Les femmes et la moto en Jordanie
Dans un pays où la pratique de la moto était interdite avant 2008, les motardes sont des pionnières
Avec trois femmes au gouvernement et des universités majoritairement féminines, le rôle de la femme est important en Jordanie
La troisième édition du Jordan Riders Rally s'est déroulée il y a quelques jours. L'occasion pour Le Repaire des motards de partir à la rencontre des motardes de Jordanie, un pays où le rôle des femmes dans la société est important.
La Jordanie est un pays du Proche Orient qui compte un peu moins de dix millions d'habitants. Royaume à majorité musulman, la Jordanie connaît actuellement une période de modernisation et d'ouverture qu'elle doit à la politique de stabilité menée par le roi Abdallah II. Une modernisation qui concerne aussi les femmes.
En Jordanie, les femmes ont pris une place de plus en plus importante en seulement quelques années. Ainsi, il y a dix ans, seulement 5% d'entre elles avaient une activité professionnelle, aujourd'hui, elles sont 30% a exercer une profession. Les Jordaniennes sont aussi de plus en plus éduquées. Ainsi, les universités du pays comptent 52% de femmes parmi leurs étudiants.
Libres et indépendantes, il suffit de se promener dans les rues de la capitale d'Amman pour constater que les femmes sont indépendantes. La plupart d'entre elles conduisent, sont habillées de vêtements à la mode et déambulent dans les rues le smartphone collé à l'oreille ou boivent un verre à la terrasse d'un café entre amis. Dans les restaurants, elles fument le narguilé comme les hommes.
Les femmes sont également entrées au gouvernement de Jordanie. Trois d'entre elles sont aujourd'hui des ministres du gouvernement. L'une s'occupe des affaires sociales, la seconde de la communication et enfin la troisième de la culture. Autre signe de l'évolution de la société jordanienne, si le roi Hussein pratiquait la polygamie et possédait quatre épouses, comme le lui autorise la religion musulmane, son successeur Abdallah II, qui n'est autre que son fils, est fidèle à son unique épouse la reine Rania. Quant au rapport des femmes à la moto, elles sont d'autant plus sur un pied d'égalité que les hommes du fait qu'en Jordanie, la moto est une pratique très jeune.
Un éveil mixte à la moto
En raison d'une mortalité routière importante, la moto a été tout simplement interdite de 1983 à 2008. Lorsque le roi Abdallah II a finalement levé cette interdiction, les femmes possédaient déjà une place importante dans la société jordanienne. Au moment de s'éveiller à la moto, les motardes et motards étaient donc sur un pied d'égalité dans un domaine où tout était à construire.
Lors de la troisième édition du rallye de Jordanie, le Jordan Riders Rally qui s'est déroulé les 29 et 30 avril derniers, on ne comptait qu'une douzaine de motardes parmi les 400 participants. Parmi elles, l'emblématique Mariana Mirza. La frêle jeune femme illustre le caractère jordanien et la position de la femme au sein d'un royaume moderne. Fan de moto depuis une vingtaine d'années, elle n'envisage sa pratique que d'une manière sportive. D'une gentillesse coutumière en Jordanie, elle a surmonté des problèmes de santé pour participer au rallye de Jordanie 2016.
Dans une région du monde où les motards ont coutume de se rassembler en groupes pour rouler, qu'il s'agisse d'un groupe de motards roulant sur des machines de la même marque, ou tout simplement des amis motards d'une même région, les passionnés des pays du Proche Orient fonctionnent beaucoup par groupes. Des communautés qui grandissent grâce au réseaux sociaux et dont Mariana Mirza aimerait utiliser les rouages. Membre active de l'organisation du Jordan Riders Rally, Mariana Mirza aimerait mettre sur pied un groupe de motarde jordanienne.
En Jordanie, la moto se développe aussi à coup de symboles. Avec son projet de groupe de motardes, l'objectif de Mariana Mirza n'est pas de regrouper les femmes à l'écart des hommes, mais de les faire connaître. Les bikers promeuvent les Harley-Davidson en roulant en groupe et en se faisant connaître et Mariana voudrait faire la même chose avec son projet, à savoir créer une cohésion et donner un coup de projecteur sur le monde des motardes jordaniennes.
En définitive, les obstacles principaux de l'accès des femmes à la moto en Jordanie n'ont rien de social. Il s'agit principalement de barrières économiques. En Jordanie, nombre de marques de moto demeurent encore fortement taxées et la moto demeure un loisir de riche dans un pays où me salaire mensuel moyen est équivalent à 500 €. Une contrainte qui, une nouvelle fois, se révèle mixte et concerne l'ensemble de la population jordanienne.
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