Quotas de PVs et objectif de rendement

Abaissement des vitesses, multiplication des radars, externalisation de la répression

Objectif : 1 milliard d'euros de recettes en 2017

Tout d'abord démentis pendant des années, les quotas de PVs ont peu à peu fait leur apparition officielle, entre circulaires internes et officialisation. Et le rythme va encore s'accélérer en 2017. Forcément, les chiffres de la sinistralité routière ont été mauvais en septembre, l'occasion de resserrer d'un cran l'arsenal répressif routier. Il y a donc un objectif de 25% de PVs en plus pour 2017, notamment afin de renforcer les recettes générées par les radars qui ont trop chuté.

Plusieurs solutions ont donc été trouvées au problème de cette chute de recettes

• abaisser les limites de vitesse : 30 km/h en ville au lieu de 50, 70 km/h au lieu de 90 sur certains axes... même le conducteur qui se sentait très respectueux de la loi sur sa route habituelle, se fera prendre au moins une fois... et avec 40 millions d'automobilistes que multiplie le nouveau PV, la méthode est assez efficace
• multiplier les radars : même si certains radars sont moins efficaces qu'avant parce que tout le monde a réduit sa vitesse moyenne, en multipliant le maillage répressif, on améliore le nombre de PVs, pas obligatoirement l'efficacité aux dizaines de milliers d'euros générés par chaque radar, mais en tout cas, les recettes globales
• externaliser les PVS : des sociétés privées seront en charge de véhicules avec radars embarqués avec des objectifs de rendement encore plus haut pour générer plus de recettes

L'objectif est bien de ramener un milliard d'euros de recettes dans les caisses de l'Etat, sous prétexte de sécurité routière.

Car pendant ce temps-là, les budgets d'entretien des routes ont été réduits et le réseau se dégrade. Les voitures se gadgétisent et l'on voit désormais des publicités télé mettant en avant toutes les fonctionnalités digitale avec écran inclus dans les voitures. Et à force de baisser les vitesses, les conducteurs font désormais autre chose au volant : téléphone, vidéo, tablette sur les genoux, sans parler des jeux de type Pokemon.

J'en veux pour preuve le conducteur qui m'a fait voler dans les airs alors que j'étais sagement arrêté à un feu rouge, avec deux mois de plâtre à la clef. "Désolé, je ne vous avais pas vu !". Il n'avait pas vu le feu rouge non plus. Et ce jour là, aucun policier sur les Champs Elysées, hélas plus occupés à poser des PVs exigés par leur hiérarchie. Et personne ne s'arrête pour prêter main forte. On est blessé et on a l'impression d'être un criminel quand on demande de l'aide. J'ai dû me débrouiller pour aller seul à l'hôpital avec le bras cassé.

Que l'on soit bien clair. L'objectif de limiter les morts sur la route est un bon objectif. Les morts sur la route causent de vrais drames dans les familles. Personne n'a envie d'apprendre la mort d'un parent, ou d'un ami à cause d'un accident de la route.

Mais quid des accidents domestiques qui font 5 fois plus de morts que les accidents de la route ? Quid des actions contre la drogue qui font 30 fois plus de morts que la route ? Seulement voilà, si les morts sur la route ne représente que 0,5% des morts en France (600.000 morts par an), ils permettent de générer 1 milliard de recettes alors que les autres coûtent de l'argent et ne rapportent rien. Et puis agiter le drapeau de la répression et du drame de la route permet de faire oublier l'incompétence dans les autres secteurs comme l'absence d'action ou de résultats en terme de chômage.

Il faut se rendre à l'évidence. Les PVs et la répression routière ne sont plus désormais qu'une taxe comme les autres. ah, oui, j'oubliais, c'est pourtant si simple de respecter les limitations de vitesse. Si vous ne les respectez pas, vous êtes un individu dangereux, incivique, meurtrier en puissance, qui comme dans Minority Report doit être éradiqué avant de commettre son délit. Parce que tout est délit maintenant quasiment en termes de répression routière. Ah, les temps modernes !

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