Brèves de motard(e)s
Vie de motards - témoignage... et APPEL DE PHARE...
A - ne pas - suivre...
On était 4 potes : R6, CBR900, Hornet, ZX 7R, partis un peu comme des abrutis complets.
Ne sachant pas trop où aller, on décidait d'un objectif en fin de soirée. Il était 22h00, plutôt de nature à allumer, mes potes partent à chaque fois les premiers. Moi avec mon Kawa, pas très confiant à l'époque, car je l'avais depuis 15 jours avec seulement 200 bornes à mon actif sur cette bestiole, j'enchaîne derrière. Venant d'un CBX400, il faut dire que la conduite est franchement différente, les connaisseurs se reconnaîtront...
On part donc vers une destination choisie. Je ne connaissais pas du tout la route. Mes potes partent comme des balles, avec des pointes faciles à 120km/h en ville et 150 km/h en traversant les bleds... (ndlr : dangereux et irresponsable). Bref un peu moins fou qu'eux, ou plus conscient du danger, je traverse les bleds moins vite, toujours avec une certaine modération, mais quand même au-delà de mes habitudes. Vitesse de pointe sur les petites départementales au taquet (bien sur !) soit environ 250km/h compteur sur mon Kawa. Eux loin devant, moi quelques centaines de mètres derrière, toujours entrain d'essayer de les rattraper.. mais en vain.
Enfin à l'entrée d'un bois, quelques virages, ils connaissaient plutôt bien la route, pas moi. Je vis leurs feux arrières se rapprocher de moi. Ouf me disais-je, je commence à les rattraper, encore quelques centaines de mètres et c'est bon. Quand soudain un virage à droite bien profond et qui tourne encore plus. Les feux éclairant droit devant, à droite le vide total, le noir complet, ou plutôt les feux arrières des potes qui entamaient déjà le second virage à gauche. Mais moi j'arrivais bien vite, pile poil pour les rattraper, un petit 160km/h. Sur une route avec un goudron un peu brillant comme j'aime pas trop. Pourtant le kawa ça tient bien la route ! Pas de bol, pas le temps de réfléchir, et pas possible de la coucher, trop dur, le temps de ralentir, la bécane s'est redressée. Je voyais le bas coté gauche de la route se rapprocher, je me disais intimement, je passe juste, sur les graviers, et puis histoire sans paroles...
Juste le temps de tout lâcher, de toute façon le choc assomme plus ou moins, sur le coup, un super vol plané, la bécane aussi, le talus, glissade dans l'herbe, j'en avais perdu mes chaussures (des bateaux). Pas de gants, ouf pas de bobos, une foulure à l'index gauche... J'ai rien senti, je me suis relevé et j'ai couru pour relever ma bécane, je peste deux secondes, et je fais le point... Un peu sonné, mais lucide, j''essais de redémarrer, mais seul le feu avant restait allumé, le guidon ne tournait plus, plus de carénage, ni avant ni arrière... Pas glop ! Je réalisais l'ampleur des dégâts...
Perdu mes chaussures dans l'action. Je gare ce qui reste de ma kawa,
et je cherche les pièces restées sur la route, pour ne pas créer de suraccident..
Ce serait vraiment le pire qui puisse arriver ... une fois tout récupéré,
je continue de chercher ma chaussure ...
Puis j'appelles avec mon GSM les potes...
Ils sont revenus me chercher. Ma bécane hors d'état de rouler, ils sont
partis chercher une camionnette. Pendant ce temps, il ne me restait plus
qu'à appeler une copine, pour pleurer sur son épaule au téléphone à 23h30
par une nuit de mois d'août...
La bécane était pas mal amochée. Elle a du faire une belle pirouette car
la bulle, le cadre, la selle, le flanc de carénage, l'arrière... arrachés,
tête de fourche tordu, etc...
Moi, j'ai kuste une petite égratignure à la main droite, vraiment bobo
de chat, index gauche enkilosé, et fatigue dans l'épaule droite, genre
surmenage sportif ... J'étais en tenue d'été, Jean, chaussures bateaux,
sans gants, un casque quand même, dont la visière a été rayée d'ailleurs.
Au final je m'en sui sortis pour 5500 balles de pièces d'occase et pas
mal d'heures de réparation sur ma bécane. J'y ai passé 3 semaines de vacances.
A vrai dire je n'avais pas le coeur à partir où que ce soit... Et je ne
pouvais pas laisser ma bécane dans cet état.
Depuis, j'ai appris à maîtriser un peu mieux la kawa, toujours un peu lourde à mettre en courbe, pas très maniable, mais très stable... Car elle passe très bien les grandes courbes et virages sur nationales ou autoroutes à des vitesses non légales...
Cela dit, je déteste rouler de nuit, et la morale de l'histoire, c'est qu'il ne faut jamais essayer de suivre les copains si on doit se dépasser soi même pour cela. Le pire c'est que ma devise a toujours été ; "mieux vaux arriver en retard plutôt que de ne pas arriver du tout...". Et je me suis fait avoir à mon propre dicton. Un mois plus tard l'un des 3 gars chutait à son tour sur sol mouillé avec son Hornet. La double morale c'est qu'il ne faut pas s'imaginer "bon" parce qu'on a échappé à une gamelle la veille.
Pour les deux autres, je roule encore en leur compagnie, mais à présent je les ralentis systématiquement, alors ils marquent des pauses, 1 à 5 minutes le temps que je les rattrape, et wouff ils remettent ça de plus belle (pour eux ; vitesse mini sur route 160km/h, et 200km/h sur autoroute... il va de soi que très peu de motards ont essayé de les suivre. Un jour en revenant du Mans par la nationale sur un groupe de motard cherchant à les suivre, il y en a eu encore un qui a fait un tout droit. Moi je savais qu'il ne faut pas les suivre.
Aujourd'hui je roule à mon rythme... et pépère...
Pierre - le 5 octobre 2002
Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)
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