Essai casque modulable Shark Evo-One 2
Essai sur 5.000 km
Polyvalence stylée
Evolution du modèle Evo-One, cette version 2 veut corriger les défauts de son précédent modèle, notamment celle concernant la manipulation de la mentonnière. La polyvalence du modulable Shark doit tout de même composer avec quelques spécificités parfois agaçantes.
Découverte
Le fabricant français, leader sur le marché national, propose depuis 2007 des casques modulables. L'Evoline, premier casque homologué en position ouverte ET fermée, offrait ainsi le choix entre un intégral protecteur et un jet cossu. Plus compact, le modèle Evo-One permettait une bascule de l'écran par un système breveté "Auto-up-Auto-down", relevant automatiquement celui-ci lorsque l'on soulève la mentonnière. Toutefois, cette fonctionnalité originale peinait parfois dans son fonctionnement. Avec l'Evo-One 2, Shark annonce notamment une cinématique d'ouverture plus fluide.
Réalisée en thermoplastique injecté (polycarbonate), la coque de l’Evo-One 2 fait donc l'impasse sur les fibres composites, probablement pour des raisons de coûts. Ce qui ne grève en rien la solidité du produit, mais potentiellement le poids. Avec 1.654 gr vérifiés (pour 1650 annoncés) en taille M, le Shark compose cependant raisonnablement avec les contraintes de la modularité, comparable ainsi à un Schuberth C4. Et bien sûr, l'Evo-One 2 est homologué en position intégral et jet.
Avec ses volumes parcourus de méplats et de courbes tendues aux arêtes franches découpant sa silhouette, ce modulable évoque sensiblement l'aéronautique. De plus, platines latérales du système de rotation de la mentonnière et aileron de maintien aérodynamique sur l'arrière du casque contribuent largement à ce rendu. Si la partie mobile parait imposante, le casque est finalement compact et tient sans soucis dans une housse rigide ou valise latérale.
Si ce coloris Blank Blanc azur (!?) n'est pas le plus sexy des versions disponibles, il confère à notre modèle d'essai un côté passe-partout. Pour ce casque routier, Shark a le bon réflexe de fournir un écran Pinlock antibuée, à placer sur la visière claire anti-UV. Un écran solaire escamotable est également intégré. Sans graphisme à étudier, on s'attarde d'autant plus sur les finitions et matériaux employés. Notamment celles des pièces de ventilation. Bien ajustés, ces éléments ne sont guère nombreux : deux prises d'air sommitales aux découpes anguleuses dynamiques et à curseurs glissants encadrent la commande de l'écran solaire; sur la mentonnière, un basculeur dirige le flux capté sur l'écran et le visage. Un ensemble un peu juste, mais le casque étant modulable, la position Jet devrait compenser ce point. On apprécie enfin le coloris "canon de fusil" agrémentant certaines pièces (cache du BlueTooth, rail sommital de commande d'écran, aération menton), mais ce revêtement s'avère fragile…
Une imposante bavette semi-rigide vient finaliser le bas de la mentonnière et intègre la commande d'ouverture. Sur sa face antérieure, on trouve un autre déflecteur anti-remou. Astucieux, il se déploie assez intuitivement et se replaque efficacement à sa place grâce à un système aimanté. Remarquablement finie, la base du casque arbore un revêtement imputrescible protégeant la plupart des zones de contact lorsque l'Evo-One 2 est posé au sol. Imperméable, cette surface réduit les salissures et surtout l'imprégnation d'eau par le bas. Un phénomène courant lors d'un roulage très humide sur autoroute, dans le brouillard d'eau du trafic. Cependant, une zone en filet et tissus stretch autour de la nuque sera moins résistante sur ce point.
Ajustées, épaisses et larges, doublées de suédine, les pattes de la jugulaire à boucle crantée sont également imperméabilisées côté extérieur et la sangle s'ajuste aisément.
