Essai Piaggio MP3 400 HPE
Le meilleur compromis des scooters trois roues ?
Hybrid, 125, 250, 300, 350, 400, 500, LT, HPE, Yourban, Sport... Le moins que l'on puisse dire, c'est que Piaggio a étendu au maximum sa gamme de scooters trois-roues années après années, avec un nombre de modèles impressionnants, entre différentes versions d'une même cylindrée mais avec des moteurs différents, à tel point que l'on ne savait plus à quoi correspondait chaque modèle, peu aidé par les prix pour arriver à faire son choix. Cela change en 2021, avec une gamme qui s'éclaircit avec moins de modèles et une gamme de prix étagée de façon claire, entre désormais 300, 400 et 500. Le 400 est nouveau et n'a rien à voir avec le 400 LT de 2010 qui avait disparu au profit des 350 plus puissants que l'ancien 400 ! D'ailleurs le LT a aussi disparu de toutes les dénominations. Bref, c'est plus simple. Et bien maintenant, que faut-il choisir ? On fait l'essai au quotidien de ce MP3 400 HPE et on fait le point pour vous aider à choisir.
Piaggio a initié le scooter trois-roues en 2005, en surfant sur une spécificité de la législation française qui autorise sa conduite avec un permis B, autrement dit qui ouvre le maxi-scooter à tout automobiliste sans le permis moto (mais désormais avec sept heures de conduite). Un automobiliste peut donc conduire un 500 cm3 avec son permis auto. Et forcément, çà fait rêver, de pouvoir conduire autre chose qu'un veau, sans avoir à passer le permis moto, mais avec tous les avantages et praticité d'un scooter. Les ventes se sont envolées, pour un succès commercial sans précédent pour le constructeur italien et qui n'a pas réussi à être détrôné de son piédestal par aucun des concurrents arrivés depuis sur le marché pour essayer d'aller prendre une part du gâteau ! 200.000 trois-roues vendus, çà fait rêver, même si cela se passe essentiellement en France. Les chiffres le confirment encore en 2020 avec plus de 8550 trois roues vendus par Piaggio en France, contre 1432 pour Peugeot, 921 pour Yamaha avec son Tricity 300 et enfin 449 pour Qooder pour un marché globalement autour de 11.500 modèles par an en France. Mais rien à faire, le MP3 est devant, devenu une véritable référence.
Découverte
Le MP3 400 est un MP3. Derrière la Lapalissade, il y a une réalité. Il n'y a rien qui ressemble plus à un MP3 qu'un autre MP3, années après années. Revenez dix ans en arrière et vous aurez du mal à dire quel modèle représente quel millésime. Ligne générale, style, finition globale, on est très proche, même si certains millésimes ont apporté une nouvelle cravate ou l'apparition des deux à LED. Même le compteur a à peine évolué. Çà reste simple, efficace mais le MP3 a quand même pris un coup de vieux si on le compare à un Peugeot Metropolis 400 GT dernier du nom. Mais il fait le job et derrière un look devenu quelconque tellement il y en a à tous les coins de rues, il cache des qualités indéniables.
Les MP3 sont devenus HPE depuis deux ans, pour "High Performance Engine".
En selle
On monte en selle comme on monte sur un cheval, car un MP3, c'est haut, large et lourd. Même à seulement 790 mm de haut, le conducteur d'1,70m met tout juste les pieds à terre, comme c'est d'ailleurs le cas sur beaucoup de scooters en général. Il y a encore plus haut sur le marché (Tricity) mais aussi plus bas (Metropolis). En fait, c'est la largeur de selle qui explique majoritairement cela. Et puis c'est lourd, 257 kilos en ordre de marche, soit le poids d'une grosse routière de trois fois la cylindrée (mais il y a encore plus lourd avec le Metropolis). Et pourtant, il y a eu un gros travail de réalisé, car le 400 n'est pas plus lourd que l'ancien 350. Mais heureusement, il y a ... Findus ! Non, le roll-lock, autrement dit ce verrouillage de direction qui permet au MP3 de tenir debout à l'arrêt sans béquille. D'ailleurs il a été conçu pour cela, pour aider au parking sans utiliser de béquille. Sa fonction a depuis été détournée pour pouvoir s'arrêter et démarrer sans mettre le pied à terre (avec un peu d'habitude). Du coup, même si on pose à peine le pied à terre et que c'est lourd, ce n'est pas grave puisque l'on est solidement équilibré sur trois roues à l'arrêt.
