Fin de l'hospitalisation pour Toniutti
Le pilote français gravement blessé lors de son premier Dakar
Toniutti fait le point sur son expérience et les mois à venir
En début d'année, Julien Toniutti se lançait à la poursuite d'un nouveau défi après les rallyes routiers et le Tourist Trophy en prenant le départ de son tout premier rallye Dakar.
Au Pérou, tout se passait extrêmement bien pour le pilote tricolore qui avait pour objectif d'aller au bout de cette première participation. Malheureusement, lors de l'avant-dernière étape, Julien chute lourdement et subit de nombreuses blessures : : traumatisme crânien avec hématome cérébral, fracture du plateau orbital, plusieurs traumatismes internes dans l’abdomen...
Le pilote a ainsi dû être placé dans un coma artificiel pendant 4 jours, de quoi générer les pires rumeurs avant la fin du Dakar et les semaines qui ont suivi. La famille ne souhaitait pas que l'on relaye les nouvelles, bonnes comme mauvaises et l'on attendait donc impatiemment que le pilote relève la tête. C'est le cas enfin après pas moins de 40 jours d'hôpital. Cet après-midi, il a finalement pu sortir, même s'il conserve pour l'heure quelques séquelles et s'est livré sur cette étape difficile de sa carrière ainsi que sur son programme pour les mois à venir.
40 jours après l’accident, comment vas-tu ?
La chute a été sévère, mais maintenant tout se remet en place doucement, tout va pour le mieux. J’ai encore des troubles de la mémoire. Il y a aussi le bras droit qui est cassé. Les différents examens post-opératoires et les différents besoins de rééducation m’ont fait faire la tournée des hôpitaux de Lyon. Aujourd’hui, je suis sur la bonne voie. Le plus dur est désormais derrière.
Que retiens-tu de cette expérience ?
Je retiens que j’ai beaucoup de chance d’être encore là et aussi beaucoup de chance d’avoir de bonnes personnes autour de moi. Ils et elles se reconnaîtront. Lors de l’accident, ils se sont mobilisés et coordonnés avec A.S.O pour traiter ce qui était important et ne pas se laisser polluer par ce qui ne l’était pas. Aussi, je retiens ce pari fou du projet « Road to Dakar » : passer de la course la plus extrême sur route à la course la plus extrême en tout-terrain. C’était une première ! Toute la saison 2018-2019 a été adaptée en ce sens. Jusque là, tout avait été respecté : finisher au Merzouga Rallye, Record Français au Tourist Trophy, 5ème titre de Champion de France des Rallyes Routiers... On y était presque ! Comme on dit dans le monde de la moto : « ça passait, c’était beau ! » Alors un grand merci à Moraco, SGR, Team 2B, Nomades Racing et tous mes partenaires de la route qui m’ont suivi dans cette aventure tout-terrain. Merci aussi pour tous les messages de soutiens que j’ai reçus depuis la chute. Dans un lit d’hôpital, le temps est long, alors tous ces messages de fans m’ont aidé à garder le moral.
Jusqu’à l’accident, comment s’est déroulé ton 1er Dakar ?
Sur les premières journées au Pérou, je suis parti doucement et prudemment, je voulais garder de l’influx et « du jus ». Au début, c’était éprouvant, je tombais dans les passages techniques des dunes et il fallait relever la moto plusieurs fois par jour. Ensuite j’ai trouvé le bon feeling et de bonnes sensations. Cela allait de mieux en mieux. J’ai pu mettre du rythme. Après la fatigue a repris le dessus et puis... patatra...
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué au Pérou?
Il y a 3 choses qui m’ont vraiment marqué :
En 1er, l’épreuve : la difficulté est là, elle est réelle. L’exigence est partout. Il faut être bon en navigation, technique dans le sable et surtout très, très endurant. Pour faire le Dakar en moto, Il faut avoir un très bon physique. C’est un facteur clé nécessaire. C’est la course la plus difficile que j’ai faite. Une étape est l’équivalent d’une spéciale Paris-Lyon par les chemins et les dunes, suivi d’un parcours retour de liaison par la route. Et c’est ça, tous les jours. En spéciale, il faut être concentré sur la navigation, les way-points, les obstacles, les pièges des dunes... Nerveusement, c’est intense. Sur les parcours de liaisons, la moto vibre, on roule plus vite. Avec la vitesse, la visière du casque tire sur les cervicales. L’accumulation des jours et des kilomètres use. On dort peu. On dort mal. Cette course t’oblige à sortir loin de ta zone de confort. Dès le 3ème jour, j’avais mal partout. C’est du costaud. Vraiment. Le Dakar n’est pas la course la plus dangereuse, mais certainement la plus physique. Sur les 137 engagés en moto, seulement 75 ont rejoint l’arrivée. C’était une course à élimination.