Enfilage
Le Shark Evo-One 2 dispose de deux coques couvrant les tailles XS à M et L à XXL. Il se coiffe aisément, en position Jet, délivrant un confort ferme. Ergonomiques, les coussins suivent l'anatomie du visage sans tasser les oreilles, ni les laisser trop flottantes. Judicieusement basculée jusqu’à l’arrière pour éviter la prise au vent, la mentonnière déporte aussi le poids sur la nuque. Cependant, cette configuration ne manque pas d'allure et l'ensemble est parfaitement ajusté et verrouillé.
Démontable et lavable, l'intérieur est traité au charbon de bambou pour une bonne absorption de l'humidité. Shark annonce "un confort optimal pour les porteurs de lunettes grâce aux cannelures prévues dans les mousses intérieures…" Pour ma part, après l'essai de multiples binocles, même les plus fines trouvent difficilement leur place. Etrange pour un casque GT.
En position fermée, la fermeté du maintien monte encore d'un cran, tassant les joues sur les maxillaires. Surprenant, l'effet ne présente toutefois pas d'inconvénient particulier. La mentonnière laisse alors beaucoup d'espace devant le visage et l'on regrette juste l'absence assez d'un déflecteur nasal plus important. Oui, mais, avec son système modulable, l'Evo-One 2 ne peut faire autrement. Encore un compromis.
Essai dynamique
Avec ses deux ergots latéraux, la visière se manipule sans mal. Elle bascule sur 6 crans dont l'étagement n'est pas judicieux : deux positions basses à fort débattement et 4 autres, très faibles, au plus haut niveau… On eut préféré moins de différence. En revanche, la mise en place de l'écran solaire n'appelle aucune critique. Silencieux, le mécanisme vient placer en douceur un élément filtrant de bonne taille.
Amélioré, le système de modularité s'avère plus précis. Mais si Shark précise avoir revu les mécanismes d'ouverture et de fermeture et facilité la cinématique, la pratique demande tout de même une certaine technique. Une fois le casque enfilé en mode Jet, rabattre la mentonnière nécessite d'agripper celle-ci à peu près en son milieu pour la déclipser, ce qui n'est pas forcément évident. Elle semble parfois difficile à déverrouiller d'une main. Idem pour la fermeture complète en mode Integral. Il convient de vérifier de part et d'autre et faire "cliquer" les attaches.
Si la visière est en position fermée, elle remonte automatiquement pour laisser passer la mentonnière. L'effet est assez sympa et se répète à l'ouverture. Il se répète… SI vous effectuez le bon mouvement… à savoir, pousser la mentonnière vers l'avant et pas seulement la basculer vers le haut. Comme on a pu le voir, les platines latérales offrent en effet un mouvement elliptique…A défaut, l'intérieur peut buter dans l'écran, à la descente comme à la montée, mais surtout lors des manipulations en roulant (à cause de la pression de l'air). Ce qui n'est d'ailleurs pas conseillé… En statique, le système fonctionne très bien.
Particulièrement astucieuse et efficace, la bavette anti-remous est indispensable sur longue distance. Elle pose hélas soucis lors de l'ouverture du casque. Une fois en place, elle ne remonte pas assez vite se plaquer contre la mentonnière… bloquant la remontée de cette dernière. C'est ballot et ça finit par jouer sur les ergots de fixation de ce déflecteur, jusqu'à perdre l'un d'entre eux pour ma part. Vraiment dommage. Il faut penser à la rabattre avant ouverture, ce qui après X dizaines ou centaines de km n'est pas un réflexe premier. Ou simplement manipuler doucement la mentonnière…
Bref, je n'aime pas incriminer uniquement le matériel et je fus surement un peu bourrin parfois. D'autant que, à l'usage, le Shark Evo-One 2 est plaisant à utiliser. En reportage sur la Transalp AMV notamment, j'ai apprécié de pouvoir réaliser la prise rapide de nombreuses photos ou vidéo sans avoir à enlever le casque. Et parler avec les autres est plus agréable et efficace dans la position Jet. Cette configuration permet aussi, par forte chaleur, de pallier une aération perfectible, notamment au niveau frontal.
