René a été sollicité par Tricot Magazine, le canard de la femme « branchée »… Tu connais le goût de l’ancêtre pour la gent du beau **** ( pour les inconditionnels : voir l’épisode avec la blonde dans le Best Off, pour les autres : allez vous faire…) ?…
Ben, au début d’l’histoire, ça se présentait plutôt bien avec une voix d’hôtesse de l’air, blonde, à forte poitrine : de celle qui jamais, même dans tes rêves les plus fous, ne daignera porter son magnifique regard sur ta triste personne (oui je sais : mais faut bien que quelqu’un te le dise un jour et comme je t’aime bien…). Bref, le Respectable, dès les premières intonations, a le Pollux qui s’met au garde-à-vous devant la voix mélodieuse de la dadame au bout du fil ! Seulement voilà : si la propose de faire la Une du fait que son profil est en accord avec les phantasmes des lectrices de cette noble revue, ce qu’il ne sait pas ( le tricot et René…), c’est que l’age moyen du lectorat dépasse le demi-siècle…, et quand, tout émoustillé il a ouvert la porte de son antre à celle qu’il imaginait déjà dans des positions pas racontables même par moi, son menton a joué les sliders à la vue de l’Antiquité se présentant à lui : un peu comme quand Valentini l’avait doublé la première fois. La journaliste a fait son papier en mitraillant un René quelque peu renfrogné, devant user de tout son talent pour faire ressortir quelque chose de « vendeur » de cet ours mal léché qui s’est prêté de mauvaise grâce à son petit jeu consistant à présentant le Respectable comme le symbole des désirs des demoiselles sur le retour…
Maurice a décidé de jouer les impressarios en filtrant les appels pour protéger sa « célébrité » de frère lui annonçant faire un burn sur le prochain quidam osant se présenter avec ce genre de proposition !
De son côté, le père ROSSO a vu son chiffre d’affaire augmenter dans les jours suivant la parution de l’article de Grigou avec la venue d’une clientèle curieuse de faire la connaissance de la nouvelle « vedette » dont les apparitions au bouclard sont pourtant demeurées sporadiques : mais le commerçant, en parfait homme d’affaire, a su tirer avantage de la situation en accrochant ainsi de nouveaux client à une liste qui n’arrête pas de s’allonger depuis… Son fils, lui-même, dans le sillage du Gatouillable, s’est vu offrir des guidons pour la prochaine saison Open et n’a plus qu’à faire son choix sans se soucier d’un quelconque manquement « matériel » dans le déroulement de son cursus de pilote en devenir : Valentini est sur les rails de la réussite avec la sûreté d’obtenir une moto au top et n’a plus qu’à s’entraîner sereinement cet hiver, certain de décrocher le titre dès son premier essai et d’obtenir ainsi son ticket d’entrée pour le Mondial la suivante…
Bref, l’effet « René » marche à plein… au grand désespoir de l’intéressé lui-même ! : s’attendait pas à truc pareil l’Ancien, qui depuis, cherche à retrouver sa tranquillité habituelle par tous les moyens !
Pas une journée sans un appel d’un acteur du milieu lui proposant un guidon en vue d’une participation aux diverses épreuves à venir inscrites au calendrier : de la course de cote en passant par l’Open, voir l’endurance et même le T.T. de l’île de Man… Mais René refuse en bloc une quelconque participation à la compétition : à son age, on a passé l’envie de ce genre de truc et de toute façon, il n’a jamais éprouvé le besoin de s’exprimer par le biais de la course, préférant de loin être spectateur qu’acteur, et aimant plutôt rouler « dans son coin » même si son égo le chatouille de temps à autre à la vue d’une roue se plaçant sur sa traj’…
Par contre, il a accepté, sous l’insistance de Maurice, de se laisser photographier par quelques annonceurs de pub trouvant le personnage particulièrement innovant par ce côté « hors-norme » , donc « vendeur » dans un style ou l’uniformité est depuis trop longtemps présente : conscients de tenir là une mine d’or à exploiter, ils n’hésitent pas à proposer un pont d’or pour une simple photo de Pépère posant sur la dernière nouveauté sortie. Maurice a parfaitement saisi le sens lucratif de tout ça et fait monter les enchères tel un requin de la finance. Il a décidé de s’installer provisoirement chez son frère pour s’occuper à plein temps de son image, le compte en banque de la famille Gédeufoitrentans s’est vu gonglé de quelques zéros supplémentaires et la Viragro remplacée par une Kawasuki V6 offerte par l’importateur désireux ainsi de la promouvoir : C’est pas son truc à Maurice de rouler sur la route sur ce genre de « catapulte » mais faut quelques fois donner de sa personne pour la bonne cause…
Ce qui désespère le plus René, dans l’histoire, c’est l’fait de ne plus pouvoir se balader tranquillos comme auparavant mais le frangin fait en sorte d’être toujours présent à ses côtés pour éloigner les importuns un peu trop audacieux : sur la route, nombreux sont ceux qui veulent se mesurer à celui que la presse a surnommé « Superpapy » et Maurice, profitant de la ressemblance, joue les leures en emmenant l’ennemi sur une fausse piste pendant que la « cible » use du slider de son côté !
Grigou est devenu un habitué de la maison Gédeufoitrentans, même si René lui pardonne difficilement sa soudaine notoriété : faut dire aussi que le journaleux s’est un peu fâché avec l’importateur BIMOCATI suite à quelques commentaires « ironiques » de ce dernier quand à l’efficacité réelle de son dernier fer de lance, mettant un poil le responsable de la pub en « délicatesse »avec sa hiérarchie face à un annonceur plutôt généreux pour le canard, mais dont le papier à fait monter les rotatives au rupteur pour un numéro ayant cartonné comme jamais dans l’histoire de la presse moto… Grigou, pour ce fait d’arme, a été promu adjoint au rédac-chef et voue désormais une reconnaissance sans borne à celui sans qui rien ne serait arrivé : pas une semaine sans qu’il ne passe une journée avec les frangins qui finissent, même René, par le considérer comme le troisième de la famille. Pépère faisant même la pige pour quelques essais, à la condition extrême qu’on lui adjoigne quelques « créatures de rêve » en accompagnement des photos le mettant en action : surprise, la direction du canard a cédé à ce « caprice » de la « star » puisque les lecteurs ont applaudi des deux mains en submergeant la rédaction d’encouragements à persévérer dans ce style novateur !
Les filles… : voilà bien le point sur lequel le Gatouillable trouve quelques réconforts dans cette envahissante médiatisation… Faut dire que l’Ancien, célibataire farouche, ne crache jamais sur une rencontre à partir du moment ou celle-ci reste sans lendemain : René est un jouisseur qui ne trouve son plaisir que sans attache, aimant rester libre d’aller et venir au gré de son humeur du moment, et là il est comblé au delà de toute attente car c’est bien connu que les plus belles sont rarement les plus fidèles. Dans ce cas précis, comme la fidélité n’est pas la qualité qu’il leur demande, et comme ce genre de fille adore s’exhiber au bras du male « dans le coup » pouvant exciter la jalousie de la copine : l’accord est vite trouvé et tout l’monde est content, surtout René dont l’aplomb de la notoriété semble avoir fait l’effet d’une cure de jouvence l’ayant ramené quelques décennies en arrière !!!
Le patron du bar d’en face, lui aussi, profite de la manne providentielle : l’adresse des Respectables restant secrète, les curieux (et curieuses…) n’ont pour indication qu’un vague lieu incluant son établissement dont la fréquentation ne cesse d’enfler depuis. Le tenancier a donc affiché une photo de René et « filtre » les demandeurs en notant soigneusement les coordonnées de la gent « essaye-moi » susceptible de valoir les faveurs de « Superpapy », lequel sera bien affranchi d’effectuer un bilan de santé au train du défilement de ses « conquêtes d’un soir » » dans un domaine plutôt réservé à une jeunesse bien en peine d’égaler en nombre le palmarès du Respectable…
La Kawasuki aussi a changé : ROSSO, sur instructions de l’importateur, a fait monter sur la V6 toutes les pièces disponibles en accessoire chez le constructeur et le 1300, déjà pas mollasson, est maintenant capable de rivaliser en accélération avec n’importe quel avion de chasse… au grand plaisir de René, piqué au jeu, mais qui doit à présent fréquenter les salles de sport pour aider ses p’tits bras à contenir une telle cavalerie à sa disposition !!!
Le concessionnaire a aussi profité de l’aubaine pour installer « à ses frais » tout un panel de pièces « racing » pouvant aider la partie-cycle à ne pas se laisser déborder par une mécanique capable à présent de rivaliser avec une moto de GP : accessoirement, la V6 sert aussi, ainsi attifée, de vitrine de son savoir faire, et comme c’est déductible des impôts…
Le jeune Valentini, depuis son retour du Mans, voit en René le père qu’il aurait aimé avoir (au désespoir de son géniteur partagé entre le fait de conserver son emprise sur SON fils et ne pas risquer de froisser SON client vedette par des remarques désobligeantes au gamin sur le fait que ce dernier passe plus de temps avec le Respectable qu’au magasin…) et, dés que c’est possible, roule en compagnie du Vénérable, lequel apprécie de plus en plus la présence rafraîchissante du d’jeun’s qui n’en veut ( le coup de gaz du gosse devient de plus en plus précis et René l’accompagne maintenant sur les circuits, en plus des sorties sur route).
Ziva, dés qu’il le rencontre, harcèle René de lui enseigner l’art de rouler devant : mais pour lui, c’est peine perdue car jamais il ne sera capable d’être à la hauteur de ses rêves. Ce n’est pas faute d’essayer, et René a bien tenté de s’occuper de lui, mais ce d’jeun’s là est décidément incapable de planter le moindre freinage sans se sortir… pour le plus grand plaisir du père ROSSO, vendant des carénages comme personne dans la région, mais au grand désespoir de l’Ancien qui commence à trouver bien envahissante l’insistance du « roi de la sortie de piste » à l’accompagner, même si chaque figure non improvisée provoque chez lui une hilarité sans cesse renouvelée. Le problème, c’est qu’à chaque fois, faut r’sortir la brèle du champ et, quelques fois, ramener Ziva quand la moto n’est plus en état de rouler !
Ce matin là, comme d’habitude, René se lève tôt pour aller faire son footinge devenu quotidien avec sa récente notoriété : déjà, ça lui permet de se maintenir en forme, histoire de pouvoir mettre la poignée dans l’coin avec la V6, ensuite, sa sangle abdominale gagne de jours en jours en aérodynamisme, lui permettant ainsi de grappiller quelques secondes au tour sur le circuit EPEDA au guidon d’une fougueuse pouliche (blonde ou brune : c’est toi qui choises…) !
Pendant que René trottine, Maurice prépare le p’tit dej’ pour lequel a été sacrifié le rouge qui tache et le « à l’ail-pâté » qui était, il y a peu de temps encore, une institution dans la famille (remplacé par du jus d’orange, des œufs sur le plat et des céréales…). Ensuite, le frangin/manager s’occupe de noter les messages du répondeur et d’aller chercher le volumineux courrier encombrant chaque matin la boîte aux lettres. Puis, c’est le tri entre ce qui part directement à la poubelle (avec une petite pensée pour la déforestation…), ce qui peut attendre et le truc urgent genre proposition de pub ou de demoiselle à forte poitrine en détresse…
Lorsque René regagne le domicile, ruisselant mais heureux de constater que l’age est une invention de l’esprit, Maurice a préparé l’emploi du temps de « Superpapy » pour la journée mais attend que le jumeau soit sorti de la douche pour lui expliquer ce qui l’attend aujourd’hui, autour de la table de cuisine : c’est devenu un rituel auquel le Respectable se plie de bonne grâce depuis que la gent « à protubérance mammaire » daigne de nouveau porter son regard (pour ne pas parler d’autre chose…) sur son auguste personne !
« Bon, René, écoute moi bien : aujourd’hui y’a les casques TETDEBOIS qui proposent une séance photo avec un chèquos pourvu de quelques zéros plus un deux devant… », commence Maurice.
« Mmmoais !, bof ! : ça commence à m’gonfler grave tout ce cirque… » rétorque le Fossile en faisant la moue.
« Hé !, j’te signale que grâce à ce cirque, comme tu dis, on va bientôt aller s’dorer au soleil, les doigts d’pieds en éventail… et gratos en plus ! » fait remarquer le frangin.
« Ouais mais si t’as r’marqué, c’est toujours le gars mézigue qui si colle : tu pourrais faire l’effort d’me remplacer de temps en temps vu qu’on a la même tronche !!! »
« Heuu, moi, j’suis l’impresario… faut que j’veille à tout pendant qu’toi t’as qu’à prendre la pose : c’est toi qu’a l’beau rôle… »
« N’empêche que j’en ras l’intégral de toujours faire l’pingouin devant l’gus qui fait clic-clac et qu’a toujours l’air d’une tafiotte ! »
« Bon, t’as fini là ??? : j’te signale que dans cette boîte, y’a plein de nanas choucardes qu’attendent que ton bon vouloir pour se faire culbuter… et y’a pas b’soin d’se baisser pour les ramasser ! »
« Ok, ok !, mais là, t’es pas honnête : tu sais toujours toucher ma corde sensible, et comme j’suis un sentimental qu’a jamais la force de refuser quoi que ce soit à une frangine, faut qu’t’arrives toujours à tes fins en employant cet argument là… »
Maurice se fend la poire devant la mine faussement boudeuse de René : il a vu l’étincelle dans son regard à la simple évocation du personnel féminin, seul moyen d’enrayer une mauvaise humeur souvent présente chez l’Ancien quand on le bouscule avant qu’il ait fini de déjeuner.
« Tiens, Valentini peut pas rouler aujourd’hui : il se rend chez BIMOCATI pour discuter d’un possible contrat avec son père pour la saison prochaine, poursuit le manager improvisé, j’avais pensé qu’on pourrait rouler ensemble vers la côte après les photos vu qu’t’auras certainement fini avant midi : on graille sur place et on peut être devant la grande bleue avant 15 heures. Là, j’connais d’la viroleuse pas pourrie et comme le temps est sec… »
René, à l’évocation d’une bourre possible avec Maurice, faillit en lâcher son verre tellement l’image du prudent frangin à l’aspi derrière l’autre V6, le pneu fumant sur l’angle, lui sembla incongrue…
« Tu t’rends bien compte de c’que tu proposes ?, tenta d’articuler le Vénérable en rigolant franchement, toi qui, hier encore, jouait les mères poules en parfait gatouillable que tu es, me faisant la morale dès qu’j’avais le malheur d’pousser un peu trop la deux sur la route, tu m’proposes maintenant d’se taper la bourre comme des gamins : t’aurais pas un peu siroté pendant qu’j’m’entraînais par hasard ???????? »
« René, pour être tout à fait franc avec toi, je roule beaucoup sur circuit aussi avec les stages à longueur d’année… . Bon, bien-sûr, je n’ai pas ton coup d’guidon, j’te l’accorde, mais ma V6 m’a fait changer d’avis sur ma façon de rouler sur la route : j’admet volontiers qu’on peut tourner la poignée sans risque avec ce genre de brêle et, comme on dit, seuls les d’jeun’s ne changent pas d’avis ! »
Ils éclatent franchement de rire, comme deux vieux complices qu’ils sont, puis tentent de redevenir sérieux car Maurice doit confirmer le rendez-vous avec l’agence de pub.
Ce dernier allait décrocher le téléphone quand quelqu’un sonna à la porte :
Driiiiiiiinzzzzzzzz !!!!!!!!
« Qui c’est qui vient nous emmer… à cette heure-ci ? » grommelle René qui n’aime pas être dérangé si tôt dans la matinée.
Maurice va ouvrir : c’est Ziva, lequel arbore un sourire timide en constatant l’air peu amène du Respectable assis à la table :
« Heuuuuu, j’vous dérange pas trop ?, demande t’il prudemment, car voilà : j’viens d’acheter une nouvelle moto, une Cacazuki 600 ZZX, mais comme la précédente j’arrive pas à comprendre comment aller vite avec… Alors, j’avais pensé te d’mander, cher René, si tu pouvais t’occuper d’moi pour essayer de m’apprendre ??? »
Voilà bien le truc apte à dérider le Vénérable…
« T’es un p’tit marrant toi, rigole l’Ancien, tu sais bien qu’on a déjà tenté cent fois d’te montrer comment qu’on fait, mais faut admettre que t’es vraiment, mais vraiment pas doué pour la moto… »
Ziva prend alors un air triste :
« Je sais, mais la bécane, j’l’ai dans la peau, et c’est pourquoi j’ai décidé de prendre une moto moins puissante : j’suis certain qu’si tu m’aides, avec une brêle plus facile et de la volonté, j’peux réussir à rouler comme tout le monde… »
« Ben y’a du boulot avec toi, rétorque René, et ch’suis pas sûr de pouvoir faire de toi un gars pas dangereux pour les autres ! »
Driiiiiiiiiinzzzzzzzzz !!!!!!!!!!!!!
« C’est pas possib’ !!! : y s’sont donné l’mot aujourd’hui !!!!!! » s’énerve l’Ancêtre qui commence à trouver cette matinée assez casse-pied…
Maurice, de nouveau, va ouvrir. Un gars d’un certain age, voir d’un age certain, portant des lunettes par dessous la visière de son casque, se présente à lui :
« René Gédeufoitrentans, c’est ici ? », demande ce Respectable.
Maurice, méfiant :
« Ouais, c’est pour quoi ? » répond t’il sur un ton égal à celui de son frère.
L’autre, avec un franc sourire en enlevant son casque :
« Bonjour !, j’me présente, Dave Jmorlacrette. Voilà ce qui m’amène : je suis le créateur d’un site internet consacré aux anciens de la moto, le « Repaire des Gatouillables » et, depuis quelques temps, certains membres me reprochent de rouler sur une modeste SUCEKIKI Truand, et de ne peut-être pas avoir le niveau de pilotage nécessaire pour rester la figure de proue de mon site…
J’ai entendu parlé des exploits de Monsieur René et je pensais lui demander conseil sur ce que je dois faire pour rester crédible ! »
Maurice à les yeux qui sortent des orbites à l’évocation du nom du personnage ! :
« Daaaaaaaave Jmooooooorlacreeeeette !!!!!!!!!!!!!!, bons sang !, j’y crois pas… : j’suis un habitué du site et vous êtes une sorte d’idole pour moi !!!. René ?, c’est Dave Jmorlacrette, du site dont j’t’ai parlé !!! »
Le René en question, l’internet et lui c’est comme toi avec les filles : deux trucs totalement incompatibles et, si effectivement Maurice l’a « bassiné » avec ce truc, il l’a simplement écouté poliment pour ne pas le froisser, par respect pour lui…
Maurice fait rentrer Dave et le présente à Ziva, qui, en parfait d’jeun’s, ne connaît pas non plus ce site réservé aux personnes « d’un certain age », et à René qui grogne un vague bonjour.
Dave expose de nouveau le motif de sa venue au Respectable qui l’observe avec une moue attentive : il reste un long moment silencieux, un peu perplexe, fronce un peu les sourcils comme s’il cherchait ses mots. Enfin, au bout d’un moment, l’ancien se décide à prendre la parole :
« Si j’comprend bien, tu t’occupes d’un truc pour les gars d’not’age qu’à rapport avec la moto : c’est bien, même si les z’ordinateurs et moi c’est comme Ziva avec les courbes…
Mais j’dois dire qu’j’aime bien les gens qui s’bougent pour la bécane et j’va t’dire un truc : ta moto, elle est bien, et avant d’songer à prendre aut’chose, j’te propose d’essayer d’te montrer comment t’en servir !.
Tu fais rien c’t’après-midi ? : ça tombe bien… . Mauuuuurice !!! : bigophone au circuit Carole et réserve la piste pour 15h00 environ en disant qui j’suis !
