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Enduro mondial : le palmarès des Juniors

Que sont devenus les champions titrés depuis 2005 ?

Guerrero, Ljunggren, Oldrati, Mena, Santolino, Joly, Bellino et Phillips

Bellino, Phillips et Jolys sur le podium du GP de SuèdeLors du dernier Grand Prix d'Enduro de Suède, trois pilotes âgés de 20, 22 et 25 ans montaient ensemble sur le podium de la catégorie Enduro 3. Leur point commun ? Un titre de Champion du Monde Junior. Ces trois pilotes ne sont autres que les trois derniers Champion du Monde de la catégorie des moins de 23 ans : Matthew Phillips (AUS – KTM), Champion 2013, Mathias Bellino (F – HVA), Champion 2012 et Jérémy Joly (F – KTM), Champion 2011.

Ce jour-là, l’Australien remportait sa quatrième victoire de la saison et prenait les commandes de l’E3 tandis que les deux Français signaient respectivement leurs 11ème et 3ème podiums en catégorie Sénior. Avec ce podium 100% Champion du Monde Junior à Enköping, nous nous sommes posé la question : Que sont devenus les Champions de cette catégorie depuis sa création en 2005 ?

Cristobal Guerrero (E – Gas Gas) : Le pionnier

En 2005, Cristobal Guerrero avait à peine 21 ans et débarquait sur le « WEC » au guidon d’une Gas Gas du team officiel. Durant cette première année de Mondial, l’Andalou a littéralement dominé la catégorie des plaques vertes malgré des rivaux tel qu’Oriol Mena (E) ou Joakim Ljunggren (S) et rentrait dans l’histoire de l’Enduro Mondial en devenant le tout premier Champion du Monde Junior de la discipline.

Après ce titre, Guerrero signe avec le team Yamaha O.Pons où il réalise des saisons encourageantes en se frottant aux meilleurs pilotes de la catégorie Enduro 2 et Enduro 1. Sa meilleure place sur la Yamaha restera deux quatrièmes rangs en E1 (2007) et en E2 (2009). En 2011, il rejoint le team officiel KTM managé par Fabio Farioli et se positionne directement comme un des favoris pour le titre E2. Il est même tout proche du titre en 2012 avant qu’une blessure à l’épaule contractée pendant les ISDE en Finlande et qu’un Pierre-Alexandre Renet (F) dominateur lui en prive lors de la Finale. Il trainera cette vilaine blessure à l’épaule l’année suivante (6ème en E1).

Cristobal Guerrero

Cette saison, l’Espagnol est 3ème chez les petites cylindrées, mais connaît quelques difficultés pour venir se battre avec Christophe Nambotin (F – KTM) et Eero Remes (SF – TM). Mais à 30 ans, Guerrero est en pleine force de l’âge et doit désormais passer un nouveau cap afin d’être couronné dans les catégories Séniors sans trop attendre !

Joakim Ljunggren (S - Husaberg) : L’unique doublé

A l’époque, le Champion du Monde Junior n’avait pas l’obligation de monter directement en Sénior. C’est pour cela que Joakim Ljunggren a dominé la catégorie durant deux saisons… Ses principaux rivaux se nommaient Christophe Nambotin (F), Thomas Oldrati (I), Oriol Mena (E) ou encore Marc Bourgeois (F), mais le « Viking » suédois était bien trop fort et ne leur laissa que des miettes. Il offrait par la même occasion à Husaberg ses deux premiers titres de Champion Junior.

En 2008, Ljunggren débarquait chez les Séniors et devenait par la même occasion l’égérie de la marque moto Suédoise. Une première année en demi-teinte où il apprit la dure loi de la catégorie E2, mais où il remportait aussi sa première victoire chez lui à Ostersund lors du fameux Winter Enduro. Après trois saisons en E2 (2008, 2009, 2010) dont un podium (2009), le géant rejoint les gros bras de l’E3 et semble plus à l’aise. Il se positionna dès 2011 comme un sérieux candidat au titre face à des pilotes de l’envergure de David Knight (GB), Mika Ahola (SF) et Christophe Nambotin (F). Mais la tendance s’inversa et c’est Nambotin qui fut dominateur. Le pilote Husaberg doit alors se contenter de la place de Vice-Champion 2012, mais se fait subtiliser cette même place par Aigar Leok (EST) en 2013.

Joakim Ljunggren

Cette saison, alors qu’il pouvait légitimement prétendre au titre, le pilote Husqvarna a connu un début de saison délicat avec une blessure aux ligaments du genou. Pourtant, il semble manquer un petit quelque chose à « Jocke » afin d’arriver à franchir la dernière marche qui mène à un titre de Champion du Monde.

