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24h du Mans moto 2010 : du 109 au sein du Team FMA

Au sein du paddock, au milieu du Team, 3 jours de folie et 24h sans - presque - dormir...

8h15, arrivée au circuit après 2h de route très tranquille. Où sont les motards ? J'en ai vu 4 sur la route !!
Dans le box, le va et vient des mécanos a commencé, les pilotes se préparent, dehors, le bruit des roadsters résonne dans la ligne droite.

10h10, le warm up commence dans 5 minutes, les pilotes arrivent dans les stands, la moto chauffe, les commissaires vident la voie des stands. On est déjà "dans" la course.
Au bout de 3 tours de warm up, drapeau jaune suite à une chute et à 10h20, une BMW privée lâche un gros nuage d'huile, drapeau rouge, retour aux stands pour tout le monde.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

10h47 (c'est précis hein :) ), reprise du warm up, la piste est nettoyée, tout le monde repart, même les BM !
Petite pause, le stand s'est vidé, c'est l'heure de la course d'anciennes. A voir la ligne de départ, on se croirait revenu 35 ans en arrière. Superbes machines et des pilotes qui ne sont pas là "que" pour s'amuser.
Dans 4 heures, le départ des 24 (heures pas pilotes)

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

14h30, la moto chauffe dans le stand, l'ombrella girl se prépare, le pilote 1 est équipé, la tension monte, çà commence à courir un peu dans tous le sens. La moto est qualifiée en 47e position, dans 24h00, elle sera en ...

15h02, toutes les motos sont parties, Suzuki en tête devant Kawasaki. J'entends déjà une moto qui rentre aux stands, pas la nôtre, ouf.

15h20, les mécanos démontent sur le mulet toutes les "pièces d'usure" (levier, guidon, sélecteur, etc.) qui pourront être utilisés sur la moto de course en cas de casse. Pendant ce temps, sur la piste, la moto FMA est 52e, la moto du SERT mène devant Kawa et le team ART.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

15h43, la Honda 63 chute et repart. Je suis toujours épaté par la capacité des pilotes à relever leur moto et repartir à l'attaque en quelques secondes. Pendant ce temps,  la 109 est remontée à la 50e place.
Le 2e pilote se prépare pour le changement de relais.
2e chute d'une Kawasaki, il fait chaud, beau, la piste est chaude, mais les pilotes aussi. Devant, ça tourne en 1'39 à peu près.
La 63 ressort des stands, il s'est écoulé moins de 3 minutes depuis sa chute.
Sur l'écran de contrôle vient de s'afficher "Bike 109 in gravel bed", la moto rentre au stand le temps de vider le carénage des graviers. ON a fait un transfert, les graviers du bac sont dans les stands ...
Le 2e pilote repart avec la moto, à priori, elle n'a pas l'air d'être tombée, juste un tout droit.

16h15, la 75 vient de chuter, le pilote est resté coincé la moto sur la jambe pendant quelques instant, mais la moto a redémarré, il repart vers les stands.

1h25, la moto du SERT vient de chuter, comme on dit couramment, "va y avoir des frais". LA moto est revenue au stand, et ça bosse dur dessus.

Le 3e pilote vient de rentrer dans les stands pour prendre son relais. Dans un coin du box, les pneus chauffent. Sur le circuit, les esprits s'échauffent aussi, certains motards regardent la course, mais visiblement, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Autrement RAS, tout est calme dans le box. Je jette un oeil chez nos voisins (Honda 56), pareil.
Une voix retentit dans le box, "çà rentre, çà rentre, prépare un pneu", déjà le 3e relais. Il est 16h40, je suis là depuis 8h00, et je ne vois pas le temps passer.
Monstrueux !!

Une moto est rentrée au ralenti sur la piste, et s'est fait percuter par une autre moto qui arrivait pleine charge.
Sortie du safety car, les pilotes sont à terre.

Pendant que les pilotes sont au ralenti, nous recevons la visite de Séb Charpentier, assailli par la gagnante du concours Lerepaire/FMA pour faire une photo avec elle. Si j'avais su, j'aurais fait pilote :).
16h58, le safety car rentre aux stands, la course repart. Pour l'instant, pas de news des 2 pilotes accidentés. Gros coup au moral pour tous les équipages.

Juste comme ça en passant, la 109 grapille des places régulièrement et est 44e après 2h00 de course.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Je profite du calme relatif pour aller voir l'animation trial. Etonnant de voir des centaines de motards applaudir 2 cyclistes. Ca doit être parce qu'ils font des wheelings. Retour aux stands pour voir la 30 dans le bac, mais à priori, rien de grave, ils sont repartis.