Ziva, mon garçon : tu viens aussi, c’est mon jour de bonté…
En attendant, sans vouloir vous mettre à la porte, j’ai des photos qui m’attendent… et p’têt ben une frangine ou deux à bousculer, alors, à 15h00 précise sur le circuit et en cuir ! »
Ziva et Dave quittent la maison Gédeufoitrentans heureux que le Maître daigne leur accorder ainsi les faveurs de son savoir.
A l’intérieur Maurice regarde son frère avec satisfaction :
« C’est bien ce que tu viens de faire, René ! » dit-il à ce dernier, qui lui répond :
« J’aime pas qu’on fasse chi.. les mecs qui s’bougent le c.. pour la moto… , et cui-là, j’sens qu’c’est un bon. Par contre l’Ziva, y va encore devoir commander du carénage, mais j’pouvais pas lui r’fuser car j’l’aime bien c’gamin ! »
15h00 pétante, les deux frangins attendent à la porte du circuit ou on fait « trembler les gonzesses » comme dit René : pas seulement à cause de l’ancien nom de la commune accueillant Carole, mais surtout qu’il s’agit d’un territoire de chasse de premier choix pour
le Gatouillable !
Partout ou il passe, c’est la cohorte et partout on lui déplie le tapis rouge : le circuit parisien n’échappe pas à la règle, bien entendu…
Lorsque Maurice à téléphoné aux responsables, ces derniers ont spontanément libéré un créneau d’une heure alors que nous sommes en semaine… et gratos en plus ! : faut dire que la venue de Superpapy est toujours un événement et même en sacrifiant une plombe, le téléphone arabe fonctionnant à plein dans le petit microcosme motard, le reste du temps est largement rentabilisé par les exploitants qui voient affluer un nombre inhabituel de « clients » qui paieront plein pot ensuite pour prendre la piste, ensorcelés par le coup de gaz du Respectable !
La foule curieuse s’est précipitée pour voir le phénomène dès l’annonce faite par la tour de contrôle, avisée de l’arrivée de la « star » du moment et les deux frères ( mais non, j’te parle pas du film mais des frangins : suis un peu bon-sang !) sont entourées d’une meute à laquelle René répond amicalement en attente de l’arrivée de ses deux élèves. Pépère signe même des autographes : particulièrement avec la gent féminine pour laquelle, si la nana est choucarde, la signature est accompagnée de son numéro de téléphone…
En parlant de téléphone justement : Dave a joint Maurice pour lui expliquer qu’il risquait d’avoir un peu d’retard suite au fait que l’Ziva ne sachant pas aller à Carole (le nain !), il faisait un crochet pour le prendre en passant.
En fait de retard, c’est presque une heure après que se pointent les deux attendus risquant ainsi de subir la foudre d’un René pas très patient : celui-ci commençait à trouver le temps long et regardait sa montre en permanence tout en envoyant paître les badauds qui ne trouvaient plus du tout aimable celui qui, tout à l’heure, répondait calmement aux questions de « ses » fans.
Mais la mauvaise humeur du Respectable fut vite remplacée par un franc éclat de rire à la vue de la mine déconfite de Ziva… et du flan gauche de la CACAZUKI quelque peu râpé !
C’est Dave qui donna l’explication :
« Bizarre ce môme !, il se traîne mais à l’abord des courbes, on dirait qu’il ne freine pas… : ça, c’était ma première impression. Impression qui s’est vite transformé en certitude quand, à l’abord d’un grand gauche pour lequel faut pas s’rater, j’ai été doublé par un bolide plein gaz en pleine zone de freinage !!! : le Ziva a fini dans l’champ en face à compter les vers de terre tandis que sa bécane est restée plantée dans la boue… On a été oblige de s’y r’prendre à deux fois pour sortir la meule et trouver ensuite une aire de lavage pour plus r’sembler aux fonds d’culottes des amateurs de cassoulets qui s’laissent aller…
Et c’est pas tout : quand j’lui ai demandé c’qui c’était passé, il m’a simplement répondu qu’occupé à regarder mon feu stop, il avait oublié que c’était à c’moment là qu’il devait choper les freins !!!!!!!!!!!! »
Les frangins éclatent franchement de rire, ainsi que les quelques curieux encore présents à leur côté sauf… le Ziva qui, visiblement, est tout penaud de son « fait d’arme » !
« Bon !, ça commence bien !, résume l’Ancien en s’adressant à celui qui doit certainement détenir le record de vitesse d’entrée en courbe, faut toujours que tu fasses autrement que les autres, toi ! »
« Moi, à ta place petit, j’envisagerai le motocross : comme ça, au moins, tu ne changerais pas de surface au sol à chaque fois que tu rentres en courbe… », s’esclaffe Maurice en lançant une œillade à Dave, bien perplexe devant le spécimen pré-cité !
Heureusement, il leur reste encore une heure avant de prendre la piste et le « professeur » commence par observer les motos des « élèves » : celle de Ziva, malgré la taule, est encore OK pour rouler. Il grimpe dessus, modifie la position de leviers, teste l’accord avant / arrière en apportant quelques modifications aux réglages de suspensions puis marque une pause en fixant la bécane. Il hoche ensuite la tête d’un air satisfait et passe à celle de Dave en observant la morphologie de son propriétaire en comparaison de la sienne, constatant avec plaisir qu’ils font la même taille et presque le même poids :
« ça va être plus facile comme ça… », commente l’Ancien…
Sans en dire plus, il monte sur la SUCEKIKI et demande une clé de douze à Maurice. Ceci fait, il desserre les potences du guidon, le ramène en arrière et pose les mains dessus en s’avançant au maximum du bord du réservoir. Il répète la même chose en fermant les yeux, puis resserre les fixations, content de lui :
« Tu vois, le secret d’une bonne position est de fermer les yeux en tendant les mains vers le guidon : si ces dernières se posent naturellement sur les poignées, c’est bon ! »
Il aligne ensuite les leviers de façon à ce que les doigts se trouvent dans le prolongement des avants bras :
« faut pas casser les poignets… », précise t’il.
Ensuite, c’est au tour des suspensions de subir l’auscultation du Vénérable qui pousse même le geste jusqu’à demander de l’huile pour en rajouter dans les tubes de fourche !
L’amortisseur arrière voit son ressort subir une tension supplémentaire et les pneus un peu d’air supplémentaire.
« c’est bon pour les motos, passons maintenant à la piste… » décrète René en commençant un cours sur le bon positionnement à adopter, sur les appuis à effectuer aux repose-pieds, le placement du regard… et même la façon de placer les doigts sur les leviers.
Ensuite, il déplie un plan du circuit, leur demande de mémoriser le tracé en expliquant quelles trajectoires adopter pour ensuite les emmener au bord de la piste, au freinage de « Hôtel », en commentant les passages de chaque pilote avec de nombreux exemples de ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Les deux élèves écoutent, attentifs, surtout Ziva qui, à mesure que se rapproche le moment d’entrer en scène, tremble de plus en plus…
« Qu’est-ce t’as p’tit ?, demande René, on dirait qu’t’as avalé un laxatif… »
« C’est que j’ai jamais roulé sur un circuit… », bredouille le môme.
« Allons-bon !, remarque : tu m’étonnes pas beaucoup…. Mais rassure-toi : le gravier, ça salit moins qu’la terre ! » dit l’ancien en lui balançant une grande claque dans l’dos !
La série se termine, et la suivante, c’est pour eux : déjà la foule se presse pour assister au spectacle du Vieux rentrant en piste, suivi de Dave, puis Ziva et enfin Maurice qui a décidé de rouler aussi.
Pendant quelques tours, René adopte un rythme tranquille, se retournant fréquemment pour indiquer d’une main la bonne traj’ ou le moment de planter les freins puis, sans prévenir, il visse en grand !
La V6 se met alors à fumer du pneu arrière tandis que René jette sa monture dans Alfa en plongeant « aux freins » sitôt imité par…Maurice ! : les deux élèves sont loin, surtout Ziva qui semble paralysé et entre en courbe… un peu comme toi !.
Jusqu’à Beta, Maurice arrive à suivre, ensuite c’est peine perdue : René balance sa machine avec autorité dans le pif-paf et prend un angle de cintré dans la parabolique en glissant des deux roues ! . Maurice est obligé de lâcher prise pour ne pas se sortir…
René sort de la para comme une balle pour avaler la ligne droite menant à Golf avec une vitesse sidérante : les spectateurs présents n’en reviennent pas et semblent pétrifiés par le spectacle… La surpuissante 1300 est maintenant jetée, tout freins bloqués et en travers, dans la courbe par un René dont le coude vient de frotter le vibreur !!!
Il ressort la roue avant en l’air et passe ainsi deux rapports avant qu’elle ne retombe : la V6 crache ses bourrins en hurlant de tout son mégaphone pour plonger littéralement dans Hôtel et repasser devant les stands comme une balle…
« 1’03 !!!!!! » crie stupéfait à la foule ébahie un spectateur ayant eu le réflexe d’enclencher le chrono au moment ou René a mis la sauce !
Bientôt, c’est Maurice qui se présente devant les stands avec l’autre V6 : 1’10 quand même pour celui qui, hier encore, roulait en VIRAGRO !
René, lui, est déjà au freinage de Golf et s’apprête à avaler Dave qui lui, vient de sortir de la courbe et aborde la ligne droite en roulant proprement aux alentours de la minute 20.
Ziva, tu l’auras deviné, est occupé à comptabiliser le gravier de la para après avoir évité de justesse celui du pif-paf : ce coup-ci le côté droit du carénage ne jalousera plus le gauche…
René, pour sa part, arrive à Hôtel avec la roue arrière à 50 centimètres du sol et frotte de nouveau le coude en sortant de la courbe : 1’01 !!!! (non, non : tu rêves pas…)
Il finit par couper son élan et se retourne en faisant signe à Maurice, qui arrive au loin après avoir doublé Dave, de le passer. Il en fait de même pour ce dernier en se plaçant directement dans sa roue arrière, le forçant ainsi à remettre du câble en le déboîtant de temps en temps.
Ziva a repris la piste pour… vérifier si la gravier de Golf n’était pas plus fin par hasard…, tandis que Maurice reste constant en 1’10 environ.
Dave, quand à lui, poussé par son professeur, tourne maintenant en 1’13, ce qui est honorable avec une moto comme la sienne !
Ils effectuent ainsi une quinzaine de tours, trois pour Ziva…, et René lève la main pour signaler le retour dans la voie des stands ou la foule se presse autour de lui pour manifester son admiration envers l’ « extra-terrestre ». Ce dernier, sitôt descendu de sa machine, félicite Dave pour sa façon de rouler et lui indique quelques points à travailler. Maurice rentre à son tour, un peu fourbu par l’effort mais content de ce qu’il vient d’accomplir. Enfin, c’est au tour de Ziva de faire une arrivée triomphale en… oubliant de béquiller sa moto à la descente de cette dernière ! : un tonnerre d’applaudissement lui est fait au moment ou la pauvre machine, qui n’en demandait pas tant, se retrouve une fois encore au sol…
René, ayant réuni sa troupe, décide de ré-effectué quelques tours en solo :les deux premiers sont effectués en 1’02, le troisième en 1’01, et le quatrième… il ne passe plus !!!
« Merd.. !, s’écrie Maurice, y s’est pas gaufré quand-même ???? » . L’instant est angoissant et tous de courir vers l’autre extrémité du circuit…
Qu’elle n’est pas leur surprise de constater la V6 béquillée à la sortie de la parabolique sans personne alentour !… Ils ont beau regarder à gauche et droite : nobody !
Maurice se met alors à crier le prénom de son frère quand, derrière le talus, une voix se fait entendre :
« Pouvez-pas m’laisser tranquillement astiquer la d’moiselle,non ?. Ha ! j’vous jure : j’viens en aide à une personne en détresse et faut toujours qu’on m’dérange quand j’rend service !!!!!!!!! »
Dave est par terre ! : non seulement le Gatouillable explose les chronos dès qu’il grimpe en selle – et de quelle manière ! – mais semble jouir aussi d’une dextérité peu commune auprès des filles… C’est en tout cas son impression quand, quelques longues minutes plus tard celui-ci refait surface en compagnie d’une superbe créature au corps élancé, pas plus de vingt cinq ans, brune (cette fois…) avec des cheveux longs tombant en bataille, le teint halé : bref, le genre de fille qui ne se retournera jamais sur ton passage !
La fille pré-citée est rouge en tentant de reprendre son souffle, mais son fin visage exprime une satisfaction totale avec un regard admiratif envers son « cavalier » du moment qui lui, est frais comme un gardon ! On dit que l’animal est triste après l’amour, mais pas René qui, visiblement semble content de lui-même…
« Mais il est fait en quoi c’type là ?????, se demande Jmorlacrette qui se pince pour vérifier qu’il ne rêve pas, j’ai quelques années de moins mais j’ai l’impression d’être à la rue face à lui : comment peut-on être ainsi quand on a cet age là ???. La presse n’avait pas exagéré : c’est du jamais vu… et, mon vieux Dave, va falloir le travailler le corps pour l’amener au site ce personnage : avec un gars pareil à nos côtés, on va filer des boutons à la presse écrite…
Le problème, c’est qu’j’arrive après les autres et va falloir trouver de arguments chocs pour le convaincre : pas joué d’avance ! . En plus il semble avoir mauvais caractère… »
Dave est songeur : retraité depuis peu de l’administration, il voue désormais sa vie entière au net, et principalement au site de sa création. Seulement voilà : il a décidé de se cantonner exclusivement à la tranche « Respectable » du milieu moto, et même si cette dernière couvre un large pourcentage du milieu, c’est assez restrictif. L’exemple est donné par le site number one : « Le Repaire des Motards » qui surfe en permanence à la limite de zone rouge, mais celui-là est généraliste. Avec un René Gedeufoitrentans à ses côtés, ce serait l’assurance de drainer une « clientèle » boostée par l’aura de l’Ancien… Mais comment faire pour trouver l’argumentaire susceptible de faire mouche avec un pareil bonhomme… ?
Pépère lui, pendant ce temps, répond calmement aux questions de la foule se pressant autour de lui : il commence a en avoir l’habitude maintenant !
Un responsable du circuit, un peu excité, se ramène alors en lui brandissant un chrono sous l’nez :
« Pas possible !, regarde : 1’01 !!!!!!!!!!!!!!!!, et régulier en plus… Dis-moi, René : tu te rends compte que le record officieux est détenu par Arnaud Vincent en 59 secondes la semaine dernière avec sa 250 FANTIC MOTOR qu’est officiellement pas encore construite… Ha zut !, j’devais pas l’dire : c’est un truc top-secret…, hô la la !, j’va m’faire virer !!!!!!!! »
Le gars jette un regard inquiet autour de lui :
« Z’avez rien entendu, hein ????? . En fait, j’voulais dire VINCENT Philippe sur la SUZ du team Méliand… » essaye t’il de se rattraper : trop tard, l’info a fait l’effet d’une bombe et Dave a déjà sorti son carnet. Il est pas seul dans ce cas car certaines personnes présentes s’éclipsent très rapidement sans dire un mot…
Le gars René se marre franchement :
« Mon vieux Sam ! : t’en loupes pas une, toi… . Il est vraiment descendu sous la minute ??? : mouais…, la KAWASUKI est lourde dans les enchaînements et c’est vrai qu’j’perd un temps fou à la contre-balancer ! . Avec celle-ci, j’peux pas faire mieux : va falloir qu’je demande celle à SARRON pour voir… » déclare tout naturellement Superpapy, comme si exploser les temps des circuits lui était devenu une chose machinale comme lever l’coude pour avaler le contenu de son verre, par exemple…
C’est Ziva, quelque peu chiffonné, qui indirectement, détourne la conversation :
« Et moi ? j’étais en combien ???????? », ose t’il demander…
« C’est pas facile d’évaluer ça avec un chrono, déclare Maurice, huuuum…, à vu d’nez…, j’dirais dix kilos d’gravier au tour : t’es en forme ! »
René, à la réponse de son frère, se paye sa première gamelle de la journée… sans bécane ! :
Il arrive plus à r’prendre son souffle tellement il se marre, surtout devant la mine toute dépitée du pauvre Ziva qui constate que non seulement le carénage de la CACAZUKI est bon pour la poubelle, mais on cuir aussi…
« Tiens !, j’va être sympa avec toi, poursuit Maurice, tu vas aller voir ROSSO d’ma part et y va t’faire un prix sur ma VIRAGRO qui s’ra parfaite pour toi : elle est en super état et t’en s’ra content… Par contre, c’est un peu lourd à manier dans la terre ! »
Ziva sait pas s’il doit rire ou pleurer mais semble se résigner à suivre le « conseil » du Vénérable, se disant qu’après tout il n’était peut-être pas « vraiment » fait pour la moto sportive et, qu’en plus, son compte en banque commence à se vider plus vite que lui quand il rentre en courbe !!!
Retrouvant un brin d’sérieux, Dave attire René un peu à l’écart :
« J’te remercie pour le cours de pilotage, même si, un truc comme ça va être difficile à démontrer par le net : peu importe, mais va falloir qu’je me débrouille pour retrouver la crédibilité autrement… T’avais raison : j’garde ma SUCEKIKI car j’en ai pas encore fait l’tour, même après cinq ans à son guidon !
Par contre, j’voulais t’demander : ça t’dirait de t’intégrer à l’équipe du site ?. Une personne comme toi DOIT absolument faire partager son expérience… De plus, ton profil correspond parfaitement avec l’esprit qui y règne. A nous deux, on peut faire mieux que l’autre site et le détrôner au hit-parade du net, voir même faire de l’ombre à la presse hebdomadaire… »
René fait la moue en réfléchissant longuement : il prend son temps en semblant chercher ses mots :
« Moooais !, dit-il, l’air peu emballé, un site sur les « Respectables »… - note que j’ai rien contre et qu’c’est super c’que tu fais ! – mais c’est p’têt pas terrible pour mon image… En plus, j’y connais rien avec les z’ordinateurs… Et les gonzesses ?, t’y as pensé aux gonzesses ??? : doit y avoir que des vieilles sur ton truc et j’ai pas envie d’être emmerd… par tout un tas de desséchées du bas ventre alors que j’donne dans la pouliche tout juste sortie d’rodage ! »
Dave semble embarrassé :
« Je comprend ton point d’vue et je peux pas t’obliger, mais mon but, en montant ce site, était de montrer que les d’jeun’s ont encore beaucoup à apprendre de gens comme nous. J’avoue que le but est loin d’être atteint… Toi ? : y’a pas un gamin qu’est capable de t’accrocher ! : j’te propose de faire les essais en allant chercher les motos chez les importateurs, Maurice peut écrire les papiers, et moi j’les met en ligne. Et on donne pas tes coordonnées, t’es d’accord ??? . De plus, sur l’aut’ site, y’a ton copain Grigou qu’écrit une chronique chaque mois : ce serait marrant qu’tu tires la bourre avec lui sur le net…
J’peux pas t’payer, mais tu m’rendrais un sacré service en acceptant !!! »
Maurice, qui s’est rapproché, s’en mêle :
« Dis oui, René : ça te prendra pas beaucoup de temps, et j’me charge des écritures… »
Superpapy ne répond pas… : pas trop l’air emballé, l’Ancien !
