Révision moto en direct chez le concessionnaire
Révision des 24.000 km - Opération à carter ouvert
Sur la Suzuki Bandit 600, la révision simple a lieu tous les 6.000 km. Tous les 12.000 km, elle est un peu plus importante. Là, c'était pire. Le moteur était anémique à bas régime, les plaquettes de freins étaient rincèes et il fallait que je retende la chaîne tous les 250 km. Bref, le passage chez le concessionnaire devenait urgent pour ces 24.000 km bien dépassés.
Quand on laisse sa moto pour une révision, on se demande toujours comment elle est traitée. Et c'est toujours avec un pincement au coeur qu'on laisse la belle entre les mains d'un inconnu. Mais pas cette fois-ci. Là, je reste.
Le rendez-vous était pris pour une opération prévue de deux heures ! (40€ de l'heure en RP)
La moto dans l'atelier du concessionnaire
La moto entre donc pour aller se poser sur le pont. Dans cette concession exclusive Suzuki, il y a surtout des vieux de la vieille. Il est toujours rassurant de savoir que sa moto va être bien traitée par un mécano qui a roulé ses bielles. Là, c'est Nicolas qui s'occupe d'elle, comme les fois précédentes.
L'effeuillage commence : la selle, puis le réservoir. Et le pont monte la belle au 7e ciel. Le bouchon de vidange est dévissé et une huile noire se déverse dans la cuve.
Changement de chaine
On teste la chaîne en la prenant par l'arrière... laissant entrevoir du jour, alors que neuve la chaîne colle parfaitement à la courronne arrière. Il n'y a pas à dire, elle doit être changée après une vie à peine respectable de 24.500 km par tous les temps : pluie et neige compris. Ce kilométrage se situe dans la moyenne basse de durée de vie d'une chaîne, malgré un graissage régulier. Une chaine bien entretenue peut faire largement plus de 30.000 km. Un système comme le scotttoiler peut encore allonger cette durée de vie de plusieurs milliers de kilomètres supplémentaires, mais il n'est pas installé ici.
note : une chaine doit toujours être correctement tendue, c'est à dire conserver un débattement de 2cm vers la haut et le bas, une fois assis sur la moto ! Mal tendue ou trop tendue, une chaîne s'use plus vite et risque de casser, avec les risques de chutes et de casse si elle défonce le carter dans le foulée.
La chaine est attaquée à la meuleuse pour faire sauter le rivetage de l'un des rivets.
Le porte-courronne est démonté et nettoyé, pour accueillir une nouvelle couronne avec ses 47 dents d'origine. Un peu de savon est mis sur les dumpers afin de faciliter l'emboitage. Les dumpers sont des pièces en caoutchouc situés au niveau de l'axe central agissant comme un amortisseur de couple.
La nouvelle chaine remplace aussitot l'ancienne. Il ne reste plus qu'à mater l'attache rapide avec l'outil adéquat qui va écraser la tête de la plaquette extérieure. Ensuite, il n'est plus possible de la démonter.
Au niveau de la couronne avant, un peu de frein filet sur l'axe de l'écrou va permettre de s'assurer que la couronne ne se dévisse pas seule.
Ensuite, il s'agit d'une banale tension de chaîne : aligner les repères des deux côtés. La clef BTR donne un dernier 1/4 de tour de chaque côté et l'on peut serrer l'écrou de l'axe central.
Un coup pour vérifier la pression des pneus et ramener un 2,5 à l'arrière et un 2,3 à l'avant.
Les petites vérifications d'usage amènenent à mettre un peu d'huile au niveau de la béquille centrale (c'est vrai qu'elle ne se remettait pas facilement en place).
On ouvre le reniflard... un tuyau qui récupère : vapeurs d'huile et d'essence et condensation d'eau.
Freins et plaquettes
Les plaquettes arrières sont encore bonnes, par contre, les plaquettes avant arrivent au bout de leur course après 12.000 km de bons et loyaux services. Un petit coup d'air dans les étriers pour enlever la poussière, un petit peu d'huile pour lubrifier les pistons afin que cela ne grippe pas, et surtout en faisant attention de ne pas en mettre ni sur le disque ni sur les plaquettes.