18h00, la 109 remonte petit à petit, elle est maintenant 41e. 24h, c'est long, la régularité finit toujours par payer.
Pendant ce temps, la 411 fait du TT.

Je vais tirer profit de ce calme pour vous parler d'un des cotés que je trouve sympa au Mans (ou sur les autres courses).
Bon, il y a évidemment la course, c'est sympa, impressionnant, voir hallucinant de voir les types aligner des chronos de fous pendant 24h. Franchement, si un type venait vous réveiller à 3h du matin pour vous dire "hé, va rouler, et fais péter le chrono", je ne sais pas VOUS, mais moi, j'aurais surement tendance à l'envoyer paitre. Désolé, mais à 3h du matin, je dors, je ne vais pas rouler en moto. Surtout pas sur piste, en slick, avec 54 autres furieux. Bon, passons.

Il y a aussi le public. A lui tout seul, le public du Mans permettrait d'écrire une encyclopédie d'anthropologie en 12 volumes. Entre ceux qui regardent, ceux qui poussent des poubelles, ceux qui dorment, ceux qui font du feu, ceux qui cassent des motos, ceux qui se promènent, ceux qui prennent des photos, ceux qui mangent, ceux qui boivent, ceux qui admirent les trialistes, ceux qui sifflent les trialistes, ceux qui sont habillés, ceux qui sont à moitié à poil, bref, ya de quoi faire…

Mais non, ce n'est pas ça. Ce que je trouve sympa, c'est de se balader dans le paddock, en amateur de véhicules roulant atypiques, je trouve toujours mon bonheur. Des Dax et Chappy à la pelle, des vieux Honda CY80, des trottinettes électriques, des trottinettes à essence. J'ai même vu un Dax Rose, tapé jusqu'à la moelle, en train de tirer une remorque avec des trains de slick. Et toujours, dessus, des types (ou des nanas) qui ont la banane, qui ont l'air de bien s'éclater avec leurs engins. Tenez, pas plus tard que tout à l'heure, un 250 Tricker Yamaha, comme neuf. Ca vous parle le tricker? Rossi en a eu un à un moment. Non, toujours pas? Un espèce d'hybride entre un trail, une moto de trial et un BMX. Le truc inutile par excellence, mais dont on a furieusement envie quand on le voit.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Bon allez, retour à la course

18h33, changement de pilote, tout va comme sur des roulettes. Il fait toujours chaud, les chronos sont toujours bon (la moto tourne en 1'46), RAS

19h11, le pilote du relais suivant se prépare. LA course se déroule sans problème, quel contraste avec celle de l'an dernier. Entre une course où il commence à pleuvoir 1h après le départ, et une course sur le sec, il semble que la course sur le sec soit plus sympa pour les pilotes. La moto fonctionne très bien, pas de soucis technique, pas de panne, pas de chute. « Plus que » 20h de course…

Fin du relais de Mathias. La moto est saine, bien réglée, elle n'est pas fatigante, ne bouge pas trop. Le pneu arrière glisse un peu, mais c'est dû au choix de pneus, ils ont privilégié l'endurance, ils ont fait 5 relais avec le pneu avant, 4 avec le pneu arrière, ça permet de gagner du temps sur les ravitaillements, et pour l'instant, ça paye, la moto remonte au classement. Niveau freinage, pareil, bon feeling, même si le mordant n'est pas exceptionnel, mais ça permet de mieux gérer, de ne pas se faire surprendre.

20h40, chute spectaculaire à la sortie de la Dunlop, le pilote d'une Kawasaki a fait un high side, réussi à rattraper la moto, mais se retrouve avec les 2 jambes du même coté, fait quelques mètres et perd l'avant. Çà passait, c'était beau (tm).
2e chute à la Dunlop quelques minutes plus tard. Il est vrai que la nuit est en train de tomber, la température baisse, la piste refroidit, mais les chronos ne baissent pas. Le début de la nuit risque d'être douloureux pour certains.

