Essai moto Harley Davidson Café Sportster RSD

Un Nightster accidenté retapé par Roland Sands

V-Twin Revolution, 1.200 cm3, 65 ch et 107.1 Nm, 228 kg à sec

Après 64 ans sur le marché, la famille Harley-Davidson Sportster est finalement arrivée au bout de sa route. Obtenir la conformité Euro5 pour le vénérable moteur à soupapes en tête et refroidissement par air des XL Sportster serait simplement trop coûteux par rapport aux ventes escomptées. Donc en Europe au moins, les variantes 883 et 1200 des Sportster ont quitté la gamme Harley-Davidson. Une disparition que la gamme pourrait également connaitre prochainement aux États-Unis dans le cadre de la rationalisation de la Motor Company menée par le nouveau boss Jochen Zeitz et qui a déjà vu plusieurs nouveaux projets être mis entre parenthèses.

Mais les plus de 700.000 Sportster qui ont trouvé preneur partout dans le monde, depuis le lancement de la gamme la plus ancienne et la plus vendue aux USA en 1957, représentent aujourd'hui une horde de plates-formes abordables pour la customisation. Dans le même temps, la culture Café Racer s'est répandue aux États-Unis et bien que le Sunset Boulevard ne soit pas encore l'équivalent californien de la North Circular Road de Londres, on y rencontre de nombreuses prépas qui auraient toutes leur place à l'Ace Café ou au Busy Bee durant les Swinging Sixties. Avec une différence majeure néanmoins.

À côté des inévitables hommages transatlantiques aux café racers britanniques des années 60 comme les Triton, Tribsa, Norvin et autres, il y a aussi beaucoup de bases américaines. Forcément, un modèle aussi iconique dans l'héritage américain que le Sportster est ainsi une excellente base de préparation. De nombreux Café Sportster dépouillés ont ainsi vu le jour dans les garages de motards à travers le pays, dont beaucoup ont été piochés dans le catalogue de Roland Sands Design (RSD) pour leurs pièces.

Cependant, contrairement aux parfois bizarres, souvent magnifiques, mais invariablement farfelus assemblages de roues et de pièces de certains acteurs de la vague Custom, les motos de Sands ont toujours été parfaitement pilotables, comme on peut l'attendre des productions d'un ancien champion d'AMA 250 GP. Roland fabrique les motos Custom les plus folles, les plus hargneuses et les plus sportives de la planète, chacune avec son étincelle d'innovation et ses paillettes. Pourtant, celles-ci sont bien souvent équipées de fourche inversée, de gros freins, d'étriers à plusieurs pistons et d'un style agressif, prêtes à attaquer dans les courbes et à cabrer à l'accélération, plutôt que de faire office de simple oeuvre d'exposition.

Découverte

Après avoir été en tête du hit-parade des motos sportives il y a plus de soixante ans, lorsque Harley-Davidson affrontait Triumph et Norton au sommet des compétitions et avant que Ducati ne fabrique un bicylindre en V, les Sportsters XL se sont progressivement transformés en modèles d'entrée de gamme les plus accessibles en termes de prix et de performances.

Ainsi, bien que les derniers membres de la famille Sportster refroidis par air aient finalement reçu une alimentation par injection en 2007, ils sont restés les derniers de la marque à être équipé d'une boîte à cinq vitesses plutôt qu'à six (bien qu'avec une transmission finale par courroie) assortie à l'ancien moteur Evolution introduit en 1986 et dénués de tout balancier d'équilibrage. Ce moteur a toutefois été monté sur caoutchouc dans le cadre Slimline en 2004 pour éliminer les vibrations qui étaient autrefois un rite de passage sur chaque moto fabriquée à Milwaukee. Le fait qu'Harley ait vendu plus d'un demi-million de Sportster à moteur EVO, très nombreux et abordables aujourd'hui, en fait une base idéale pour créer son propre hommage à la culture Café Racer, mais Made in USA.