Les serre-clips des ressorts sont enlevés, les deux nouvelles plaquettes sont fixées à l'intérieur (elles viennent enserrer le disque central) ainsi que l'axe des plaquettes et le tout remonté (jeu de plaquette : 39€).
Les disques sont en parfait usage; pour le vérifier, il suffit de regarder sa surface et surtout son épaisseur qui doit être en général de 4 mm. Normalement, ils doivent pouvoir vivre la vie de la moto si les plaquettes sont changées à temps et en usage normal.
Il est temps de redescendre la moto.
Le filtre est démonté pour vérifier son état. Changé il y a seulement 6.000 km, il pourra tenir encore 6.000; ce qui n'aurait pas été le cas d'un modèle de Bandit 600 plus récent, qui avec un filtre plus petit demande à être changé tous les 6.000 km. Il n'y aura donc qu'un petit coup d'air donné sur le filtre pour enlever un peu de poussière.
Les tests électriques réglementaires sont effectués : phares, clignotants, feu stop, klaxon. La batterie quant à elle est en parfait état; sans entretien, elle devrait pouvoir tenir un minimum de 10 ans. En fait, tout dépend de la préparation qui est effectuée par le concessionnaire lors de la réception de la moto et si le délai de 1/2 h, 1h a bien été respecté afin de laisser faire la réaction chimique. Il faut également veiller pendant l'hivernage à maintenir la chargé. Une batterie sans entretien totalement déchargée et non rechargée rapidement à du mal ensuite à tenir la charge par la suite. Ce fut le cas sur une ER-6. La batterie n'a pas vécu plus de 12.000 km (et à 70-80 euros, la batterie, mieux vaut faire attention).
C'est ensuite au tour des 4 bougies d'être changées (8€ la bougie). Leur couleur légèrement marron prouvent une bonne carburation, mais l'électrode centrale est visiblement attaquée. Les bougies sont démontées, remplacées et remontées dans l'ordre en suivant l'appartenance du cable électrique (de 1 à 4, de gauche à droite).
La vidange est terminée. Il est encore temps d'enlever le filtre à huile, changé en même temps que la vidange (9€). Le bouchon de vidange est refermé et le réservoir d'huile rempli à nouveau : Motul 5100 10W40, largement suffisant pour un roadster comme celui-là (3,5 l = 27€).
Synchro carbu
Il ne reste plus qu'à faire une synchro carburation, généralement réalisée tous les 12.000 km, et surtout après une vidange et un changement de bougies, avec un filtre à air propre. La synchro carbu. permet d'assurer que tous les papillons des carburateurs sont ouverts de la même manière à petit régime. En effet, à haut régime, ils sont grand ouvert et cela ne change rien. Donc, la synchro a uniquement un effet sur les bas régimes, environ jusqu'à 4.000 tr/mn.
On commence donc pas étalonner l'appareil en fixant l'appareil sur l'un des carburateurs, tous phares allumés (comme en position de roulage). La bille doit être au centre. On règle ensuite les 1et2 ensemble, puis les 3et4, et enfin celui qui relie les deux couples. Une fois que c'est effectué, on fait une vérification en mettant légèrement les gaz.
Conclusion
Une révision standard comme celle-ci prend environ deux heures.
Dans l'absolu, il faudrait également passer partout pour tout nettoyer, sortir un certain nombre de cables de leurs gaines pour les nettoyer/graisser. Le changement du liquide de frein attendra quant à lui la prochaine révision.
Faire une révision régulière soi-même du type nettoyage de chaîne, lubrification partout à bon escient, prolonge de façon notable la vie de la moto Aucune des opérations décrite ci-dessus n'est irréalisable soi-même. Seule la synchro carbu demande un peu de matériel et d'investissement. Attention à respecter l'environnement lors de la vidange pour ne pas jeter l'huile moteur dans la nature !
Le reportage photos sur la révision moto concessionnaire
Merci à la concession Luc Motos à Nanterre de m'avoir ouvert ses portes
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