Ziva n’est pas trop loin non plus : il a entendu une bonne partie de la conversation et ne tient pas à rester à la traîne ( dans c’domaine là au moins…) :
« Moi, j’veux bien participer : j’ai une licence en informatique et je peux être utile ??? »
C’est encore une fois Maurice qui répond :
« Ziva, mon garçon, j’ai bien peur que Dave n’ait pas les moyens d’investir en unités centrales : t’imagines, quand t’arrives au bout de la ligne, si t’oublies de freiner en mettant un point ?????????? »
« Note qu’il peut être utile pour tester la solidité de pièces détachées et accessoires, rétorque Dave, j’veux bien prendre le risque ! »
René, toujours pensif et dont le regard va ostensiblement de l’un à l’autre, se décide enfin à parler :
« Bon, puisque tout l’monde semble insister comme ça, j’va encore céder à mon bon cœur et c’est OK ! . Mais j’veux pas voir de p’tites vieilles se radiner à la maison…, c’est bien pigé ??? »
« VEEEEEEEENDU !, s’exclame Dave, au comble de la satisfaction, tiens, pour fêter l’événement, j’vous emmène chez moi et on va vider quelques bouteilles…
Ziva ! , part devant : on t’rattrapera sur la route ou… on t’aidera à sortir de la terre, comme d’habitude… René, s’il te plait, roule pas trop vite qu’on arrive à suivre…
Au cas ou : j’ai des piaules de libre à la maison car des boutanches, y’en a quelques-unes à vider !!! »
Ben mon vieux !!! : j’peux t’dire que ce soir, les voisins au Dave ont pas roupillé des masses…
Le Jmorlacrette s’est révélé, outre le fait non négligeable d’être pas regardant à la dépense, un fin descendeur de bouteille, à la grande satisfaction de ce maître en la matière (ben ouais, dans c’domaine là aussi…) qu’est le Gatouillable.
Note qu’le Maurice est pas à la traîne non plus : tu le verrais à l’accélération dans l’bout droit du Clan Campbell…, et au taquet dans l’grand gauche du 51…, y talonne son frangin sans sortir de la traj’ !
Par contre, un qui va moins bien, c’est l’Ziva : l’a même pas fait un tour de circuit l’gamin…, et au bout de trois verres, il a encore raté l’freinage et s’est étalé sur la table du salon en renversant au passage une boutanche de bourbon (heureusement en fin d’course…) sur le tapis en poil de zébu (zépussoif…) ramené d’un lointain voyage en Orient, et payé au prix fort, par Dave !
Ce dernier, à la vue de son précieux bien transformé en serpillière, est monté en régime contre le Maladroit mais, constatant la tronche dépitée du môme, laquelle semble maintenant issue des amours malheureux d’une carpe et d’un macaque, il ne peut contenir un sourire qui se transforme vite, alcool aidant, en fou-rire communicatif avec les frangins…
« C’est pas d’ma faute, gémit le djeun’s en bégayant, j’allais prendre les freins quand j’ai vu la bouteille traverser la piste : j’ai pas pu éviter la collision… »
« Mouais…, vraiment pas d’santé les gosses d’aujourd’hui ! , décrète Maurice en faisant une moue dubitative, Dave ?, on l’met au lit et on attaque les choses sérieuses : j’ai comme une p’tite soif, moi…, pas toi, René ? »
Superpapy répond par l’affirmative, la bouche pleine de morceaux de cacahouettes qu’il tente d’éradiquer en se gargarisant à grands coups de whisky…
« Tu vois, dit-il à Dave dès qu’il est en mesure d’articuler, avec la moto, le meilleur ami de l’homme, c’est l’breuvage d’Ecosse : savent vivrent ces gens-là !….
Crébonsang !, c’pays y s’trouve pas loin d’l’île de Man, si j’me trompe pas trop ????????
Ben moi, c’est décidé : l’an prochain j’va aller tous les torcher au T.T. !!!!!!!!!, et après on fête ça dans un rade du coin… »
« T’es sérieux René, ou tu commences à être chaud ???, demande Maurice, inquiet des frasques devenant coutumière du frêro, pasque s’tirer la bourre sur un circuit, passe encore, mais c’te course là, c’est un truc de barges : même les pilotes de GP y viennent plus arsouiller tellement faut êt’dedans pour pas risquer d’finir entre quatre planches… »
« Ouais, rétorque le Respectable en se marrant, mais faut r’connait’ que les pilotes d’aujourd’hui y savent tourner la poignée que quand y z’ont une piste dégagée avec des bacs à sable (en entendant le mot « sable », l’Ziva lève un œil… et retombe vite fait dans sa léthargie en se mettant à ronfler comme une vieille anglaise), y faut pas d’pluie, y faut une moto avec des réglages adaptés à la couleur du slip, et si jamais y’en a un qui s’met vraiment à visser, les aut’ y disent tout d’suite que c’est la faute au team qu’est pas capable de leur filer un brélon à la hauteur de leur soit-disant talent…
J’va t’donner un exemple avec l’jeunot qu’à l’numéro 46 : parait qu’on lui a r’filé une bécane qu’avançait pas du tout y’a un an… Ben…, à ton avis ?, c’est la brèle ou les gars qu’étaient d’sus qui z’étaient à l’arrêt ???
D’ailleurs, si tu r’gardes bien, l’aut’ Espingouin qui lui servait de coéquipier, et qu’était chez eux depuis plus longtemps qu’le jeune Italien dont j’crois m’souv’nir que j’connaissais son père – un marrant à l’époque ! -, il a fait quoaaa l’torréador ????
Et l’aut’ naze qu’a récupéré la moto du champion d’l’an dernier, tu sais ? cui qu’à une tête d’abruti avec ses gros sourcils : y’a pas trouvé la marche avant…
T’as aussi l’numéro 15 : alors là, c’t’animal là il est fortiche car pour éviter de se battre avec l’adversaire, y paraît qu’y s’bat contre lui-même…
T’as qu’l’aut’ Rital, Max je crois, qu’essaye d’faire front, et pis aussi le p’tit avec l’ numéro 65 : mais comme y roule sur une italienne, l’est pas arrivé non plus…
J’te le dis comme j’le pense : tous des lopettes les jeunes…, alors moi, j’va leur montrer et faire un truc dans une course comme on en avait dans l’temps, à l’époque ou les pilotes y z’en avaient une paire comme ça et tournaient la poignée sans s’poser d’questions »
Commence à être chaud de chez chaud, Pépère…
Dave observe sans rien dire mais semble vivement intéressé par les propos du Gatouillable : il réfléchit un long moment puis s’adresse à René :
« Tu veux VRAIMENT courir le T.T. de l’île de Man ??? », dit-il avec une lueur particulière dans le regard…
« Mais non, mais non…, y rigole, tente d’intervenir Maurice, tu vois pas qu’il est déjà plein comme une huître ??? »
«YES !!!, crie René, et j’va gagner la course uniquement pour prouver que quand on veut réellement êt’ devant, ben, on la ramène pas et on visse !!! »
«Ma foi !, rétorque Dave, vu ce qu’es capable de faire un guidon en main, ch’suis pas trop étonné par tes propos et, si tu veux, j’te propose de mettre le projet sur pied : avec la renommée du site, ça va pas être bien difficile de dégoter des partenaires pour courir l’épreuve dans des conditions décentes ! »
Dans l’état d’euphorie installée au sein du groupe, seul Maurice semble garder un peu de lucidité : il connaît la renommée du T.T., et même René, avec tout son talent, risque de jouer à la roulette russe en participant à cette course ou travaille sans filet…
Seulement, il est comme ça l’Ancêtre : à l’opposé du prudent Maurice, celui-ci ne vit que par le fait de défis lui donnant l’impression d’avoir trouvé la fontaine de jouvence et visiblement… ça marche !
« René ?, tu veux qu’je te dise ?, lance le frangin, t’es complètement bourré et tu t’rends plus bien compte des conner… qu’tu débites ! »
« Des quooooi ?, pourquoi tu parles de b… ?, plaisante le Respectable en articulant de plus en plus difficilement, moi j’te cause d’leur montrer à tous qu’un Gedeutrentans y s’laisse pas impressionner par une bande de boutonneux qui sont pas capab’ de garder les deux roues en ligne en tournant l’truc comme ça… ! »
Ce faisant, il mime une rotation du poignée et… VLAN !!! : son sens de l’équilibre ayant maintenant un sacré problème au niveau de la synchro d’carbu, Superpapy s’étale de tout son long et s’en va rejoindre Ziva en ajoutant un cylindre supplémentaire à l’anglaise !!!
« Dave, c’est pas raisonnable c’que t’as fait-là, dit Maurice en s’adressant à leur hôte, tu sais bien qu’une course comme le T.T. ça s’gagne jamais du premier coup…, et René, si on l’pousse comme tu viens d’le faire, y va attaquer bille en tête et on risque d’aller l’ramasser à la p’tite cuillère !!! »
« T’inquiète pas Maurice, j’y fais confiance à ton frangin : il arsouille comme un jeune avec l’expérience d’un Respectable…
A mon avis, l’a pas fini d’nous étonner…
Allez !, t’en fais pas et viens boire un coup : y fait soif ici… »
J’vais faire appel à tes souvenirs : dans les années 50, y’avait un mono culbuté de 500 cc chez BSA, lequel était mis à toutes les sauces, faisant le bonheur des pistards, crossmens, trialistes et autres routards.
Ce moulin a façonné tout un pan de l’histoire motocycliste anglaise et la fascination qu’il a suscité à son époque fut à l’origine de la passion de nombreux motards qui ne juraient ensuite que par cette mécanique…
Fallait d’abord savoir kicker selon un mode bien particulier : une manette au guidon permettait de faire varier le point d’avance à l’allumage, pas de gaz (surtout pas…), on passait la compression (énorme et peu de démultiplication au kick) et ensuite, un bon coup d’jarret pour mettre en marche cette cathédrale (la taille du cylindre et de sa culasse… !)
Un son grave, très grave, comme venu d’outre-tombe, sortait alors du mégaphone, lequel crachait ses décibels en déferlante : il était presque obligatoire, quand on était face à une version « racing » de se boucher les oreilles…
Et les vibrations… : un vrai tremblement de terre qui faisait bouger la bécane sur sa latérale et se barrer la vis la mieux serrée !
Le rapport avec le Gatouillable et ses comparses…?, ben imagine que t’as c’moulin dans la boîte cranienne et qu’tu joue d’la poignée d’gaz : c’est exactement avec cette douloureuse impression qu’il ont tenté tous les quatre d’émerger ce matin là après la soirée précédente !
C’est Maurice qui, le premier, semble retrouver un semblant de fonction opérationnelle : l’œil est glauque, la bouche pâteuse et le mollet flagellant…
Son premier réflexe est de jeter un regard vers son frangin, lequel, assis en travers du plumard, ressemble à une vache dans un pré… avec la même expression au visage…
« René ?… », dit-il doucement en direction du bovidé improvisé.
« Moooooais !, répond Pépère, assez mollement…
« Rassure-moi : t’as changé d’avis ???????, tu vas pas participer au l’T.T. ??????????… »
« Qu’est-ce que tu radotes ?, parvient à articuler le Respectable. Toi, t’as pas encore cuvé : j’t’ai d’jà causé qu’était pas question que j’fasse d’la course…, t’en as d’ces idées !!! »
« Pourtant, hier au soir… »
L’Ancien regarde son frère avec l’air de ne pas comprendre, se demandant avec une cetaine inquiétude si Maurice a pas fait un pas supplémentaire dans la pyramide ascensionnelle de la « Respectabilité »… : visiblement René ne se souvient pas de ses frasques de la veille !
Arrive alors Dave, pas vraiment opérationnel lui non plus, lequel s’empresse de venir saluer son idole :
« Ben mon vieux, constate t’il, pour un futur gagnant du T.T., t’as une drôle de mine… »
L’René, au réveil (surtout en sortant d’un tel état…), faut pas l’bassiner d’trop près :
« Z’avez bientôt fini d’m’emmerd… avec vos histoires de Tourist Trophy !!!!!!!!!, vous avez fumé ou quoi ???????????????????????? »
« Pourtant, rétorque Dave, hier au soir, t’étais partant…, et même que nous a expliqué qu’les jeunes d’aujourd’hui c’était des lopettes de pas oser s’lancer la-d’dans… »
René réalise alors qu’emporté par l’euphorie de la soirée, il avait certainement trop parlé… :
« Ouais…bon : j’étais bourré, tout simplement !…
T’imagine quand même pas qu’je vais, à mon age, m’engager à c’truc de dingue et y laisser ma peau… : j’tiens pas trop à décevoir les frangines en attente sur mon calepin… »
« Si, René : j’y crois !… Et même que vue ta façon d’essorer la poignée, j’suis certain qu’y en a qui ont du mouron à s’faire !
J’peux mettre sur pied toute l’organisation et obtenir le meilleur matériel possible pour que ça se réalise le mieux possible… »
« T’es pas un peu timbré, toi par hasard ??? : si ça t’tente vraiment, j’veux bien t’former pour qu’t’essayes d’faire illusion si l’idée te tente d’aller manger la terre des Rosbifs, mais l’gars mézigue, l’a aut’chose à faire qu’à visiter les hostos du coin… »
Dave semble déçu :
« J’suis pas un pilote, alors non merci !. Par contre toi…, mais bon, n’en parlons plus !, pour l’instant… »
Maurice pousse un grand OUUUUUF !!! de soulagement tandis qu’au rez-de-chaussée se fait entendre un SPLAAAAAAAAAMMMMMM !!! retentissant :
« C’est quoi ça ????? », s’exclame les frangins en sursautant…
Dave prend un air faussement détaché : « ça !, ça doit être l’Ziva qui s’réveille… »
Effectivement, c’est l’gamin qui tente d‘émerger : dormait tellement bien l’animal que les autres l’ont laissé roupiller dans l’canapé. Faut dire aussi que porter quelqu’un, quand t’as plus les idées claires, c’est pas évident !
Le môme a bien tenté de brancher son radar en s’levant mais ce dernier, pas encore totalement initialisé, n’a pas détecté le tapis au sol fonçant droit sur lui. La table de salon, sans doute copine avec ce traître de tapis, s’est aussitôt précipitée pour faire barrage : le combat a été inégal et la table déclarée vainqueur par KO…
Les autre se sont précipités pour constater que Ziva risque d’avoir quelques difficultés à enfiler son casque aujourd’hui, rapport à l’énorme bosse au front consécutive à la collision !
La table, simplement renversée, semble se marrer devant la tronche ahurie du gosse, lequel visiblement n’a rien compris au film…
« T’as encore raté un freinage, môme ???, demande Maurice, va t’falloir un A.B.S. si ça continue comme ça… »
Le môme en question est de mauvaise humeur : « Vous foutez pas d’moi les fossiles, feriez mieux d’vous r’garder dans une glace : si on vous dépose dans c’t’état là au bord d’un champ, pas d’danger qu’les oiseaux rappliquent…, mais avec des tronchent pareilles, vous servirez pas à grand chose car c’est les graines qui vont foutre l’camp !!! »
Une douche froide et quelques bols de café serré plus tard, les voilà, sinon opérationnels, du moins à peu près présentables…
DRIIIIIIIIIIIIINNNNNNNZZZZZ !!!!!
« Ha zut !, j’l’avais oublié celui-là…, dit Dave en s’grattant la tête, c’est Nico CESCOWITCH, le fils d’un ponte de l’industrie du tabac impliqué dans le sponsoring moto :
il a monté une boîte de recherche et développement dont le but est de mettre au point un deux temps qui ne fume pas…
Nico (c’est son père qui lui a donné ce prénom : déformation professionnelle…) doit me faire essayer son proto pour que j’en glisse quelques mots sur le site : tu tombes à point René !»
Dave va ouvrir à un gars encore jeune, clope au bec et un casque portant le numéro 46 à la main : ce dernier, à la vue du Respectable, s’avance avec un large sourire :
« René Gedeufoitrentans ???!!!, content de te rencontrer ! : j’ai suivi tes exploits par le biais d’un pote journaliste qui m’a parlé de toi…
Tu sais que dans l’petit monde des GP on commence à causer du Superpapy ?.
Paraît qu’t’as torché l’père SARRON lors d’un stage de pilotage ??? »
« N’exagérons rien, rétorque René, Christian a simplement été gêné dans les derniers tours… »
« N’empêche qu’le père a parlé de te faire une proposition pour la saison prochaine quand la nouvelle lui est parvenue. Il compte prendre contact avec toi sous peu…
Au fait : tu peux me signer mon paquet de cigarettes ??? »
René s’exécute en déclarant qu’il n’était pas question pour lui de participer à une quelconque course : à son age, on ne fait plus carrière…
Tous les cinq s’installent autour de la table de salon, laquelle a retrouvé sa position initiale et Dave invite Nico à parler de son projet :
« Tout jeune, j’ai baigné dans l’ambiance de la course et je suis resté un passionné de deux temps. Seulement voilà, avec les nouvelles normes anti-pollution, cette merveilleuse mécanique est en passe de disparaître… J’ai donc créé une boîte qui tente de mettre au point un proto pour la route qui ne fume pas – en parlant d’ça : si vous voulez une clope, servez vous ! – histoire de relancer ce type de moteur avant qu’on ne parle de lui à l’imparfait.
C’est un six cylindres en V de 750cc à injection avec un système de recyclage des gaz inédit par le biais d’un catalyseur un peu spécial : pour l’instant cette mécanique développe 190 CV à 12000 tours pour un couple de 8,5 MK/G à 7000…, autant dire que ça remue pas mal…
Dans l’état actuel, le moulin passe la norme EURO 2 sans aucun problème !
J’ai aussi tenté d’innover avec la partie-cycle, restée relativement traditionnelle au niveau du cadre par le biais de platines supportant la mécanique, mais c’est l’ensemble réservoir/coque d’un seul tenant, ainsi que le carénage qui sort quelque peu de l’ordinaire : ils sont fabriqués à base de feuilles de tabac (servez-vous !…) dont une des propriété est l’absorption des chocs qui fait que le matériau est quasiment indestructible et sa résistance le rend peu sensible à l’abrasion.
Un brevet a été déposé et je peux te dire que les bridés sont passés du jeune au vert quand ils ont eu vent de l’histoire !
Un dernier mot : avec les jantes et disques en carbone, l’ensemble ne pèse ne 145 kilos avec le plein ( c’t’un p’tit réservoir de 15 L mais on travaille pour faire baisser la conso en deçà de celle d’un quatre temps…) »
René est maintenant totalement réveillé et a hâte de voir la bête… et de l’essayer !
Ils se rendent tous à l’extérieur ou Dave leur présente son « bébé » avec fierté : elle est minuscule comme une meule de GP, d’une finesse et d’une compacité incroyable. Le travail
pour caser les six échappements catalysés tient du génie avec deux éléments sous la selle, deux passant à droite et les deux autres à gauche : vue de l’arrière, l’ensemble est à couper le souffle !
Le matériau du réservoir ressemble à un classique poly et la moto est peinte dans un bleu électrique rappelant une certaine MotoGP…
Nico file un coup de démarreur donnant vie à une étrange sonorité qui étonne Ziva mais fait verser une larme au Respectable :
« On dirait une HONDA 6, en plus civilisée… », dit-il en tournant lui-même la poignée pour faire monter le moteur dans les tours.
« J’ai demandé aux ingénieurs de soigner ce point !, lui explique Nico avec un sourire, bien entendu, c’est toi qui monte le premier dessus : c’est un honneur pour moi ! »
René file se changer et revient vêtu de son cuir : il grimpe sur l’engin avec la précipitation d’un gosse à qui on vient de filer un jouet…
Les autres le regardent décoller sur un filet de gaz puis disparaître au coin de la rue : il revient une demi-heure après, la banane à travers la visière entrouverte :
« Vache ! : elle pousse plus que la bécane à SARRON !!!, et moins brutale…
C’est régulier jusqu’à 6000 environ, mais ça pulsant déjà fort, hein !, puis, au-d’sus, faut t’accrocher aux branches car ce truc devient comme fou : t’as l’impression qu’ça va jamais s’arrêter de monter dans les tours !!!!
Et le bruit !!!!!!!!! : RHAAAAAAAAA !!!!!!!, t’as plus envie d’couper tellement ça t’prend aux tripes une mélodie pareille…
La partie-cycle ?, parfaite : un vélo avec la rigidité et la précision d’la mienne !!!
J’EN VEUX UNE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
Dave est aux anges devant l’enthousiasme de Pépère, il ajoute :
« En plus, si tu tombes avec, tu la retrouves quasiment intacte avec la structure inédite… »
René, en entendant ça, jette un regard en direction de Ziva :
« Met ton casque, petit !
