38 propositions pour relancer l'endurance
Objectif : faire revenir le public en masse dans les 4 ans
Modifications sportives, développement des animations, amélioration de l'accueil ...
A l'image du marché moto qui connait une situation difficile depuis plusieurs années, le sport et en particulier l'endurance souffre également d'une désaffection croissante du public. Les deux épreuves françaises de 24 heures ont ainsi vu leur fréquentation pratiquement divisée par deux depuis le début des années 2000.
Face à ce constat alarmant, la Fédération Française de Motocyclisme, l'ASM 24 ACO et la Fédération Internationale de Motocyclisme ont décidé de constituer un groupe de travail chargé de mener une réflexion et une analyse des problèmes rencontrés afin d'apporter des pistes pour sortir de ce contexte.
Ce groupe a ainsi été mené par Jean-Marc Desnues, Vice-Président de la FFM, Paul Duparc, Coordinateur de la CCR en charge du Championnat du Monde d'Endurance FIM et Claude Michy, promoteur du Grand Prix de France MotoGP. Entre juin et septembre 2013, ce groupe a auditionné un maximum d'acteurs de l'endurance (organisateurs, teams, constructeurs, presse...) dans le but de récolter des idées et suggestions qui permettraient d'améliorer la situation.
Au total, le rapport du groupe de travail sur l'endurance a conservé 38 propositions qui viendront soutenir un projet de relance de l'endurance prévu sur les 4 prochaines années. L'objectif principal étant bien entendu de rendre son attrait sportif aux épreuves et de faire revenir le public aussi bien au Mans qu'à Magny-Cours.
Une spécificité franco-française
Les courses d'endurances sont des épreuves prestigieuses qui passionnent le public français depuis 1922 et le premier Bol d'Or. La notoriété de cette discipline s'est encore accrue dans l'hexagone avec l'apparition des 24 heures du Mans auto en 1923. L'engouement du public a ensuite permis aux 24h moto de voir le jour dès 1978.
Reste qu'à travers le monde, l'endurance est peu mise en avant si l'on excepte les 8h de Suzuka où les constructeurs japonais font preuve d'une forte implication. Ainsi, la grande majorité des équipages inscrits sont français. Une situation qui ne permet pas à la discipline de gagner en médiatisation à l'inverse des Grand Prix et du Championnat du Monde Superbike qui font régulièrement la Une de la presse spécialisée.
Des acteurs dissuasifs
En plus du contexte économique morose et de l'absence de "stars" dans le championnat, les épreuves du Bol d'Or et des 24h du Mans ont été pénalisés par plusieurs facteurs extérieurs.
Les débordements sur les campings liés à une minorité ont notamment terni la réputation des épreuves et fait fuir les visiteurs qui venaient en famille. Depuis maintenant quelques années, les organisateurs ont pris des mesures afin de limiter ces débordements et tentent ainsi de faire revenir les spectateurs lassés par ces comportements.
Une autre menace persistante réside dans la répression menée par les pouvoirs publics qui profitent de ces grands rassemblements pour organiser des contrôles de masse que ce soit à la sortie des autoroutes ou aux abords des relais. Ces pratiques avaient d'ailleurs amené la Fédération Française des Motards en Colère à dénoncer la charte des Relais Calmos, après la multiplication des verbalisations et la baisse des budgets alloués.
Jean-Marc Desnues, vice-président de la FFM :
L'organisation de ces épreuves nécessite le concours et le soutien actif de l'Etat et des collectivités locales. Pourtant nous pouvons observer une différence notable de traitement et des mesures prises par les pouvoirs publics en matière de contrôle routier. Le harcèlement, la ségrégation et la discrimination des forces de l'ordre découragent le visiteur.
Les pistes de développement
L'objectif avoué du rapport sur l'Endurance est donc de faire revenir le public. Si les moyens d'action concernant la répression restent limités, les organisateurs ont de nombreuses cartes en main pour remettre la discipline sur les bons rails.
Ce sont ainsi 38 propositions qui ont été faites sur le financement de ces épreuves, le règlement sportif, l'accueil du public ou encore la sécurité et les animations. La FIM cherche ainsi de nouveaux organisateurs pour permettre au championnat d'atteindre un maximum de 7 épreuves contre 5 pour la saison 2014. Certaines des propositions faîtes ont par ailleurs déjà été appliquées lors des 24h du Mans où le seront à Magny-Cours à l'image d'un contrôle des prix de la restauration. Les organisateurs des deux épreuves ont également fait front commun en exposant sur le même stand lors du dernier salon de la moto de Paris.
Claude Michy, président de PHA :
On ne peut pas faire plaisir à tous les acteurs quand on fait ce type de travail. On était en toute liberté, simplement pour donner des idées.[...] On a essayé d'aller au fond de toutes ces idées mêmes si certaines peuvent paraitre saugrenues. Le monde change tellement vite que ce qui est saugrenu aujourd'hui ne le sera peut-être pas demain matin.
Si les problèmes que rencontre actuellement le monde de l'endurance ne seront pas réglés demain, la situation devrait logiquement s'améliorer si tous les acteurs concernés s'impliquent autant qu'ils l'ont annoncé.
Les propositions validées
- Mutualiser les moyens : Les deux épreuves françaises doivent unir leurs efforts et mutualiser certaines de leurs dépenses pour réaliser des économies d’échelles. Des réunions préparatoires communes devraient permettre d’identifier les postes concernés.
