Le Clic c'est la Vie
En vingt ans, le Clic est devenu mon Maître. Pas de clic ? Pas de fric.
En vingt ans, le Clic est devenu mon Maître. Pas de clic ? Pas de fric. C'est l'aboutissement d'une campagne d'éradication des poètes et des artistes au profit des comptables et des contrôleurs de gestion.
Chez ces gens-là, monsieur, on ne vit pas. On ne vit pas. On compte.
On compte les clics. On compte les vues. Tout le monde sait que les statistiques sont bidonnées. Mais ils n'ont que ça à bouffer -et ça fait des grands sluuurp !
Parce que j'ai fait la Nouvelle Économie, moi, monsieur. J'y étais, en 1997 ! En 2000 ! Avec les First Tuesday et Clust et PèreNoë.fr et CaraMail et Lycos et PriceMinister et les compteurs Xiti en bas des pages perso sur Mygale puis MultiMania. Déjà, à l'époque, les clics c'était du bidon.
J'écoutais, incrédule, des types en costards à quatre SMIC (sans les pompes ni la toquante) me dire que c'était fantastique parce que ça cliquait de plus en plus ; que ça faisait des visites -ah ! les visites ! Quel beau concept bien bidon.
Il n'y a que dans les magasins où rien ne se vend qu'on en est réduit à se réjouir du nombre de personnes qui poussent la porte. Dans les autres, on s'en fout : on compte le fric qui rentre. Mais chez ces gens-là, on ne pense pas, Monsieur. On ne pense pas. On prie.
On prie pour boucler le prochain tour de financement sur des promesses reposant sur des chiffres bidons et des perspectives de progression tout aussi bidon. Je me rappelle la consternation chez les "investisseurs" quand ils ont découvert que le nombre d'utilisateurs de Facebook ne pouvait pas dépasser la population humaine sur Terre. Le choc !
Comment ? Sur la base de cinq milliards d'utilisateurs aujourd'hui vous ne comptez pas doubler dans trois ans ?
Bah non.
Pourtant, ils savent que le clic, c'est bidon. Il ne faut simplement pas le dire : ce serait comme un de ces blasphèmes qui valaient un aller simple pour le moyenâgeux bûcher. Ou alors on le murmure entre gens de bonne compagnie : le clic, c'est bidon. Mais tant que ça continue à faire de la thune, on continue de faire semblant. On continue d'y croire. Parce que chez ces gens-là, Monsieur, on ne cause pas. On ne cause pas. On compte.
On compte les clics parce qu'il n'y a rien d'autre à compter. Parce que c'est simple. Parce que c'est à la portée des forts en maths. Les maths, c'est fait pour les gens sans imagination -c'est dangereux, les gens doués d'imagination, on a plus de mal à leur raconter des sornettes. C'est la victoire du comptable et du contrôleur de gestion : en quarante ans, ils ont renversé la pyramide. Hier au sous-sol, ils sont maintenant au dernier étage, dans de grands bureaux avec vue sur le ciel.
Au sous-sol, ils ont été remplacés par les poètes et les artistes. On a encore besoin d'eux, mais d'ici peu, pense ce crétin d'Andreessen (celui qui s'est déjà foutu dedans avec la Longue Traîne et qui confond calcul et argent), l'IA aura raison d'eux, aussi. Bientôt, tu fileras une phrase au petit-fils de ChatGPT et il te sortira une Kronik en 4,71 secondes, avec tous les mots-clefs qu'il faut pour faire du buzz en fonction de ce qui "trend" cette semaine.
Pour faire plaisir au comptable, il faut que ça monte. Il faut que ça progresse. Il fait faire +x% dans cette case-là et -y% dans celle-ci. Pourquoi ? Parce que. Parce que dx sur dt se doit d'être positif. Il faut que ça grimpe. De Rothschild il n'a retenu que ça : il veut "plus". Pourquoi ? Parce que.
Parce constater que cette année on a fait +x% évite de se demander pourquoi. +x% ? Ouf ! Mission accomplie ! Suivante !
Alors que moi, forcément, je hais le clic. Le clic est une imposture. Le clic, c'est pour les médiocres.
Combien je fais de clic ?
Mmmm...bof... Je n'en sais rien.
Ah... Parfois je regarde. Mais rapidement, hein ?
Juste pour savoir, hein ? Non pas que ça m'intéresse. C'est juste par acquit de conscience, par curiosité.
Oui, ok, admettons : je sais que sans clic, ya pas de thune. Parce que je ne vends rien. Les mecs qui ne vendent rien doivent faire du clic. A l'époque d'avant, j'aurais occupé une demi-page, payée par la pub et les abonnés. La transaction aurait été simple : les abonnés payent pour me lire, moi et mes potes ; les annonceurs payent pour le nombre d'abonnés et zou !
