Chantiers : comportement à risque pour 3 automobilistes sur 4
Légère amélioration pour la circulation interfiles sur la file de gauche
L'observatoire Sanef renouvelle son étude sur l'A13 entre Caen et Paris
Comme l'année dernière, la société d'autoroutes du nord Sanef dévoile les résultats de son observatoire des comportements sur autoroute. L'étude a été conduite dans le même périmètre, sur la même période et dans les mêmes conditions qu'en 2012, toujours en collaboration entre le Centre d'Etude Technique des Equipements Normandie Centre.
Les conclusions de l'étude, réalisée au kilomètre 72 de l'autoroute A13 (en rase campagne, dans l'Eure, ndlr), révèlent peu de changements, même si la Sanef assume que sa campagne de communication sur les distances de sécurité a obtenu des effets positifs. En effet, entre 2012 et 2013, le chiffre de non-respect des distances est passé de 30% à 18%.
Chantiers : des comportements différents selon le type d'intervention
Deux configurations de chantiers ont été examinées dans l'observatoire : un véhicule de patrouille arrêté sur la bande d'arrêt d'urgence et un chantier avec balisage.
Dans le premier cas, le code de la route ne prévoit pas de législation particulière. Or, 50% des automobilistes prennent l'initiative de ralentir et de se déporter sur la voie du milieu. Pour le reste, aucun changement de voie n'est constaté. Pour 20% d'entre eux, leur vitesse dépasse 130 km/h. Les poids-lourds ne respectent par ailleurs pas les distances de sécurité.
Ces distances de sécurité sont moins respectées en chantier avec balisage qu'en temps normal : 32% des véhicules légers ne les respectent pas contre 23% normalement, tandis que les poids lourds sont 30% à ne pas les respecter, contre 15% hors chantier.
Manque d'anticipation et conscience des risques limitée
Concernant les changements de voie, la Sanef suit les directives de la DCSR en plaçant deux panneaux de changement de file, un à 600 m, l'autre à 200. 1 conducteur sur 3 attend le deuxième panneau pour commencer à se décaler (contre 2 poids-lourds sur 3), à moins de 100 mètres, 1 conducteur sur 6 et 1 poids lourd sur 4 ne s'est pas encore décalé. Enfin, au début du balisage, 3% des véhicules réalisent la manoeuvre, soit bien trop tard.
Un danger significatif, notamment lorsque celui-ci est couplé à un non-respect des distances de sécurité. Le manque de visibilité se traduit parfois en un accident entre le véhicule d'intervention et un poids-lourd scotché à un autre, celui-ci se décalant au dernier moment.
La limitation à 110 km/h, réglementaire dans une zone de chantier avec balisage, n'est pas respectée par 75% des automobilistes. Parmi ceux-ci 44% roulent au-delà de 120 km/h et 14% au-dessus de 130. L'habitude des balisages et la possibilité de rouler sur les deux voies restantes pourrait être une piste d'explication, certaines autoroutes à deux voies étant limitées à 130. Or, le facteur risque accru d'une zone de chantier pour le personnel autoroutier est oublié dans ce raisonnement.
Par conséquent, pour Patrick Jacamon, directeur du pôle d'exploitation Sanef, certains automobilistes estiment que la route leur appartient, ce qui pourrait expliquer l'émergence de comportements à risque.
Le changement de voie tardif constitue un énorme danger pour notre personnel et le non-respect des distances de sécurité ne fait que l'aggraver. (...) Le comportement sur les zones de chantier éclaire parfaitement le comportement général. Si un conducteur sur 3 n'a pas conscience qu'à l'intérieur d'un chantier, des vies humaines sont menacées, cela confirme que ce conducteur sur 3 se sent seul au monde, estimant que les autres n'existent pas - c'est le fameux individualisme bien français qui est peut-être à l'origine de ce comportement. C'est sur ce paramètre que nous devons axer nos efforts.
Pour rappel, sur le réseau Sanef, 35 accidents se sont produits sur une zone de chantier depuis début 2013. Sur l'ensemble des autoroutes françaises, 2 morts ont été déplorés pendant cette même période.
L'autoroute reste un axe sûr
Suite à ces constatations, comment expliquer que les automobilistes sont toujours 59% à ne pas utiliser leur clignotant après un dépassement, contre 33% (35% en 2012) au moment de déboîter ? Pourquoi la voie du milieu est-elle toujours privilégiée par 36% des automobilistes lorsque la voie de droite est libre ? Enfin, quelles raisons poussent les automobilistes à se décaler sur une zone de travaux jusqu'au dernier moment pour 3% d'entre eux ?
L'autoroute est un axe de circulation 5 fois plus sûr qu'autre part. Le nombre de tués y a été réduit de moitié en 10 ans et entre 2011 et 2012, 6% de victimes en moins ont été recensées. Autrement dit, véhicules légers et poids lourds n'ont pas la même notion du risque qu'ailleurs.