Sands voulait construire un banc d'essai roulant pour la gamme de pièces qu'il développait pour ses clients et en faire le support publicitaire dynamique. Après avoir parcouru les petites annonces pour trouver un candidat approprié, il est tombé sur une Harley XL1200N Nightster accidentée de 2008 affichée à seulement 4.000 $ sur eBay.

Alors que nous contemplions la moto sur laquelle je venais de passer quelques heures à enchainer les courbes de la Glendora Mountain Road au-dessus de Los Angeles lors d'une magnifique journée d'hiver, Roland Sands m'a expliqué :

Nous voulions créer notre propre version de la Sporty, afin de permettre à nos clients de faire quelque chose de différent avec une Harley et aussi quelque chose que les autres ne font pas. Beaucoup de gens les abaissent pour les transformer en chopper, mais nous voulions faire le contraire pour qu'elle soit fun à piloter et plus maniable. Nous avons donc créé le Café Sportster et comme tu viens de le découvrir, elle fonctionne plutôt bien en plus d'avoir l'air cool !"

En effet, le principe fondamental qui dicte chaque création de RSD est que le résultat final doit être agréable à piloter. Roland ne construit pas des motos uniquement pour qu'on les regarde, mais aussi pour aller poser le genou en virage, envoyer du wheeling et des stoppies ou encore faire des burns, si on en est capable ou si on ose.

La Nighster a été le premier modèle soi-disant chromé noir de Harley, une réinterprétation épurée et robuste de la légende du Sportster. Le style minimaliste néo-rétro se veut rappeler les années 1950 lorsque les GI de la Seconde Guerre mondiale ramenaient leurs WA militaires chez eux, coupant les pièces dont ils ne voulaient pas pour donner naissance aux premiers Bobbers. Sands est allé plus loin dans la création de la RSD Café Sportster à partir de son achat d'eBay, jetant son guidon tordu, l'échappement de série et d'autres pièces superflues, remettant le réservoir bosselé dans sa forme d'origine avant d'y fixer un bouchon RSD, découpant un peu plus de métal sur l'arrière déjà épuré du bobber, coupant un peu l'avant aussi, nettoyant le cadre d'origine et le bras oscillant en enlevant les supports indésirables, puis en faisant venir le peintre Chris Wodds d'AirTrix pour pulvériser la carrosserie d'une couche de titane satiné avec un cadre noir

La peinture faite, Roland a commencé à travailler dans l'atelier de son magasin de Los Alamitos en piochant dans le stock de pièces de son catalogue pour réassembler la moto selon ses goûts. D'abord la suspension, avec la fourche Showa de 39 mm de série à soufflets en caoutchouc qui a été surélevée de 25 mm pour offrir une garde au sol supplémentaire, puis re-valvée pour offrir un amortissement plus dur. Les amortisseurs arrière à réservoir de la série 970 de 370 mm sont plus longs que les Showa d'origine, relevant l'arrière de la moto et refermant ainsi l'angle de chasse original de 30° pour une direction un peu plus vive.

Les roues en aluminium PM Boss contrastées apportent une jante avant de 19 pouces et un arrière de 18 pouces sur une jante de 4.25". Le pneu Dunlop Sportmax arrière de 160/60-18, plus large, permet de poser les longs repose-pieds RSD Cruiser plus facilement. Heureusement ceux-ci sont articulés.

Le moteur de 1.200 cm3 du Sportster n'est pas modifié, mais adopte un filtre à air Venturi 7 de RSD avec filtre K&N et un cornet d'admission Turbine assortie à l'échappement Vance & Hines Tracker qui offre un supplément de 12 chevaux par rapport à la puissance d'origine, pour un total de 65 chevaux à la roue arrière.

Par rapport au Nightster d'origine, on trouve un unique disque flottant PM Turbo de 330 mm à l'avant associé à un étrier PM à six pistons avec son équivalent à quatre pistons saisissant le disque flottant arrière de 292 mm.

