Essai Kawasaki Z1000
La
Kawasaki Z1000 représente le coup de maitre du constructeur d'Akashi.
Habitué à sa tradition sportive, Kawasaki était plutot
discret sinon particulièrement traditionnel pour ses autres modèles.
Avec la Z1000, Kawasaki frappe un grand coup avec un look ravageur, des
couleurs et un ensemble à faire palir les habitués du tuning.
Le ramage est-il à la hauteur du plumage ?
Découverte
La
première chose que l'on voit, c'est la couleur : orange ou vert
fluo ! (existe aussi en noir ceci dit). La Z1000 arrache ! Ensuite, on
a beau en faire le tour, et la revoir, on ne s'en lasse pas. On remarque
immédiatement la couleur reprise sur les batons de roue et le passage
de roue. La double optique frontale est affutée, et greffée
d'un saute vent fumé. La selle à double étage se
démarque nettement et pourrait rappeler une certaine speed. L'arrière
est particulièrement élancé et le feu à diodes
s'intègrent parfaitement. Le quadruple échappement relevé
est tout simplement superbe. Il dévoile juste un immense boudin
de 190 mm, des Bridgestone Battlax. Mais c'est le coeur qui ressort avec
un radiateur immense, un réservoir imposant (malgré ses
seulement 18 litres) et surtout un moteur proéminent et noir. Bref,
la Z1000 a tout d'un gros roadster.
En selle
Assis,
la position est tout de suite naturelle. A l'arrêt, la Z1000 apparait
beaucoup plus légère et maniable que ne le laisse supposer
son gabarit extérieur. Compacte et racée sont alors les
qualificatifs qui viennent à l'esprit.
Le
compte-tour entièrement digital, hérité de la ZX-6R,
surprend au premier abord, mais est bien conçu : totalisateur,
horloge, trip (unique), température, jauge à essence...
Rien n'est oublié, même si on aurait apprécie un double
trip. Les rétroviseurs rectangulaires se règlent facilement
mais sont relativement centrés; résultat, ils offrent une
visibilité réduite par rapport aux autres standards roadsters.
Contact
Ah,
le doux son de l'injection... le compteur se réinitialise, tandis
que le compte-tours fait un aller-retour jusqu'à la zone rouge
: tentations... Surprise, elle se met automatiquement en feux de route;
ces derniers ne peuvent d'ailleurs pas être éteints.
La sonorité est douce et grave, valorisante. Elle est bien fournie d'origine.
Embrayage, démarrage... Elle part sur un filet de gaz, sans aucune brutalité, et monte dans les tours; passage en seconde en douceur, sans à coup ni surprise. La légèreté constatée à l'arrêt se confirme en dynamique. Il est vrai qu'avec seulement 198 kilos, la Z1000 pèse moins lourd qu'une Bandit 600. Aucun appui sur les poignets; c'est vraiment la position typique du roadster, relativement droite. Seules les jambes sont légèrement repliées. Les genoux serrent le réservoir en tout confort. On appuie à peine sur le guidon et la moto se laisse guider du doigt sans aucune difficulté, docile.
La boite se révèle agréable à l'usage avec un étagement bien pensé et une sixième TRES longue.
Ville
On
pourrait s'attendre avec une 1000 à avoir un monstre qui rage en
ville. Et on pense aux origines du moteur réalésé
en 953 cm3 : la ZX-9R. Mais que nenni ! Elle se conduit sur un filet de
gaz. Si elle reste volontier sur les rapports intermédiaires en
seconde ou troisième, elle ne rechigne pas à rester en cinquième
avec des reprises vigoureuses, et sans surprises. Son poids et la position
de conduite lui permettent de se faufiler partout. On sent malgré
tout qu'elle apprécierait d'avoir un peu plus d'espace. Car sous
les 4.000 tr/mn, le quatre cylindres se révèle plutot tranquille.
Sortie de la ville, elle s'élance sur route avec rage... à moins que vous soyez toujours en sixième. Auquel cas, elle n'arrête jamais de pousser.
Autoroute
Le
passage sur autoroute s'impose... surtout pour un gabarit poids plume.
Toujours en sixième, il suffit de solliciter la poignée
pour s'élancer vigoureusement et doubler tout ce qui roule. En
fait, j'ai été incapable de tester ses limites... le vent
m'a imposé de m'arrêter bien avant. On sent la réserve
de puissance... alors que le saute vent apparait surtout esthétique,
à moins d'être un adepte de la position limande. A 130 km/h;
çà souffle déjà fort sur les cervicales, et
si il faut dépasser à plus de 160 km/h, on crie grace très
très vite. On est alors très loin des 245 km/h que peut
atteindre la moto en vitesse de pointe.
Par contre, malgré le vent, ou le dépassement de camions, que ce soit en solo ou en duo, la Z1000 reste imperturbable : c'est un vrai rail en toutes occasions. L'autoroute reste une épreuve qui devrait être réservée aux obligations demandant de sortir rapidement de Paris.
Départementales
C'est
donc avec un vrai plaisir que je retrouve les petites routes de France,
en direction d'Etretat. La N15, se révèlera trop linéaire
et les départementales tentantes. Là, entre les virolos
et les épingles, la Z1000 trouve son terrain de jeu. Elle se balance
de gauche à droite comme une 600, mais avec l'agrément du
couple de sa catégorie 1000.