21h50, après un excellent repas, retour dans le stand pour voir que la moto est maintenant en 35e position !!!
La nuit est bien tombée sur le circuit, on distingue des trainées lumineuses dans le noir, la moto tourne toujours, tout comme les 48 autres équipages. Il n'y a eu "que" 6 abandons depuis le début, la nuit sera longue.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

22h14, gros coup de flippe. On rentre dans les stands, le pilote se prépare pour le relais, je demande quand la moto rentre, on me répond "elle devrait déjà être rentrée". Oups…
Je monte dans la loge au-dessus prendre des photos du ravitaillement, et au moment où la moto arrive, j'entends le team manager qui dit "on la rentre". Enfer. Retard + "on la rentre" = chute?
En fait, la selle a cassé au début du 2e tour du relais, le pilote a fait le relais complet avec une selle cassée !!
Donc 3minutes, le temps de remplacer la selle, et hop, la moto repart en 37e position.

22h49, gros coup de flip... chez nos voisins. En faisant le plein, la béquille lâche, la moto se couche devant le stand, panique chez eux, ils remontent la moto, changent la béquille, épongent l'essence et gazzzz.

23h11, la moto est en 33e position, elle rentre au stand, double changement de pneus. RAS. Derrière les stands, les mulets s'entassent, et se dépieutent petit à petit. Cadres seuls, cadres et moteur, cadre et fourche, partout, des bouts de motos abandonnés, "vampirisés" au fur et à mesure des besoins des teams.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Il est 00h08. Ça y est, on est demain. Dans la nuit, le silence est troublé uniquement par le bruit des moteurs dans la ligne droite. La moto est toujours 32e, les abandons sont maintenant au nombre de 8, peut être 9, un des team a annoncé que suite à la blessure d'un de ses pilotes, leur moto ne repartirait pas. J'essaye de convaincre mon collègue photographe d'aller faire un tour chez "les fous", il n'a pas l'air très motivé. A suivre…

Hop, 1h10, on a fait un petit tour chez les malades. Très décevant, mis à part une moto couché avec un panneau "cherche carter ou taxi", rien. Des feux de bois, des types qui dorment, d'autres qui se promènent. Pas de rupteur, pas de burn, mais où sont les motards. On aurait presque cru être au camping des flots bleus.
Du coup, pour nous consoler, retour au stand, et dégustation d'une tarte au fromage maison, fabuleuse. Petite pensée pour les pilotes qui tournent toujours, dans des temps super constant. J'entends que ça applaudit de l'autre coté du Box, la moto vient de rentrer, changement de pilote et ça repart. Dans moins d'une heure, on sera à la mi course, et à partir de là, tout ira vite.

Panique à bord, la moto rentre en avance, elle rentre directement dans le stand, Frank rentre en hurlant "le guidon a pété" !!
En arrivant au freinage du chemin aux bœufs, il a choppé les freins et claccc, le 1/2 guidon droit a pété net ! Frein arrière, la meule en vrac, il rechoppe le demi guidon arrive à serrer le frein, la moto part en roue avant, il lâche, refreine, re-roue avant, échappatoire, et il ramène la moto. Je pense que le désastre n'est pas passé loin. Tout le monde était plus ou moins endormi, ça nous a bien réveillé.
Le temps de changer le guidon, et la moto va repartir.  Chapeau bas et respect au pilote pour son rattrapage de la situation. Un des gars du team part réveiller en catastrophe le pilote suivant, qui partira en avance. Trop tard, pas le temps qu'il se prépare, c'est le même pilote qui repart.
J'entends problème de phare, la moto revient, l'autre pilote se prépare. La moto rentre, ils allument les phares et hop.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

12h00 de calme, et d'un seul coup, la tempête. 

6h00 du matin, bientôt changement de relais. Euh, je crois que j'en ai loupé un ou deux. Il fait tellement froid que je suis allé demander l'asile climatique dans la loge d'un team. Les loges, c'est super bien, c'est au dessus des box, c'est fermé de tous les cotés, il y a des chaises, et en demandant gentiment, on peut s'assoir dans un coin, et y dormir un peu. Bref, je suis resté une heure chez eux, et honnêtement, ça fait un bien fou. Pendant ce temps (j'ai l'impression que je dis beaucoup "pendant ce temps"), les pilotes ont grignoté une place, ils sont remontés à la 31e (après l'incident du guidon, la moto était passée 35e).
Je l'ai déjà dis, mais Respect. Il ne fait pas vraiment chaud, ils sortent dans la nuit, prennent la moto, vont tourner en 1 mn 40 pendant 1h00, et reviennent. Et pendant ce temps, je tape ce texte en blouson, avec un bonnet, le portable posé sur une espèce de grosse armoire à nourriture chauffante.

