Salon de la Moto : tapis rouge des 2 roues
Hommage de plus d’un siècle à l’industrie moto
A quoi peut bien servir un salon consacré aux deux-roues ? Pensez-y : si vous faites un tour de table parmi vos proches, vos collègues ou encore si vous vous frotter à l’art du micro-trottoir, il se peut que les réponses ne viennent pas immédiatement.
Pourtant, cela fait plus d'un siècle que cela dure… l’exposition est une ode à l’industrie où les nouveaux modèles sont rois. Par rapport à la concession, tout change : chacun se retrouve face à ses concurrents et doit attirer l’attention, faire rêver ou donner envie d’acheter… En bref, il s’agit du rendez-vous à ne surtout pas manquer pour les constructeurs !
Les origines au Grand Palais
La première appellation du salon de 1901, tenu au Grand Palais, sera l’Exposition Internationale de l’Automobile du Cycle et des Sports. Oui, auto et moto ne forment qu’un et les deux-roues sont exposées pour la plupart dans les galeries du balcon.
L’exposition deviendra salon en 1926, une décennie avant un changement majeur dans l’organisation du salon : dès 1933, on ne pourra profiter du cycle et de la moto que lors des années paires. Cela n’empêche pas l’industrie de se développer et avec cela la nécessité de voir plus grand.
Ce n’est pas parce que les deux-roues offrent un gain de place indéniable face à l’automobile qu’il ne faut pas leur accorder de l’espace. Suivant cette logique, le salon se partage en deux pour emmener les deux roues du côté de l’annexe Invalides du Salon. Vous ne pouviez alors pas les manquer, nichées au carrefour entre le quai d’Orsay et la rue Fabert.
Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale interrompra les hostilités quelques années, avant de reprendre en 1946. Le retour des festivités ne règlera pas tous les problèmes. L’espace manque toujours au Grand Palais, il faut donc songer à changer de lieu. Heureusement, Paris est une ville vaste et la Porte de Versailles fait la générosité de prêter son espace au salon, qui deviendra en 1951 le Salon de l’Automobile du Cycle et du Motocycle.
Le salon de l’auto prend de l’ampleur… et les motos dans tout ça ?
Le salon conserve toujours la même philosophie. Il demeure une vitrine incontournable pour les marques. Des prototypes y ont également leur place, la carte du rêve étant largement exploitée par les constructeurs – et à raison ! Si l’on n’a pas les moyens de se payer une monture de luxe, on peut toujours se rincer l’œil sans jalousie, en sachant que personne ne prendra le guidon de ces produits venus tout droit de l’esprit torturé autant que créatif des designers…
Or, les motards pouvaient sûrement se lasser : d’une, ils permettaient à l’automobile d’avoir l’exclusivité les années impaires et de deux, le salon change à nouveau de nom en 1974. L’automobile demeure vedette, puisqu’il faudra l’appeler à partir de ce millésime le Salon de l’Automobile et de la Moto. Les amoureux de la concision apprécieront l’effort rédactionnel, cela dit !
Les années 1990 viendront changer la donne, avec l’organisation en 1993 du Mondial du Deux Roues. Comme le parc des expositions veut marquer le coup, c’est ni plus ni moins le bâtiment 1 qui ouvre ses portes aux motards et à leurs bolides. 55.000 m² pour des scooters et motos qui prennent moins de place que l’auto, l’idéal ! A l’époque, le cycle et la moto sont cependant réunis dans l’enceinte.
Il faudra attendre 2003 pour que le Hall 1 soit uniquement consacré aux motos, les cycles étant relégués au Hall 3. Il faut dire que la place commençait à manquer, les exposants venant toujours plus nombreux d’année en année.
Rien de tel que l’exclusivité du Hall 1 pour en profiter : c’est en tout cas ce qu’a été la stratégie de Harley Davidson cette année-là. Le constructeur américain disposait alors d’une exposition dédiée à son mythe. D’autres expositions spéciales les années précédentes et suivantes ont vu le jour. On relevait ainsi en 2001 un hommage à l’histoire de Piaggio, avant que 2007 ne célèbre la moto et le cinéma. 2011 honorait pour sa part les motos et scooters stars.
Vous l’imaginez donc bien, le succès a été sacrément au rendez-vous en 2003, avec un nombre record de visiteurs qui s’élevait très exactement à 415.168 personnes et ne désemplira pas jusqu'à son édition 2007.
La crise vient frapper l’industrie, mais elle a bon dos !
La frappe a été chirurgicale, abrupte, sans concession. En 2009, le Salon de la Moto a été tout bonnement rayé de la carte. La crise économique a fragilisé les constructeurs, qui portent encore aujourd’hui les stigmates du coup. Si les industries auto et moto ont été largement touchées, nous sommes tous dans le même bateau. De fait, de la même manière que l’homme se relève après un échec, quel qu’il soit, l’industrie réagit, sans cesse, pour trouver des solutions.
Comme l’industrie ne meurt jamais, en 2011 le salon est à nouveau baptisé Salon de la Moto, Scooter, Quad de Paris. Le Repaire des Motards est alors exposant, avec un joli stand. Mais au-delà d'une présence avec un stand conçoit l'application mobile officielle du salon de la moto, tant sur le plan technique que contenu, confirmant sa position de média leader sur le marché.
Le salon renouvelle les actions entre bonnes actions et expositions. Jugez plutôt : lors de l'édition 2013 s'est tenue une vente aux enchères organisée par l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière, une fondation présidée par le célèbre Professeur Saillant et vice-présidée par le président de la Fédération Internationale de l’Automobile, Jean Todt.
Les éditions se suivent, toujours avec la présence du Repaire des Motards non seulement en tant que média pour couvrir l'événement, mais en tant qu'exposant. Le salon attire ainsi environ 170.000 visiteurs à chaque édition.
Mais en 2017, le salon fait une nouvelle impasse pour être programmé finalement en même temps que le salon de l'auto l'année suivante. Les organisateurs couplent donc le salon de la moto au Mondial de l'Automobile pour concevoir un nouveau rendez-vous du véhicule sous la bannière Mondial - Paris Motor Show dès l'automne 2018. Le salon ouvre alors ses portes en même temps que le salon allemand Intermot, mais avec une surface nettement réduite et de nombreux constructeurs absents (Aprilia, Moto Guzzi, Piaggio). Mais il a encore le mérite d'exister, ce qui n'était pas gagné un an auparavant et il y avait au moins dix bonnes raisons d'y aller.
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