En 2ème, l’organisation et le paddock : Tout est gigantesque. Il y a du monde partout. Du staff A.S.O, des journalistes, des TV, des teams usines, des tops pilotes, des amateurs, des mécanos, du staff technique, du staff médical... Et tous les jours, la caravane déménage. Bref c’est une énorme machine. Sur le bivouac, le soir, tout est très grand. Cela pourrait être impersonnel tellement c’est grand, mais cela reste humain. Il y a des pilotes qui s’entraident. J’ai pu échanger avec quelques tops pilotes, ceux qui roulent devant, très vite et qui prennent le plus de risques et tout s’est fait facilement. Après l’accident, Xavier De Soultrait m’a envoyé un message. Lors de l’étape 7, j’ai eu un souci technique. Le petit buzzer qui indique les zones à vitesse limitée ne fonctionnait plus. Je me suis retrouvé un peu au-dessus de la vitesse autorisée dans certains passages. A l’arrivée de l’étape, je risquais une amende ou des pénalités. J’ai pu en discuter avec le staff A.S.O. Jusqu’à cet incident, j’avais validé tous les way-points et respecté toutes les zones à vitesse réduite. Après vérification de la panne de buzzer, ils ont compris la situation et tout est rentré dans l’ordre.
En 3ème, le public, l’accueil des Péruviens. Au départ, il y avait des milliers et des milliers de personnes, on n’avait pas encore commencé le Dakar, qu’un concurrent m’a dit « je peux rentrer chez moi. Je n’ai pas pris le départ, mais j’ai signé déjà tellement d’autographes que c’est comme si j’avais déjà gagné la course ». J’ai été bluffé par le public du Pérou. C’était chouette. Cela crée de bons souvenirs. C’était vraiment un beau moment.
Quel est le programme pour la suite de la saison ?
Effectivement, il va falloir adapter la saison qui arrive. D’abord, je ne ferai pas le Championnat de France des rallyes routiers en 2019. Le rallye c’est ma discipline, j’ai commencé le rallye routier il y a plus de 10 ans. J’ai connu plusieurs générations de pilotes. J’en garde d’excellents souvenirs. C’est la discipline qui m’a le plus apporté. En retour, j’ai essayé de mettre la lumière dessus quand je le pouvais, car les gens du rallye sont tops, ils le méritent. Les bénévoles, les organisateurs, les participants sont tous des passionnés. Mais le championnat commence dans un mois, fin mars. Pour moi, le timing est vraiment trop court pour être prêt pour les premiers rallyes de la saison. Je sors tout juste de 40 jours d’hôpital. Et puis, j’ai déjà 5 titres, alors il est peut-être temps de prendre un peu de recul. Je reviendrai sûrement simplement pour le plaisir et faire quelques piges avec des projets décalés. Au rallye des Volcans en 2017, j’avais roulé en duo avec le Boss d’EMC, François Speck, qui est aveugle depuis 25 ans. Aurélien Ranéa de Moto Journal avait couvert l’aventure. Tout le monde était content : mes partenaires, les médias, les organisateurs, le public... C’était top ! Bref, cette année, j’aimerais bien refaire et partager un projet de ce type. J’ai déjà une idée. On verra...
Pour le Tourist Trophy, aujourd’hui je ne suis pas en état pour y retourner ! C’est déjà assez dangereux quand toute la préparation est faite dans des conditions optimales, alors ce serait vraiment stupide d’y aller sans être à 100% de mes capacités. Est-ce que dans 3 mois je serais à 100% ? Je ne sais pas. On verra ! Disons qu’il y a 10% de chances d’être au Tourist Trophy en 2019. Ma priorité est de revenir dans les meilleures conditions possible, physiquement et mentalement. J’ai de la chance d’être encore là, alors il faut relativiser si je dois faire une saison blanche ou une saison de transition avec seulement quelques courses.
Enfin, en marge de la compétition moto, j’ai aussi d’autres activités. Je vais donc pouvoir y consacrer plus de temps pour les faire avancer.
Commentaires
merci de nous donner de tes nouvelles, contrairement à l'adage: pas de nouvelles, pas de bonnes nouvelles....
27-02-2019 11:31en cette semaine de commémoration de la naissance de Joey Dunlop je préfère fêter ton retour dans ta famille et parmi nous les poireaux admirateurs de ton parcours.
tu parais presque raisonnable maintenant, peut être d'avoir vu de trop près le panneau trop tard?
prends soin de toi et d'être de nouveau au top
casque bas l'artiste!!!