Les puces de Niort

Vie de motard(e)s - témoignage... et APPEL DE PHARE...

Niort, petite ville tranquille, trop tranquille même diront certains. La Sèvre y serpente langoureusement et en suivant ses berges depuis les quais du centre ville on peut la voir bientôt s'élargir entre des rangs de peupliers, évoquant déjà le Marais Poitevin tout proche.

C'est ici, à deux pas du siège de la première mutuelle niortaise que deux jours par an l'animation est à son comble. Bien sûr, parfois le stade proche fait entendre les rumeurs de liesse ou de déception des supporters de l'équipe locale de foot. Mais là, c'est différent toute la ville retentit de vrombissements : ce sont les Puces motos.

Cette année, ce sera ma troisième année, mes troisièmes puces en quelque sorte. Certes, on pourra s'étonner de mon assiduité moi qui ne suis ni motarde, ni sac de sable et pourtant, et pourtant…

Toute cette agitation qui sort la ville de sa longue léthargie, hivernale mais pas seulement puisque les beaux jours emportent les Niortais vers les rivages marins voisins, trop proches ils agissent comme un aimant et trop lointains pourtant pour que les estivants donnent à la ville un semblant de vie, toute cette agitation rend ces deux jours exceptionnels. La foule des visiteurs des puces est pour le moins surprenante puisqu'on y rencontre les motards bien sûr mais aussi des visiteurs locaux dont bon nombre viennent de la campagne environnante. Et c'est ce contraste qui m'a saisie en premier lieu : deux mondes si différents qui se côtoient et qui viennent là pour des raisons diverses.

Mes deuxièmes puces m'ont fait découvrir autre chose. Bien sûr, comme dans tous ces rassemblements, je suppose du moins, il y avait des motards qui faisaient des démonstrations de stunt. Tout y était sans oublier l'éclatement ultime du pneu, sorte de bouquet final à ce feu d'artifice…d'absurdités diront certains. J'en suis si ces démonstrations sont faites sur route ouverte, mais je conçois par contre que la passion puisse aussi s'exprimer de cette façon ; après tout tourner en rond sur un circuit est-ce forcément plus futé ? Dans les deux cas ne s'agit-il pas de faire corps avec sa machine ? Ne s‘agit-il pas d'arriver au geste parfait ? Une acrobatie serait-elle plus absurde que l'attaque d'un virage à la limite ?

Voilà ce que sont les motards pour la plupart, des chercheurs de limites, alors parfois en choisissant la puissance ils ont l'impression de les repousser, parfois ils oublient que tout est affaire de compromis. Mais notre langue se fourvoie quand elle veut nous faire croire que l'on peut aisément faire rimer passion et compromission, elle rime par contre avec exaltation et exagération.

Mais il existe encore une autre variété de chercheurs de limites. C'est celui qui recherche les siennes propres quelle que soit la moto. Lui, il recherchera la difficulté, l'engin qui ne ressemble à aucun autre. Ce genre de moto dont les plus aguerris descendent avec l'impression d'avoir échappé à un danger et même, même pourquoi pas à un monstre. « Mais comment peux-tu rouler à 140 avec un truc pareil . Elle ne freine pas d'abord ! » S'en suit alors la litanie de défauts plus nombreux les uns que les autres. C'est pourtant ce monstre-là qui en rugissant un jour m'a fait comprendre comment on pouvait ressentir jusqu'au tréfonds de soi les vibrations à nulles autres pareilles d'un moteur Harley : ce son qui vous vrille l'estomac et qui vous fait frémir comme une symphonie.Pour ce motard la passion rime surtout avec initiation, il reconnaît au premier coup d'œil la marque d'un moteur, là où vous ne voyez qu'un morceau de ferraille rongée par la rouille. Comme les autres il est capable de paris fous, mais c'est uniquement à lui qu'il veut prouver que cette folie était possible. Alors cette année quelle sera ma surprise ? Parce que je sais que j'en aurais encore.

Et si vous croisez une blonde qui vous mate au détour d'une allée, gardez-vous de croire que votre charme la fait rêver. Non, ce qui l'intéresse c'est votre rêve et comment vous le vivez !

Rendez-vous les 21 et 21 Mars, Parc des expositions à Niort

La Blonde - le 13 mars 2004

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