Histoire de motarde
Carcassonne
Vie de motard(e)s - témoignage... et APPEL DE PHARE...
Automne de l'année dernière, 2 mois de permis, dans les 5000 kms, je suis dans la phase toute puissance sur mon ER5.
Prête à tout.
Chaque kilomètre, je me dis que c'est mieux et moins bien que le prochain. Deux mois que je ne fais un peu que ça, beaucoup de routes seule, avec des copains mais j'attends d'être plus sûre pour oser demander au club -où j'ai été passagère quelques sorties et où je sais que je me sentirai bien- s'ils veulent bien m'accepter. Alors, la route pour moi, c'est mon bonheur et mon entraînement pour aller dans la "cour des grandes".
Où rouler ce dimanche ? Tiens, Carcassonne.
Tellement dans ma phase de toute puissance que je ne préviens personne de ma virée.
Comme d'habitude, il fait beau, chaud à Montpellier et je n'ai pas encore compris que
très vite, dans l'arrière pays, il y fait quelques degrés de moins, le temps n'est plus
le même mais je pars toujours équipée -au cas où.
Clermont l'Hérault, Bédarieux, la route à sportives du coin, un défilé ce
dimanche. Plein de couleurs, des bruits de fusée, des éclairs qui passent mais je me
sens bien sur mon petit bijou qui va à sa petite allure. Bon, j'aimerais bien aller plus
vite mais je ne sais pas faire pi, j'ai une basique, alors, vous moquez pas :))) Pour
l'honneur, je m'arrête au café à Bédarieux où les membres du club se regroupent
après ce bout où les pros filent et le groupe des plus lents joue la balade tranquille.
Je roule et reconnais quelques endroits d'une balade passagère. C'est marrant, cette
impression de bout du monde. Plusieurs fois que je vis cela. Les balades SDS, j'étais
toujours passive, ne regardais pas la route, je veux dire les noms des villes traversées
et j'avais toujours l'impression que j'étais partie à l'autre bout du monde alors que
l'on n'est pas à 100 kms de Montpellier. Je roule vers St Pons et me régale. Ce bout,
oui, je l'ai fait derrière la Pan quand ils sont partis plus vite, je reconnais les
courbes et les prends, ben, comme je peux, à mon maximum. T'as du travail, ma pauvre !
Mais quel bonheur, d'être là à mon tour !
St Pons. Tiens, j'y suis venue plusieurs fois, quelles balades ? Tout va bien, je me sens
vraiment bien et heureuse au guidon. Rhooooo ! La D 920 / 620 a l'air sympa pour
redescendre sur Carcassonne.
Et je me suis fait prendre comme une belle newbie !
Impardonnable, moi l'ex de la montagne et des balades dans les bois, je n'ai pas lu la montagne ce jour-là. Octobre, cosses de châtaignes, feuilles tombées mouillées par terre, le tout dans des virages serrés bien évidemment pleins de gravillons et la montée dans le brouillard = routes encore plus mouillées pour les newbies-. Et qu'est-ce que je fais ? Je m'arrête sur le côté, mal, prise de temblements de partout. Personne sur la route, le téléphone -au cas où- ne passe pas. Continuer ? Mais ça va être la galère totale ! Sais pas faire. Demi-tour ? Alors, ça, impossible. Je sais que si je descends de la moto, mes jambes vont jouer de la castagnette et que mes tremblements risquent à eux seuls de faire tomber ma machine. Demi-tour en étant dessus ? Impossible aussi, sais pas faire, la route est étroite (pour moi bien sûr), ça glisse, c'est plein de trucs partout, il me faudra 10 minutes et si une voiture sort des courbes, et si je suis en plein mileu, et si je tombe ? Comment on redresse une moto -tiens, ils devraient l'apprendre pour le permis- ? Et si j'ai un pépin, ya personne, là, pour m'aider. Grand moment de solitude, j'ai peur et je me demande bien ce que je *ous sur cette petite route. Trop nulle ! La moto, à ton âge, seule, là, t'as prévenu personne, ils sauront pas où t'es s'il t'arrive quoique ce soit ! (je suis du genre à paniquer très vite). Les vues ? Ben, pas la peine, avec ce brouillard. Il me reste quelques couleurs mais angoissantes.
Bon, ben, tu continues là, il n'y a rien d'autre à faire. Des virages et des virages, oh, pas vite, hein ! Viser entre les cosses, les feuilles, le gravier. Et le regard, cette chose qu'il faut des années à maîtriser, moi, je suis du genre à me dire "regarde pas cette cosse, hein, la regarde pas, regarde pas le gravier là, et *erde, pourquoi je suis dessus ? C'est long, j'y vois plus rien sous la bruine, le brouillard, mauvais casque plein de buée, l'ouvrir ? Mais j'ai des lunettes, encore pire. Allez, t'as déjà eu des galères à ski, en bateau, à cheval, tu t'en es sortie. Je me rappelle quand même que lorsque l'on a fini de monter et que la route descend, c'est que l'on va vers le mieux. Ouais, tiens bon, t'as tenu jusqu'à maintenant, t'y arriveras, dans la vallée, ce sera mieux.
Au bout d'un temps qui me semble interminable, où j'ai eu le temps de me traiter de
tous les noms, de jurer de ne plus jamais faire de telles bêtises, le ciel s'éclaircit,
le soleil est proche, panneau Carcassonne dans les 10 kms je crois. Il n'y a plus de
raisons mais je continue la route encore bien tremblante.
Allez, t'as le droit de te payer Carcassonne maintenant ! Mais après, la Cité, hein, te
pauser d'abord !
Café à l'arrivée, des motards qui arrivent, un SP1. Ben, ils venaient pas de cette petite route, les routes sont trop mauvaises. Je sais, j'y étais.
Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)
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