Menace de pénurie sur les cartes grises
Les salariés d'Arjowiggins Security mettent le feu au papier
Des bobines de 200 kg utilisées comme monnaie d'échange pour leurs indemnités
Fin 2017, l'administration mettait fin dans les préfectures à la délivrance des certificats d'immatriculation pour généraliser les démarches dématérialisées par le biais du site de l'Agence Nationale des Titres Sécurisés. S'en suivaient alors plusieurs semaines chaotiques et de très nombreux retards dans la délivrance des précieuses cartes grises.
Il se pourrait que les titres d'immatriculations connaissent un nouvel épisode chaotique, mais pour des raisons bien différentes.
En France, la société Arjowiggins Security est la seule papeterie à assurer l'approvisionnement en France des papiers destinés aux titres sécurisés comme les cartes grises et passeports ou encore pour les billets de banque. Malgré son savoir-faire reconnu et son exportation dans plus de 120 pays, la société a connu des difficultés financières au printemps dernier avant d'être rachetée par Blue Motion Technologies Holding.
Au moment de la reprise, le fonds d'investissement n'avait alors pas mis en place de plan social. A l'époque, l'Etat avait annulé les dettes de l'entreprise et le précédent propriétaire injecté 18 millions d'euros afin que l'activité puisse se poursuivre, le repreneur devant alors trouver des fonds complémentaires.
Seulement voilà, rien n'a été fait et l'entreprise a été placée en liquidation judiciaire le 16 janvier par le Tribunal de commerce de Nanterre. Se retrouvant sans emploi, les 240 employés du site de Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne) se sont alors relayés pour surveiller les bobines de papiers qu'ils conservent comme monnaie d'échange pour négocier leurs indemnités.
Les bobines de 200 kg sont ainsi mises au feu toutes les 12 heures par les employés qui menacent de continuer à brûler les réserves jusqu'à obtenir gain de cause, quitte à créer une pénurie "dans les deux mois".
Le Ministère de l'Intérieur s'est de son côté voulu rassurant quant à cette éventualité en expliquant que l'Imprimerie Nationale avait déjà entamé les démarches pour trouver un nouveau fournisseur et disposait de suffisamment de stocks.
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