Tu vois l’gauche au bout d’la rue ? : tu grimpes sur la moto et tu fais comme d’habitude… »
Les autres se marrent tandis que Dave, étonné, laisse l’Ancien donner cette directive :
Le Ziva enfile son casque en grimaçant un peu, rapport à la bosse au front, et grimpe à son tour sur la meule pour s’élancer sur la roue arrière…
La moto est partie comme une balle, le feu stop s’est allumé et… la brèle s’est couchée au sol dans un superbe travers !!!
Ils se sont tous précipités : Dave a redressé la moto, Maurice a relevé Ziva dont le cuir n’est plus à ça près, et René s’est penché sur la bécane :
« Hé ben c’est vrai ! : elle a rien du tout la meule…
Bravo Ziva !, t’es un bon… »
Ces derniers temps l’gars René a beaucoup donné entre les coups d’mains au môme ROSSO, les essais, les séances photos et divers trucs découlant de sa récente notoriété !
Pour tout dire, il en a un peu ras l’intégral : aujourd’hui, avec la complicité de son Maurice de frère, c’est stand-bye pour Superpapy qui a décidé d’une virée tranquillos, sans arsouille, histoire de se détendre un pneu comme le Respectable qui va à la pêche pour se sortir de son quotidien glauque d’avec Mémère qui, si elle fut une bonne épouse en des temps tellement reculés qu’on se demande si c’est pas la pensée qu’a enjolivé la chose, est maintenant une vieille aigrie à bigoudis n’ayant plus que son fidèle compagnon en défouloir de cette rancœur initialisée par l’entremise de ce foutu sablier qui la nargue dans un bras de fer inégal…
C’est la raison Number One du célibat des deux frangins : pas d’attache susceptible de jouer le miroir dans lequel on contemple le temps qui passe…
Bref : les V6 vont pas surchauffer de la journée, ce, pour le plus grand plaisir de Maurice qui n’aime pas trop les arsouilles sur la route !
Les deux Gatouillables font traîner ce moment ou on enfile l’équipement, un œil sur les motos pour l’instant immobiles, en savourant l’instant présent.
Les 1300 sont maintenant à l’extérieur et chauffent tranquillement sur la latérale. Le temps est sec et frais, parfait pour prendre la route par le chemin des écoliers…
Quand deux personnes se connaissent parfaitement, à fortiori jumeaux, et partagent la même passion, c’est le beau fixe affiché au baromètre du bonheur : les Respectables s’observent avec complicité pendant que les motos se dérouillent les bielles sur les premiers kilomètres.
René ouvre la marche à un rythme inhabituel de lenteur en rapport à celui imprimé en temps ordinaire, Maurice le suivant comme son ombre. Ils enroulent le nez au vent, sans but précis si ce n’est celui de sentir cette liberté les envahir, bercés au feulement régulier des six cylindres tournant à bas régimes.
Là-haut, très loin dans le ciel, les oiseaux semblent vouloir les accompagner, comme pour leur indiquer une direction connue d’eux seuls et uniquement accessible à ceux qui ont le courage de briser les chaînes qui les relient à ce quotidien monotone et uniforme de la vie de tous les jours…
Ils sont heureux : d’être ensemble d’abord, de profiter de l’instant présent sans devoir rendre aucun compte à quiconque…, heureux de vivre, tout simplement !
Sur les bas-côtés de la chaussée, l’herbe humide bordant les arbres de la forêt toute proche qui a laissé tomber au sol sa parure de la belle saison, laisse échapper mille odeurs subtiles leur rappelant des souvenirs d’enfance : époque insouciante ou ils batifolaient tous deux dans les bois en inventant des histoires destinées à créer un univers rien qu’à eux.
Les moulins sont maintenant en température et, mine de rien, la moyenne n’a rien de ridicule même si les courbes sont absorbées sur un filet de gaz en enroulant : avec des moulbifs cubant autant, c’est la moindre des choses. Mais aucune brusquerie dans les gestes ne troubler la quiétude un peu magique du moment, de celle qui te fait croire que le temps s’est arrêté, et les deux motos semblent glisser sans aucune contrainte sur un imaginaire tapis déroulé à l’infini sur l’asphalte noir du réseau routier…
Soudain, à l’entrée d’une agglomération, la brusquerie du monde réel les surprend par l’entremise d’une dizaine de bécanes arrêtées à un feu : René et Maurice sont bien obligés de cohabiter quelques instants avec cette horde faisant involontairement irruption dans «leur» univers…
Des d’jeun’s sur des sportives hight-tech avec des cuirs aux couleurs des pilotes en vue du moment. Ces derniers saluent les Respectables tout en jetant un œil circonspect sur les Kawasuki : les Sport GT, même affublées de telles mécaniques, n’ont pas l’aura quelque peu sulfureuse drainée par une réplica et ne sont donc pas dignes de la caste instaurée par cette new-génération pour laquelle le paraître est LA condition sine qua non de reconnaissance. De même, à travers les visières, l’age des frangins est affiché comme sur un écran géant : encore une fois un élément incompatible d’appartenance à ce monde définitivement sectaire ou la passion semble avoir cédé le pas face à une vulgarisation de la moto traitée au même titre que n’importe quel objet susceptible de servir de symbole à une jeunesse de plus en plus lobotomisée…
Les Respectables se regardent en soupirant : manquait plus qu’ça alors que la quiétude les entourait quelques instants auparavant…
VRAOUUUUUUM !!!, VRAOUUUUUUM !!!, toujours le même cinéma avec des gugusses comme ça, sauf que nous avons droit à une petit variante pour le groupe présent : une fois le feu passé au vert, ils laissent filer les Gatouillables pour mieux enquiller le gauche à la sortie du bled en ayant au préalable doublé les V6 le nez dans la bulle…
Les freinages sont légers et la prise du point de corde bien approximative, mais peu importe pour ces « pilotes des jours sans pluie » : l’important pour eux n’est pas d’étudier le mode d’emploi du passage en courbe (trop fastidieux… et dangereux pour l’image vis à vis de l’autre dans le cas ou on ne possède pas le talent nécessaire pour ça !) mais d’avoir un truc bourré d’accessoires sensé rivaliser avec une meule de GP… au coin du bar !
Maurice se porte au niveau de René, mais le la lueur dans le regard de ce dernier lui comprendre que Pépère est pas content : Superpapy en rempile deux et visse en grand !
Là-bas, au loin, la meute n’amuse pas l’terrain… en ligne droite, mais le V6 est préparé : à chaque changement de rapport, une brève fumée bleutée s’échappe du pneu arrière tandis que la bête crache son impressionnante cavalerie dans une accélération démoniaque pour une brèle de route !!!
Au loin, un droite au large rayon se précise et René a déjà fondu sur le groupe : ces derniers prennent les freins alors que l’ancien lui, ne coupe pas en les doublant un à un par l’extérieur…
La surprise est totale : l’un d’eux touche même la roue arrière du comparse devant lui, risquant de les mettre au tas tous les deux !
Au point de corde, René, plein angle, lâche la main gauche, qu’il passe entre le réservoir et le bras droit, pour les saluer au passage tandis que la Kawasuki reste imperturbable sur sa traj’…
Le rythme des d’jeun’s a subitement chuté et Maurice en profite pour prendre la roue du frangin, tout à l’extérieur lui aussi : motos encore sur l’angle, les deux Respectables font hurler les moulbifs à la limite de la zone rouge en déposant littéralement les «pseudo-pilotes» incapables de répliquer !
Celle de Maurice a reçu les mêmes pièces que René : les réplicas ne suivent pas et doivent se contenter, après s’être fait proprement enrhumés en courbe, de voir s’éloigner les Anciens qui se fendent bien la poire de ce petit clin d’œil face à la certitude d’une toute puissance sans fondement…
Une aire de repos se trouve quelques mètres plus loin : René fait signe à son frère de s’arrêter. Ils retirent leur casque en se marrant et en se tapant dans la main. Bientôt le groupe apparaît et stoppe, la queue entre les pattes mais intrigués, derrière les frangins.
Sont pas fiers les gamins ! : ils s’avancent en directions des Gatouillables. L’un d’eux imite alors la carpe gobant une mouche à la surface de l’eau en s’écriant :
« René Gedeufoitrentans !!!: on aurait dû s’en douter…
Bon, c’est sûr : on pouvait pas lutter…
Et même Maurice y met du gaz : on a rien vu ! », avoue t’il, visiblement impressionné…
Les autres font : « HOOOOOO !!! », car il est vrai que la René Story a fait l’tour de tout le milieu : la presse et les campagnes de pub ont bien aidé à ça !
Les d’jeun’s sortent qui, un carnet et qui, une feuille ou un paquet de cigarettes pour faire signer Superpapy : d’un seul coup, la barrière des génération est effacée au profit d’un profond respect…
« Voyez-vous les jeunes, vot’ problème c’est qui faut arrêter de vous r’garder l’nombril et faire comme nous les anciens : vous concentrer sur la poignée de d’gaz !
C’est pas vos tenus d’clowns qui vont vous aider à savoir ouvrir autrement qu’en ligne droite et, au lieu de dépenser des fortunes dans ces trucs là, payez-vous des stages de pilotage : vous serez ainsi plus crédibles et éviterez ce genre de petite mésaventure…
Pigé la jeunesse ?… »
Faut r’connaître qu’il a pas tord Pépère et la petite troupe repart quelque peu désorientée…
Les deux Respectables, eux, reprennent la route, le nez au vent, à une allure sénatoriale…
Nous sommes en 1963, René GEDEUFOITRENTANS mène le championnat 500 au guidon de sa V4 TERROT à compresseur depuis la mi-saison. Son adversaire principal, Phil READ, sur la MV 4 est relégué à 20 points du leader. Le troisième, Jarno SAARINEN, sur une YAMAHA 2 temps (les japonais avaient décidé d’employer une mécanique différente) colle au numéro deux avec trois points d’écart. Le quatrième, Grazziano ROSSI, sur HONDA V6 est en embuscade, ainsi que son fils, Valentino, lequel apprend la catégorie (DUCATI mono turbo). Le roi AGO est un peu lâché suite déboires sentimentaux (MV lui aussi). Sete GIBERNAU, sur DERBI (un 5 en ligne) tente de faire illusion mais se bat contre lui-même (pour l’instant, il n’a jamais réussi à se faire le freinage…). Kenny ROBERTS Junior, sur PEUGEOT (un bi face à la route alimenté au jus de betterave…), est totalement inconstant cette saison depuis qu’il s’est aperçu que le but est d’essayer de doubler les autres (quelqu’un lui avait expliqué que le premier qui rentrait au stand avait gagné…).
Voilà un petit résumé de cette saison, millésime 63, et déjà cinq courses se sont déroulées. Nous sommes en Juin, il fait beau et c’est le Grand Prix de France sur le prestigieux circuit des Essarts, près de ROUEN.
René à fait la pole en 3 minutes tout rond sur le tracé normand de 6,3 kilomètres. Sa TERROT marche du feu de dieu !: faut dire que les ingénieurs, suite à une soirée très arrosée dans l’atelier (on fêtait le Beaujolais nouveau…), ont malencontreusement renversé une bouteille du précieux breuvage dans un jerrican d’essence resté ouvert, lequel a été transféré dans le réservoir à René…
L’ensemble a fait gagner vingt chevaux à la meule ! : un brevet a aussitôt été déposé par la marque…
Le deuxième temps est pour le fils ROSSI, dont la DUCATI semble marcher de mieux en mieux et surtout… le gosse apprend vite !
SAARINEN prend la dernière marche du trio avec une YAMAHA diablement efficace !
Suivent ensuite READ, ROSSI père, GIBERNAU et GROROBERT (surnommé ainsi par l’ensemble du Continental Circus depuis qu’il s’affiche avec une blonde à forte poitrine…)
Ils sont tous sur la grille, près à traverser la piste pour monter sur la meule comme il est de mise pour prendre le départ que donne le commissaire de course à l’aide d’un cor de chasse.
René est un peu nerveux car READ semble avoir passé son temps à la mise au point plutôt qu’au chrono et regarde le leader avec un rictus qui ne présage rien de bon pour la suite…
TSOIN !, TSOINNNNNNN ! : c’est parti !!!
Valentino a bousculé René au moment ou celui-ci grimpait en selle et dégotté un balai pour dégager la sciure déposée intentionnellement devant la TERROT (Pépère n’avait rien vu et heureusement que la solidarité fonctionnait en ces temps-là : un coup de READ certainement…)
René remercie chaleureusement Valentino du geste mais dans l’histoire, ils partent bon derniers car les autres n’ont pas attendu et… READ est en tête !!!
Les pneus sont froids, mais le Respectable s’est littéralement jeté dans le grand gauche en descente, imité par le fils ROSSI, déjà un peu enivré par les effluves lâchées par les deux échappements du V4…
Avant le droite en épingle du bas du circuit, le duo a déjà doublé et laissé sur place GROROBERT et GIBERNAU, occupés à discuter de leur façon de gérer cette course, visière ouverte !
SAARINEN est autrement plus coriace et vend chèrement sa peau dans le droit puis le gauche suivant (vicelard celui-là car il se resserre en sortie) dans la remontée vers la longue ligne droite précédée par un virage (droite aussi) à angle droit : C’est là que parlent les chevaux de la TERROT, toujours suivie de près par la DUCATI du fils ROSSI, complètement bourré par les rejets de la moto à René…
Dans la ligne droite, Valentino est obligé de s’arrêter, ne sachant plus laquelle des trois TERROT il doit suivre : ROSSI dépose sa moto sur le bas-côté et, s’allongeant sous les arbres, se met à… ronfler comme sa DUCATI !
AGO est maintenant en ligne de mire de René mais le bougre enroule sévère de chez sévère !
On arrive au bout de cette ligne droite et bientôt un droite serré se présente pour attaquer la ligne des tribunes…
AGO soudain, coupe son élan… : une fan vient de crier son nom en soulevant son bustier et le fringant rital, retombant dans ses vieux travers, a déjà sauté de sa machine pour culbuter la belle dans le bosquet d’arbres voisin !
René en remet un coup car SAARINEN est en embuscade, mais il a déjà Grazziano en ligne de mire, dont la HONDA semble en proie à des problèmes : elle fume bizarre…
Ils abordent maintenant la descente avec ce grand droite qui se prend sans couper quand soudain le V6 à ROSSI décide de vidanger sur la piste alors que René se portait à sa hauteur :
l’ancien était plein angle et la TERROT a décroché brutalement de l’avant, puis de l’arrière sous l’effet du visqueux liquide…
Ca va vite…, très vite même ! : René, sur le dos glisse en direction du rail de sécurité…
Quarante…, trente…, vingt…, dix mètres et… PAF !!! : Pépère s’éclate contre le rail !!!!
Plus de son ni lumière…
« René ?, René !!???… » : la voix vient de loin , sous forme d’un écho…
René a mal à la tête : certainement le contact avec le rail. Il bouge un bras, puis l’autre : rien de cassé semble t’il. Les jambes aussi ont l’air de fonctionner normalement : il pousse un OUF ! de soulagement car généralement ce genre de chute ne pardonne pas !
Prudemment, il tente alors d’ouvrir un œil, puis l’autre…
Dehors, le soleil brille à travers la fenêtre : il est dans sa chambre, allongé en travers de son lit et c’est Maurice qui est penché près de lui :
« Ha !, quand-même !!!. Dis-donc : il est quinze heures et va falloir penser à émerger…
T’as fait l’tour de l’horloge !…
Faudrait voir à moins picoler l’soir avec CESCOVITCH, qui, soit dit en passant, cause pas beaucoup mais bois comme un trou et fume comme un diesel, l’animal…
J’ai été obligé d’aérer tellement l’odeur s’est imprégnée.
T’as vu l’état d’ton lit ???: tu rêvais qu’tu faisais la course ou quoi ???… »
D’un seul coup René vient de réaliser :
« Tu sais Maurice ? : c’est c.. les rêves ! », dit-il en se levant péniblement pour gagner la salle de bain, histoire de se rafraîchir les idées…
René est fébrile ce matin : c’est aujourd’hui qu’il doit l’essayer…
Il passe deux plombes dans la salle de bain à se préparer après un footing plus long que d’habitude : pas commun chez lui et Maurice le regarde un peu étonné :
« Hé, cool !!!, on dirait un collégien qui s’en va à son premier rendez-vous… », fait remarquer ce dernier.
« Ben, faut m’comprendre : avec une meule d’ce calibre, faut êt’ à la hauteur…, alors j’me met en condition. Normal, non ? », répond Pépère.
L’idée, c’est d’Grigou lors d’une discussion avec Dave ayant pour sujet les qualités assez exceptionnelles du Respectable : ils ont tout de suite conclu que seul René pouvait être à la hauteur d’une telle monture…
Son concepteur, ami de Grigou, en est fier comme on peut l’être d’une telle réalisation, mais faut avouer que là, trop c’est trop… : déjà, en la voyant, on comprend qu’il vaut mieux se méfier, qu’une telle meule ne va pas se laisser apprivoiser par le premier venu. Ses lignes, agressives, sont tendues à l’extrême sans aucun compromis : tu piges rapidos au premier coup d’œil le caractère en acier trempé qui émane du sujet car elle ne triche pas, ça lui est impossible…
Elle est magnifique et rejoint un peu, dans l’esprit du moins, le coup au cœur que nous a laissé la 916 lorsque le voile a été levé : ceux qui ont eu l’honneur de porter un regard sur cette beauté en sont restés abasourdis…
Ben oui, c’est une latine, avec ce côté un peu excessif et sauvage mais si terriblement attirant que, même sans bouger, elle éclipse de son aura toutes celles ayant l’audace de se porter à son niveau !
Seulement, le revers de la médaille, c’est que quand on cultive autant de superlatifs, le mieux devient souvent l’ennemi du bien, mais peut-on en vouloir à son père concepteur d’avoir accouché d’une telle merveille ?
Lui, ne pouvait que transmettre à son « bébé » la passion toute ritale coulant dans ses veines depuis le jour de sa naissance, mais, au jour d’aujourd’hui, pas un n’a été en mesure d’être à la hauteur de la mériter, ne serait-ce que pour un court galop d’essai : la belle se rebiffe alors dès les premiers instants, te faisant comprendre qu’une deuxième tentative est inutile…
Que faire alors ?, était-elle destinée à n’être qu’un inabordable sujet de contemplation sans autre issue que le plaisir de la rétine ?…
Tu conviendras avec moi qu’il s’agirait là d’un sacré flop, que son concepteur lui a interdit les voies du succès par excès de perfection : un comble !
Je dois te dire que c’est bien ce qu’il ruminait, voyant les prétendants se succéder avec toujours l’échec pour résultat : existait-il seulement un pilote dans ce bas monde susceptible de dompter une telle monture…
A monture exceptionnelle, personnage exceptionnel : voilà l’idée qui a germé dans l’esprit de Grigou…
Naturellement, qui d’autre que René, l’extra-terrestre, pour tenter de relever le défi ?
Bien entendu, son age ne plaide pas en sa faveur mais, avec ce diable de bonhomme, est-ce réellement ce qui importe le plus ? : il a toujours prouvé qu’à l’impossible nul n’est tenu et toujours gagné là ou les autres se sont ramassés lamentablement. Restait à le convaincre : c’est Dave qui s’est chargé du projet, avec l’aide de Maurice.
