Essais Husqvarna 701 Supermoto et 701 Enduro
Les soeurs délurées
Marque suédoise centenaire et propriété du groupe Pierer depuis 2013, le constructeur Husqvarna Motorcycles aime à rappeler son passé de compétiteur sur circuits de vitesse. C'est après 1945 que la société évolue vers la production de machines tout terrain. Steeve McQueen, au guidon de sa Husqvarna 400 Cross de 1971, témoigne alors de la bonne santé de la firme au H couronné. Cette dernière, après s'être concentrée sur le pur offroad, revient sur un segment plus routier avec les 701 Enduro et surtout 701 Supermoto. Pour tester les nouveautés, rendez-vous est donné à Lagos, Portugal, où il ne pleut que rarement dans cette sèche région de l'Algarve. Ces trois dernières années au moins.
Découverte
Le mythe du journaliste au soleil est régulièrement battu en brèche par une réalité plus humide. L'essai des frangines suédoises fut copieusement arrosé et sans alcool, dans des conditions météorologiques difficiles. La pluie s'abat en tempête sur la côte Portugaise, fouettant l'air avec plus d'angle qu'un pilote de GP en état de grâce… Qu'importe pour ces machines venues d'un pays où la nature dicte souvent ses lois.
Certes, ces dernières sont moins nordiques que leurs lointaines origines. Et pour cause, elles empruntent aux KTM 690 SMC et 690 Enduro R nombre de leurs composants. Mais les nouveautés ne se résument pas à une simple déclinaison marketing. Husqvarna s'inscrit comme marque premium et ça se voit. D'abord, dans l'esthétique épurée et les graphismes aux coloris élégants reprenant les codes couleur maison. Du blanc afin d'alléger les volumes, du bleu pour structurer la carrure et des liserés jaunes soulignant les lignes vives. Tant sur l'Enduro que la Supermoto, le résultat est significatif.
Cette recherche du haut de gamme se retrouve dans l'habillage. Garde boue compact et facetté, écopes compactes ajourées et boucle arrière aux surfaces tendues. Sur cette dernière repose une longue selle nervurée optimisant l'adhérence et plutôt accueillante. La poupe abrite également le réservoir de carburant de 13 litres, pesant 5,2 kg. Placé sous la selle, il contribue à une meilleure centralisation des masses. A ses côtés, on apprécie l'échappement en aluminium satiné, à l'extrémité concave originale.
Vient ensuite le jeu des différences. Ainsi, la Supermoto dispose de pare-mains renforcés par de solides montants latéraux métalliques quand l'Enduro abrite son moteur derrière un sabot en composite. Conçues pour des activités pour le moins opposées, les machines arborent d'autres éléments spécifiques à chacune, listés en partie Technique.
En selle
Les frangines sont de grands chevaux. Particulièrement l’Enduro, avec ses 910 mm de hauteur de selle… La Supermoto culmine à "seulement" 890 mm. Fines mais assez larges, les assises sont confortables et la position ergonomique à bord de chacune des montures. Ajustable, le guidon galbé Neken accueille naturellement les mains. Caoutchoutés pour la sportive, nus pour la baroudeuse, les repose-pieds offrent une grande adhérence. Etroites et légères, les 701 font mentir leur cylindrée, même si les grands gabarits y sont mieux accueillis.
L'instrumentation parait spartiate, réduite à un témoin d'ABS jouxtant une fenêtre LCD. On y trouve un tachymètre, l'horloge, odomètre et deux partiels. Et pis c'est tout. Ne cherchez pas le compte-tours, le mono se pilote à l'oreille…
En ville
On sent d'emblée une évidente et logique différence de comportement entre les machines. La 701 SM gère efficacement les transferts de masse sur sa massive fourche. Hyper agile, elle se pilote à l'instinct, n'attendant qu'une opportunité pour dresser vers le ciel son train avant. Disponible, le bloc demande parfois de tricoter du sélecteur pour rester en phase avec le trafic. De quoi apprécier la douceur des commandes. De plus, l’allonge étonnante du monocylindre et sa réponse progressive limitent grandement ce gymkhana.
La partie cycle de l'Enduro parait forcément moins précise et joue d'avantage les chevaux à bascule. Son heure viendra…
Autoroutes et voies rapides
Concentrons-nous sur la 701 Supermoto. A fond de 6, on accroche les 190 km/h dans une tenue de cap sans faille. Sa transmission finale plus longue la rend plus agréable sur parcours rapide.
On ne parlera pas de confort, la Suédoise n'en a que faire. Les deux frangines tiennent sans mal le légal autoroutier. Mais l'une comme l'autre attendent des voies plus adaptées à leur caractère contrasté. Moins à son aise, l'Enduro permet sans mal les trajets sur bitume. Sa monte pneumatique d'origine pose toutefois des limites à l'exercice.