7h00, le jour se lève sur le circuit, et il est bien le seul. Le public brille par son absence, il semble que tout le monde dorme, sauf les pilotes et les membres des teams. La moto est toujours 31e, mais elle est dans le même tour que la 31e, et la remonte à raison de 2-3 secondes par tour. Mathématiquement, si les 2 pilotes sont réguliers, notre moto passera 31e dans environ 40 tours…

7h55, la moto est 30e, le 28e qui avait passé 3 tours aux stands est à nouveau arrêté suite à une chute, nous sommes donc maintenant à la poursuite du 29e, qui est toujours remonté à raison de 2/3 secondes par tour. Ceci me donne l'opportunité de faire la chanson du matin.
Le soleil vient de se lever, la moto est toujours en train de tourner, les températures vont enfin augmenter, et tout le monde va se réveiller.

La moto vient de rentrer. Il semble qu'une vitesse saute, il faut que la boite tienne encore 7h30. Le pilote est congelé, congelé comme dans "très très froid". Dès qu'il arrive, hop, on le "jette" sur le fauteuil des pilotes, on lui met entre les mains et sur la nuque une poche de gel chauffant afin de l'aider à récupérer. De l'autre coté du box, le 3e pilote mange un plat de pates, il n'y a pas d'heure pour manger des pates.
De l'autre coté" du circuit, le camping prend vie, de la fumée s'élève un peu partout, des gens émergent des tentes, la course va retrouver son public.

9h00, rien à signaler de note coté, tout va bien, la moto est en 29e position, c'est la fête.

9h20, le safety car est en piste, il y a de l'huile sur la piste. La moto rentre au stand, changement de roues et çà repart. Elle est en 28e position.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Pfuuu, 10h15, moins de 5 heures de course, j'ai un vieux coup de barre, je somnole dans un coin du stand. Quand j'ouvre les yeux, le reste du team est hilare, j'en déduis que même avec mes lunettes de soleil, ça a du se voir que je me suis (brièvement) endormis. Je constate en même temps que la moto est maintenant 26e, la classe hein. Il y a eu pas mal d'abandon cette nuit et tôt ce matin, et nos pilotes tournent toujours avec une régularité de métronome.

Tristan ayant eu pitié de moi et mon petit 200mm Nikon, il m'a prêté son chasuble. A moi les joies de la voie des photographe, la possibilité de shooter autrement que derrière un grillage, les navettes photographes qui permettent de faire le tour autrement qu'à pied. Ca m'aura permis d'avoir des photos d'autres choses que des vues de l'intérieur du stand et paddock, j'ai des photos de motos qui bougent !
Quand je suis revenu à 12h20, je demande dans le stand, RAS, la moto tourne toujours rond, elle est maintenant 24e, à moins de 3h de la fin de course. Peut être un top 20...

Dans le box, à 1h45 de la fin de course, il règne une ambiance assez, uhm, silencieuse. Tous le monde reste assis ou debout, à fixer les écrans de contrôles qui annoncent les chronos et positions. Par le jeux des abandons, la moto est maintenant 22e, le pilote tourne en 1'49, tout va bien.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Il reste 48 mn de course. La moto en 23e position nous remonte à raison de 5 secondes par tour. Sachant qu'elle a un tour de retard sur nous, et que nous faisons un tour en 1mn52, calculez pour voir si le 23e arrivera à nous rattraper. Je ramasse les copies dans 48 mn.

14h28, le dernier pilote part pour le dernier relais, nous avons toujours 1 tour d'avance sur notre plus proche poursuivant. A chaque fois qu'une moto rentre dans un stand, les stands voisins applaudissent le pilote qui rentre et celui qui part. La fin approche.
Pendant le dernier relais, les mécanos commencent à démonter le stand, le panneautage. A 15h01, il faut que le rideau soit baissé.

La course est finie, l'émotion de tout ceux qui n'avaient jamais participé à une course d'endurance (et des autres) est visible.  La moto a terminé, bien placée, 22e.
16h30, nous sommes dans la voiture avec un des panneauteurs (le monde de la piste est petit, il roulait au Vigeant le week end dernier avec  moi), au bord de la route, des centaines de personnes sont massées pour dire bonjour aux motards. Ce coup ci, c'est bien fini.

24h du Mans Moto au sein du paddock FMA

Merci à FMA de m'avoir accueilli, c'était une belle aventure humaine et sportive, et merci au Repaire de m'avoir permis de la vivre.

Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)

Bering