Mes manies

J'ai des manies à moto. Des tas, en fait, quand j'y pense. Certaines me sont passées, d'autres persistent. Certaines agaçantes, d'autres vitales.

Quand je sors, je tâte toujours deux fois ma poche de gauche pour vérifier que j'ai bien les clefs de la maison. Alors même que je ne peux pas m'enfermer dehors avec la serrure actuelle.

Quand je sors d'un rond-point, je regarde toujours par-dessus mon épaule droite des fois qu'un mauvais aurait l'idée de venir se glisser entre moi et le trottoir.

Quand je monte sur la moto*, je replace les coudières qui ont tendance à glisser vers le bas sur l'un de mes blousons. Donc je fais ça avec tous mes blousons, même ceux où les coudières ne bougent pas.

Quand j'achève un changement de direction, je spamme l'interrupteur de la commande de clignotants, des fois qu'elle ne marcherait qu'une fois sur quatre maximum. Ce qui est parfaitement inutile.

Quand je roule la nuit en pleins phares, j'ai toujours le pouce gauche sur le basculeur pour pouvoir couper si quelqu'un vient d'en face - j'ai horreur des mous de l'inverseur qui t'en collent plein la tronche, surtout depuis que les phares à LEDs ne sont plus le privilège des blaireaux.

Je ne peux pas m'empêcher de passer toutes les deux semaines à la pompe pour mettre un coup de gonfleur dans les pneus même si je sais que la pression ne baisse quasiment pas d'une visite à l'autre. J'ai par ailleurs horreur de rouler si j'ai perdu un bouchon de valve.

Je nettoie toujours mes rétros ; je déteste les rétros crades. Ceux du Burg' prenaient l'eau : j'ai percé un petit trou sur le dessous que tout s'écoule dès que je le relève de la béquille.

Je nettoie aussi mes compteurs ; je déteste les compteurs sales. Sur la SV, grâce à une lointaine tempête de sable, un coup de gant trop généreux avait marqué le plexi d'une méchante balafre que j'avais sous le nez tout le temps après. Depuis : eau et microfibre.

Quand je roule derrière une voiture, je regarde si ses pneus sont bien gonflés. Si l'un d'entre eux bande mou, je fais des signes au conducteur, ou je m'arrête au feu rouge pour signaler au (terroriste / fou dangereux) gentil contribuable des dangers qu'il encoure.

Je ne supporte pas de rouler avec mes poches de blouson ouvertes, parce que j'ai peur de perdre les clefs de la maison. Alors que celles-ci sont dans ma poche de jean précisément pour ne pas les perdre en les mettant dans ma poche de blouson restée ouverte. Va comprendre.

Quand je remarque une super-pépée sur le trottoir, je regarde immédiatement ailleurs parce que c'est dans ces moments-là que surgit le 19 tonnes freins bloqués.

Quand je vois une moto dans la rue, je regarde l'état de son kit-chaîne. Il y a beaucoup à apprendre du caractère du propriétaire en regardant l'état d'un kit-chaîne. Les femmes font la même chose avec l'état des chaussures des hommes, par exemple.

Quand j'avais un embrayage manuel, j'en graissais souvent le câble. Je déteste les câbles d'embrayage grippés, durs. Maintenant, ce sont les pivots des leviers de freins : je nettoie et graisse leurs bagues tous les six mois et je rêve de leviers montés sur rotule, sinon sur roulements à aiguille, en plus d'une poignée de gaz sur paliers auto-lubrifiants.

* bon, OK, le scoot. Fépôchier, toi.

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