Thomas Oldrati (I - KTM) : L’espoir italien

Christophe Nambotin et Joakim Ljunggren partis se frotter chez les Séniors, c’est Marc Bourgeois (F), Oriol Mena (E) et Thomas Oldrati (I) qui ont animé la catégorie Junior en 2008. Au coude à coude durant toute l’année, c’est finalement l’Italien qui devient, à seulement 19 ans, Champion du Monde et gagne son ticket chez les « grands ».

La transition sera prometteuse, car le Bergamasque signait un Top 5 dès sa première année puis le podium en 2010 (3ème) avec, en prime, une victoire à Puchov (Slovaquie). En 2011, Oldrati signe une saison presque blanche à cause d’une mystérieuse panne de moral. Sans contrat à la fin de cette même saison, il se relance avec le team Bordone Ferrari puis le team GP Motosport et prend une belle revanche en terminant 3ème du général en 2012. Cela lui ouvre les portes du team officiel Husaberg qui le fait signer pour deux ans. Sa première saison sera malheureusement entachée par de nombreuses blessures à l’épaule.

Thomas Oldrati

Désormais sur Husqvarna, l’Italien connait à nouveau quelques problèmes physiques (Epaule) au Portugal, mais pointe tout de même à la 7ème place du provisoire. Pilote très sympathique, il manque encore pas mal de choses à Oldrati pour pouvoir prétendre sérieusement au titre, mais à seulement 25 ans, il a encore une belle marge de progression et tout l’avenir devant lui…

Oriol Mena (E - Husaberg) : Le persévérant

Toujours bien placé, mais jamais vainqueur, l’Espagnol a dû attendre quatre saisons avant de pouvoir devenir Champion du Monde Junior en 2009. Il eut fort à faire face à Benoit Fortunato (F), Jérémy Joly (F) et Lorenzo Santolino (E), mais ceux-ci n’ont pu l’empêcher d’être titré deux Grand Prix avant la fin grâce en partie à la règle des X-4…

Le Catalan apportait par la même occasion un troisième titre dans la catégorie à Husaberg. Depuis, l’Espagnol a fait son trou dans la catégorie Enduro 3 (7ème en 2010, 5ème en 2011, 5ème en 2012). En 2013, Husaberg décidait de le faire rouler en Enduro 2 avec l’arrivée de Mathias Bellino (F) et pour sa première saison dans cette catégorie Mena a signé une encourageante 6ème position au général.

Oriol Mena

En fin de contrat, le Catalan de 27 ans, a tout d’abord signé un contrat cet hiver avec Gas Gas puis s’est ensuite rétracté et a filé avec Beta Trueba. Il a brillamment placé sa Beta dans le Top 5 de l’E2 avant de chuter violemment en Suède et de se fracturer la clavicule ! Encore jeune (27 ans), Mena à l’ avenir devant lui, mais les espoirs de titre semblent encore lointains…

Lorenzo Santolino (E - KTM) : Le dernier Espagnol

Après une belle saison 2009 où il termine quatrième, Lorenzo Santolino a offert avec Jérémy Joly (F) l’un des plus beaux duels de l’histoire de la catégorie Junior. Au coude à coude durant toute la saison, l’Espagnol s’impose avec seulement 9 points d’avance sur le Français et offre le titre à KTM après celui de Thomas Oldrati en 2008.

Après ce titre, « Santo » a réalisé une belle première saison Sénior, s’offrant le Top 5 d’une catégorie Enduro 1 qui comptait alors dans ses rangs : Salminen, Remes, Seistola, Thain, Deparrois ou encore Planet… 2012, changement de « crémerie », l’Espagnol passe du team support KTM au team officiel CH Racing managé par Fabrizio Azzalin. Il fait des débuts timides au guidon de la TE 250cc, concluant la saison à une 8ème place puis débarque en E2 en 2013 et score un 7ème rang final.

Lorenzo Santolino

Changement de moto en 2014 avec le passage du team CH Racing d’Husqvarna chez Sherco. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Santolino s’est très bien adapté à sa « Française » puisqu’il pointe désormais à la 5ème position du classement et devrait même grimper au 4ème rang dès l’Italie. Agé de 27 ans, Santolino a les armes pour progresser et pouvoir se battre pour le podium ! De là à pouvoir prétendre au titre ?!?!

Jérémy Joly (F – HM Honda) : Le bosseur

Jérémy Joly (F) a commencé à faire parler de lui sur l’EWC dès la saison 2006 lorsqu’il roulait alors sur une Sherco. Puis il est devenu un candidat sérieux et a offert une lutte acharnée avec Lorenzo Santolino pour le titre en 2010. En 2011, le Français nous a à nouveau offert un duel de folie avec un autre Espagnol : Mario Roman (E). Vainqueur à une seule reprise en Grèce, « JJ » a fait preuve d’énormément de constance et d’un mental d’acier pour aller chercher cette couronne sur laquelle il lorgnait depuis 3 ans.