Mais il n'y a plus d'abonnés. Même sur Youtube c'est bidon. Pourtant, on n'a que ça à bouffer -et ça fait des grands sluuurp ! Dans la tête du comptable, plus = mieux. Les disciples de Rothschild ont convenu que dix Commandements c'était de l'allocation inappropriée de ressources. Un seul suffit bien. Plus = mieux. Faut faire simple pour les matheux.
Ouais. Même à moi il me faut du clic. Si pas clic : Kronik à la trappe.
Clic ?
Commentaires
Comme un con j'ai cliqué.
20-06-2023 07:58J'ai beau être rebel, je sais bien que cliquer c'est un truc de faible, mais je me suis fait avoir, j'ai cliqué quand même...
du coup j'ai cliqué deux fois
20-06-2023 08:29Dis donc Kpok, cette chronique c'est un message parce qu'on n'a pas assez cliqué sur celle de la semaine dernière ? 🤔😁
20-06-2023 08:58Le clic, c’est comme le pouce bleu, c’est ta « popularité ».
20-06-2023 09:16Je mets biensur des guillemets, comme je le fais pour « amis » sur Facebook. Car je clique aussi sur des trucs pourris, avant de savoir qu’ils sont pourris.
Quand tu as du clic, tu es crédible, et donc tu « vaux » ton audience. Plus c’est haut, plus tu es bankable.
C’est ainsi que va le monde. La dictature du net.
Quand on voit la masse bêlante qui a le nez H24 dans le smartphone, pas étonnant.
On va pas trop cliquer parce qu'on sait bien que sinon tu vas te faire refaire les lèvres et partir à Dubaï !
20-06-2023 09:51Et encore, est ce qu'il n'y a pas d'autres choses de comptabilisées comme le temps resté sur la page, le nombre de commentaires en dessous de ta rubrique ?
Si la même IP clique plusieurs fois, ça compte plusieurs fois ?
D'un autre côté, c'est un peu comme un livre, tu regardes le résumé, et si ça te plaît pas tu l'achète pas (tu cliques pas), si ça te plaît, t'achète (tu cliques).
Simple curiosité : vu le nombre de personnes lisant en moyenne tes kroniks et ce que ces dernières te rapportent, ça fait combien d'euros (centimes ?) rapportés par personne sur un an ?
Ça permettrait de connaître le prix de l'indépendance.
Et n'oubliez pas de laissez un pouce bleu et de vous abonner !
Ca devient Koud'Pied O'Klic ton nom d'artiste. Pôvre de nous.
20-06-2023 11:09Salut
20-06-2023 12:10À une époque on disait :
Le kick c'est la vie
V
KPOK a oublié que déjà bien avant internet, les dés étaient déjà pipés.
20-06-2023 12:17A l'époque où (pourtant tout jeune) je m'intéressais à la photo, un nouveau magazine pariait sur le rédactionnel et un juste dose de pub, avançant que nombre de ses confrères remplis de pub auraient pu distribuer gratuitement leurs mensuels au vu de ce qu'ils ramassaient rien qu'avec la pub !
Mais au moins, cela signifiait que le rédactionnel intéressait des lecteurs, puisqu'ils achetaient les canards en question...
Je me souviens d'études qui étaient menées afin de déterminer au-delà des données brutes de nombre d'abonnés et d'acheteurs au numéro, quel était le nombre réel de lecteurs, comptant combien de personnes lisaient la publication. Notion plus valable du fait de la « durée de vie » du numéro pour les mensuels, voir les hebdomadaires, que pour les quotidiens (vous savez ces feuilles de papier au format impossible avec une encre qui tâchait les doigts, et que l'on vendait parfois encore à la criée dans la rue...).
Aujourd'hui, c'est le « click » qui a remplacé le « lecteur ».
La « tyrannie du click » comme j'aime à l'appeler, me laisse d'autant plus dubitatif que je fais partie de ceux qui fulminent contre les publicités ciblées qui se glissent (soi-disant ) subrepticement dans nos écrans. Sans compter que nombre de ces « IA » sont stupides. J'avais fait le test d'aller lire quelques articles sur la détection de grossesse, les testes, leur fiabilité, etc... Ce qui en tant qu'homme (pardon, mais étant de chromosome XY, je vois mal ce que je pourrai biologiquement être d'autre...) est assez peu courant.
Comme de bien entendu, j'ai immédiatement été assailli de publicités pour toute ce qui tourne autour, depuis les tests de grossesse, jusqu'au protection hygiéniques... à grand renforts de forme et conjugaison « fémininine » !
Le lien est même si ténu que nombre de sites souhaitant avoir une "vraie" connaissance de leurs "clients" demandent « comment avez-vous entendu parler de nous » !!!
D'autant plus qu'il doit être relativement simple de tirer parti dudit « click ». Par exemple, notre rédac' chef, de part sa profession initiale, a eu l'intelligence de programmer le site afin que le click dans une zone « vide » telle que les bords de part et d'autre de la zone de lecteur de la page aille systématiquement ouvrir une nouvelle page du RDM... générant ainsi un « click » supplémentaire dans le compteur. Bravo pour cette idée judicieuse David (à tout seigneur, tout honneur).