Avant les départs en vacances, la Sanef reste mobilisée, comme en témoigne les 50 millions d'euro annuels investis pour rénover les voies. Bien sûr, les campagnes de sensibilisation continuent et s'affinent grâce à de telles études, couplées à une présence sur les aires d'autoroute et sur la fréquence 107.7 FM, qui délivre les informations trafic en français et en anglais.
En revanche, Patrick Jacamon juge inopportun de baisser la limitation de vitesses sur autoroute, comme cela a pu être récemment évoqué.
La vitesse n'est plus la cause des accidents graves. C'est un phénomène aggravant. (...) La somnolence est la cause principale des accidents mortels sur autoroute, un tiers des accidents constatés étant liés à la fatigue et l'hypovigilance.
Davantage de radars de chantier ?
Contrôler la vitesse dans les zones de chantier est toutefois un élément sur lequel le directeur du pôle d'exploitation est prêt à agir. Un tel dispositif a été mis en place en 2012, celui-ci s'étant révélé très efficace
au niveau des ralentissements constatés. Fin 2012, la Sanef a effectué une requête pour bénéficier de ces radars de manière permanente. Ceux-ci seraient implantés sur des chantiers de longue durée (plusieurs semaines, par exemple), mais pas avant 2014 et seulement pour deux radars actuellement en cours de fabrication.
Avant cela, les radars de chantier continueront à être ponctuellement installés, ceux-ci étant généralement pour l'heure sur un panneau peu visible. Si le dispositif se généralise, alors ces panneaux gagneraient en visibilité.
Commentaires
Le plus gros problème des chantiers sur autoroute c'est leur MAUVAIS balisage.
04-07-2013 17:00Le dernière fois que je suis rentré de Barcelone par l'A9 j'ai eu 3 chantiers entre la frontière et Nîmes.
Le premier : 7 km de cônes pour ... aucun travail.
Le deuxième : 5 km de cônes pour un débroussaillage côté BAU.
Le troisième : 9 km de cônes pour changement de 50 m de rail.
Au premier tout le monde ralentissait, au deuxième ils attendaient le vrai chantier pour lever le pied et au troisième plus personne ne ralentissait.
A force de se foutre de la gueule de l'automobiliste qui paye voilà le résultat.
En Belgique ils foutent généralement un chantier sur des portions immenses, jusqu'à plusieurs dizaines de km d'autoroutes, planifie le boulot sur plusieurs mois voire années, limite le tout à 50 et il se passe la plupart du temps plusieurs mois avant que qui que ce soit ne vienne y travailler, tronçons de 50 m par tronçon de 50 m, le tout générant des bouchons endémiques et des accidents à répétition
04-07-2013 17:06"Un individualisme bien français"
04-07-2013 19:58Mouis bah en même temps les autorités françaises connaissent bien l'art de prendre les gens pour des cons! Si y'a des travaus y'a un balisage et si y'a un balisage y'a aucune raison que le gars du chantier vienne se foutre sur la chaussé sinon c'est lui qui est inconscient et non pas les autos... par contre abbaisser la vitesse ça c'est une belle connerie une fois de plus! Ca ne va sauver personne et par contre ça va faire des putain de bouchons de malade... à force d'être con un jour on va plus rouler ça sera plus simple au moins risque zero avec le métro...
Et si les gens se déportent au dernier moment c'est pask ils commencent à avoir l'habitude de se faire prendre pour des nouilles alors il attendent confirmation! A force de vouloir assister les gens et les prendre pour des gamins voilà ce qui arrive... si la vitesse était plus libre les gens rouleraient moins vite et plus sur et c'est prouvé (cf : allemagne) car en France les gens se reposent sur la vitesse autorisé "Ahh bah nan c'est 90 donc si je roule à 90 y'a pas de danger quoi même si y'a un virage au bord d'un ravin, non non la voirie à tout prévu..."
Pffff... est ce que les élus roulent en voiture ou est-ce qu'il ont tous un chauffeur perso payé par le contribuable??
"Un individualisme bien français..."
04-07-2013 22:29Comme quoi on peut être "directeur de pôle d' exploitation" et dire des banalités de comptoir.
C'est vrai qu' à l' étranger les usagers de la route sont respectueux de toutes les règles, des autres, et que tout se passe bien. Il n' y a qu' en France que le pékin de base devient une bête féroce et sans cervelle une fois au volant.
A la tienne Patrick.
pffff...ca va etre quoi les prochaines stats pour nous faire iech et justifier toujours plus le braquage de nos thunes (je parle même plus de racket...) ?
05-07-2013 10:00"100% des conducteurs font des erreurs de conduite quotidiennes" ?!
Je surchauffe à mort avec l'ambiance actuelle...heureusement que je roule, ca me fait un bien fou !