En selle

Ce surplus de puissance de freinage incite à rouler plus fort. Une tendance encore encouragée par la position de conduite entièrement repensée et beaucoup plus sportive avec la selle RSD Mustang plus accueillante qui vous fait vous sentir beaucoup plus en harmonie avec la moto que le mince et inconfortable coussin d'origine de la Nightster.

C'est alors que l'on s'avance pour saisir la paire de bracelets fortement rabaissée et équipée de poignées RSD et de leviers réglables montés sous le triple T supérieur de série qui a été retravaillé. L'apparence plus propre de ce dernier a été obtenue en retirant le support du guidon monobloc tandis que les témoins lumineux de l'instrumentation ont tous été supprimés dans la poursuite de ce look brut et épuré du café racer.

Essai

Démarrez le moteur Evo et l'échappement 2-1 laisse échapper un rugissement totalement conforme au look rétro du Café Sportster. La réponse est propre et nette et les performances plutôt bonnes. Il y a suffisamment de vie pour enchainer les virages sur les routes sinueuses, bien que la boîte de vitesse à cinq rapports soit toujours aussi difficile à utiliser, malgré l'action légère de l'embrayage.

Le confort du pilote ne figurait pas en tête de la liste des priorités de la Nightster lorsque Harley-Davidson a créé ce qui était censé être la machine la plus véloce de la horde du HOG. Mais la selle RSD rend le Café Sportster plus confortable et ce malgré les bracelets abaissés et les larges repose-pieds qui réduisent l'espace et conduisent à une position de pilotage très repliée.

Cependant, ils devraient déplacer le pare-chaleur du silencieux plus en arrière. On aura vite fait de se retrouver avec un jean brûlé si on ne fait pas trop attention à tenir son genou droit loin de la ligne d'échappement, ce que le boîtier du filtre à air encourage heureusement à faire.

Pour bien piloter la Café Sportster, il faut simplement suivre le mouvement, plutôt que d'essayer de la forcer dans une vaine tentative de la faire tourner comme une sportive moderne, car ce ne sera pas le cas ! Mais on est surpris par la rapidité avec laquelle on peut prendre une courbe avec les repose-pieds qui raclent l'asphalte sous les pieds. On ne peut clairement pas définir la RSD Harley Café comme une moto à la direction vive. Mais une Triton ne l'était pas non plus dans les années 60, dont le légendaire cadre Featherbed compensait sa lourde direction par une stabilité sans faille sur les bosses et dans les courbes rapides.

La Café Sportster se montre ainsi totalement à l'aise dans les virages si on la conduit comme un café racer de l'époque en utilisant beaucoup d'inclinaison pour prendre sa trajectoire et maintenir sa vitesse en courbe. Cela donne un pilotage satisfaisant et totalement authentique, aidé par la réponse immédiate de l'accélérateur et l'ensemble de freinage PM qui fonctionne très bien.

Conclusion

Si quelqu'un voulait construire lui-même cette moto, combien cela lui coûterait-il en plus du prix d'achat initial ? Pour une réalisation complète de A à Z par l'atelier, il faut compter dans les 12.000 $ en plus du prix de la moto. Sands assure qu'en faisant soi-même le montage et la peinture, il est possible de s'en sortir pour environ 3.000 $.

Le Sportster est totalement transformable, c'est fou tout ce que l'on peut faire avec. C'est vraiment cool pour nous, car nous voyons tant de gens faire des choses très différentes avec et rapidement aussi. De nombreux clients nous envoient des photos de leur préparation au fur et à mesure de sa progression.

Le Café Sportster de Roland Sand est un relooking authentique de Californie du Sud de l'un des types de motos les plus iconiques du Royaume-Uni, mais "à l'américaine", en utilisant le V-Twin le plus emblématique et le plus distribué aux USA comme base.

La fiche technique de la RSD Café Sportster