Essai Husqvarna Svartpilen 401
Bûcheron power
Un BMW X5 s'arrête à côté de moi, regarde la moto. Husqvarna ? Je croyais qu'ils ne faisaient que des tronçonneuses ! Ben oui, c'est une moto de bûcheron ! Parce que Dieu seul sait si cette Svartpilen a bien été coupée à la hache avec ses lignes droites. On dirait une grosse bûche, bien découpée. En fait, ce serait presque un concept en soi. Et cela a été la bonne surprise quand le modèle de série a été exposé par rapport au proto présenté en 2014, justement parce qu'il était si proche du concept original. Et il est rare de bénéficier de série d'un modèle atypique. C'est le cas avec la Svartpilen, désormais disponible en 401, après la sortie des Vitpilen 401 et de la grande soeur 701, en attendant la sortie de la Svartpilen 701. Avantage, ces modèles sont disponibles pour les jeunes permis A2. Mais que reste-t-il au petit modèle ? Un ersatz ou au contraire une bombinette ? Essai longue durée de la Svartpilen, en comparaison avec sa soeur Vitpilen 401.
Découverte
On ne discute pas des goûts et des couleurs comme le répètent les motards sur la communauté. On ne veut pas savoir si elle est jolie mais connaître son comportement. N'empêche, la Svartpilen sort du lot de la production, grâce au studio de design Kiska, aidé par le designer français Maxime Thouvenin.
Du coup, on aime ou on n'aime pas, même si la majorité des réactions ont été enthousiastes sur ce modèle, mais en tout cas, elle fait se détourner les yeux aux feux rouges, à la fois par les automobilistes surpris mais aussi par les motards. Et j'ai encore eu un motard sur un gros roadster hier soir qui est resté bouche bée à mes côtés avant de sortir le compliment : "elle est sublime". Lignes tendues, selle parfaitement horizontale, mais désormais divisée en deux parties par rapport à la Vitpilen, la flèche noire se distingue de sa soeur blanche... par la couleur. Comme dirait Ford, vous avez le choix de la couleur, tant qu'elle est noire !
Parce qu'au jeu des sept différences, entre Vitpilen et Svartpilen, la couleur est le premier élément notable. Forcément, c'est exactement le même modèle, hormis justement la couleur, différence de couleur du réservoir allongé que l'on retrouve au niveau des jantes et pontets, mais aussi de l'échappement. La deuxième différence vient du guidon, droit et large par rapport aux bracelets de la Vitpilen. Le tout donne une position plus droite, même si encore basculée vers l'avant que la Vitpilen où on est en appui sur les poignets. Les pneus enfin sont des pneus au look trail/enduro avec des Pirelli Scorpion Rally STR en lieu et place des Metzeler M5.
Et toujours pour envisager des sorties hors route, on remarque un protège carter sous le moteur du plus bel effet, même si discret peint en noir. Et les repose-pieds se font crantés. Enfin, on note le porte paquet sur le réservoir avant. Pour le reste, même phare et feu, même compteur, mêmes rétroviseurs, même fourche, même freins, même moteur, même hauteur de selle. Oui, même le moteur est identique avec exactement la même cartographie pour le petit 373 cm3 ! Un moteur sur base de KTM 390 Duke. Forcément, Husqvarna et KTM étant en fait sous le même giron, depuis le rachat d'Husqvarna par KTM.
En selle
835 mm ! La selle est haute ET large, plus proche d'un trail. Autant dire que le pilote d'1,70m touche à peine le bout des pieds à terre et il faut donc faire plus d'1,80m pour mettre les pieds à plat à terre. Pour autant, la moto est légère, avec un poids placé bas et du coup, on s'y sent à l'aise tout de suite. Même les manoeuvres à basse vitesse semblent naturelles aidées par un guidon large. Le buste s'incline sensiblement vers l'avant pour venir en appui sur le guidon, mettant du poids sur l'avant. La position globale est assez naturelle et agréable et on ne souffre pas comme sur la Vitpilen de la position. Le triangle main, corps et pied est bien, y compris du coup pour les grands gabarits.
Sous les yeux, on retrouve un compteur rond entièrement digital qui semble un peu étriqué et peu lisible avec des petits chiffres pour certaines indications. Mais il est complet avec compteur de vitesse, compte-tours, double trip partiel, jauge à essence, consommation moyenne par trip, rapport engagé, température, horloge...
Petit détail sympa, les commodos sont rétro éclairés. Si on le voit à peine de jour, c'est particulièrement élégant de nuit.
A noter que l'on peut changer la position du guidon, qui vu sa forme, permet d'avoir une position globale différente, plus ou moins sur l'avant. Il suffit de dévisser quatre vis, facilement donc.
Contact
Le monocylindre s'ébroue avec un son criard qui ne laisse pas deviner une 400. Première, la réaction à la poignée de gaz est instantanée et le mono particulièrement réactif.