C'est d'ailleurs en ville et périphérie que l'Evo-One s'apprécie le plus, permettant au motard de bénéficier pleinement des deux configurations. Jet pour une meilleure ventilation et angle de vision, intégral pour les voies rapides.
Sur ce mode, à haute vitesse, la stabilité du Shark est sans reproche. Compact et profilé, ses volumes maintiennent la tête parfaitement en ligne. Toutefois sur un roadster naked, le poids se fait sentir et les cervicales travaillent sensiblement. Mieux vaut réserver son usage au pilotage d'une moto équipée d'une bulle.
Même constat concernant l'insonorisation. Le plus gros point faible de ce casque est commun à la plupart des modulables : le bruit. Surtout sur une moto dépourvue de saute vent. La mise en place de la bavette atténue sensiblement ce point. Mais dès les 80 km/h, le niveau sonore justifie le recours au bouchon d'oreille sur long parcours, à fortiori lors de voyages autoroutiers.
Démontage/montage visière
Un bon point des casques Shark : en position d'ouverture maximale, il suffit de basculer successivement les leviers situés sur les platines d'axe de visière… et l'écran est libre. Il est tout aussi aisé de le replacer, une fois repositionné, par simple pression aux extrémités de l'écran. Même constat pour l'écran solaire dont les attaches plus réduites pourraient faire craindre une certaine fragilité. Il n'en est rien et sa maintenance s'avère simple.
Conclusion
Tout l'intérêt d'un modulable réside dans la possibilité de transformer le casque facilement. Shark a sensiblement amélioré ce point, mais des détails pénibles subsistent. Etagement de la visière, bavette anti-remous et aérations pourraient sans difficulté majeure être optimisées. Si la cinématique de la mentonnière peut encore déplaire à certains, réaliser un mécanisme ultra-feutré me parait difficile en restant à la fois à ce prix (correct) et à ce poids (déjà élevé). Agréable au quotidien, le défaut majeur du Shark Evo-One 2 reste un niveau sonore élevé sur moto naked, que l'on compensera par l'utilisation, fort recommandée dans l'absolu, de bouchons filtrants.
Tarifé à partir de 399,99 € en finition Blank noir ou blanc, le Shark Evo-One 2 joue la carte d'une modularité accessible, pour un casque dont la fabrication et les finitions classent en gamme supérieure. On le trouve également à des prix encore plus bas dans le commerce. 15 autres versions décorées sont disponibles, dynamisant largement le heaume français.
Points forts
- Système modulaire rabattant totalement la mentonnière
- Equipement de série : visière claire anti-UV, écran solaire escamotable, housse épaisse et lentille Pinlock Maxivision
- Polyvalence
- Aérodynamisme
- Système de démontage écran
- Confort
- Finition
- Gamme déco étendue
Points faibles
- Bruit
- Poids
- Aération
Caractéristiques casque Shark Evo-One 2
- Double homologation CE 22.05 Jet et Intégral
- Jugulaire à fermeture crantée
- Système breveté "Auto-up et Auto-down"
- Mentonnière optimisé
- Mentonnière avec verrouillage à l'arrière
- Verrouillage mentonnière renforcé
- Écran cinématique renforcée incolore traité anti-rayures
- Livré avec film Pinlock Max Vision de série
- Double écran solaire très couvrant labellisé UV380 et traitée anti-rayures
- Profil compact et aérodynamique (études CFD, simulation des flux numériques)
- Intérieur en fibres de bambou
- Intérieur démontable et lavable sur programme délicat ou à froid en filet de protection
- Système de démontage rapide et sans outils de l'écran
- Verrouillage renforcé de l'écran par système "Autoseal"
- Bavette anti-bruit rétractable et escamotable aimantée
- Emplacement prévu pour le Sharktooth
- Poids de 1650 g (+/-50)
- Produit garanti 5 ans
Commentaires
J'utilise ce casque depuis un peu plus d'une semaine et étant porteur de lunette je le trouve plutôt agréable pour le passage des lunettes.