En fin de contrat l’année de son titre et non conservé par Franco Mayr et le team HM Honda Zanardo, le Champion en titre décidait de tenter l’aventure E1 dans sa propre structure privée au guidon d’une Yamaha. Plutôt intéressant en début de saison, une grosse chute le privera d’un meilleur rang que le 10ème. Il reçoit tout de même le titre de meilleur pilote privé de l’année. En 2013, il décide de rejoindre le team Suédois Johansson MPE et fait son retour sur les Honda qu’il apprécie tant. Après deux podiums et une 5ème place au général, Joly change à nouveau de crèmerie et se retrouve sous la houlette d’Eric Bernard dans la structure de KTM France en Enduro 3.

Jérémy Joly

Toujours très bien placé et 3ème à Enköping, « JJ » est provisoirement 6ème de la catégorie la plus relevée. La jeune carrière de Joly ne fut pas un long fleuve tranquille jusqu’à aujourd’hui. Peut-être moins talentueux que certains de ses camarades, l’ex-Champion du Monde Junior est certainement le plus bosseur de tous. Une ténacité qui, à seulement 25ans, pourrait bien l’amener encore plus haut…

Mathias Bellino (F – Husaberg) : Le fantasque

Mathias Bellino a découvert l’Enduro durant la saison 2011 grâce une nouvelle fois à l’œil acéré d’Eric Bernard qui l’a débauché du MX. Après une première saison surprenante, 4ème du général, le Français a littéralement dominé la catégorie des moins de 23 ans en 2012, reléguant son premier poursuivant Jonathan Manzi (I) à plus de 70 points et en cumulant 12 victoires de journée sur 16 possible. Il offre à Husaberg son 4ème et dernier titre Junior.

Adepte des gros cubes, Bellino a débarqué l’an passé dans une catégorie Enduro 3 dominée par l’ogre Christophe Nambotin. Blessé en début de saison, il a dû attendre le 3ème Grand Prix pour faire ses débuts face aux grands et n’a pas déçu. Six podiums, dont une victoire et une place dans le Top 5 ; jamais un pilote Junior n’avait alors réalisé une aussi belle perf pour sa première saison Sénior.

Mathias Bellino

Aujourd’hui, malgré une catégorie encore plus relevée, Bellino ne relâche pas ses efforts et pointe à la 3ème place du provisoire et a même empoché une deuxième victoire en Suède. Ultra talentueux, le Français représente clairement l’avenir de l’Enduro et semble encore avoir une énorme marge de progression. Mais il devra tout de même faire preuve de plus de maturité et de concentration afin de réellement prétendre au titre d’ici un ou deux ans…

Matthew Phillips (AUS – HVA) : Le surdoué

Impressionné par un jeune Australien lors des ISDE 2012 en Allemagne, Fabrizio Azzalin a fait des pieds et des mains pour faire signer Matthew Phillips dans le team CH Racing. Très tôt, l’Aussie a montré toute l’étendue de son talent et a vite éteint les attaques de Giacomo Redondi (I), Danny Mccanney (GB) et Loïc Larrieu (F) … Il remporte le titre Junior pour sa première année dans l’élite mondiale avec 47 points d’avance sur l’Italien.

Avec le passage d’Husqvarna aux mains de Thomas Gustavsson, Phillips se trouvait libre de tout contrat… Une aubaine pour Fabio Farioli qui le recrutait et l’engageait en Enduro 3 afin de former une paire de choc avec Ivan Cervantes (E). La suite, on la connaît. Très fort dès le début de la saison, le « Minotaure » ne parvenait pas à conclure les journées face à un Cervantes expérimenté. Mais sa victoire en Grèce l’a totalement libéré.

Matthew Phillips

Désormais, avec trois nouvelles victoires en Scandinavie et la blessure à la malléole de son coéquipier, Phillips occupe la première place du provisoire avec 19 points d’avance et encore deux Grand Prix à disputer. S’il parvenait à remporter ce titre, il deviendrait le premier Champion du Monde Junior à concrétiser en Sénior et pourrait même gagner le surnom de « Marc Marquez de l’EWC » en réalisant cette performance dès sa première année chez les grands !

Avec ce récapitulatif, nous avons pu voir que les transitions ne sont pas toujours faciles pour les Champions du Monde Junior et qu’à l’heure actuelle, aucun lauréat chez les « jeunes » n’a réussi à glaner une couronne en Séniors même si Matthew Phillips semble en position plus que favorable pour réaliser cet exploit et ce dès sa première saison. Alors que les tous premiers Champions Junior se rapprochent de la trentaine et voient leur fenêtre de tir se réduire petit à petit, ceux des années 2010 semblent plus talentueux ou même plus bosseurs et plus à même d’aller chercher un titre dans les catégories E1, E2 ou E3…

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