Nul besoin de jouer avec les rapports. Si la quatrième se révèle le meilleur rapport à ce petit jeu, tout se passe en cinquième avec suffisamment de reprises même en sortie de virages et on pourrait presque écouter la nature. Mais vous utilisez alors la Z1000 sur ses moyens régimes, une plage allant de 4000 à 6000 tr/mn. Et sur cette plage, elle ne fait que distiller ses capacités, efficaces, largement suffisantes mais peu démonstratives. Descendez un rapport, et passés les 7.500 tr/min, la Z1000 se cabre réellement et appelle la cavalerie jusqu'aux 9.000 tr/mn. Si la zone rouge est à 12.000 tr/mn, vous n'aurez pas besoin d'aller si haut pour vous amuser. C'est d'autant plus son terrain de prédilection, que le cadre offre un comportement exemplaire et malgré les virolos, sans jamais occasionner ne serait qu'un début de louvoiement. Irréprochable... et extrêmement sécurisant !
Route de nuit
La
route de nuit est toujours un test terrible, surtout pour les motos qui
n'ont pas de vocation routière comme les roadsters. Et là,
surprise ! En position défaut, feux de croisement, la Z1000 éclaire
très bien, y compris sur route de campagne, sans aucun éclairage
externe qui pourrait aider. Et en position pleins phares, la route se
transforme en sapin de noël, permettant d'atteindre tranquillement
les mêmes vitesses qu'en plein jour.
Confort
C'est
un roadster et clairement, il ne revendique pas une utilisation routière.
La selle est ferme, les suspensions dures - ou l'inverse. Ce que ces caractéristiques
apportent en précision et neutralité de comportement, elles
l'enlèvent très clairement au confort. En solo, ou en duo,
c'est pareil, et vous vous arrêterez avant les deux cent kilomètres,
même si vous êtes pressés. Si la position du passager
est plutot agréable, pas trop penchée en avant, il ne dispose
pas de poignées. Cette remarque faite, la Z1000 conserve un comportement
exemplaire en duo, qu'elles que soient les conditions.
Freinage
Le
frein arrière est un honnête ralentisseur... qui ne risque
pas de bloquer, même en écrasant la pédale ! L'avant
par contre est très efficace, sans jamais surprendre et avec un
excellent feeling.
Le double disque à quatre pistons opposés fait ici largement son office.
Pratique
C'est
le sujet qui fache. On place à peine une tenue de pluie et un bloc
disque sous la selle. Oubliez les antivols, il n'y aucun astuce pour arriver
à en loger un convenable. Et de toute manière, il serait
peu efficace car implacable ni sur la fourche (à cause du protège
roue avant) ni à l'arrière où les espaces du disque
sont trop étroits pour laisser rien passer. Bref, seule une petite
chaine permettra éventuellement de l'attacher. Petit détail,
l'ouverture de la selle est verticale et donc pratiquement cachée.
Si les premiers essais d'ouverture sont laborieux, au bout d'une journée,
on finit par avoir le coup de main et ouvrir la selle du premier coup
en une seconde.
Les poignées passager n'existent pas, même en option... comme la béquille centrale. Ce sont notamment ces détails qui ont également permis d'obtenir son poids plume record.
Par contre, le réservoir est en métal, et il sera toujours possible d'y apposer une sacoche magnétique (parce que le top case gacherait vraiment la ligne).
Sinon, elle dispose de crochets sous la selle, discrets, permettant d'accrocher des affaires. Mais attention à protéger la peinture contre les frottements des tendeurs.
Consommation
L'injection fait une nouvelle fois des miracles. En conduite cool et à vitesse stabilisée, la Z1000 tourne aux environs des six litres. En conduite plus musclée, sur départementale, elle monte tranquillement jusqu'aux huit litres.
Conclusion
Ah
! Elle fait tourner les têtes, toutes les têtes. Valorisante
extérieurement, agréable à conduire, la Z 1000 offre
une moto particulièrement à son aise en ville et sur départementales.
Son couple permet de rouler tranquillement sur nationale et de disposer
d'une réserve d'allonge sans fin pour doubler en toute sécurité
ceux qui pourraient déjà avoir perdu leur permis. Et pourtant,
elle donne le meilleur d'elle-même bien au-delà de l'utilisation
courante. Il faut aller la titiller dans les tours pour lui extirper ce
qu'elle a dans les tripes. L'avantage est qu'elle apparait du coup bien
accessible à tout un chacun, en parfait accord avec la tendance
du moment.
Au même prix qu'une Fazer 1000, plus chère que la Hornet 900 ou une Bandit 1200, mais moins chère qu'une Speed Triple, la Z1000 se situe dans la moyenne avec ses 10.000 euros, avec en plus l'attrait de la nouveauté et des accessoires en standard.
Points forts
- Look
- Tenue de route, freinage
- Qualité générale
- Eclairage de nuit
Points faibles
- Couple obtenu trop haut
- Pratique : absence de béquille centrale, absence de poignées passager, pas de place pour l'antivol
Point de vue de lenchanté (Denis)
"Kawa a fait très fort avec ce modèle, on a deux motos en une. Une demoiselle pas encore déflorée ou une dominatrice insatiable de l'autre".
Point de vue du dégoûté (Gilles)
"Pas grand chose en dessous de 7000 tours et après tout vibre, mais ça pousse quand même pas mal, sans non plus arracher les bras. Je serai tenté de voir ce qu'elle donne débridée."
Concurrentes : Suzuki Bandit 1200, Triumph Speed Triple, Yamaha Fazer 1000
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