100 titres de Champion du Monde pour Akrapovic !

La consécration d'un savoir-faire au plus haut niveau

De Colin Edwards (2000) à Jorge Lorenzo, 15 années en haut de l'affiche...

L'usine Akrapovic célèbre ses 100 titres de champion du monde

La dure loi du sport réside dans le fait que personne, ou presque, ne se souvient des seconds. Seules les victoires comptent. Seuls les titres restent. Et quand on commence à en empiler une centaine, le monde dans lequel vous évoluez ne peut que vous considérer comme un acteur majeur.

Cette consécration, Akrapovic peut la savourer depuis le titre de Jorge Lorenzo en MotoGP, obtenu à Valence le 8 novembre dernier. Que de chemin parcouru depuis le premier titre obtenu, celui de Colin Edwards en WSBK sur la Honda VTR SP2, tandis que Joerg Teuchert était également titré en WSS au même même moment ! Après ce premier titre, la suite s'est enchaînée très vite : une victoire aux 8 Heures de Suzuka 2001 avec Colin Edwards et Valentino Rossi, tandis qu'Andrew Pitt remporta le titre en Mondial Supersport avec sa Kawasaki la même année, ce qui fut, pour Akrapovic, le second titre consécutif dans une discipline. 2012 fut une année particulièrement riche en émotions, avec les titres en MotoGP (Lorenzo), Moto2 (Marquez), Moto3 (Cortese) et aussi en World Superbike (Biaggi).

Contrairement à ce que l'on peut penser, l'échappement n'est pas là que pour donner de la puissance au moteur. Il aide aussi à la domestiquer, à la rendre disponible au meilleur moment, quand le pilote en a besoin.

Avec cette moisson de titres, on pourrait croire l'équipe slovène blasée ou sûre d'elle. En fait, c'est le contraire, comme en témoigne Alojz "Slavko" Trstenjak, directeur de la recherche et du développement compétition chez Akrapovic où il travaille dans des bâtiments d'une propreté clinique :

Alojz Trstenjak, patron R&D competition d'Akrapovic

"Je pense que nous sommes plus heureux de remporter un titre aujourd’hui que nous ne l’étions à l’époque. Je crois qu’alors, nous ne comprenions pas le sens de tout cela. Le premier titre que nous avons décroché a suscité un certain étonnement. Nous étions enthousiastes, bien sûr, mais nous ne savions pas réellement ce que cela impliquait. Après toutes ces années, notre prédominance dans certaines catégories est devenue une évidence et il me semble que nous pouvons savourer davantage les titres de championnat du monde"

C'est en 1990 qu'Igor Akrapovic, lui-même ancien pilote de moto, commercialise le fruit de ses recherches après avoir travaillé sur des échappements plus performants destinés à ses propres machines. Fort logiquement, l'entrepreneur se tourne aussitôt vers le monde de la compétition et il lui aura fallu 10 ans pour commencer à être reconnu et valorisé au plus haut niveau. La première victoire, en 1997 sur la Kawasaki de Akira Yanagawa, en Mondial Superbike, tandis que c'est dans les années 1994 / 1995 que les échappements slovènes ont commencé à être adoptés par les acteurs principaux du championnat allemand de Superbike.

La grande force d'Akrapovic est d'avoir su se diversifier : outre les championnats de vitesse, la firme s'est également imposée rapidement dans le monde du Supermotard et du Tout-Terrain, avec notamment une victoire au Paris-Dakar en 2001 avec Fabrizio Meoni, Marc Coma en ayant remporté 5 depuis pour la marque slovène. Ensuite, les titres se sont enchaînes en enduro comme en motocross. Voire en Supercross, quand en 2008, Akrapovic conquiert le sol américain avec Chad Reed et sa Yamaha.

Alojz "Slavko" Trstenjak se rappelle des débuts avec Honda en Superbike :

"Le début de notre collaboration avec Honda a été une étape fondamentale. Mais ce n’était pas une collaboration traditionnelle. Honda avait ses propres idées et ses propres projets. Ils nous envoyaient des esquisses sur grand format et nous devions produire un échappement sur cette base. Il arrivait souvent que nous ne disposions même pas de la moto en atelier. Les choses étaient différentes alors, comme l’était notre approche de la fabrication des échappements. Les modèles CAO n’étaient pas utilisés dans la conception et la fabrication, ce qui nécessitait plus de travail et de connaissances de notre côté. La production d’outils prenait également plus de temps, parce que le Japon est à huit heures de la Slovénie et que, parfois, nous devions échanger des informations trois ou quatre fois par jour. Mais cela nous a rendus plus forts. Ces défis nous ont aidés à évoluer. Au cours de ces deux ans et demi, nous avons effectué au total 44 modifications sur le système d’échappement de la Honda SP-2 de compétition. Nous aussi, nous avons durement gagné ce titre de championnat".

Puis, le patron de la R&D compétition se souvient du passage au MotoGP et de leurs débuts, alors que depuis, ils ont été le seul fabricant d'échappements à collaborer avec tous les teams de MotoGP :

"Nous avons eu beaucoup de problèmes avec l’introduction des moteurs à quatre temps en MotoGP, parce que les constructeurs eux-mêmes n’étaient pas assez expérimentés. Tout ce qu’ils voulaient à l’époque c’était un échappement aussi puissant que possible. Nos démonstrations sur la transmission de puissance linéaire et la puissance disponible dans une plage utile ont été balayées parce qu’on croyait pouvoir résoudre ces problèmes par l’électronique du moteur. Mais il a été prouvé qu’il n’en était rien et les motos indomptées, trop puissantes et trop brutales de l’époque, en raison d’une transmission de puissance explosive, ont provoqué de nombreuses chutes et blessures"

Histoire d'étendre sa culture générale, on notera qu'en automobile, Akrapovic est aussi bien consacré au Paris-Dakar 2015 que sur le très relevé championnat DTM allemand, tandis qu'ils ont gagné 5 fois les 24 Heures du Mans auto avec Audi...

Cent titres et ce n'est que le début. L'an prochain, Akrapovic travaillera avec KTM qui prépare son entrée en MotoGP. Comment expliquer cette quasi hégémonie sur le plateau ? Alojz "Slavko" Trstenjak nous explique :

"Une attitude professionnelle envers chacune est ce qui prime. Vous devez toujours tenir compte des opinions et des désirs, mais aussi fournir un maximum d’efforts pour chaque produit. Vous devez être conscient que chacune d’entre elles essaie de conserver ses motos et les détails techniques à l’abri de la concurrence. Nous avons toujours essayé de fournir le meilleur service technique dans la discrétion la plus totale. Nous n’avons jamais fait état des caractéristiques techniques d’une moto devant la concurrence. Si j’examine la situation et tiens compte de l’entrée prochaine de KTM en MotoGP, nous collaborons à présent avec cinq marques sur six : Ducati, Yamaha, Aprilia, Suzuki et KTM. Elles semblent avoir besoin de nous et nous faire confiance".

La performance ne s'obtient qu'avec la confiance...