Au début, Superpapy a rigolé franchement de la proposition saugrenue qui lui était faite : Il a fallu toute la finesse d’esprit des deux complices pour l’amener à tenter l’aventure en le touchant sur un domaine qui le faisait toujours démarrer au quart de tour, c’est à dire sa confiance inébranlable en ses propres capacités…
« Bon, on insiste pas…, avait alors déclaré Maurice avec un air faussement détaché, on ne t’en voudra pas de ne pas tenter l’expérience sur ce coup-là car, même pour toi, c’est un défi qui ne peut se gagner… »
Voilà exactement le genre de truc à dire pour le remonter, le René…
« Puisque vous l’prenez comme ça, j’va vous prouver qu’y a rien en c’bas monde qu’est capable d’me faire reculer. Ta jouvencelle, elle va subir l’coup d’gaz du René et elle va plier… : j’en ai maté bien d’autres !!! »
Tout de suite le Respectable se mord intérieurement les lèvres : sa réplique est sortie très vite comme d’habitude, l’obligeant à maintenant assumer ses paroles mais, sur ce coup-ci, l’ancien est un pneu dans le doute car il sait, le projet lui ayant été longuement exposé, qu’il allait jouer sur un autre registre et travailler sans filet avec le risque d’une ramasse douloureuse…
Mais bon, quand on a végété des années en vivant sur ses acquis pour passer ensuite, à soixante balais, du tromblon au V6 dernier cri pour lequel une sacré remise en question a été nécessaire, faut déjà assurer. Mais quand en plus on se paye le luxe de taxer SARRON lors d’un stage de pilotage, on n’est vraiment plus dans la norme…
René tente de se rassurer en pensant qu’il ne s’agit là que d’un exploit supplémentaire à réaliser, que, jusqu’ici, il n’a jamais échoué, et aussi que relever un tel défi, il est le seul digne de le faire !
Conscient aussi de son age bien présent qu’il tente de gommer mais peut le rappeler à l’ordre a tout instant…
Bref, c’est la confusion la plus totale dans la boîte à pensarde du Fossile.
Il sort Brigitte, sa surpuissante KAWASUKI avec une certaine fébrilité : Maurice le regarde sans un mot, sachant combien son frère a besoin de se préparer face à la tache qui l’attend…
Les deux V6 chauffent tranquillement sur les latérales tandis que les frangins enfilent les fringues et se casquent. René, en enfilant le sien, a une lueur de détermination particulière dans le regard : il prend sur lui pour être sûr de gagner la partie…
Pour te donner un ordre d’idée sur la hauteur de la marche à gravir, fait un parallèle avec ROSSI l’an dernier : il avait tout gagné sur LA moto parfaite mise au point par lui-même, et il a lâché tout ça pour prendre le guidon d’une moto réputé raté avec laquelle le risque le plus important était de ternir son image à jamais. La suite, on la connaît.
Là, c’est l’inverse : René va à la rencontre de quelque chose réputé inaccessible, sur lequel les plus téméraires se sont cassés les dents et dont la réputation sulfureuse suffit a en repousser la grande majorité qui, secrètement, vendraient leur âme au diable pour avoir le dixième du talent leur permettant de la chevaucher ne serait-ce qu’un instant.
Pépère, dans le milieu, a maintenant une réputation à tenir : la résultante d’un échec lui serait grandement préjudiciable…
Il lui FAUT remporter la partie !
Sur la route, malgré son impressionnante cavalerie, la 1300 est maniée avec toute la hargne dont est capable le Respectable, et la bête se tait pour filer droit, laissant seulement des traces de gomme au sol !
Maurice, qui l’accompagne comme à son habitude, a bien du mal à suivre son frère à un tel rythme : il doit rendre la main et le laisser prendre le large. Il le rattrapera sur le lieu du rendez-vous.
Lorsqu’il arrive devant le coquet pavillon de banlieue, lequel possède un immense garage accolé, Maurice constate que Dave et Grigou sont présents et rigolent en compagnie de René, les doigts posés sur les ergots des repose-pieds de Brigitte : Pépère a encore dû leur faire une arrivée à sa manière…
Serrage de paluches, échange de quelques banalités et DRIIIIINNNZZZZ !!!! : des pas se font entendre et la porte s’ouvre, découvrant un homme à l’allure élancée et à l’attitude déterminée. Celui-ci doit bien approcher les soixante berges au vu de l’expression des traits de son visage, ce que ne laisse absolument pas paraître son aspect physique, visiblement entretenu par la pratique assidue du sport. Un regard perçant et glacé finit de caractérisé l’habitant des lieux dans le clan des gens habitués à ne pas se laisser dicter une quelconque ligne de conduite : voilà le genre de personnage qui plait particulièrement au Gatouillable !
Dave fait les présentations : « Mario TAVULLIA, dont je vous ai tant parlé. Mario, je te présente René et son frère Maurice »
Re-serrage de pognes : Mario s’attarde sur le Respectable, comme pour le jauger. Il marque une moue, pensif, puis relève la tête visiblement satisfait. Mais on sent en lui une certaine inquiétude…
Il les fait entrer dans le salon et leur propose un verre. L’intérieur est aménagé avec goût, des tas de pièces en alliage ayant trait avec la moto ornent la pièce mais tout est rangé avec soins et rien ne traîne : maniaque le maître des lieux !
La conversation dérive rapidement sur les activités de Mario : il est à la tête d’une petite entreprise dont le but consiste à fabriquer des pièces de cadres, supports de tableaux de bords et autres platines de repose-pieds destinés à équiper les motos des teams de GP et SBK demandeurs de ce type de produits. Visiblement, l’homme travaille bien à en juger par ses signes extérieurs de richesse…
Il les amène ensuite dans l’atelier attenant, ou travaillent à plein temps trois employés. TAVULLIA s’approche d’un gars qui vient de finir une pièce d’alu à la machine outil :
« Voici une entretoise destinée à faire varier la hauteur du bras occillant de la M1 du team TECH 3 : réalisée sur instructions de PONCHARAL, je dois l’envoyer au Japon pour avoir l’aval des ingénieurs nippons. Comme quoi, malgré ce qu’on croit, tout ne se fait pas là-bas », explique t’il avec un sourire.
Tous, après la petite visite, retournent dans l’habitation pour enfin aborder LE sujet de la venue de Superpapy : Mario explique qu’elle est sa fierté, avec une lueur brillante dans le regard, mais qu’elle a hérité du fichu caractère sans concession de son concepteur. Son problème ?: des montées en régimes pratiquement incontrôlables par le commun des mortel qui désarçonnent sans préavis même les mieux préparés…
Pourtant, les qualités ne manquent pas : outre une esthétique à couper le souffle, elle est capable d’être une partenaire hors-normes mais, à l’unique condition que le pilote soit capable de lui imposer sa loi, et aussi… d’en être digne !
Mario désespère rêve depuis longtemps de dénicher « l’oiseau rare » au charisme et au talent à la hauteur de sa « merveille ». René peut-être…
Un escalier se trouve à l’extrémité de la salle et des pas se font entendre :
« Attention, elle arrive… », prévient le Rital
Te décrire l’apparition est au delà de mes forces… : sache seulement qu’elle n’a pas atteint la trentaine, grande et élancée, des longs cheveux bruns tombant sur sa chute de reins qu’on devine parfaite. Sa démarche lui donne l’impression de flotter tant le pas est souple et les gestes légers. Mais surtout : deux yeux noirs comme la nuit la plus profonde, avec une flamme ardente semblant te transpercer si tu oses, inconscient !, la soutenir du regard…
« Ma fille Céline !, présente avec empressement celui qui semble avoir engendré cette vision du paradis à l’odeur de souffre, Céline ?, voici René… »
La splendide créature ne parle pas et observe Pépère avec une insolente et impudique façon : les quatre présents se sont écartés doucement, sous l’impulsion de Mario, lequel constate avec soulagement que l’age de René ne la rebute pas…
Au fait, au cas ou ça t’aurait effleuré l’esprit : me fait pas l’coup d’la Céline et du René…
- 1 : la Québécoise, même si la voix est talentueuse, est moche et limitée du bulbe.
- 2 : le René en question est Gâteux, pas Gatouillable, et ça fait une sacré différence…
« Le fameux René…, lance enfin la magnifique créature, j’ai beaucoup entendu parler de toi : suis-moi !, il faut que nous causions de pas mal de choses… »
Le René en question est comme hypnotisé et se laisse driver vers l’étage sans pouvoir articuler le moindre mot.
La balle est dans son camp désormais : va falloir assurer… et drôlement !
Une atmosphère feutrée règne dans la chambre de la demoiselle : cela est dû à la présence d’une boiserie omniprésente qui atténue quelque peu la froide rigueur instaurée par un rangement quasi-militaire et l’absence de toute fioriture caractérisant la présence féminine dans l’antre.
On sent tout de suite que ce lieu est dédié à quelqu’un qui va droit à l’essentiel : le superflu n’y a pas sa place et la pièce se compose simplement d’un lit (deux places…), d’une table de nuit et d’une commode, point-barre !
Céline, s’installe sur le lit avec une attitude toute féline en invitant René à en faire de même d’un geste autoritaire : Pépère n’aime pas trop qu’on lui dicte sa conduite mais, intrigué par la suite, il obtempère…
On entendrait une mouche voler tant le silence instaurée par la donzelle devient pesant : elle est position assise, les jambes repliés vers le menton et enserrées par ses bras. De temps en temps, d’une façon assez impudique, elle les écarte machinalement en effleurant son léger bustier largement entrouvert, permettant ainsi la découverte des Ballons d’Alsace que le battement régulier de son cœur semble animer d’un va et vient particulièrement sensuel. A part ça, elle reste immobile en fixant le Respectable d’un regard brûlant : dirait un fauve face à sa proie qui guète le moment propice pour passer à l’offensive en savourant l’instant présent.
Elle est d’une beauté presque irréelle et oser porter les yeux sur cette splendeur peut sembler un sacrilège pour un profane comme toi… René est d’une autre trempe : il ne veut pas ouvrir les offensives, mais l’apparente suffisance de Madame commence à le gonfler grave de chez grave !
Il adopte la même attitude en la détaillant avec audace, son regard malicieux s’attardant sur les parties « secrètes » d’une Céline qui, ayant pourtant capté le manège, le laisse agir avec désinvolture…
Elle esquisse alors un sourire en continuant de fixer Superpapy :
« Bon, ça y’est ?, commence t’elle de sa voix suave, tu peux laisser tomber ta garde : c’est inutile… »
René, surpris, se lève alors sans un mot et fait mine de partir.
« Attend !, reprend Céline en marquant une hésitation, comme si elle cherchait ses phrases, mon père est très gentil, mais en ce qui me concerne, c’est un idiot…
J’avoue que je n’y met pas beaucoup du mien, mais c’est que ce mode de vie me convient tout à fait : pas de compte à rendre, je fais ce que je veux quand je veux sans personne pour interférer ce besoin d’être libre.
Dady se désespère de ce « comportement immature » comme il dit : lui voudrait que je me stabilise avant de me passer le flambeau de l’entreprise.
Ta présence aujourd’hui ne fait qu’ajouter une suite à la longue succession résultante de ses infructueuses tentatives de me caser.
Le procédé te choque ? : c’est sa façon d’agir et il ne s’est jamais embarrassé de l’opinion de quiconque pour prendre ses décisions.
Evidement, quand la presse a causé de tes exploits, ça a tout de suite fait tilt et il s’est renseigné sur toi auprès de Grigou et Dave qu’il connaît bien.
Mis à part la différence d’age, c’est vrai qu’il y a pas mal de similitudes entre-nous, et surtout, tu vis la moto comme moi : il pense que quelqu’un comme toi peut arriver à me civiliser…
Je n’aime pas qu’on prenne de décision à ma place, tout comme je suppose que tu sois du genre à détester ce type de manipulation : c’est pour ça que je voudrai comprendre pourquoi tu as accepté de venir… »
« Bah…, simple goût du défi sans doute, et aussi la curiosité…, répond René. J’ai trouvé l’idée idiote au départ, mais j’avais devant moi trois manipulateurs de première qui ont su trouver les arguments chocs pour me décider. Il est vrai aussi que les années passent et qu’il va falloir que je songe à penser autrement que d’me contenter de cette vie d’patachon : il y a un moment pour tout dans l’existence, alors pourquoi pas essayer ? »
Pendant ce temps, en bas dans la rue, un V6 est en train de tourner au ralenti sur sa latérale : bien-entendu, le sujet de conversation a tourné autour de l’éternel sujet du deux roues, et plus particulièrement sur les exploits du Respectable…
C’est Mario qui, vu la ressemblance de Maurice avec son phénomène de frangin, a demandé au jumeau si lui aussi était capable de faire des « trucs » au guidon d’une bécane : ce jour là, le Gatouillable number two est en forme. Il explique que la recherche de la traj’ n’est pas trop son trip, même s’il participe à des stages sur circuit. Non, son truc à lui serait plutôt de « jouer » avec la moto : mais il n’aime pas se donner en spectacle et se réserve ce petit plaisir pour lui tout seul, dans des coins désertiques autant que possible.
Cette attitude va aussi dans le sens que, servant de zone rouge envers son bouillant René de frère, il se garde bien d’agir ainsi en public…
Suffit de dire un truc comme ça et tout de suite les autres demandent à voir…
Réticent au début, Maurice finit par céder et leur sert un véritable festival de stunt en plaçant sa 1300 dans toutes les positions : weelhing avec et sans les mains, stoppies d’outre-tombe, demi-tour en glisse… ainsi que des variantes bien décalés pour un gars dont la Respectabilité et l’attitude calme laisse les autres sur le c.. !
Ce va et vient motorisé finit par agacer quelques riverains grincheux et, bien entendu, un Pin-Pon se fait rapidement entendre : la tronche des disciples de la maison Poupoule à la vue de ce gars dont l’age le prédisposerait mieux à emmener ses petits enfants au square et qui joue avec sa bécane comme un d’jeun’s … !!!
Sont incapables de dire et faire quoi que ce soit, les représentants de forces… : ils se joignent au trio et finissent par encourager Maurice à continuer…, sous l’œil médusé des grincheux à la fenêtre, lesquels doivent se pincer pour constater qu’ils ne rêvent pas !
Pendant ce temps, ça chôme pas non plus à l’étage : la belle s’est offerte à René…
Elle a bien tenté de prendre l’initiative mais c’est Pépère qui mène les débats : il commence par chauffer sa monture par la technique dite de « la chatte sur un doigt brûlant », mise au point en Italie, laquelle permet une parfaite montée en température pour passer à la phase suivante : « le petit train dans la montagne », qui est absolument nécessaire pour ne pas risquer un serrage en abordant le point d’orgue, c’est à dire l’obligatoire « descente du mont Fuji » qui nécessite beaucoup d’application pour pas verser dans le bac à sable. Ensuite, faut revenir à un régime de croisière en douceur : cette transition est assurée par la fameuse « traversée du canal de Suez », un peu désuète je te l’accorde, mais parfaite dans ce cas précis.
La Céline, jamais on lui a fait ça ! : elle subit sans pouvoir reprendre les commandes, ce qui la fait écumer de rage…, mais aussi elle voue désormais une admiration sans bornes envers cet incroyable personnage décidément sans limites…
Dehors, Maurice termine son show sous les applaudissements enthousiastes d’un public acquit à sa cause, …à part les grincheux signalés plus hauts !
Quelques minutes plus tard, se sont une Céline et un René radieux qui les rejoignent, la main dans la main, pour le plus grand plaisir de Mario !
Bon, on va mettre les choses au point tout de suite : non, le Respectable va pas s’ranger aussi facilement…
Sûr qu’elle est choucarde la Céline et que dans l’genre tu peux chercher longtemps avant d’en dénicher une deuxième comme ça (désolé pour toi, mais, si ça peut t’consoler : t’as pas l’talent pour ça…), seulement l’gars René, sitôt passé l’euphorie du moment, y’r’descend sur la terre ferme en s’disant qu’finalement l’est un peu jeune pour une vie à deux…
Idem pour la môme : mais pour elle, c’est plus compréhensible au vu de son age et du tempérament de feu hérité de son père (dont la femme est partie depuis lulure…) qui la pousse à poursuivre un mode de vie sans attache.
Il en est ainsi de ces personnages au mental très fort : aversion des faibles, difficile de trouver son égal et, si par hasard l’oiseau rare se présente, il s’en suit un rapport de force immédiat préjudiciable à l’entente… : ce qui les oblige à vivre un peu en marge des autres, non par suffisance, mais il leur est simplement impossible de faire autrement.
Ils vont se revoir, c’est certain…, sans engagement vis à vis de l’autre.
Ceci étant posé, poursuivons maintenant la suite de cette palpitante série consacrée à l’incroyable Gatouillable et son non moins surprenant frangin, lequel commence à se débrider au fil des épisodes…
Ce matin là (ha !, t’as r’marqué qu’ça commence toujours comme ça ?…), l’histoire débute par un coup d’bigo de Grigou :
« René ?, c’est Grig’ !, je viens d’avoir Jean-Luc MARS, le boss d’Harley France, au fil : la maison mère le charge de développer des modèles spécifiques pour les motards européens et il se trouve que dans son staff technique, y’a trois p’tits malins qu’ont dérivé un roadster de la V-Road…
Faut l’avis d’un connaisseur pour valider le projet et il est hors de question de mêler la presse à ça avant d’être sûr du coup : image de marque oblige.
Y’a personne, au sein d’la marque, qu’a le talent pour juger en live les capacités du proto (sont trop américanisés pour avoir les aptitudes nécessaires…) et le risque de fuite avec les gens du milieu est trop risqué pour faire appel à une quelconque compétence s’y rattachant.
Jean-Luc, c’t’un pote…, et il m’a demandé si, par hasard, j’aurai pas la personne adéquate au sein de mes relations : pas besoin de t’en dire d’avantage… »
« Mouais…, Harley… : j’vois pas très bien c’que j’viendrais faire dans l’univers des gros barbus qui carburent à la bière : mon trip, c’est les bracelets sur l’angle, pas la parade aux troquets des bars… », rétorque René avec sa moue habituelle du gars pas convaincu.
« Justement !: c’est cette image là qu’ils veulent casser en proposant un truc apte à satisfaire le motard d’chez nous. Tu te doutes bien qu’ils prennent un risque en faisant ça mais ils ont la volonté d’ouvrir la marque au style européen avec des machines plus en osmose avec notre façon de voir la moto : je ne vois que toi pour les aider et je te le demande en ami… »
« Bon…, puisque tu le prends comme ça : on va aller les voir. Fixe un rencard pour le début d’après-midi et passe me prendre vers treize heures, mais j’suis pas très sûr d’être l’gars qui faut pour ton pote… »
René expose ensuite le projet à Maurice qui l’interroge du regard : celui écoute son frangin sérieusement, comme à son habitude, mais à l’évocation du nom « Harley », le voilà parti dans un fou-rire inextinguible :
« Quoooooi ?????????, toi, le grand René associé à Harley-Fergusson ????????????????????, OUARF !, OUARF !, OUARF !!!, j’me doutais pas qu’avec l’age tu passerais à l’agriculture…, OUARF !, OUARF !, excuse-moi : c’est trop drôle… »
« Ouais ben…, fais l’malin toi, l’père la morale qui fait l’clown avec sa moto pendant qu’j’lime la pouliche…
Ha !, l’est moins fier l’frangin qui gatouille sur la route pour justifier ses propos digne d’un délégué d’la sécurité routière, quand on lui rappelle ses exploits…
Alors ouais , j’vais les aider : toute façon, un René sur une Harley c’est pas plus bizarre qu’un Maurice en roue arrière sur un V6 !
Excuse-moi : c’est toi qu’a commencé…, et pour ta punition, tu m’accompagnes… »
L’a pas tort le Respectable : t’aurais imaginé l’gars Maurice faisant du stunt, toi ?…
Grigou se pointe vers à l’heure dite, ponctuel comme à son habitude : ils ne perdent pas de temps et les frangins font rapidement chauffer les 1300 pour emprunter l’autoroute les menant vers l’antre de la bécane américaine.