Et notre KPOK bien aimé a parfaitement raison de se poser la question du « click ». N'ayant de mon côté aucun site, ne vendant rien et m'en foutant totalement, je pose donc clairement ce qui me semble la question sous-entendue par KPOK... :
Où est la « vérité » ?
Et donc, la valeur réelle d'une société, site ou autre influenceur dubaïote tel notre KPOK qui écrit sur ses lointains souvenirs de sa Bourgogne ?
Car la valorisation (et donc la tyrannie) du click ne date pas d'hier.
Je me souviens de discussions que j'avais autour de l'an 2000 avec le PDG d'un poids-lourd du CAC40.
Charmant homme au demeurant, auquel les (rares) motards du siège avaient le privilège de pouvoir utiliser le parking souterrain (la place de parking étant déjà une denrée rare en plein Paris, et plus encore dans un site où sur 600 personnes, plus de la moitié à un range de « directeur » et n'envisagent pas aisément de ne pas venir en voiture...) : il avait donc fait dégager quelques voitures du premier sous-sol, et aménager à la place des stationnements « moto ». J'ai ainsi fait sa connaissance alors qu'il garait son scoot Honda « grosses roues » à côté de l'Eliminator 1000...
Mon parcours professionnel atypique l'avait intrigué, et il nous arrivait de discuter au hasard de nos rencontres.
C'est au cours de l'une de nos discussions à bâtons rompus (privilège d'être un consultant externe, qui permet souvent souvent de s'affranchir de certaines pesanteurs hiérarchiques) qu'il m'a confié une réflexion sur la valorisation boursière du groupe.
Il avait lu à combien les « sociétés internet » étaient valorisées par le marché, sur la base de leur nombre de « client » ou « contact ».
Bien que travaillant en « BtoB », le groupe avait au fil des années établi une base de référence clients absolument unique à l'époque dans un domaine tel que le sien. Ce qui l'avait ammené à la remarque suivante :
« Si je prenais la même base pour évaluer la groupe, il devrait valoir 5 fois plus cher que sa cotation boursière. Où est donc la réalité ? :
La valorisation boursière qui sousestimerait alors grossièrement la valeur du groupe ?
La valoriastion « internet » qui surestimerait très largement la valeur du groupe ?
Entre ces deux paramètres ?
Ailleurs ?»
Je m'étais sorti de la discussion par mon habituelle pirouette, avançant que si j'avais été un spécialiste des devises (change et taux d'intérêts), les actions étaient un autre monde qui me laissaient assez froid. D'autant plus que suivant les mouvements, il s'y créait ou perdait une valeur qui semblait bien ésotérique pour un garçon « basique » comme moi . Du moins plus que mes marchés habituels sur lesquels ce que l'un gagnait imposait qu'un autre l'ait perdu concurremment.
Mais sa question était toutefois parfaitement justifiée, et n'a cessé de m'intriguer depuis.
Le krach boursier de l'internet en 2000-2001 me semble avoir partiellement répondu...
Mais la question reste toujours valide.
Bé, si les chroniques étaient publiées sur du bon papier, on serait certainement quelques-uns à les acheter !
20-06-2023 14:03Via Amazon ? (et merde ...)
18 "clics" dans la kronik?! J'ai l'impression de mettre en route une bécane moderne avec ses multiples merdouilles à paramètrer....
20-06-2023 14:42Et puis faut pas oublier Frida,
20-06-2023 18:09qu est belle comme un soleil...
Torpédo> ah bah quand même y en a au moins un qui réagit !
20-06-2023 21:58Et la moustache du père, qu’est mort d’une glissade, elle en dit quoi, du clic ?
Salut
20-06-2023 23:34Reprise au stade de France ?
V
Fift: ça dépend
21-06-2023 14:57Glissade de l’avant ou de l’arrière?
L'histoire ne le dit pas.
21-06-2023 15:02(ZE truc des narrateurs qui n'ont pas envie de se fouler)
"Les maths, c'est fait pour les gens sans imagination"... Alors là coco, rien n'est moins sûr ! Ça dépend à quel niveau en tout cas. Ne surtout pas confondre les maths et un vague relent de calcul statistique mal assuré, typique de la "culture" du net.
21-06-2023 16:07C'est sûr que pour aller pondre i²=-1, faut avoir l'esprit ouvert
21-06-2023 16:22Lui qui sait plus son nom, Monsieur, tellement qu'il clique
22-06-2023 23:20Ou tellement d'heure le nez passé sur son phone
Qui fait beaucoup clics d'ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui s'prend pour le roi
Ah les putaclic !!!!
Plutôt amusant .. toute cette clique qui répond..
26-06-2023 22:41