- Diminution des coûts : Sur un plan technique, un des buts que devra s’assigner la FIM, déjà validé par la majorité des constructeurs et des teams, mais aussi par la Dorna pour le Championnat du Monde Superbike, sera de diminuer les coûts et, pour cela, revenir à des fondamentaux, avec des motos proches de la série. La proposition est validée (celle-ci est déjà engagée par la FIM).
- Management : Parmi les pistes possibles, chaque événement pourrait comporter à sa tête un décideur opérationnel
unique, rompu à toutes les techniques, tant sportive, sécuritaire, que commerciale, mais aussi reconnu du «milieu moto». Des petites équipes, dédiées et motivées, concentrées sur la réussite de l’évènement sont plus réactives et plus efficaces. Le Président Bolle indique qu’il est important que LE décideur au sein de ces grosses organisations soit clairement identifié. - Fan zone : Création d’une « fan zone », comprenant des animations et qui serait le rendez-vous de la rencontre avec les pilotes. Celle-ci existé déjà au Bol d’Or et Le Mans y travaille pour 2014. La proposition est validée (Mise en place en fonction des disponibilités des pilotes et des moyens des teams).
- Opération « Tous responsables » : Des sacs poubelles sont distribués aux entrées des aires d’accueil. Pourquoi ne pas compléter cette action par une opération « Tous responsables » qui permettrait de passer des messages (distribution de
flyers) et de distribution d’alcootests en liaison avec les plans PDASR des préfectures qui disposent de budgets pour des opérations de prévention (Sécurité Routière). - Patrouilles : Des patrouilles identifiées (style opération Casque jaune, Casque d’argent - Pompiers de Paris- ou encore des volontaires de Moto Clubs, pourraient être mis à contribution comme médiateurs, mais aussi pour renseigner, prévenir et pacifier les aires d’accueil.
- Tarif restauration : Les organisateurs doivent prendre des mesures dans ce domaine, avec une information au public, en
amont de l’évènement. Les organisateurs sont conscients de ce problème et travaillent dessus. - Les femmes : Les épreuves de 24 H doivent trouver un nouveau public, notamment féminin, en leur proposant des espaces et activités qui leur seraient réservés.
- Infrastructures : Les organisateurs, mais aussi les propriétaires des circuits doivent se créer des obligations dans ce
domaine. Ce sera à coup sûr faire preuve de vision en même temps qu’un investissement sur l’avenir. Ce point a été pris en compte par le circuit du Mans, pas totalement par le circuit de Nevers Magny-Cours. - Championnat du Monde pilote : Il pourrait être aussi intéressant de valoriser encore plus la discipline en attribuant un titre de Champion du Monde aux pilotes, cette disposition n’existant pas pour le moment. Cette valorisation du titre « pilotes » sera présentée à la Commission CCR FIM en novembre pour être activée en 2014. Ce Championnat du Monde « pilote », ne remettant pas en cause le Championnat du Monde « Team » et « Constructeur » tels qu’ils existent aujourd’hui. La proposition est validée et sera discutée par la FIM lors de la prochaine réunion de la CCR.
- Show mécanique : Un « show mécanique » pourrait être organisé le vendredi soir, sur la ligne droite de départ, devant
les tribunes. Ce show ne doit pas seulement être une suite de « démonstrations », mais être conçu comme un évènement à part entière, avec une structure dédiée et un Régisseur Général. Ce type d’animations existé déjà sur les deux épreuves. - Présentation pilotes : Avant le tour de chauffe, les trois pilotes sont assis, face à leur machine, entourés des « Umbrella
girls », ce qui permet aux photographes de presse de les regrouper sur le même cliché, mais aussi démontrer au public, via les écrans géants, les pilotes sans casque ! La proposition est validée, les photos seront réalisées lors des vérifications administratives. - Tarif loges : Il conviendra de distinguer les teams qui peuvent être intéressés par des opérations de relations publiques avec leurs partenaires et consentir des efforts pour favoriser l’occupation des loges de réception, comme l’a fait l’ACO pour les 24 Heures Motos.
- « Title Sponsor » : Sur un plan plus général, il est légitime de se poser la question d’un « Title Sponsor », présent sur
la totalité des épreuves du Championnat du Monde, selon les possibilités. (Exception faite des 8heures Coca-Cola de Suzuka).
Les propositions à l'étude
- Trouver de nouveaux organisateurs
- Créer une structure dédiée à l'endurance au sein de la FIM
- Favoriser l'engagement de pilotes japonais
- Changer l'appellation EWC (Endurance World Championship) pour une meilleure compréhension
- Accentuer la symbolique du trophée
- Revalorisation des primes pilotes
- Prime conséquente pour les vainqueurs
- Création d'un club des pilotes Bol et 24h
- Zones de camping dédiées (duo, motos clubs ...)
- Places de tribune numérotées
- Billet couplé Bol/Mans
- Revoir la programmation pour réduire d'une demi-journée (le jeudi par exemple)
- Une règlementation commune avec le Superbike
- Changement de la catégorie EWC pour EVo dès 2015
- Fourniture de récepteurs radio au public
- Exposition de motos neuves
- Exposition de motos anciennes
- Mise en place d'animations participatives
- Valoriser la discipline auprès des médias
- Prévoir des sujets "magazine" pour familiariser le public avec l'endurance
- Promotion et communication accentuée
- Tarifs de la restauration
- Séparation du parking et du camping
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