Sur place, des bâtiments ultra-modernes ornés du célèbre blason à l’effigie de la firme ricaine : à la vue de l’aigle, Maurice ne peut s’empêcher de rire de nouveau et manque de percuter René qui lui lance un regard noir…
C’est le big-boss qui les accueille en personne et Grigou fait les présentations :
« Jean-Luc, j’te présente le fameux René, dont toute la presse a causé…, René ?, voici Jean-Luc MARS, le responsable de l’importation française. »
Serrage de paluches en bonne et due forme, puis Grig’ présente… Maurice, lequel ne peut s’empêcher de se marrer une fois de plus en le saluant…
« Qu’est-ce qui ce passe ???… », s’étonne Jean-Luc, stupéfait de la réaction de l’Ancêtre…
Le Maurice en question ne peut répondre car il s’étrangle plié en quatre sur le bitume !
C’est René, un peu gêné, qui répond : « Faut pas faire attention : l’est comme ça depuis qu’il sait qu’j’viens voir si j’peux vous aider… J’avoue qu’j’ai rien d’un biker et qu’j’imaginais même pas un jour grimper sur une brèle de chez l’oncle Sam… »
« Haaa !!!, je comprend mieux : voilà l’image qui nous colle à la peau depuis toujours !
L’usine aimerait que ça change et mes gars et moi avons légèrement retouché une V-ROAD, histoire de la rendre plus à même de se fondre dans le paysage motard européen : suivez moi, j’vais vous montrer… » dit le boss avec un air malicieux…
Ils traversent ensemble divers bâtiments ou les ouvriers s’affairent qui, aux pièces détachées (un truc monstre à gérer quand on livre une moto avec un catalogue d’accessoires gros comme un bottin téléphonique…), qui, à la mise en caisse des machines, pour s’arrêter devant une porte à ouverture codée : Jean-luc tapote rapidement quelques chiffres, une led passe du rouge au vert suivie d’un déclic les invitant à pousser la lourde. Ils pénètrent alors dans la pièce réservée au R&D (recherche et développement) de la filiale française : toute blanche, aseptisée comme une salle d’hôpital et éclairée à la lueur unique des tubes néons installés en batterie au plafond, immaculé lui aussi (aucune fenêtre n’existe dans cette espèce de « bunker »).
Trois personnes en blouse blanche, la trentaine environ, bossent sur des planches à dessin, plus un sur une mécanique truffée de capteurs, laquelle est fixée à hauteur d’homme sur une table élévatrice.
Une bâche recouvre une moto à peu près au centre de la pièce : Jean-Luc s’en approche, puis la retire…
Un magnifique roadster gris métal leur apparaît alors : fin et élancé, il n’a plus de la V-ROAD que la partie mécanique, certainement le cadre (et encore, pour ce dernier, y’a eu du travail de fait, c’est évident) et le réservoir. Le magnifique tableau de bord qui orne le custom est judicieusement toujours présent. Par contre, pour tout le reste : rien à voir avec le modèle originel et on penserait presque à une moto échappée de la production italienne !
Sa finition est parfaite : rien qui cloche ni le moindre fil qui dépasse…
On sent que des idées ont été reprises aux autres constructeurs : un peu de Mostro pour le phare et le train avant, la ligne d’une Guzzi Griso, la selle ressemblant étrangement à celle d’une Fazer 1000 et un magnifique dosseret arrière d’ou sortent deux volumineux silencieux dans le plus pur style Ducati !
Mais l’ensemble est cohérent dans sa fluidité de ligne : une bien belle moto en vérité…
La transmission secondaire se fait à l’aide d’une… chaîne !!!
Jean-Luc attend les réactions, un peu inquiet…
« Mouais…, commence l’Ancien après un instant de réflexion, faut avouer qu’elle est plutôt réussie au niveau d’la tronche : j’préfère les trucs plus sportifs, mais là, j’avoue qu’ça donne envie d’grimper d’sus et d’voir c’que ça peut donner en live… »
Maurice rigole plus du tout : « Bon sang, c’qu’elle est belle !!! », lâche t’il très sérieusement.
Grigou reste sans voix : « Espèce de cachottier, finit-il par articuler, tu avais bien préparé ton coup… », ceci dit avec un regard admiratif envers son ami.
Jean-Luc semble visiblement rassuré des premières réactions, il commente :
« On est bien-entendu parti de la V-ROAD pour le cadre, la mécanique, le tableau de bord et le réservoir. La géométrie a été largement revue pour sa nouvelle définition et on s’est inspiré de la Mostro pour ça : la fourche inversée et l’amortisseur ont été spécialement fabriqués par Olhins selon nos critères. Le freinage est signé Brembo : de l’éprouvé que l’on retrouve sur beaucoup de machines. Pour le moteur, par contre, un énorme travail en profondeur a été effectué : la cylindrée grimpe à 1300 cc par augmentation de l’alésage (pour lui permettre de prendre plus de tours), l’injection est inchangée mais réinitialisée pour s’accorder aux nouvelles spécificités mécaniques. Les arbres à cames ont des degrés d’ouverture plus importants et la boîte se contente de quatre rapports.
Vous avez bien-sûr constaté la transmission par chaîne ? : une obligation vu la puissance, mais surtout l’énorme couple développés. De plus, pour une moto destinée au marché européen, c’est plus dans l’état d’esprit.
Le bras arrière est constitué de tubes mécano-soudés : plus léger et moins onéreux, pour nous, à produire.
Voilà dans les grandes lignes la définition du projet, lequel roule parfaitement en développant la bagatelle de cent trente chevaux à cinq mille tours pour un couple maxi de quatorze mètres / kilos à quatre mille tours. Ce dernier en développe déjà onze à deux mille…
Par contre, même si le régime de puissance maxi n’est pas très élevé, son allonge se poursuit sans faiblir jusqu’à sept mille sans perdre plus de dix pour cent de sa cavalerie… »
Jean-Luc donne alors quelques ordres rapides et aussitôt deux employés attrapent la bête pour la sortir vers l’extérieur.
« On va procéder à deux, trois trucs avant de vous la confier, René. Grig’ ?, tu connais la maison ? : fais donc faire le tour du propriétaire à nos amis pendant ce temps. »
Grigou s’exécute et tous les trois s’en vont à la rencontre des employés sur les aires de montage : ces derniers, avertis de la venue du célèbre Superpapy, lâchent quelques instants leur besogne pour venir serrer la paluche à la vedette du moment. René n’aime pas trop ce genre de vedettariat, mais il est bien obligé d’en prendre son parti (c’est partout comme ça…) : il se plie d’assez bonne grâce à la demande et va même signer quelques autographes sur les blouses de travail, avec une préférence pour le personnel féminin sur lequel il accorde une attention particulière…
Au fait, en parlant d’ça : sache que les filles occupent un bon tiers de l’effectif et que certaines mériteraient d’avoir autre chose que des boulons à serrer entre les mains… : c’est en tout cas ce qu’a l’air de penser Maurice, lequel s’attarde particulièrement au stand de contrôle des roues (les motos sont sorties de caisse et contrôlées avant de partir en direction des diverses concessions dans les boîtes d’origines), plus particulièrement en s’intéressant à la personne chargée de cette mission…
Elle est blonde, le teint mat et les yeux noisettes. La trentaine tout au plus. Assez grande aussi et plutôt bien faite de sa petite personne (arrête de baver, c’est pas pour toi…).
La môme ne semble pas farouche : en tout cas elle se laisse approcher par un Maurice qui ressemble assez dans l’immédiat au loup du célèbre dessin animé !
« Dites-moi, jeune fille que je rêve, commence t’il, comment faites-vous pour dégager un tel charme avec ce geste si anodin consistant à serrer les boulons ?
Excusez ma brusquement de vous aborder ainsi, mais ça me laisse pantois…
Je me présente : Maurice, le frère du célèbre animal que vous voyez là-bas.
Serait-il indiscret de vous demander votre prénom ? »
La fille en question semble amusée (toujours les faire rire pour les aborder : retiens bien ça ) :
« Vous perdez pas d’temps, vous ?, rigole la demoiselle, tant mieux, j’aime les hommes mûrs et décidés. Je me prénomme Sophie, je vis seule, j’ai trente trois ans et roule sur un Sportster 1200.
Je précise ça tout de suite pour éviter les paroles inutiles.
Mon service se termine dans une heure : si ça vous dit de vous traîner derrière un bicylindre… »
« Pourquoi pas ?, tu sais ?, on peut se dire « tu » maintenant que nous sommes intimes, avant ma 1300, j’avais une YAPAPA VIRAGRO : hé bien, ça me rappellera le bruit de mon gros bi qui m’a fidèlement drivé pendant des années.
J’dois t’dire que j’suis un sentimental à ma manière, et voilà bien le genre de proposition que je ne puis refuser…
A tout à l’heure, charmante Sophie ! »
Maurice rejoint alors le petit groupe qui n’a rien perdu du manège…
C’est René qui attaque :
« Maurice…, à ton age…, est-ce bien raisonnable ? », dit-il avec un air faussement réprobateur.
« C’est comme les trains : y’en a toujours un pour cacher l’autre, enchaîne Grigou en se marrant, décidément chez les Gedeufoitrentans, y’a du tempérament… »
Jean-Luc refait soudain son apparition :
« René ?, la moto vous attend : elle chauffe à l’extérieur.
Vous roulez tant que vous voulez, mais faites attention : c’est un exemplaire unique…
Ha oui, aussi : évitez de trop traîner en ville car on ne sait jamais qui risque de vous aborder, le projet étant encore secret… »
René enfile son casque et ses gants pour se diriger vers la Harley qui poum-poum sur sa latérale dans une sonorité feutrée mais grave : il fait le tour du proprio, teste les commandes, la détaille encore un instant puis grimpe en selle. Les mécanos lui expliquent deux, trois détails avant de partir : il leur fait «OK » de la main, passe la première dont la boîte fait entendre un « Klong » typiquement Harley, puis décolle doucement pour disparaître au coin de la rue.
Jean-luc se ronge les ongles d’anxiété…
Quelques minutes plus tard, René est de retour : le boss se précipite vers lui, Pépère lui glisse un truc à l’oreille à travers le casque et aussitôt, sur ordre du patron, deux mécanos se penchent sur la fourche, puis sur l’amortisseur arrière, guidés par le Respectable.
L’ancien semble satisfait et repart de nouveau.
Cette fois, il ne reparaît que trois quarts d’heure plus tard, visiblement content de son essai, béquille la moto face au groupe qui l’attend avec impatience, coupe le contact et retire son casque.
Avant de prendre la parole, René observe quelques instants la Harley, comme cherchant ses mots, puis se retourne vers Jean-Luc et dit :
« Je suis bluffé : elle fonctionne drôlement bien cette moto…
Le moteur est fantastique : plein partout avec une allonge terrible. Y m’fait penser à mon 1300 question patate à l’accélération : j’peux pas dire mieux…
La boîte quatre surprend au début, et la course du sélecteur est assez longue, mais on s’y fait.
Néanmoins, c’t’un point à revoir quand-même.
Elle est lourde mais bien équilibrée : on la balance avec franchise et elle se place d’un bloc sur la traj’, mais faut pas hésiter sinon elle t’embarque.
Les suspensions sont géniales dans le sens ou elles absorbent toutes les irrégularités, mais avec une qualité d’amortissement bluffante : du tout bon !
La position de conduite me semble bonne avec une triangulation comme j’aime : tout sur l’avant, avec un petit cintre entre les mains et les jambes pas trop pliées qui enserrent un réservoir très fin. Encore une fois, c’est bien.
La garde au sol, par contre, est franchement limite : faudra revoir ça très vite car y’a moyen d’aller fort avec une moto comme ça, malgré son poids.
Bref : bien joué Jean-Luc, vous pouvez la montrer à la presse après avoir corrigé ces quelques points : en tout cas, c’est mon avis… »
L’importateur est aux anges des déclarations de René : il le remercie chaleureusement d’avoir apporté sa pierre à l’édifice qui risque de marquer un tournant dans l’histoire de la marque américaine… grâce à la France !
Jean-Luc les invite alors à venir prendre un verre à son bureau, situé à l’étage, quand un VADABROUM !, VADABROUM ! se fait entendre : un Sportster noir est là, à quelques mètres, chevauché par une créature à l’allure féminine tout de noir vêtue elle aussi, casque compris, qui semble attendre en regardant dans leur direction…
Seule une longue chevelure blonde apporte une touche de couleur à l’ensemble, lequel dégage un érotisme torride (le fameux mythe de la fille sur sa moto…).
Maurice enfile rapidement son casque, serre la louche en s’excusant de devoir partir si rapidement, et s’en va rejoindre sa moto, puis la fille en Harley : le duo disparaît très vite sous l’œil amusé des trois autres, lesquels se regardent en souriant, puis montent à l’étage pour trinquer à la santé de notre passion commune…
Tu sais qu’le Maurice est pas rentré d’la nuit ?, ben maintenant t’es au courant…
J’suis sûr que tu t’demandais si l’Ancien allait tenir la distance comme le fait son célèbre frangin ou alors revenir rapidement la queue entre les pattes (et je t’interdis de répondre qu’elle est TOUJOURS entre les pattes…) : faut pas oublier qu’étant jumeau avec Pépère, les gènes familiaux sont bien présent…
C’est donc un Gatouillable exténué, certes, mais visiblement content de lui qui regagne le bercail au p’tit matin : ses traits portent les stigmates d’un dur labeur accompli à travers un sourire béat et ce regard un peu vague de celui qui n’est totalement revenu à la réalité de la vie.
René l’attend, curieux et amusé à la fois : lui, ça baigne, comme d’hab’. Il observe Maurice sans dire un mot, comme cherchant à l’analyser, lequel se dandine comme un gosse qui vient de réussir (j’ai pas dis : tiré…) un coup. Au bout d’un moment, Superpapy prend la parole :
« C’est seulement maintenant qu’tu rentres, vieux chnoc ?, tu t’verrais dans une glace : on dirait qu’t’as pris dix ans d’plus…
Vas-y, raconte ! »
« Bon Dieu, René !, c’t’un volcan la Sophie : elle m’a pas laissé une minute de répit et j’peux t’dire qu’elle possède un sacré répertoire…
M’a tout fait et j’ai même pas pu prendre la moindre initiative :
On est à peine arrivé à son appart’ qu’elle passait déjà à l’offensive en me roulant l’patin du siècle tout en vérifiant si l’Pollux était opérationnel : moi, tu m’connais, faut pas m’bousculer, mais là, j’étais inspiré et l’animal commençait à r’dresser la tête.
La môme a vérifié la marchandise à la manière du percepteur épluchant ta feuille d’impôt, poussant ses investigations jusqu'à goûter pour être sûre de la date de validité de l’étendard qu’était maintenant au zénith : une prévoyante dénotant un savoir faire qui m’a un peu foutu les j’tons quand à la suite de évènements…
Mais j’me suis pas déboulonné : elle m’a entraîné dans la salle de bain, s’est déssapée – tu sais qu’elles sont choucardes à c’t’age là ? : rien à j’ter et prêtes à l’emploi – et j’en ai fait autant en m’efforçant de maîtriser cette petite appréhension d’être à la hauteur d’une gamine qu’en a visiblement vu d’autres.
On s’est glissé sous la douche et j’ai commencé une reconnaissance du terrain par la face nord, tranquillos, pour pas ouvrir l’calorstat trop vite : elle a répondu très vite en commençant à onduler, a levé la jambe qu’elle a serré contre ma cuisse puis, d’un mouvement souple a rejeté la tête en arrière, ce qui m’a permis une descente en vue de l’exploration du mont Vénus.
Là, elle a passé la s’conde en empoignant l’manche avec vivacité – mais en douceur quand même, hein – pour qu’on entame la marche cosaque : d’abord au pas, histoire de régler la cadence, puis en p’tite foulée pour pas s’endormir sur un faux rythme.
Là, j’te cause du hors-d’œuvre, car sitôt sortis de la cabine de douche et séchés partiellement, elle m’a agrippé avec autorité pour me plaquer au paddock, est venue s’empaler au mat d’cocagne en r’dressant le torse à la verticale, un peu à la manière d’un cobra face au joueur de flûte : là, Sophie a commencé à onduler comme l’animal dont j’te cause, lentement, très lentement, en m’rappelant à l’ordre dès qu’j’tentais d’mettre un peu d’gaz…
Ben, j’va t’dire : avec cette méthode, on peut jouer les prolongations sans risquer le hors-jeu !
On a besogné un bon quart d’heure comme ça, à la langoureuse, avec juste deux, trois accélérations à son initiative pour vérifier la montée en température.
Ensuite, sans prévenir, elle s’est laissé tomber sur ma pomme en vissant la poignée : t’aurais vu l’accélération !!! , pire qu’la V6 !!!!!
J’ai failli êt’ désarçonné tellement elle a mis gaz : obligé de viser au loin pour pas risquer l’bac à sable, et j’sentais bien qu’elle me guettait au tournant…
J’ai serré les dents : surtout pas lui donner l’impression d’avoir remporté la partie aussi facilement !
C’est elle qu’a relâché les boisseaux et on a fait une pause, histoire de ménager la mécanique : à son regard, j’ai compris qu’j’avais gagné la première partie…
Ensuite, on a r’pris les affaires d’une façon classique, après vérification réciproque du matériel (ce qui permet une transition en douceur)
Les choses sérieuses ont débuté par l’assaut de la face sud au piolet : elle connaît la technique par cœur, ce qui m’a obligé à penser à autre chose pour pas vidanger trop vite.
Heureusement qu’on est passé rapidement à la culbute de l’empereur : j’ai ainsi pu revenir à un rythme plus en phase de calmer le voyant d’chauffe qui commençait à clignoter.
Toujours elle qui réglait la cadence : m’a pas laissé une seule fois driver !
Voyant qu’je suivais toujours, elle a poursuivi par la traversée du tunnel, mais façon T.G.V. et j’me suis vite retrouvé au taquet : là, le décrochage était inévitable mais, heureusement pour moi, c’est elle qu’a déraillé en premier…, mais on s’est r’trouvé dos à dos avec la balle au centre !
Comblée, sans aucun doute, mais vexée la minette…
Après une pause pour refroidir, on a r’piqué au plat d’résistance trois fois d’suite, puis on s’est fini à la douche, pour le dessert : j’pensais pas pouvoir tenir autant mais, visiblement, dans c’domaine là aussi, c’est l’expérience qui prime.
On a prévu d’se revoir souvent la Sophie et moi, histoire de peaufiner la technique… »
René regarde son frère, un peu étonné :
« T’as VRAIMENT fait tout ça ?… », l’interroge t’il, quelque peu sceptique…
« Ouais !, plus deux ou trois trucs sans importance, lui rétorque Maurice avec l’air du gars qui fait mine de jouer les étonnés face à une telle remarque, mais j’ai pas grand mérite vu la qualité d’la cavalière… »
Il se regardent un instant avec complicité puis éclatent de rire en s’tapant dans les pognes.
« Au fait, reprend René, j’ai r’çu un appel de Grigou : y’m’demande si j’veux l’accompagner à Jerez car la presse est conviée à essayer la meule du p’tit gars qu’a l’numéro 46…
Christian SARRON, au courant d’l’affaire, s’est débrouillé pour appeler l’Japon et leur demander l’autorisation qu’je participe aussi : y z’ont mijoté ça à deux car ils veulent savoir c’qu’un gars comme moi ferait sur une bécane d’usine…
Les jaunes, d’abord réticents, se sont laissé persuader puis séduire par l’idée : c’est même eux qui ont insisté pour qu’ils réussissent à m’décider…, et j’ai dit oui ! »
« Heiiiiiiin ???, on t’a proposé d’essayer la moto d’usine de Rossi ????????????? : c’est pas possible un truc comme ça !!!!!!!!!!!!!!!!!!. Et ON part quand ???… »
« ON part demain, car bien-sûr, t’es d’la partie… »
Jerez de la Frontera : l’Espagne…, l’esprit latin…, les filles…, et quand en plus on a la possibilité de grimper sur la championne du monde en catégorie reine pour effectuer quelques tours sur un circuit prestigieux, t’avoueras qu’y a pire comme trip…
Pour l’instant les deux frangins et l’Grigou traversent la France, confortablement installés dans le jumbo jet les drivant vers le pays des castagnettes et du batifolage sans préliminaires.