En ville
La Svartpilen est une arme de guerre en ville. La position de conduite naturelle, associé au bras de levier offert par le guidon et à un moteur particulièrement pêchu vous propulse instantanément à des vitesses interdites. Le mono est en plus très souple, utilisable sur la plage de 2.500 à 10.000 tr/mn ! Certes, il cogne à 2.500 tr/mn sur le sixième et dernier rapport à 50 km/h et demande à être à 3.000 tr/min minimum, mais sur les 3 premiers rapports, en utilisant à peine l'embrayage, il accepte d'être sur les 2.000 tr/min. Du coup, on peut être sur le troisième rapport à 20 km/h. La patate arrive à 3.000 tr/mn et il prend tellement vite ses tours, qu'il atteint rapidement les 7.000 tr/mn, moment à partir duquel il catapulte. Il n'y a que 44 chevaux, mais ils sont disponibles tout de suite et procurent des sensations. C'est l'avantage d'avoir une moto non bridée, notamment pour les jeunes permis. On hésite souvent entre prendre une grosse moto mal bridée, un peu insipide et une petite machine non bridée qui donne tout son potentiel. La Svarpilen rentre dans cette catégorie et donne vraiment la banane.
Le freinage est à l'avenant de la machine avec un frein arrière efficace et un frein avant offrant feeling et mordant. Du coup, entre la patate pour envoyer et les freinages de trappeurs (ou de bucheron), la machine réagit, toujours très sainement, pour s'appuyer sur l'amorto arrière à l'accélération et pour plonger sensiblement au freinage. Et autant le son est un peu criard au démarrage, le son devient plus grave à mi-régime et donne envie d'ouvrir encore plus grand. A tel point que cela en devient un jeu.
Malgré le large guidon, la finesse de la machine permet de se faufiler dans un trou de souris avec un interfile pas plus difficile qu'avec une 125. Le poids plume enfin permet de manier facilement la moto pour améliorer le rayon de braquage pour se faufiler entre les files de voitures à l'arrêt, y compris à 90°.
Sur autoroute
La Svartpilen s'engage rapidement sur autoroute, ronronnant à 7.000 tr/mn à 130 km/h puis 8.000 tr/mn à 150 km/h, sachant que le rupteur est à plus de 10.000 tr/mn mais que sur le dernier rapport elle aura du mal à dépasser les 160 km/h, vitesse déjà prohibée et interdite chez nous de toute façon. Elle reste bien en ligne à cette vitesse y compris dans les grandes courbes, avec plus de facilité d'ailleurs que la Vitpilen, peut-être à cause d'un appui moindre sur le guidon et donc de mouvement des bras ayant moins d'incidence.
Sur départementale
Si la Svartpilen était déjà à l'aise en ville, autant dire qu'elle se révèle sur départementale. Le léger appui sur l'avant apporte une précision incroyable au train avant et les virolos s'avalent avec une facilité déconcertante. Mais ce n'est pas juste la facilité de conduite ici, mais c'est la disponibilité du moteur sur une large plage, qui permet d'avoir vraiment des sensations et du plaisir au guidon. Certes, vous oublierez les trois derniers rapports sur les petites routes de montagne, pour vous concentrer sur la 2 et la 3, mais vous vous éclaterez avec. C'est fun, c'est ferme, on s'amuse avec et c'est surtout très précis y compris quand la chaussée se déforme. Mieux, la moto est neutre et se dirige simplement au doigt et à l'oeil, voire est capable d'accepter les improvisations et les entrées en virage un peu trop rapides pour se remettre instantanément sur la trajectoire.
Confort/Duo
La selle est quasiment carrée et demande un temps d'adaptation morphologique pour s'y faire. On aurait aimé qu'elle soit un peu plus fine pour enserrer le réservoir de façon plus naturelle avec les genoux et non pas l'intérieur des cuisses. Elle est fine et l'amortisseur n'est pas particulièrement souple. Le tout donne un confort ferme mais sans donner de coup de raquette sur les défauts de la chaussée.
Coté passager, il y a une poignée passager, d'origine, mais qui rompt avec la ligne de la machine, du coup, on l'enlève et le passager n'a pas de poignée. Pour autant, la position est plus droite et plus facile à tenir même sur un long trajet.
Consommation
Il faut bien remplir le réservoir, au-dessus de la petite plaque interne, pour arriver à voir tous les bâtons d'afficher. L'ordinateur annonce alors un prétentieux 390 km d'autonomie. Dans les faits, la consommation s'installe autour de 4.1 litres au cent, voire descend à 3.5 litre en cas de conduite souple, ce qui donne plutôt 250 kilomètres d'autonomie; sachant que quand l'écran indique la réserve et plus d'autonomie, il reste encore un bon litre dans le réservoir, soit 25 kilomètres. Dommage que l'indication au compteur ne soit pas complétée par un petit témoin lumineux. Et il n'y a pas non plus de décompte de kilomètre au moment du passage sur la réserve, donc c'est un coup à se faire surprendre.
Pratique
Il n'y a pas de place sous la selle; selle qui s'ouvre à partir du coté avant gauche pour lever la deuxième partie arrière. Si on soulève alors un peu la partie avant, on arrive à glisser un petit bloc disque et encore pas n'importe lequel.
