Comparo twin Honda 700

Essai comparatif DN 01, XL700V Transalp ABS-CBS, NT700V Deauville ABS CBS

Qu'est-ce qui peut amener à comparer 3 motos aussi différentes qu'un DN 01, un XL700V Transalp ABS-CBS et une NT700V Deauville ABS CBS ? Comment mettre un trail, une routière et un extra-terrestre cote à cote ? Certes ces trois modèles sont vraiment différents mais ils sont motorisés par la même base : un bloc bicylindre 680 cm3, simple ACT. Du coup, autant mener l'idée jusqu'au bout et parcourir le plus de kilomètres possibles... de Paris à Colmar... via les Vosges et retour... afin d’évaluer les spécificités de ces motos sur la plage d’utilisation la plus large possible. Qui en sortira vainqueur ?

Découverte

La DN-01 déroute au premier abord : croisement improbable entre un cruiser dont elle reprend les repose pieds et le boudin arrière de 190, et un scooter futuriste de par sa boîte de vitesse automatique de dernière technologie. Son design ne peut laisser indifférent. Longue et basse, fluide, les lignes s’étirent sur l’arrière et l’ensemble fait songer à un requin. Le tableau de bord est digital et extrêmement complet. Le passage des vitesses s’effectuent soit manuellement via les boutons + et - placés sur le commodo gauche, soit automatiquement en mode «D» (Drive) et «S» (Sport). Ce dernier offrant des relances plus énergique.

La Deauville parait bien classique à coté de sa soeur transgénique même si elle a été modernisée en 2006, tant au niveau ligne que motorisation. Intégrant une bagagerie importante, une large bulle réglable en inclinaison et une transmission par cardan, ce modèle est une vrai GT alliant confort, praticité et accessibilité.

Dans un tout autre genre, entièrement revue en 2007, la mythique Transalp parait la moins policée des trois : lignes tendues, style baroudeur, sabot moteur, déco «Raid», mono-optique de phare complexe, échappement relevé... Le trail icône de la marque est également très ergonomique et offre une position de conduite ainsi qu’une place passager confortable dont les poignées de maintient sont aussi convaincantes que celle de la routière Deauville.

Contact

L’esthétique n’est pas l’unique point de différence de ces modèles. S’ils partagent une même base moteur, leurs différences de fonctionnement sont importantes.

Sur la DN-01, tout est feutré, le moteur est quasi imperceptible. La Deauville rend déjà plus perceptible l’architecture en V qui la propulse mais c’est sans aucun doute la Transalp qui réjouit les oreilles de sa mélodie flatteuse. Et ce n’est que le début d’une vaste, mais logique, liste de différences.

En ville

Une fois la position de pilotage à peu près acquise (comodos de transmission automatique, pédale de frein placée à la verticale en bout de marche-pied droit...) la DN se révèle agréable. Le tout est de choisir son mode de pilotage... envie de jouer? Appuyez sur «S». Envie de sérénité? Envoyez «D»... Envie de choisir vous-même VOTRE rapport... passez en manuel ! Sans oublier alors que, sans intervention de votre part, vous irez au rupteur... A noter également un rayon de braquage camionesque.

La Deauville n’aime pas trop les sous-régimes, en bon bi-cylindres et cogne sous les 2.500 tr/mn. Facilement tenu à un régime supérieur, idéalement vers 4.00 tr/min, la GT vous fait bénéficier de la douceur de son cardan et de son confort de routière. Son gabarit contenu n’appelle aucune réserve lors des manoeuvres.

Ca cogne également sur la Transalp, au même bas régime. Mais, dès 3.500 tr/min, le bi gratifie de reprises sympathiques tandis que l’échappement s’occupe sympathiquement de la bande sonore du périple urbain. Guidon large, géométrie de type trail... la Transalp se place facilement dans le trafic. Seule la plongée plus importante de la fourche, inhérente à sa nature «tout terrain» et sa hauteur peuvent surprendre au début. Surtout avec le système CBS, qui fait plonger l’avant quand vous actionnez la pédale de frein... couplage oblige. Efficacité garantie.

Départementale

Selle souple mais amortisseur raide... la DN-01 n’est pas la plus confortable mais reste très correcte. Son mode de fonctionnement ludique est par contre appréciable. Le moteur répond présent à chaque sollicitation (mode «S») et vous fait alors bien vite découvrir les limites de la garde au sol... ça racle à chaque virage dès que le rythme s’accélère. Sur la viroleuse et entraînante route qui descend vers Colmar depuis les Crêtes, vous trouverez certainement le moyen d’achever les tétines de repose pieds... ou adapterez un rythme plus adapté à la philosophie de l’engin en virage : la contemplation.