Un bonheur ne venant jamais seul, ils ont quitté la capitale sous la grisaille mais le commandant de bord leur a assuré un franc soleil à l’arrivée, ainsi qu’une température printanière.
Y’a l’Maurice qui semble déconnecté dans l’immédiat : L’Ancien accuse encore le coup de l’avant veille et ronfle comme un V8 CHEVROLET mal réglé. D’ailleurs, Pépère a passé la journée d’hier dans son fauteuil à contempler les mouches volant au plafond (rigole pas trop : la Sophie c’est pas du mou d’veau et j’suis sûr que toi, t’aurais coupé au bout de deux tours alors que le Respectable a effectué la course en intégralité…).
René et Grigou discutent de l’essai prévu : ce dernier est excité comme un gosse qui va déballer ses cadeaux de noël à l’idée de grimper sur la 46 !
Quand le télex est arrivé à la rédaction du journal, tous les essayeurs ont alors guetté du coin de l’œil le Big-Chef en attente de sa décision quand à l’heureux veinard qui serait envoyé sur cette mission. Grigou est jeune dans la boîte, mais aussi le nouveau responsable des essais donc, c’est sans réelle surprise qu’il a été désigné pour donner son avis sur la moto du Doctor.
René, comme à son habitude, prend la chose plutôt avec désinvolture, et ses préoccupations sont tournées vers les détails d’intendance du genre : y’aura t’il du vin et des filles en nombre suffisant car voilà le genre de truc apte à le mettre en appétit ?…
Néanmoins, le challenge d’effectuer quelques tours sur la Yam d’usine ne le laisse pas totalement indifférent et tous deux abordent le sujet en détaillant les caractéristiques de la bête : cent quarante cinq kilos pour près de deux cent cinquante chevaux, voilà des chiffres qui annoncent la couleur…, ainsi que le fait qu’il s’agit d’un proto qu’il est interdit de mettre par terre…, mais aussi le système de vitesse inversé avec lequel il est facile de se gourer d’rapport (j’te laisse imaginer c’que ça peut donner si on en rentre une par erreur sur l’angle avec une telle cavalerie…). Bref, outre l’excitation de grimper sur une meule d’exception, voilà des arguments aptes à refroidir les plus téméraires…
Pour le Respectable, ça ne semble pas trop l’intimider, mais le Grigou, à mesure que l’avion se rapproche de son point de destination, il est de plus en plus mal à l’aise…
René tente de le rassurer en lui désignant l’hôtesse qui passe à leur niveau. Cette dernière, belle plante élancée aux critères la plaçant dans la catégorie « brune-incendiaire-qu’a-pas-froid-aux-z’yeux-pour-pas-dire-autre-part », depuis un moment passe et repasse devant le journaleux avec insistance :
« Bon, fait remarquer Pépère, c’est pas l’tout d’parler bécane, mais y’a une belette en approche qui ne sait visiblement pas comment faire pour te placer un freinage : rend la main et laisse la v’nir, j’suis sûr qu’elle et toi avez des trucs à vous dire…, voir à faire si tu t’débrouilles comme y faut… »
Le Grigou semble embarrassé :
« Ouais, elle est pas mal en effet, mais je dois avouer que pour faire connaissance avec les filles, j’ai pas ton don d’improvisation… »
René prend un air faussement dégagé :
« Ha bin, si y’a qu’ça : j’va t’arranger les choses tout d’suite…
Mademoiseeeeelle ???, venez par ici : j’ai une requête à vous soumettre… »
La fille s’avance rapidement, un peu surprise, et le Respectable lui glisse alors deux, trois mots à l’oreille : elle semble d’abord offusquée, puis rapidement un sourire éclaire son merveilleux visage, ensuite la voilà qui attrape un Grigou stupéfait par la main pour l’emmener vers l’arrière de l’appareil, sous le regard complice de René…
C’est l’instant que choisit Maurice pour sortir de bras de Morphée :
« Mmmmm !, fait le Gatouillable en s’étirant, bon sang !, quel rêve !!! : la Sophie et moi on était dans l’désert sur un tapis volant qu’avait une poignée de d’gaz qu’j’tournais pendant qu’j’l’enfilais à la langoureuse… »
« Ouais ben…, réveille-toi : pour l’instant, ton tapis volant c’est un 747, on va pas dans l’désert mais en Espagne, et ta Sophie elle est pas là…
De plus, t’as pas arrêté d’ronfler pendant qu’on causait l’Grigou et moi… », lui répond René d’un air amusé.
Maurice active alors sa boîte à pensarde :
« Ha oui !, c’est vrai…, dit-il en soupirant, mais au fait, en parlant de not’journaleux : il est ou ??? »
René lui explique le coup de l’hôtesse : l’Ancien ouvre d’abord des yeux ronds puis se met franchement à rire :
« Et tu lui as vraiment raconté qu’t’étais toubib ? », demande t’il en s’étranglant.
« Ben, l’principal, c’est l’résultat… », rétorque Superpapy, l’air pas mécontent de lui.
Que j’t’explique car je sens que là, tu pédales dans la s’moule : René a expliqué à Marie (c’est son p’tit nom, mais j’t’ai rien dit…) qu’il appartenait au corps médical et accompagnait son patient à un centre unique au monde basé en Espagne axé sur ce cas bien particulier. Son malade, Grigou en l’occurrence, souffre en effet d’une maladie très rare nommée Erectus Gigantissime, dont les symptômes sont un développement surdimensionné de l’appareil génital en cas de proximité féminine insistante. Là, l’hôtesse pouvait pas savoir, mais l’intérêt qu’elle a suscité en passant et repassant devant lui a déclenché une crise pouvant provoquer une explosion du service trois pièces si on agit pas rapidement…
Un seul remède connu à ce jour : la *********…
Bien entendu le docteur René a été gêné de demander une telle chose à Marie, néanmoins indirectement responsable de la crise, mais bon, après tout elle est là pour veiller au bien-être des voyageurs et, de plus, c’est purement médical, alors…
Une demi-heure plus tard, voilà le Grigou qui refait son apparition, visiblement satisfait, accompagné de la belle qui s’adresse directement au « toubib » :
« C’est fait docteur, mais la crise était moins importante que prévue…
Vous n’êtes pas atteint de la même pathologie j’espère ?, sinon, maintenant que je sais comment administrer le traitement… »
Le « docteur » réfléchit un instant et dit :
« Maintenant que vous l’dites, on sait jamais avec une telle maladie…
Et puisque vous insistez, mais par précaution alors, pour pas risquer une épidémie… »
Pépère se lève alors pour suivre la demoiselle en « salle de traitement »
« Madame, s’exclame Maurice, gardez donc une autre dose du médicament car, voyageant à côté du malade, j’me sens pas trop bien d’un seul coup ! »
Disant ça, il se masse l’entre-jambe en prenant un air inquiet…
Bon, j’te laisse imaginer qu’avec une telle ambiance, le voyage ne parut pas bien long à nos trois énergumènes…
A l’arrivée, une voiture avec chauffeur les attend pour les driver façon V.I.P. à l’hôtel avec piscine qui leur est réservé (l’essai est prévu le lendemain très tôt dans la matinée et la firme aux trois diapasons a décidé de soigner la presse :quartier libre aujourd’hui et, pour les intéressés, une visite guidée des entreprises ayant trait avec la moto en bordure du circuit).
Malheureusement, Valentino, qui doit être présent, ne sera là que deux heures au moment ou les journalistes prendront la piste, star-system oblige…
Grigou a donc décidé de la jouer farniente et piscine au frais de la princesse : barbotage et étude de la faune féminine au programme !
J’vais pas t’raconter c’qui c’est encore passé, car tu vas finir par penser que ça dérive grave et qu’à la base on doit causer moto, mais le truc de l’avion, par rapport aux stratagèmes et ses résultantes à l’hôtel, c’est que dalle à côté, par exemple…, mais non !, j’te dis rien et on va zapper direct sur le circuit Catalan pour causer bécane !
...
Jerez : la piste mythique, lieu du déroulement du deuxième GP de la saison 04 qui a vu la victoire de celui qui se bat contre lui-même, j’ai nommé Sete (quatre plus trois) Gibernau : il est fort car, en plus de se battre personnellement, il a aussi battu les autres ce jour là…, même Valentino qui a terminé quatrième (en ayant quand même signé la pole en 1’40'818…)
Y’a du monde à l’entrée du circuit : forcément, c’est la presse européenne dans son intégralité qui est conviée à cet essai hors-norme et faut croire que des canards sur la moto, y’en a un paquet vu le nombre de véhicules ayant envahi les parkings (et après on s’étonne de la déforestation mais, quand je pense que notre passion est censée représenter une goutte d’eau dans le tentaculaire monde de la presse, j’imagine la conversion en arbres d’un seul tirage de l’ensemble des baveux présents ici et j’avoue que ça me fout un peu les boules, pas toi ? : c’est vrai qu’à part lire mes conn..ries, tu penses pas à grand chose !)
Grigou serre quelques louches à l’entrée en matant la faune féminine présente (la médication du docteur René semble lui avoir été bénéfique de ce côté là…), imité par le duo Gatouillable qui n’est pas en reste en ce domaine, et tous trois, dûment munis des précieux sésames réservés aux invités, pénètrent dans ce paradis des sports mécaniques ou les attendent les attachés de presse de la firme aux trois diapasons dont le staff technique est déjà à pied d’œuvre sur les motos.
Un appel en anglais invitent tous les participants à se rendre en salle de presse pour la présentation du team et le déroulement des séances d’essais. Sont présents : Davide Brivio, le team-manager, Jérémy Burgess, le responsable technique et ami de Vale, Bernard Ancio, le mécano attitré, quelques hauts responsables japonais et …Valentino en personne !!!
Blablabla…, on cause du team, de la moto, du pilote, bien-sûr du titre, mais rien d’inédit et tous attendent les directives pour la suite, ce pour quoi ils sont présents : essayer la 46 !
Un ordre est déterminé, suivant l’importance du pays et du journal : chaque pilote va effectuer cinq tours sur une R1 préparée, pour la mise en jambe, puis cinq sur la M1, pas un de plus ni un de moins…
Grigou passe en milieu de peloton et René… bon dernier, car il est l’invité de dernière minute (faut voir la tronche étonnée et pas trop rassurée des jaunes à la vue de ce vieux bonhomme en cuir qui va chevaucher leur championne du monde en titre, un fleuron technologique au prix inestimable, et la mine à la fois surprise et amusée des journalistes-essayeurs présents)
Valentino, présent et toujours avide de ce qui sort de l’ordinaire, se fend la poire de la présence du Respectable tout en répondant patiemment aux nombreuses questions posées par le parterre invité pour lequel a été organisé une conférence de presse organisée par son manager, pendant que la valse commence sur la piste.
Au bout d’un moment, ni tenant plus, le World Champ plaque l’assemblée à la surprise générale pour se diriger vers un René plus occupé à regarder les filles qu’à s’occuper de la raison de sa présence ici :
« Ma qué, commence le pilote italien en s’adressant à Pépère, zé vous connais pas, vous ?. Vous êtes trop vieux pour oune journaliste, ma zé cru comprendre qué la France envoyait oune phénomène âgé qu’est capable dé faire claquer oune chrono avec n’importe quelle moto.
Zé souis pressé dé voir ça et surtout la tête des nippons… », ajoute t’il en se fendant la poire.
Grigou, parlant couramment l’italien, se fait l’interprète de René et explique à Valentino les exploits du Respectable après les présentations.
Maurice, pendant ce temps, s’est éclipsé, attiré par quelques sirènes traînant dans les parages…
Pendant ce temps, sur la piste et dans les stands, un étrange ballet se déroule, orchestré entre les sorties et les rentrées des machines sous les ordres des commissaires de piste : pour l’instant les M1 sont encore dans les box dont les portes sont closes, mais les moteurs commencent à émettrent leurs vocalisent !
Vient le tour de Grigou, appelé par un attaché de presse (Valentino est reparti vaquer à ses occupations) : c’est en tremblant un peu qu’il se dirige vers les mécanos qui lui tendent la R1 qui lui est destinée.
Deux, trois recommandations, un ou deux réglages pour ajuster la position et c’est parti sous l’autorisation du commissaire de piste : la piste est un peu encombrée mais le trafic permet de s’infiltrer sans trop de problème.
Grigou part prudemment : ce n’est pas un pilote, loin de là, et le fait de se retrouver ainsi au milieu de confrères rompus à la piste n’est pas pour le rassurer. Néanmoins, au fil des tours la R1 sonne de plus en plus clairement, mais cinq passage, c’est court pour se mettre dans le bain et il conclut sa dernière boucle en 2’35, épuisé par la concentration nécessaire pour étudier la piste et sans trop savoir que penser de son niveau après avoir constaté une nette différence en sa défaveur entre lui et certains essayeurs…
« Pas trop mal, dit René à son retour, mais tu t’mets la pression tout seul en r’gardant les autres : c’est pas sur eux que tu dois t’concentrer, mais sur toi seul et la piste.
C’est pas une course et t’en as rien à faire de péter une pendule : faut simplement que tu penses à t’relâcher pour piloter proprement et là, tu vas gagner facile quelques secondes car, question pilotage, t’es pas plus mal que les autres ! »
« Ouais…, répond Grigou, gagner quelques secondes…, j’veux bien mais les cinq prochains tours, c’est sur la M1…
Tu l’entends ce monstre dans l’box ?. Et t’as vu à la télé la façon dont elle accélère ???. Cinq tours, c’est court pour apprendre une telle piste : Carole, à côté, c’t’un tourniquet et j’ai la trouille dans les grandes courbes… »
« T’en fait pas comme ça : ça va aller… », tente de le rassurer René en souriant…
Maurice, pendant ce temps, est toujours aux abonnés absents…
Arrive bientôt la fin de la série et… le tour du Respectable de prendre la piste : les curieux se pressent sur le bord de piste - en attente de la curiosité car dans cet univers les nouvelles circulent très vite… - tandis qu’un mécano tend une machine bleue à René. Pépère s’installe, fait la moue puis demande quelques modifications des commandes, de la fourche et de l’amortisseur : il lève alors le pouce, donne un coup de démarreur et attend les ordres pour s’élancer…
Go !, fait le commissaire de piste avec son drapeau tandis que peu à peu la piste se vide avec la rentrée des derniers essayeurs. René part lentement et boucle son premier tour en 2’20, sous l’œil amusé des curieux, lesquels se grattent la tête au second passage effectué en 2’10, puis commencent à se poser des questions sur ce vieux qui vient de terminer le troisième en 2’ tout rond…
Valentino, quelque part en retrait, observe le spectacle sans en perdre une miette…
Le quatrième tour voit la pendule afficher un bon 1’59 qui restera le temps affiché au cinquième : DIX NEUF SECONDES DE DIFFERENCE AVEC ROSSI, lequel était sur sa moto d’usine et en pneus qualif’ !!!
Là, les spécialistes présents se frottent les yeux et se pincent en se demandant s’ils ne sont pas en train de rêver… : les meilleurs, et pas des manches, ont tourné en 2’15…
La vedette n’est soudain plus Valentino mais un René rentrant au stand, tranquille comme quelqu’un qui vient d’acheter son pain chez l‘épicier du coin !
Vale se tord en deux devant les tronches par terre qu’affichent les jaunes en secouant les chronos : au japon le leitmotiv, c’est la normalité, et là ils viennent de rencontrer E.T. …
Burgess lui-même, lequel en a pourtant vu d’autres, se gratte lui aussi la tête, songeur…
Le champion du monde vient alors féliciter René, lequel descend tout juste de sa moto :
« Toi alors !, dit-il en le tutoyant (par respect sans doute…), on peut dire qué tou sais aller vite sur oune moto… », le complimente t’il, hilare, en lui tapant sur l’épaule.
« Ben…, merci mon p’tit gars, répond René très simplement, mais toi, t’es pas mal aussi dans ton genre d’après c’que j’ai vu à la téloche… », ceci dit en zyeutant la croupe d’une demoiselle, pas très loin, qui semble lui faire le coup du « viens voir par ici » en ondulant de la partie basse de sa très charmante petite personne…
Changera pas l’Ancien : il vient encore de se faire remarquer en médusant l’assemblée par son immense talent à tourner la poignée, et le voilà encore en chasse à la d’moiselle !!!
Bien entendu, comme son frère, il s’éclipse bientôt en bonne compagnie, plantant là les plumitifs qui se demandent ce qu’ils vont pouvoir bien écrire de tout ça…
Pour un peu, on en oublierait presque les M1 qui viennent de sortir des stands !
C’est Grigou, à peine remit de ses émotions, qui doit se charger de répondre aux questions dont il est bombardé au sujet du Vieux…
Une demi-heure plus tard, voilà Maurice qui refait une apparition auprès de son pote journaleux, la mine quelque peu défaite :
« Vache !, quel tempérament les filles du coin… !, dit-il simplement en s’adressant à Grigou, et René, il est ou ?, il a roulé ? »
« Ben…, ton frère a fait comme d’habitude : il est v’nu, il a vu, et il les mit su’l’c..l . Tiens, en parlant d’postérieur : à ton avis, il fait quoi… ? », répond Grigou d’un air mi amusé / mi blasé…
« C’t’un grand gosse… », soupire Maurice
Pendant ce temps sur la piste, les quatre M1 dépêchées par le japon sont aux mains des journaleux, et je peux te dire que là, c’est plus la même musique que précédemment : si malgré le fait que tu sois une tanche complète au niveau pilotage , tu as eu un jour l’honneur (je parle pour toi, pas pour la machine bien évidemment …) de poser ton ignoble postérieur sur cette superbe moto qu’est la R1, tu conviendras que c’est pas du mou d’veau et qu’enquiller REELLEMENT avec cette brèle n’est pas à la portée du premier venu, et bien, à côté de la M1, la R1 pourrait presque être comparée à l’ex-Viragro de Maurice…, j’te laisse imaginer…
Bref, les baveux n’en mènent pas large : bien-sûr, ils font illusion dans la ligne droite en poussant un peu le monstre de deux cent cinquante chevaux, lequel hurle en déboulant comme une fusée, mais au freinage et dans les courbes, font moins les fiers les écrivaillons…
Faut quand-même imaginer que ce truc ne pèse QUE cent quarante cinq kilos, soit le poids d’une 125, mais que la moindre rotation du poignet droit propulse dans la quatrième dimension en laissant de larges virgules sur l’asphalte : un truc à faire peur tellement elle cabre et accélère en collant au fond des orbites les yeux de l’imprudent un poil téméraire, leurré par l’apparente docilité du quatre cylindres à bas régimes !
C’est Rossi qui se marre en voyant la tête des journaleux rentrant au stand après les cinq tours du manège infernal : on peut lire dans leur regard, soit de la crainte, soit du respect ou de l’incompréhension, voir un peu de tout ça mélangé…, avec, par dessus tout, le bonheur d’avoir roulé sur la moto de vitesse la plus efficace au monde…
Par contre, pour les chronos, la plupart ont roulé moins vite avec la M1 qu’avec la R1 : n’est pas Valentino qui veut !
Grigou, voyant la tronche de ses confrères au retour, est de plus en plus fébrile, commençant même à trembler furieusement à mesure que l’instant fatidique approche. Maurice tente de la rassurer par tous les moyens, mais le plumitif a les canes qui flanchent…
C’est à cet instant que réapparait un René radieux, pas trop éprouvé par l’effort qu’il vient de fournir auprès de la superbe créature qui s’éloigne maintenant en le couvant du regard :
« Nom de Dieu…, blasphème le Respectable en rejoignant ses deux compères, elles ont l’sang chaud dans c’pays : c’est sans doute à cause du soleil dont les rayons boostent la libido…
Moi, en été, j’ai d’l’energie à r’vendre et j’suis capab’ de tringler pendant deux plombes, alors, dans un endroit ou il fait toujours beau…
Pas feignante la môme…, et même que c’est elle qu’a drivé pendant tout l’trajet, à tel point qu’j’en ai l’mat d’cocagne en marmelade…
Mais Dieu, qu’c’était bon ! », soupire cet être de félicité…
Voyant la mine de Grigou, il reprend : « Hé bien mon vieux, qu’est-ce que t’as ???, on dirait qu’tu vas avaler ton bulletin d’naissance… »
Le Grigou en question a bien du mal à s’exprimer, et c’est Maurice qui explique à son frère le pourquoi.