Heureusement, Husqvarna propose un porte paquet sur le réservoir avant. Et en noir sur réservoir noir, on le remarque à peine. C'est mieux qu'une sacoche magnétique et le réservoir s'en trouve mieux protégé. Surtout, la position de conduite plus droite permet d'avoir une sacoche ensuite qui ne gênera pas trop le pilote en fonction de sa taille/hauteur.
Conclusion
Husqvarna Vitpilen et Svartpilen sont les bonnes surprises de l'année, surtout en version 401. C'est même mon coup de coeur personnel depuis les essais de début de l'année. Légères, maniables, avec un moteur explosif, elles raviront aussi bien les permis A2 que les motards expérimentés qui pourront s'amuser à son guidon. Elles sont toutes les deux aussi faciles et démonstratives et abordables pour les petits gabarits malgré leur hauteur de selle haut perchée. La Vitpilen a une position de conduite plus fatigante au quotidien s'il y a beaucoup d'urbain à faire. La Svartpilen est plus couteau suisse de part sa position de conduite plus naturelle, à la fois pour le pilote et le passager. Il reste le prix à 6.490 euros, identique pour les deux modèles, qui peut faire réfléchir par rapport à une cylindrée supérieure, mais souvent en quatre cylindres. Le caractère moteur est ici un atout indéniable qui me ferait plutôt pencher pour la 401. Reste enfin la couleur et surtout le look pour avoir une machine à nulle autre pareille..
Points forts
- moteur
- partie cycle
- freinage
- design
- conso
Points faibles
- prix
La fiche technique de la Svartpilen 401
L'essai en vidéo de la Svartpilen 401
Conditions d’essais
- Itinéraire: petites routes variées + autoroutes interurbaines + ville
- Kilométrage de la moto : 400 km
Commentaires
vil tentateur
22-06-2018 07:30tom4
Ah parce qu'ils se sont mis à deux designers pour faire ça ?
09-07-2018 19:18Mouais...
3000 kilomètres à son guidon et que du bonheur, il faut aimer la mécanique mono bien sûr..., enfin une moto ou l'on peut réellement prendre du plaisir à son guidon. Le moteur et la partie cycle de cette moto et juste formidable, je suis surpris d’ailleurs de l'image négative qu'elle rencontre surtout de la part des puristes mais bon c'est comme ça..., j'ai pour ma part le permis moto depuis 1986 et plusieurs motos à mon actif, perso je la recommande aux permis A2 mais pas que..., je la recommande aussi aux puristes qui aiment les virolos, les départementales et petites roues de campagnes.
11-12-2018 14:52Tout à fait d'accord avec V-Strom.
21-12-2018 15:39J'ai la chance d'avoir une RSV4 pour la piste, et la semaine c'est la Svartpilen et j'y trouve largement mon compte, le mono est génial, la tenue de route franchement bien, c'est plus léger qu'un scoot et ça consomme 3 fois rien.
Ca braque pas en revanche...
Un peu chère, mais elle me tenterait bien !
18-03-2022 15:18Après presque 3 ans (modele post 2020), un bilan de la bête :
07-06-2024 15:21Précisons que je ne dois pas rouler aussi fort que l'essayeur qui fait plus de 4l/10...mon maxi sur un plein, c'est 3.48 l/100.
Ceci etant dit, je trouve que c'est LA bécane adaptée à mon utilisation :
Je suis en Corse (petites routes, que des virages et du relief, revêtements parfois douteux, chemins non goudronnées et defoncés frequents...) et c'est ma deuxième moto, la principale étant une vieille Harley.
J'ai donc le permis A depuis trééééés longtemps et j'ai choisi la Husquy en utilitaire,souvent en ville.
Bref,
les plus :
-Poids
-caractère moteur et puissance laaaargement suffisante sur départementales et en ville.
-ABS efficace
-Shifter sympa
-maniabilité
-petites aptitudes TT
-finalement pneus Pirelli Scorpion STR à "crampons" très bons touts revêtements.
-moto faite pour jouer : impossible de rester raisonnable dans les petites routes pleines de virolos.
-le look qui ne laisse pas indifférent...
Les moins :
-la hauteur de selle qui gâche un peu ses qualités urbaines (mais on peur la rabaisser avec un kit d'origine de la marque)
-moteur peu souple, mal à l'aise sous 3000/3500 trmn.
-6 vitesses, c'est une de trop ! Heureusement qu'il y a le shifter ! 5 vitesses mieux etagées m'auraient mieux convenu en Corse.
-confort OK pour 200 km maxi, ensuite il faut porter un cycliste rembourré au gel.
-position fatigante, trop en appui sur les bras à mon goût (l'habitude de la Harley sans doute.🤣).
-électronique trop présente et sensible, on se croirait en présence d'une bagnole moderne qu'on branche sur une valise pour un oui ou un non.
-le look qui ne laisse pas indifférent...🤣
Bilan très positif donc, chouette moto, l'essayer c'est l'adopter.