Motardscope : Jean-Pierre Boisard dit Dédé du Gaz

Jean-Pierre Boisard a chroniqué pendant deux ans et demi pour MotoRevue, de 2007 à 2009, à grands coups de Dédé du Gaz, secondé pour les illustrations par un Maître illustrateur, Jacques Vivant. 120 numéros du magazine ont ainsi eu le droit et l'honneur d'accueillir la prose, les délires et les fous rires, les coups de kick de cet écrivain... qui a publié depuis 2 Tomes de ses mémoires, La meule à Dédé 1 et 2.

Rencontre avec l'artiste...

Pourquoi ton pseudo ?

Parce que "dans la tire à Dédé, j'en ai fait des virées". Et sur une bécane, ça donne quoi ? La Meule à Dédé... Et quand j'étais moutard, mon paternel avait un pote qui s'appelait Dédé et qui bossait à GdF. Quand il débarquait à la casba, il s'annonçait tout fort "c'est Dédé, du gaz". Un personnage. Même s'il n'était pas motard.
Si tu étais une moto, laquelle serais-tu ?

Plutôt matte que brillante, plus matière que peinture. Vraisemblablement un truc fait à la main, probablement un twin avec beaucoup coffre, dans les 120ch au vilo et une courbe bien pleine au milieu. Pas mal de pièces en alu brut façonné. Mon Café-Racer Voxan, accommodé à ma sauce, me va vraiment bien.
Plutôt allemande, américaine, française, italienne ou japonaise ?

plutôt twin. Si c'est bien fait, chuis pas raciste. J'ai aussi un Guzzi dans le garage, attelé à un Précision 2 places en tandem. La moto des gosses.
Plutôt GP, WSBK, promosport, ou route ?

GP à la téloche, SBK dans les médias, promosport sur un circuit et route pour moi. Je préfère regarder les autres tourner en rond que de tourner moi-même. Ca me fout le tournis
Quel trait de caractère d'une moto te correspond le mieux ?

Quand l'aiguille du compteur monte plus vite que celle du compte-tours. Faut pas que ça mouline dans le vide.
Quelle partie de la moto te fais le plus vibrer ?

Le guidon. Mais j'ai mis des masselottes aux bouts.
Si tu gagnais au loto avec le plus gros jackpot jamais gagné, combien de motos aurais-tu et lesquelles ?

J'aurais racheté Voxan avant que ça ferme. Sinon, combien de moto ? Un atelier de 500m2 pour aller au bout de certains délires. Quantité indéterminée.
S'il n'y en avait qu'une ?

La Wakan. Parce qu'il faut bien un loto pour ça.
La moto dont tu ne voudrais pas, même en cadeau ?

Pfiouu. Ca en fait quand même quelques unes. Tout ce qui ressemble à un "produit" consommable, donc jetable.
Quand et comment a débuté ta passion pour la moto ?

14 ans et un 103 raccourci à la tronçonneuse, dont j'avais pas les papiers (je peux le dire, y a prescription). 16 ans et deux mois de boulot l'été pour payer la licence et la première vraie moto, un 125...Ouataaahh !
Quel est le défaut qui en moto peut devenir une qualité ?

être excessif.
Parmi les qualités que l'on te trouve, quelle est la plus vraie ?

D'être meilleur à l'écrit qu'à l'oral. Mais est-ce vraiment une qualité ?
Qu'as-tu appris sur toi en entrant dans la moto ?

le plaisir de la solitude qui règne sous un casque
Quelle est ta définition du vrai motard ?

J'en ai pas et j'en veux pas. Juger les autres m'insupporte autant que leur jugement.
Quelle est la qualité essentielle pour être un vieux motard ?

D'être encore en vie. Et c'est pas si simple.
Un truc qui t'énerve dans le monde motard ?

La globalisation de l'image qu'on lui colle.
Une confession intime à propos de la moto ?

Fellini et le mythe de l'amazone.
Quel pilote/SDS es-tu ?

Des jours avec et des jours sans. Des jours ça se la pète et des jours c'est plan-plan.
Ton meilleur souvenir ?

Le meilleur... Le plus récent : le WE dernier, 200 bornes entre neige et brouillard. Une hivernale le 15 octobre, c'est surprenant. Je voyais ça plutôt aux alentours de Janvier-Février, d'habitude. Et les 300 km qui ont suivi, sous le soleil pour redonner progressivement vie à mes arpions surgelés. Le contraste.
Ton rêve en moto ?

rouler pour le plaisir de rouler et d'enrouler du paysage. L'Australie, on peut y aller en moto, maintenant ? Ils ont fait un pont ? Alors d'accord pour l'Australie, mais va bien falloir 3 ans pour y aller.
Ta plus grosse peur ?

Une sortie de route avec le 125, je suis passé à 2 cm de la cabane du cantonnier. Ce jour là, j'ai compris que rester en vie, c'était peut-être pas mal non plus. Du bol.
La phrase que tu te répètes toujours quand tu roules en moto ?

Y en a pas qu'une, ça se bouscule. De temps en temps, je m'arrête pour prendre des notes, c'est comme ça que j'écris.