D'ailleurs, la selle est très épaisse, aussi bien pour le conducteur que le passager. Les deux ont également beaucoup de place à bord pour se déplacer et se positionner. Le guidon tombe parfaitement sous les mains. L'avantage de cette position haute, c'est que l'on se retrouve le visage au dessus de la circulation et l'on domine le monde. Les jambes sont également détendues pour une position particulièrement naturelle et l'une des plus plaisantes du marché. Mieux, les anciens modèles avaient une pédale de frein mal placée qui gênait à droite et aujourd'hui elle est idéalement placée, pour être facilement utilisée (et il faut l'utiliser tellement son freinage est efficace).
Sous les yeux, on découvre un compteur qui a à peine changé en 10 ans avec deux ronds analogiques (vitesse à gauche et compte-tours à droite) encadrant un petit écran LCD. Il a mieux, plus joli (le Metropolis) mais c'est clair et efficace et les infos sont lisibles aussi bien de jour que de nuit.
On y retrouve ainsi la température, l'heure, la consommation et les trips partiels.
Par contre, on se demande toujours pourquoi la consommation est affichée en kilomètres par litre plutôt que traditionnellement en litres au cent kilomètres. Une question d'habitude certes.
Et on a le fameux bouton du blocage de direction à droite, tombant naturellement sous le pouce, qui permet de l'actionner et d'arriver tranquillement au feu rouge sur la décélération sous les 10 km/h, sans mettre pied à terre. Attention, pour ceux qui n'ont jamais fait de MP3, il faut s'entrainer un peu avant sous peine de s'en mettre une. Il faut être bien droit, bien en ligne, ne pas prendre le frein avant et regarder bien loin. Auquel cas, vous y arriverez aussi bien en solo qu'en duo pour ne jamais mettre le pied à terre à l'arrêt.
Contact
Le monocylindre s'ébroue gentiment avec un joli son (plus beau que celui du Metropolis), sans vibration parasite. Et, accélérateur et çà repart, dynamiquement, grâce aux 35,3 chevaux (vs les 26 cv du 300 mais aussi les 44 cv du 500, soit juste au milieux avec 9 cv d'écart entre chaque cylindrée).
En ville
Par rapport à un scooter à deux-roues, c'est plus lourd, moins agile sur les basses vitesses, avec un ballant sensible, renforcé par un train avant beaucoup plus lourd. Il faut s'habituer à cette direction qui n'aime pas être brusquée. Mais le MP3 a les avantages de ses défauts, les mouvements de droite à gauche se font doucement et il est possible de passer sur des feuilles mortes et des plaques d'égout sous la pluie en tout confiance, la largeur du train avant assurant une stabilité bien supérieure.
En ville, on est finalement à peine plus large qu'un scooter de cette cylindrée et finalement, l'interfile s'effectue sans difficulté. C'est un peu plus compliqué uniquement en duo et à très basse vitesse, où on a peur parfois de se laisser embarquer sur la portière d'une voiture toute proche.
Dans la gamme des MP3 et hormis feu le Yourban qui affichait un poids plus léger, le 400 est l'idéal, moins lourd qu'un 500 et plus pêchu qu'un 300, c'est le meilleur compromis en ville. Et une fois qu'on commence à l'avoir en main, on peut vraiment le mettre sur l'angle en toute sécurité sans avoir besoin de zieuter le sol à tout moment. Les relances sont nettes, avec un combo moteur-transmission qui permet d'avoir une réactivité immédiate à la poignée de gaz (bien meilleure qu'un Metropolis ou un Tricity). On a donc un engin qui se révèle plaisant au quotidien et sans surprise.
Sur autoroute
Le problème des trois-roues, c'est leur poids et souvent une puissance limitée. Forcément, l'impact est très net et les premiers Quadro 300 peinaient ainsi à 120 km/h sur autoroute. Le MP3 400 sort nettement du lot en pouvant titiller facilement un 140 km/h compteur sur autoroute en duo (voire 151 km/h bien lancé en solo sur autoroute allemande), permettant d'aller passer un week-end à la mer, avec quelques centaines de kilomètres, aidé par son confort pilote et passager et sa bonne protection au vent avec sa bulle haute.