Départementales
Voilà le Graal de la SM. Sauf à l'occasion de notre essai. Sous la pluie, avec des pneus à peine rainurés, dédiés à d'amples prises d'angle, l'exercice est vite limité. La 701 de route adore certes la glisse, mais préfère celle de ses enveloppes, surchauffées sous la mise en contrainte de son envoûtant monocylindre. Nous ne pourrons que constater la qualité de l'amortissement sur le revêtement parfois dégradé du réseau secondaire. Toujours précis, le train directeur emmène la machine d'un bord à l'autre sans effort.
Particulièrement progressive, la mise en oeuvre de l'étrier avant permet de doser finement les décélérations. Un réel avantage sur routes glissantes. L'ABS réagit tardivement, mais surement, sur les deux étriers, prouvant sa conception sport. Hélas, le programme sur circuit de kart tombe, littéralement, à l'eau.
Tout terrain
Le malheur de l'une fait ici le bonheur de l'autre. Une fois l'asphalte derrière elle, la 701 Enduro dévoile son potentiel. Son rapport poids puissance fait parler la poudre et propulse vivement la machine sur les grandes pistes défoncées. Sur ce terrain, elle est à son aise et les suspensions avalent saignées, bosses et cuvettes remplies d'eau avec la même aisance. Quand le tracé se resserre, l'Enduro demande plus d'expérience, appréciant un pilotage engagé. Comme sur la SM, la maniabilité est excellente et l'Enduro réactive aux impulsions sur les repose-pieds.
Lors d'évolutions à vitesse réduite, le bloc réagit avec précision. Sa disponibilité facilite les passages plus techniques. Au besoin, on utilise l'embrayage, dont la souplesse du levier permet une manipulation à deux doigts. Le choix d'une des trois cartographies moteur permet aussi de disposer d'un comportement plus adapté au roulage en cours. Malgré tout, le premier rapport est parfois délicat à gérer, tout comme le poids, plus sensible en manoeuvre comparée à une cylindrée inférieure.
Efficaces, les suspensions WP encaissent sans mal les plus fortes compressions. Le fonctionnement de l'amortisseur parait un peu trop ferme dans les passages plus accidentés et gagnerait à plus de progressivité. A l'inverse, le train avant sécurise le parcours. La fourche 4CS absorbe petits et gros chocs avec la même facilité et une appréciable progressivité sur la fin de course.
Quelles que soient les conditions, le freinage Brembo donne là aussi toute satisfaction. Progressifs et facilement dosables, les étriers délivrent également une puissance importante si besoin. ABS désengagé, on fait alors facilement pivoter la machine dans les virages serrés. Nous n'avons pu tester le réglage enduro par défaut du système.
Partie cycle
Les 701 bénéficient chacune d'un excellent accord châssis/suspensions. Ajustables ces dernières optimisent les évolutions sur leur terrain respectif. Toutefois, un nouvel essai de la Supermoto s'avère nécessaire pour cerner toutes ses aptitudes.
Freinage
Suffisamment progressif et très puissant, l'étrier avant permet de doser efficacement la force de décélération. L'élément arrière est tout aussi modulable, assurant le complément de maniabilité des machines.
Confort/Duo
Sans réel objet pour les 701, on notera tout de même que les assises offrent une bonne ergonomie, mais leur finesse ne fera pas longtemps illusion lors de déplacement plus long.
Consommation
Un réservoir supplémentaire de 7 litres, fixé à l'avant, peut être adjoint à l'Enduro, renforçant ses prétentions d'aventurière. Husqvarna annonce 5 litres au 100 km, mais mon expérience des cousines autrichiennes l'estime un peu plus haute, d'un demi-litre en moyenne.
Conclusion
Avec ses fausses jumelles, Husqvarna revient en force sur des segments peu courus. Forte de sa notoriété et des qualités de ses machines, la marque suédoise peut prétendre à un succès légitime de ces deux modèles. Ceux-ci sont également disponibles pour les détenteurs du permis A2, avec une puissance alors limitée à 30 kW.
Tarifée 9.650 €, la 701 Supermoto est un jouet performant, dynamisé par un monocylindre toujours surprenant de force et d'allonge. Pour 9.350 €, la 701 Enduro associe la performance de ses suspensions à celle d'une versatilité bien réelle, moyennant la monte de pneus mixtes.
Leurs concurrentes premières sont bien évidemment les KTM 690 SMC R et 690 Enduro R à l'esthétique plus typée. Demandant respectivement 9.350 € et 8.990 €, les Autrichiennes avouent un équipement parfois moindre, mais des instruments plus complets.
Délurées, les soeurs suédoises se réservent aux pilotes au sang chaud et qui n'ont définitivement pas froid aux yeux.
Points forts
Supermoto :
- Exubérance moteur
- Evidence de prise en main
- Caractère moteur à haut régime
- Agilité et précision de la partie-cycle
- Vivacité
- Assistances électroniques
- Suspension de qualité
Enduro :
- Disponibilité moteur
- Agilité
- Ergonomie
- Assistances électroniques
- Suspensions superlatives
Points faibles
Supermoto :
- A déterminer
Enduro :
- Confort en utilisation mixte
- Poids en utilisation engagée
Commentaires
la supermoto a l'air vraiment sympa !
06-11-2015 11:29tom4