Les premiers gestes à prodiguer en cas d'accident de la route
Les conseils de Pascal Cassan, médecin conseiller national de la Croix-Rouge française
Ne pas retirer le casque d'un motard blessé
Rouler à moto c'est vivre sa passion mais c'est aussi prendre des risques.
Même muni d'un équipement de protection complet, un accident en deux-roues motorisés est hélas souvent synonyme de graves blessures. En cas d'accident, les témoins jouent un rôle clé en signalant la zone de l'accident, en protégeant les victimes d'un sur-accident et en alertant les secours. Pourtant, les gestes les plus élémentaires pour garantir la survie des personnes blessées dans un accident de la route échappent encore à de nombreuses personnes. Seuls 49% des Français affirment avoir suivi une formation aux premiers secours, mais entre la théorie et la pratique il y a bien souvent un gouffre, la peur de mal faire ou d'aggraver les choses. Pourtant, mieux vaut agir que laisser mourir.
Le médecin conseiller national de la Croix-Rouge française Pascal Cassan nous délivre quelques précieux conseils pour prodiguer les premiers secours en cas d'accident de la route.
Protéger, alerter, secourir
Cela semble élémentaire, mais toute personne arrivant sur les lieux d'un accident et portant secours aux personnes blessées devra allumer les feux de détresse de son véhicule et se garer si possible après le lieu de l'accident dans une zone sûre, telle que la bande d'arrêt d'urgence. En sortant de son véhicule, il faudra se munir du gilet jaune haute visibilité réglementaire afin d'être bien visible des autres usagers de la route et intervenir en toute sécurité.
Il faudra en outre veiller à faire descendre tous les autres occupants du véhicule et les mettre en sécurité sur le bas-côté derrière les glissières de sécurité si elles sont présentes.
Baliser la zone à 150 voire 200 mètres
Pour éviter tout sur-accident, les témoins présents sur les lieux devront baliser la zone de part et d'autre à une distance d'environ 150 à 200 mètres avec l'aide d'autres témoins qui, placés en sécurité sur le bord de la route, peuvent utiliser tous les moyens possibles pour se faire voir : lampe électrique, linge blanc,...
En l'absence de témoins, il faudra recourir aux triangles de pré-signalisation.
Afin d'écarter tout risque de formation d'incendie, il faudra veiller à ce qu'aucune personne ne fume aux abords des lieux de l'accident.
Les premiers gestes
Après avoir observé ces quelques précautions et balisé soigneusement le lieu de l'accident, le témoin devra tenter si possible de couper le moteur du véhicule accidenté et serrer le frein à main. Vient ensuite l'évaluation de la gravité de l'état et de la situation afin d'alerter au mieux les secours.
Qu'il s'agisse du Samu (15) ou des pompiers (18), il faudra fournir le plus de renseignements possibles aux interlocuteurs pour que ceux-ci puissent mettre en place les moyens techniques et humains nécessaires à l'intervention. Lorsque l'accident a lieu sur autoroute ou voie rapide, il est fortement conseillé d'appeler les secours via les bornes d'appels d'urgence dédiées si l'une d'elle se trouve à proximité. Elle indiquera automatiquement la position aux services d'urgence et permettra une intervention plus rapide.
Si le véhicule impliqué dans l'accident est en feu, l'utilisation d'un extincteur n'est à conseiller que s'il s'agit d'un feu naissant. Si tel n'est pas le cas, il faut évacuer au plus vite. Par ailleurs, si aucun danger immédiat n'est présent pour les victimes, le témoin ne devra pas chercher à les extraire de leurs véhicules.
Déplacer et dégager la victime
Déplacer un blessé peut endommager sa moelle épinière et causer une paralysie définitive ou dans certains cas son décès. Pourtant, il existe des situations où le déplacement d'une victime est vital. Le risque pris en la dégageant est alors plus faible que celui de ne pas le faire.
Cette décision doit par conséquent être prise si la victime, les sauveteurs ou les deux sont exposés à un danger qui ne peut être contenu comme par exemple un début d'incendie dans le véhicule de la victime ou un état d'inconscience ou milieu de la chaussée.
Dans le cas d'un motard blessé, il ne faudra pas retirer le casque mais essayer si possible d'en ouvrir la visière.
Que faire face à un accidenté sans connaissance effondré sur son volant ?
Si une personne blessée se retrouve inconsciente et affalée sur son volant, le témoin présent sur les lieux devra agir afin de dégager les voies respiratoires de la victime et éviter une mort par étouffement. Pour cela, il faudra basculer doucement la tête du blessé en arrière en la ramenant prudemment vers le dossier du siège sans faire de mouvement latéral.
Tout en ramenant la tête vers l'arrière, il faudra maintenir la tête et le cou dans l'axe du tronc, une main placée sous le menton, l'autre sur l'os occipital.
Que faire si un blessé est inconscient ?
La première chose à faire en arrivant près d'une personne inconsciente et de vérifier si cette dernière respire encore ou non. Si ce n'est pas le cas, il faudra pratiquer un massage cardiaque au plus vite. Si au contraire la personne blessée respire toujours, il ne faudra pas la laisser sur le dos car elle risque de s'étouffer avec sa langue ou ses vomissements.
Après avoir si possible pris conseil auprès du centre 15 ou 18, le témoin pourra mettre la victime sur le côté, en position latérale de sécurité.
Pour ce faire, il faudra tourner le blessé prudemment sur le côté, la jambe sur le sol tendue, l'autre repliée vers l'avant. Le bras au sol devra former un angle droit et la paume tournée vers le haut. L'autre bras devra être replié avec le dos de la main contre son oreille la bouche ouverte.
Que faire si la victime ne respire plus ?
Si la victime est sans connaissance, ne parle pas, ne réagit pas à un ordre simple et ne présente aucun mouvement dans la poitrine ou le ventre, il faut immédiatement pratiquer un massage cardiaque en attendant l'arrivée des secours. Pour se faire, placez les mains, l'une sur l'autre, au milieu du thorax, les doigts relevés n'appuyant pas sur les côtes. Bras tendus, appuyer fortement avec le talon de la main en y mettant le poids de son corps et en effectuant ainsi 120 compressions par minute (2 par seconde).
Que faire si le blessé saigne abondamment ?
En cas d'hémorragie, le témoin ne devra pas hésiter à appuyer fortement sur l'endroit qui saigne avec les doigts ou la paume de la main en interposant si possible une épaisseur de tissu propre recouvrant complètement la plaie.
Les gestes à ne pas faire ?
Dans tous les cas, le témoin ne devra pas se précipiter ou se mettre en danger inutilement. Ce dernier devra en outre veiller à se garer assez loin de l'accident et convenablement afin d'éviter tout risque de sur-accident. Il faudra également appeler les services de secours avant d'effectuer les gestes de premiers secours sur la victime.
Ces quelques conseils ne se substituent néanmoins pas une véritable formation.
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