Même la prise de grandes courbes sur autoroutes se fait sans souci, avec un train avant rivé au sol qui accepte de rester incliné sans sauter, y compris lorsque le bitume se dégrade. Seul le 500 pourra donner quelques kilomètres/heure de plus en vitesse de pointe, mais non nécessaires de toute manière pour conserver son permis. Le 400 a ce qu'il faut pour effectuer un dépassement en sécurité même au légal autoroutier.
Sur petites routes
Le MP3 400 a juste le bon rapport puissance pour prendre les petites routes y compris en duo, avec la relance nécessaire d'un virage à l'autre. Certes, on n'a pas la vivacité d'un deux-roues, demandant un style plus coulé que véritablement sportif, mais il accepte d'enquiller les kilomètres avec plaisir et ne refusera pas une petite bourre sur petite route, bien plus facilement que son petit frère 300. Et plus léger que son grand frère 500, il est plus facile et moins fatiguant.
Freinage
Le freinage du MP3 offre un bon feeling et toute la puissance nécessaire, sans la pédale de frein. Mais le freinage offert par la pédale de frein est tellement puissant tout en étant dosable (ce qui n'est pas toujours évident au pied) que l'on finit par l'utiliser souvent. Ce freinage est en plus aidé par l'excellente position de la pédale, qui permet de la trouver tout de suite sous le pied, tout en ne gênant pas le pied quand on ne l'utilise pas (nettement mieux qu'un Tricity).
Confort
Le MP3 offre un excellent confort, que ce soit la selle, ou les deux amortisseurs traditionnels, qui lissent bien les défauts de la chaussée et permettent même de prendre des dos d'ânes en duo à des vitesses peu recommandées sans sauter.
Pratique
C'est un scooter et il offre donc un grand coffre, qui accepte de mettre deux casques intégraux voire deux modulables.
On apprécie aussi le vide-poche à l'avant, notamment avec une prise USB permettant de recharger son téléphone.
Il y a toujours un crochet sur le tablier pour accrocher un petit cas, même si le plancher n'étant pas plat, on ne s'en sert pas souvent.
Consommation
Piaggio annonce une consommation normalisée de 4 litres au cent. Et à la pompe, le MP3 affiche en effet un généreux 350 kilomètres d'autonomie après le plein, mais revoit sa copie ensuite, même s'il affiche une consommation moyenne de 35 km/ litres, valable en ville, en solo. En fait, sa consommation tourne plutôt autour des 4,5 litres au cent, autorisant plutôt une autonomie de 300 kilomètres avec les 13,2 litres du réservoir.
La vidéo du Piaggio MP3 400 HPE
Conclusion
Ce n'est pas le plus beau ni le plus fini, mais le MP3 est un bon vieux pot qui offre le meilleur compromis global à tous les niveaux entre prestations dynamiques, moteur, confort et surtout prix. C'est ce qui explique son succès et ce nouveau modèle 400 HPE ne viendra pas le contredire. Deux mille euros plus cher qu'un 300, sa puissance supérieur justifie de prendre le 400 plutôt qu'un 300. Par contre, le 500 à deux mille euros de plus ne se justifie plus du tout, alors qu'il pouvait être une alternative il y a quelques années. Bref, le MP3 400 HPE est actuellement le meilleur compromis des scooters trois-roues, bénéficiant en plus de la fiabilité acquise après autant d'années; et certaines marques ont eu de vrais problèmes de fiabilité sur leurs modèles, même si les rappels ont été passés ensuite. Il n'en reste pas moins qu'à 8.999 euros (1.000 euros plus cher que le 400 de 2010 quand même), un trois roues reste dans l'absolu plus cher qu'un deux-roues de cylindrée identique, pour ce qui reste avant tout un utilitaire (et les Vespa sont si beaux en comparaison). Et encore le Metropolis 400 Gt est encore plus cher. Seule la LOA, tout juste au-dessus au dessus des 100 euros par mois, peut faire oublier ce prix, qui reste élevé dans l'absolu.
Points forts
- moteur
- confort
- capacité emport
- freinage
Points faibles
- prix
- look vieillisant
La fiche technique du Piaggio MP3 400 HPE
Conditions d’essais
- Itinéraire: ville + petites routes variées + autoroutes interurbaines
- Kilométrage de la moto : 300 km
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