« Ha ?, c’est seulement ça…, soupire Pépère en hochant la tête, t’en fais donc pas comme ça : c’est qu’une bécane qu’a deux roues, un cadre, un moteur et une paire de bracelets, comme n’importe quelle autre bécane…
Bon, c’est vrai qu’elle semble accélérer un poil plus fort, mais dans c’cas, on tourne moins la poignée : c’est aussi simple que ça !
Et pis dis donc, t’es l’responsable des essais d’ton canard y’m’semble, non ? : alors tu vas t’reprendre et rouler comme tu l’fais d’habitude, c’est à dire en t’concentrant sur tes impressions pour sortir un papier à la hauteur… »
René, en disant ça, profite pour lui coller une claque dans le dos en réconfort. C’est à ce moment que choisit l’attaché de presse pour dire à Grigou en s’approchant :
« Monsieur Ze Kick, c’est à vous… »
« Gloups ! » fait le journaleux en suivant le gars en chemise bleue, imité par le duo.
La moto est sur sa béquille de stand, les couvertures chauffantes sur les pneus. Deux ingénieurs terminent de collecter les infos du dernier roulage à l’aide de terminaux embarqués reliés à la machine, pendant que les mécanos peaufinent une ultime vérification. La M1 est dans la configuration course du dernier GP disputé à Valence, et même si les deux pistes sont différentes (Valence étant un véritable tourniquet), les conditions atmosphériques sont assez similaires. Un jaune parlant anglais, vient alors expliquer le mode d’emploi à Grigou tandis que dernier grimpe tel un automate sur la championne du monde. Les mécanos actionnent alors le démarreur technique plaqué contre la roue arrière, ce qui pour effet de déclencher le tonnerre tellement le vacarme émanent du mégaphone devient assourdissant par le biais des quelques coups de gaz donnés pour la faire monter en température (quoiqu’elle a pas eu trop l’temps de refroidir…). La machine est ensuite débéquillée tandis que Grigou prend ses marques aux commandes, concentré au possible. Le commissaire de piste lui donne alors l’autorisation de sortir de la voie des stands, ce que le journaleux fait avec une extrême prudence…
Les premiers tours sont abordés avec méfiance, mais dans le cinquième et dernier, Grigou vient de réaliser un bon 2’25 : dix secondes de mieux qu’avec la R1 !
C’est tout fier, mais complètement épuisé, qu’il rentre au stand et tend la moto aux mécanos pour enlever très vite son casque et s’adresser à René, lequel attend son ami avec le japonais resté à ses côtés (lequel doit noter les impressions du plumitifs) :
« INCROYABLE !!!… , balbutie Grigou, elle est plus douce à bas régimes que la R1, et bien plus précise et légère aussi : on se sent tout de suite chez soi avec une position pas trop extrème. Par contre, dès que l’on atteint les mi-régimes, ça commence à drôlement défiler et les bras s’allongent. On insiste et elle se met à pousser de plus en plus fort en prenant ses tours férocement sans couper : j’ai jamais vu un truc aussi sauvage et on a toutes les peines du monde à garder la roue avant au sol !
Le freinage est aussi impressionnant : un doigt en bout de ligne droite, et on a l’impression de rentrer dans un mur tellement c’est puissant. Et pourtant, j’ai pas osé tirer à fond sur le levier de peur de passer par dessus…
Les vitesses inversées et le shifter surprennent un peu au début, mais on s’y fait rapidement.
Oui !, quelle machine !!!, et j’avoue que cinq tours c’est bien peu, même si j’ai les bras et jambes en marmelade… »
Le japonais lui pose alors quelques questions et notes sur un carnet les réponses avec l’air impassible d’un… japonais, mais on sent une certaine lueur de fierté au fond de ses yeux sombre !
Quelques journaleux plus tard, voici venu le tour du Respectable de faire connaissance avec la M1…
Là, les curieux se pressent au vu de la démonstration précédente, et même Rossi en personne vient poster à côté de l’Ancien pour lui donner quelques conseils, aidé par un traducteur. René, comme à son habitude, est parfaitement détendu : juché sur la moto, il réclame une umbrella girl car, dit-il, le soleil tape fort à travers son casque…
Rossi, aussitôt la traduction faite, éclate de rire en tapant amicalement Pépère dans le dos.
Soudain, le commissaire de piste agite son drapeau et René s’élance !
On sent le Respectable prudent : il secoue la moto de gauche à droite pour en prendre la mesure et semble tester différentes positions tandis qu’il sort de la voie des stands sur un léger filet de gaz. Soudain, la M1 hurle en bondissant en avant : René commence déjà à visser !
Le premier tour est bouclé en 2’ tout rond : déjà l’assemblée se tait tandis que la moto bleue donne de la voix en crachant son impressionnante cavalerie dans la ligne droite. L’Ancien a le nez dans la bulle et au deuxième tour, le chrono descend en 1’57…, puis 1’55 au suivant : Valentino, du bord de la piste, encourage René à en remettre sous l’œil inquiet des japonais !
Le quatrième, Pépère est en 1’51 et termine son cinquième et dernier tour en 1’50 !!!
Dans la voie des stands c’est du délire et déjà tout le parterre présent se presse pour recueillir les impressions de l’extra-terrestre, Rossi en tête…
Dix secondes… : René a tourné à dix secondes de Valentino lors du dernier GP disputé ici, alors que ce dernier chassait la pôle en pneus qualif’ !!!
Superpapy, qui vient de rentrer, stoppe la moto près des mécanos : à peine descendu, Valentino se jette dans ses bras comme si l’Ancien venait de gagner une course. Burgess, un peu en retrait, n’arrête pas de secouer la tête et se frotter les yeux en compulsant le temps affiché. Les japonais en blouse, tout en s’empressant de brancher les ordinateurs pour les acquisitions de données, regardent René du coin de l’œil d’un air effaré, tandis que les journaleux se pressent autour du Respectable pour le bombarder de questions : jamais on vu un truc pareil dans le monde des GP, un peu comme si toi, tu t’mettais à passer tes six rapports sur la roue arrière alors que t’es même pas fichu de passer la troisième les roues au sol…
René s’adresse alors à Grigou qui s’est difficilement frayé un chemin pour rejoindre l’Ancien, tandis que Maurice, prudemment, est resté en retrait :
« Ouais, t’avais raison, explique t’il calmement à son ami, comme si de rien n’était, elle est facile cette brèle. J’avoue qu’elle pousse un peu plus que ma V6 et marche mieux que celle à Sarron. Dis, avec tes relations, tu pourrais essayer de m’en avoir une comme ça, pour qu’je puisse aller m’amuser à Carole avec… ?
Non, j’plaisante : ce truc n’est pour moi car j’arrive pas à l’exploiter du fait d’une position qui ne me convient pas…
J’suis certain que si on m’la laisse pour la faire régler comme j’ai l’habitude, j’descend les temps d’au moins cinq secondes !
Au fait, tu peux pas dire à tes collègues d’me lâcher la grappe pour qu’on aille au bar s’en jeter une bonne : moi, un coup d’radada et quelques tours en piste, ça m’donne soif…
Pendant qu’on y est, invite Valentino et l’jaune qu’a l’air constipé là-bas : c’est ma tournée ! »
La suite...
déchainé jean paul!!!! on l'arrête plus....va m'occuper ce soir de lire tout ca..j'ai du retard!!
Ouaaaaaaaaaaaais!!!¨
René Powa!!!!
Bon bin comme d'hab'... la s... et j'veux un verre à la tournée moi!!!
Bravo J-PAUL
Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!!!!!!!!!
que du plaisir.............
Toujours aussi bien
ouf tu m'as fait peur J_Paul à vouloir arrêter, je suis accro moi maintenant !
La suiiiiiiite !!!
Si tu veux quelques infos sur les Japs (comment ils réagissent, des petits jurons, des trucs comme ça quoi) n'hésite pas à me demander.
Je lis tout ca, maintenant je vais pouvoir reprendre tout depuis le début....... cool
Merci à tous !
Ce qui m'a surtout fait peur, c'était les réactions de l'ordinateur : un virus certainement, mais après bien de efforts, il est en partie opérationnel et je peux donc reprendre Word sans trop de problème...
Double mètre : c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd..., et sûr que je risque de faire appel à tes services un jour ou l'autre !
J-Paul : copie effectuée, pour le cas où...
Et relecture programmée pour demain...
Mais... tu peux commencer à travailler la suite !!! :)
cool
allez la suite !!!
"et l’jaune qu’a l’air constipé là-bas"
The suite please!
Thank's !
Pour la suite, j'ai besoin de me ressourcer un poil, histoire de recharger les batteries du secteur "inspiration" dans la boîte à pensarde : pouvez pas imaginer l'temps qu'ça r'présente pour mettre en place l'idée et l'fil conducteur quelques fois...
Il y a des moments, j'me met au clavier et ça vient tout seul, et d'autres, non... : c'est le cas aujourd'hui et pour cette raison, Fazie et moi on va rouler, et comme d'hab', c'est surement elle qui va me filer les idées...
J-Paul, j'ai fini de relire... envoi ce soir...
LA SUIIIIIIIIITEEEEEE !!! :) :) :)
lu 22 pages sur les 94 (!!!) et je dois avouer que je me marre bien !
Et puis maintenant je comprend mieux qui sont René et Maurice.. J'avais pas tout compris
Bon ben..., l'enthousiasme général fait plais' à lire : moi, mon trip c'est d'écrire ce genre d'histoires et, si en plus les lecteurs sont contents, que demander de plus ?...
Ha, oui..., la suite ? , heu..., je planche, je planche...
... je planche et, heuuuu..., je cale un pneu en c'moment : si quelqu'un a une p'tite idée pour la suite, ben... ch'suis preneur !!!
Hello J-PAUL.
Personnellement j'vois bien une gentille scène de bar, ou René discute technique avec le père Burgess, et ou l'on voit Grigou prendre pour modèle ses 2 compères et emballer la serveuse du bar...
Pour poursuivre, le lendemain, après le récit de Grigou à la sauce San Antonio... la venue d'un élément perturbateur qui ferait bondir René serait le bienvenu!
M'enfin oila... fais d'ça c'que tu veux.
A plus
Moi j'ai pas d'idées....( pourtant je suis pas blonde... )
Mais une "païlote" qui viendrait perturber les certitudes de nos "gatouillables" sur la piste (pour changer des alcoves...) ça pourrait être intéressant aussi...
N'empêche, je réclame LA SUITE !!!!!
OK, Ok..., je note : y'a du bon là-dedans ...
bon, jai fai un copier coller depuis le debut..jen suis a 88 pages!!!! en taille 10 dans word...ca va me faire de la lecture pour les soir qui viennent!!!!
Up ! : pour faire remonter le post... le temps que je termine l'épisode en cours car, bossant actuellement d'après midi (et rentrant très tard...), il ne me reste qu'un peu de temps libre le matin pour me mettre au clavier...
J-PAUL
***Mamy
08-02-05 21:51
Moi j'ai pas d'idées....( pourtant je suis pas blonde... ) AH BON!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais une "païlote" qui viendrait perturber les certitudes de nos "gatouillables" sur la piste (pour changer des alcoves...) ça pourrait être intéressant aussi...***
Pourquoi pas sur une Transalp
Je déco....soyons sérieux
Maurice... Rendors-toi...
bien vu Maurice........
Papy
Il sont sortis du circuit, ainsi que Burgess qui s’est joint au groupe, pour prendre la direction du premier rade à proximité, ce qui n’est pas difficile à trouver car dans c’pays, les rades c’est comme les belles filles : y’a que ça autour de toi…
C’est Grigou qui fait la traduction tandis que Jérémy présente le Constipé :
« Yapu Kavissé San, Responsable technique pour la partie mécanique et pilote d’essai. Son double rôle, unique dans un team de compétition, donne l’avantage de valider en live ses dernières trouvailles, ce qu’un ordinateur ne sera jamais capable de faire. Ne vous fiez pas à son age (71 ans), car il fut pilote de chasse pendant la guerre du Pacifique et compte parmi les as de la flotte avec quarante avions ennemis descendus, ce qui donne une idée des réflexes dont il disposait alors, et qu’il a cultivé par le biais de la course moto de retour dans la vie civile. Il a été trente fois champion du Japon dans toutes les catégories et très vite engagé par Yamaha qui l’a couvé en l’empêchant de courir hors du Japon, le jugeant plus utile au pays du soleil levant car il est aussi un ingénieur hors-pair à l’origine de pas mal de trouvailles qui ont fait de la marque ce qu’elle est aujourd’hui.
Il s’est alors dévoué à déployer ses nombreux talents au sein de la firme, refusant même les promotions internes pour conserver le privilège de concevoir et tester lui-même le fruit de son travail.
C’est incroyable ce qu’il est capable de trouver pour répondre à la demande de Valentino et on a vu le résultat cette saison…
De même qu’une fois en piste, c’est difficile d’imaginer que c’est un gars qu’on verrait plutôt en retraite, qui tourne la poignée de cette façon, un peu comme vous René…
Kavissé San m’a demandé de vous convaincre de nous faire l’honneur de votre présence lors d’une séance d’essai en privé : pour valider certaines de ses idées, certes, mais je le soupçonne aussi de vouloir se mesurer à vous sur la piste…
J’avoue, d’après ce que je viens de voir, que l’idée n’est pas pour me déplaire : si ça vous dit, la semaine prochaine nous sommes au Mans, chez vous en France…
Bien entendu, vous acceptez ? »
Il sont tous installés dans un petit rade espinguin jusque dans ces moindres détails : y’a l’patron, un peu bedonnant et moustachu qui essuie négligemment ses verres, une sono qui crache de la musique latine dans une ambiance tamisée par le peu de lumière régnant dans l’établissement, les clients habituels avec cette nonchalance des gens vivants au soleil leur donnant une impression de sérénité face à la vie que nous n’aurons jamais, nous les franchouillards de la partie nord, misérables fourmis qui courront sans cesse sans trop savoir pourquoi, uniquement pour faire comme les autres, histoire de pas paraître idiots… , y’a aussi la serveuse… : grande, brune, très brune avec un regard de braise, trente ans environ, la peau mate dans une robe longue ambrée assortie à son teint, bref…, THE first nana…
Un qui n’est pas indifférent à l’employée du bar, c’est Grigou : il jongle alternativement entre la traduction et les regards balancés en loucedé à la superbe créature, laquelle semble amusée et, semble t’il… pas farouche pour un poil !
Valentino observe la scène un moment sans rien dire, puis glisse à l’oreille du journaleux :
« Ma !, tou as vu comme la demoiselle té regarde ? Vas-y et montre loui qué dans notre ounivers dé la moto, y’a pas qué la poignée qu’on sait tourner…, jé m’occupe do faire lé tradoucteur pour toi ! »
Tu f’rais quoi, toi, si le World Champ’ te sortait un truc comme ça ???
L’Grigou gonfle le torse, se racle la gorge après avoir sifflé son verre de whisky d’un trait, puis se dirige franchement vers la demoiselle qui, avec son air de « viens voir par ici tu verras mon … » ne le quitte pas des yeux…
C’est lui qui lance l’offensive :
« Oui je sais, ça fait un quart d’heure que tu poireautes, mais ton prince charmant ici présent devait d’abord terminer la traduction d’un entretien très important, mais ceci ne te concerne pas et nous allons passer au sujet qui nous préoccupe : passe devant et montre moi le chemin de ta chambre pour savoir enfin qui je suis… », lui dit-il en lui posant une main sur la croupe, à laquelle elle répond en se collant contre son entre-jambe puis l’entraînant vers la partie closed du bar…
« Ben mon vieux, fait remarquer René qui a suivi la scène, l’est vraiment bien l’gamin… »
Le jaune, en réponse, lève le pouce en l’air en approuvant de la tête avec un regard soudain complice le déconstipant quelque peu !
Burgess soupire puis se met à rire en lançant une œillade à Valentino, tordu sur sa chaise, tandis que Maurice fait remarquer :
« Faut dire qu’il nous a beaucoup observé… », sur un ton suffisant…
C’est René qui percute soudain :
« Hé dis donc, l’bridé ?, j’rêve ou t’as pigé c’que j’viens d’dire ??? »
Kavissé San répond alors :
« Je parle couramment les principales langues usuelles, honorable tourneur de poignée, mais personne ne me l’a demandé jusqu’à présent dans cet entretien, non ?…
Alors ?, pour le roulage, tu acceptes ??? »
René jette alors un œil vers Burgess et comprend le stratagème : celui-ci, en jouant ce petit jeu avec l’accord du jap’, permettait à ce dernier de bien observer l’Ancien qui, piqué au vif en réalisant, ne pourrait qu’accepter la proposition, ne serait-ce que par défi…
Le regard qu’il lance à Jérémy est lourd de conséquence tandis qu’il articule :
« J’aime pas trop qu’on s’foute de ma tronche Mooooonsieur le manager, mais bon, c’était pas la peine d’en venir là puisque j’ai décidé d’accepter, histoire de pouvoir encore monter sur cette brèle que j’ai pas eu l’temps d’bien apprivoiser, pis aussi pour montrer à Bol de Riz comment qu’on fait pour visser dans l’bon sens… »
Cette fois, c’est tournée générale et hilarité totale dans le petit groupe : hé oui, même à ce niveau de la compétition, l’esprit motard est aussi présent…
Un qui semble voler aussi en haute altitude, c’est l’Grigou : les parois de séparation du bar sont fines et un étrange concerto en rut majeur se fait entendre, rythmé par les hurlements ibériques de la donzelle et ponctués de grincements pieutesques…
Le patron, ainsi que les clients présents, sembles impassibles : coutume locale ?…
C’est René qui commente :
« Alors là, il est parti à la cosaque et j’sens bien qu’il va passer au p’tit train dans la montagne car le rythme est plus saccadé : et puis, ça permet de r’froidir la mécanique car je pressens que cette fille là, c’est d’la bombe et l’Grigou y m’semble encore bien tendre pour la mettre à g’nou… », dit-il en fin connaisseur…
L’alcool commence alors à faire ses effets et Burgess, dans un français très correct lâche alors à René :
« Je vais vous faire une confidence : les filles d’ici, c’est d’la braise !
Pour cette raison, quand on passé de Honda à Yamaha, on en a embauché une quinzaine, sachant que qu’le Gibernau peut pas résister : dès l’arrivée sur un circuit, elles ont pour mission de traîner près du staff de l’espingouin pour lui jouer le chap des sirènes.
Comme ce grand gosse répond toujours présent dans ce cas précis, et qu’il peut pas être au four et au moulin en même temps, il en néglige d’autant la mise au point de sa RCV : c’est certainement pour ça qu’il avoue se battre contre lui-même…
J’avoue aussi que lorsque que Valentino a quitté Honda, il leur a laissé une machine parfaitement déréglée avec laquelle il a fait illusion grâce à son talent, histoire de se ménager une petite marge le temps de s’occuper de la Yam : les rouges n’ont toujours rien pigé et ont limogé le pauvre Barros qui n’a toujours rien compris au film ! »
C’est à cet instant que resurgit un Grigou marqué par l’effort mais visiblement satisfait (la môme est toujours dans la piaule…) :
« Une coriace !, dit-il, mais bon, j’en suis venu à bout…
Par contre, ce genre d’effort, moi, ça m’donne soif : tournée générale !!! »
La suite...