Pour tenter de suivre, sur cette même route, une VFR 800 2009 au guidon d’une Diversion... il faut s’accrocher... au haut du compte-tour : 2° et 3° rapport de 7.500 tr/min au rupteur. Là se cache l’efficacité moteur de la GT. Etonnant pour un bi-cylindre... Dans une mélopée aigre, le twin délivre ses dernières ressources. La partie cycle est certes un peu souple mais tient le coup sur ce rythme sportif. Etonnant, et pas franchement son style, surtout qu’à rythme adapté, la Deauv’ est un vrai plaisir à rouler. Notez que le cardan est un vrai bonheur, ne générant aucun à coups.

Dans les coins montagneux, la Transalp remporte le point. Son moteur vitaminé relance fort et procure un coup de pied aux fesses à 5.000 tr/min avec quelques saines vibrations. La partie cycle, vive, précise et intuitive pardonne les erreurs de pilotage. Il faut jouer un peu de la boite en conduite sportive mais celle-ci est parfaitement étagée en utilisation plus usuelle. La bande son devient plus métallique mais garde tout son charme et accompagne l’évolution du trail qui virevolte de virage en virage. La différence de philosophie moteur avec la Deauv’ est tres sensible. Dynamique sur l’une il semble plus pantouflard sur la routière, conséquence du poids plus important sur celle-ci. La GT est pourtant dotée d’une boite à seulement 5 rapports.

Autoroute

Non, finalement, je garde la Deauville... merci !! Le choix est vite fait : La DN-01 peut vous emmener loin, mais pas par l’autoroute... à 130 km/h et plus sur voies autorisées, la mutante vous amène à un choix de position : soit le nez dans les compteurs, surplombant son capot lisse et sans déflecteur, soit allongé en arrière... c’est à 150 km/h que l’on hésite vraiment à continuer l’expérience, alors même que le moteur vous laisserait faire volontiers. Là encore, ce modèle est fait pour cruiser sur les bords de plage ou les avenues des grandes villes, en souplesse et confort.

Sur le «trail alpin», les voies rapides, sans être plaisantes, restent franchement acceptables. Grandes courbes et lignes droites s’avalent sereinement même à vitesse soutenue. Seules les vibrations engourdissent un peu les mains à la longue.
La position assise bien droite et la bulle assez efficace vu sa taille seraient idéalement secondés par une selle plus confortable.

C’est ce que propose la Deauville, avec en plus un vrai pare-brise réglable pour rouler vite et bien. Silence, calme et, presque, volupté et ce même à 180 km/h ou commence alors un très léger louvoiement. Le carénage important contribue à ces infimes ondulations mais surtout à votre confort. Son équilibre aux allures légales est très bon et on a peine à quitter la selle de cette routière pour retrouver celle d’une de ses soeurs du jour.

Freinage

Excellent sur les trois modèles, celui-ci est amélioré par un freinage couplé ABS-CBS : ce système équilibre la puissance de freinage entre les freins avant et arrière, quel que soit la commande utilisé et c’est tres efficace.

Confort/Duo

Vous en ferez l’impasse sur la DN-01 à allure soutenue. Les 2 autres modèles accueillent pilote et passager avec bon sens.

Poignées de maintien, position, protection... tout est pensé pour une utilisation voyage, qui fait partie du cahier des charges tant de la Transalp que de la Deauville. Les suspensions du trail sont plus fermes que par le passé mais rien de gênant, surtout sur route ou son comportement n’en est que plus incisif.

Conclusion

Il peut sembler étrange de «comparer» des modèles si différents. Cest donc moins un comparatif qu’une occasion de rouler, avec une même base moteur, sur 3 engins aux concepts éloignés les un des autres :

Une GT avec valises intégrées et un confort important, dans laquelle le twin est un peu à la peine si l’on souhaite un peu de fun mais qui vous emmenera, vous, votre passager et tous vos bagages, loin et confortablement.
Un trail vitaminé avec des aptitudes aux sorties tout-terrain ou s’exprime idéalement le bi-cylindre et qui permet de s’amuser dans les relances. Une invitation au voyage, même aventureux, ou simplement l’outil de tous les jours, le peps en plus.
Un concept hybride étonnant au charme comparable à sa garde au sol : limité. Mais tellement décalé , idéale pour profiter des zones urbaines ou péri-urbaines et proposant soit la facilité de l’automatisme d’un scooter soit l’agrément d’une moto futuriste à boite séquentielle. Le «cruis-ster» ou le «scootstom » avec lequel vous ne passerez pas inapercu.

Cette base moteur, fiable et éprouvé permet à Honda de proposer à la fois une offre pertinente : Transalp et Deauville et impertinente ... la DN-01, vitrine technologique de l’automatisme.

Toutes ont en commun d’être un aboutissement de leur concept respectif et représentent donc des choix rationnels dans leur catégorie. Encore et toujours l’esprit Honda : facilité, innovation, homogénéité.