Nomination : Cécile Petit remplace Rémi Heitz
La FFMC réagit...
La Sécurité routière vient de nommer Cécile Petit, en remplacement de Rémy Heitz . La FFMC - Fédération Française des Motards en Colère - réagit par un communiqué aussi surprenant que discutable avec un titre pour le moins incorrect : "Rémy Heitz remplacé par Cécile Petit : on ne le regrettera pas…"
Le communiqué de la FFMC :
" En quelques années de délégation interministérielle
à la Sécurité Routière, Mr Heitz, qui admettait
encore récemment ‘ne rien comprendre aux motards',aura
réussi à s'en faire copieusement détester au
point d'en devenir la bête noire.
Certes, il y avait au départ un désaccord profond sur la
politique de sécurité routière.
Partisan de la multiplication des radars au détriment de la logique
de prévention, ce n'est que plus tard, après quelques
épisodes calamiteux, que Rémy Heitz dévoile toute
sa moto-phobie.
Artisan des très oubliables ‘feux de jour', il oubliait
un peu vite que cette mesure ne faisait qu'accentuer la visibilité
des véhicules les plus imposants, et les mieux protégés
au détriment des plus vulnérables. Les statistiques de sécurité
routière montrent aujourd'hui les résultats et les limites
de cette politique : certes le nombre d'automobilistes tués
a baissé, mais au prix d'une hausse du nombre de piétons,
motos et vélos accidentés.
Refusant de reconnaître l'échec, il en rajoute une
couche avec une campagne de « sécurité »qui
stigmatise les motards sous le slogan ‘la meilleure protection du
motard, c'est le respect du code de la route'.Il agite ainsi
l'idée que tous les motards sont avant tout des irresponsables,
irrespectueux du Code de la route et fautifs de leurs accidents, en pensant
peut-être naïvement que le seul respect des règles
suffit a éviter l'accident.il oublie un peu vite que les statistiques
des compagnies d'assurance attribuent la responsabilité des
accidents d'un motard avec un tiers à l'autre véhicule
dans les 2/3 des cas.
Dans la foulée, il fait adopter la plus répressive des lois
contre la moto : au mépris des règles de libre circulation
des biens et des personnesqui prévalent au sein de l'Union
européenne, le ‘projet de loi relatif à la sécurité
et au développement des transports' est adopté en douce
pendant la trêve des confiseurs, le 5 janvier 2006. Depuis, ce ne
sont pas moins de 30 000 € d'amende et deux ans de prison,
qui guettent le motard qui aura eu l'outrecuidance de modifier son
véhicule. La disproportion entre faute et peine consacre l'inadaptation
des pouvoirs publics à la réalité, incapables de
différencier débridage et gonflage, obsédés
par le besoin de punir, et adoptant des lois non plus en fonction
des problèmes mais du discours ambiant.
Loin d'en rester là, Rémy Heitz ressort d'un
tiroir le poussiéreux dossier du très contestable ‘contrôle
technique' moto, dont on a montré a maintes reprises l'inutilité
et l'inadéquation aux motos. En matière de provocation,
on ne pouvait pas faire mieux.
Enfin,sur le terrain de la pratique de la moto au quotidien, alors que
la FFMC tente de faire avancer des propositions pragmatiques pour un meilleur
partage de la route, en élaborant un code de bonne conduite sur
la circulation entre les files, c'est à nouveau la politique
du bâton qui s'abat sur les motards, avec un grand renfort
médiatique made in TF1, dont le directeur de l'info, Robert
Namias, par ailleurs président du CNSR se fait une joie de relayer
le message policier. Des centaines de motards se font ainsi verbaliser
alors qu'ils remontent les files dans les embouteillages, sans qu'aucun
message de prévention intelligent ne soit diffusé.
Bref Mr Heitz ne nous laissera que de mauvais souvenirs. Mais si son
personnage stigmatise toute la rancœur des usagers de la route
tenus en joue depuis 3 ans par une jumelle laser, et symbolise l'emballement
de la machine à retirer les points de
permis, il ne fait pas oublier qui tire les ficelles. Car c'est avant
tout le gouvernement, Sarkozy et de Robien en tête, qui a été
l'un des plus motophobes que l'on ait connu.
Espérons que sa remplaçante, Cécile Petit, nommée
aujourd'hui en Conseil des Ministres, saura oublier les clichés
sur la moto et ses usagers qui ont trop souvent cours à la DSCR."
En résumé, la FFMC règle ses comptes ou son linge sale, pour rester dans le même état d'esprit du communiqué.
Quel que soit les griefs que des adversaires peuvent avoir l'un envers l'autre, il est dommageable que ces griefs l'emportent au détriment d'un minimum de respect. Ce n'est pas en attaquant systématiquement à tort et à travers de façon irrespectueuse et en mélangeant tous les sujets que l'on peut faire avancer les choses. Il semblerait que "la Fédé" s'enferme dans un discours agressif post soixante-huitard peu propice à faire avancer de façon positive la cause motarde dans son ensemble, et c'est fortement regrettable.
Et pourtant, il y a effectivement des lois à remanier, des actions à mener et les actions du gouvernement ces dernières années n'ont pas forcément été dans le bon sens. Et la FFMC a certaines propositions pragmatiques réalistes qui mériteraient d'être considérées et discutées de façon positive et constructive. Mais si la fédération continue dans ce sens avec un discours aussi agressif, elle n'arrivera qu'à se couper définitivement de toute discussion avec le gouvernement, et fermera d'office toute porte et donc toute amélioration future pour la condition motarde.
Bref, souhaitons à Cécile Petit beaucoup de patience et de compréhension et à la FFMC un discours plus constructif afin que la forme ne vienne pas détruire complètement son travail de fond... qui a le mérite d'exister.
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