07-09-2018 09:41Je ne peux comparer qu'à des casques intégrales que j'ai eu (Shoei GT-Air et NXR) mais c'est nettement plus simple de les enfiler sur le evo-one 2 ;)
Salut,
09-09-2018 18:49merci de ton retour car je ne comprends pas la difficulté que j'ai sur ce sujet.
J'ai beau avoir testé de toute les façons, l'Evo-One 2 ne me parait pas laisser un "canal" pour les lunettes, d'ou ma remarque lors de mon test. Et ma surprise.
Bref, c'est bien de contredire sympathiquement mes propos. Si je constate mon erreur, je rectifierais...
J'ai pris l'Evo One 2 à la suite du 1 ( et d'un Evoline ), autant dire que suis accroc à ce casque.
19-09-2018 19:29Pas bien vu de progrès sensibles par rapport au 1.
Il a du perdre 0.5 db peut être...et en-dessous de 100, il est moins bruyant ouvert que fermé...ouai, j’exagère un peu. Moi, perso, je roule sans bouchons.
J'ai eu encore un problème de rayure du pinlock, défaut du 1, résolu par le vendeur, le pinlock étant trop libre et donc resserré sur la visière grâce aux petit "pipiots" excentriques.
Par contre je ne trouve pas que la mise en place de la bavette soit intuitive du tout. Et puis l'aimant pas assez puissant, car des fois avec visière ouverte, elle se déplie toute seule.
Par contre, je ne porte pas de lunette, mais j'ai fais le test avec des visions de près, bah, ca passe bien...
Malgré ca, super casque, comme tu le dis, et s'ils sortent le 3, je le prendrai.
Bon, dans deux trois ans hein, surtout que mon "ancien" 1 est pratiquement comme neuf, malgré pas mal de bornes en ville et route, un bon point pour la qualité et son prix.
Ce qui me plait, t'arrive en ville, tu passes en jet; tu veux discuter, tu passes en jet; prendre une photo , tu passes en jet; les gendarmes t’arrêtent, tu passes en jet (vécu)...
Et ils est homologué en jet.
Je confirme le test, j’ai des lunettes de vue. Les branches passent mais elles sont plaquées sur l’extérieure de mes oreilles et non sur mes oreilles Étant donné que mes oreilles sont plaquées contre ma tête donc très gênant. Du coup j’enfile le casque avec les lunettes juste en écartant le bas du casque.
24-02-2019 21:34Salut,
20-07-2021 18:09J'utilise ce casque depuis 6 mois sur Yamaha TDM 900 et Honda VTR 1000.
Pas de problème pour enfiler le casque avec les lunettes sur le nez, il suffit d'écarter légèrement les joues du casque.
Ce casque a remplacé un LS2 Valiant FF339 (1ère version) ayant goûté au bitume : j'ai la nette impression qu'il est plus bruyant. Bouchons d'oreille obligatoires pour tout déplacement supérieur à une heure.
Pas de problème de stabilité du casque et d'effort au niveau de la nuque sur ma TDM qui dispose d'une bulle "touring" (et avec laquelle je peux rouler en position "Jet" jusqu'à 100-110).
C'est une autre histoire sur la VTR qui n'a qu'une bulle sport, au point que j'envisage de changer la bulle (à des vitesses allemandes on sent une forte traction vers l'arrière).
Après six mois, je n'ai toujours pas trouvé comment éviter la tache de condensation devant le nez sur le Pinlock© même par beau temps (à cause de ça je ne roule jamais avec la bavette anti-remous déployée). Sans doute s'agit-il d'un manque de ventilation.
J'aurais souhaité aussi un véritable "clic" au moment du verrouillage de la mentonnière en position "intégral", là je suis toujours contraint de vérifier le verrouillage de la mentonnière en la poussant en avant (Damien à raison de préciser que lors du basculement de la mentonnière de la position "intégral" à la position "jet", il faut pousser la mentonnière vers l'avant avant de la pousser vers l'arrière.