Dakar : interview de Frédéric Barlerin
Un des 34 pilotes sans assistance de la catégorie Original by Motul
Du 6 au 17 janvier 2019 au Pérou
Non, l'esprit d'aventure, de dépassement et de débrouille n'a pas disparu du rallye Dakar et survit encore aujourd'hui à l'autre bout du globe avec la participation de nombreux pilotes dans la catégorie Original by Motul, l'ancienne Malles Motos, où des amateurs participent au rallye sans assistance.
Focus sur Frédéric Barlerin, un responsable de maintenance SCNF de 38 ans de Côte d'Or qui prendra le départ de son premier Dakar en janvier.
Est-ce votre premier Dakar ?
Oui c’est le tout premier ! Mais je connais déjà l’univers du rallye, car j’ai notamment participé à l’Africa Eco Race en janvier dernier où j’ai terminé 17e au général (sur environ 40 motos engagées) et 2e pilote sans assistance.
Pourquoi le Dakar ?
C’est un rêve depuis tout petit… Mon père m’emmenait voir les concurrents passer sur la Nationale 7 dans la Nièvre… Les années phares du Dakar !
Pourquoi 2019 et pas avant ?
L’idée est née quand j’ai rencontré des gens qui faisaient du rallye raid il y a environ 4 ans. Ensuite il a fallu le temps de mettre les choses en place : une quête d’environ 4 ans pour trouver une trentaine de partenaires. J’ai sollicité peu de personnes dans le milieu de la moto. J’ai fait une stratégie différente. J’ai réfléchi à l’image véhiculée par le rallye et j’ai essayé de la vendre à des partenaires qui sont des industriels locaux. J’ai un partenaire majeur qui fabrique des vans et des camping-cars aménagés.
Qu’attendez-vous de l’aventure Dakar ? Quel est votre objectif ?
L’objectif N°1 : arriver au bout ! Et puis ensuite c’est de pouvoir visiter un nouveau pays ! Je vais découvrir le Pérou grâce au Dakar !! Ce qui me fait rêver, ce sont les dunes avec le Pacifique en contrebas. Et puis le dépassement de soi, franchir de nouvelles barrières ! Le mental est le plus important ! Surtout qu’en moto on est tout seul !
Avez-vous déjà piloté à travers des dunes de sable et au Pérou ?
Non, jamais ! Ce qui me fascine et m’effraie à la fois !
Quelle est votre plus grande peur pour le Dakar ?
Nous roulons avec des engins mécaniques, ma plus grande crainte reste donc la panne… C’est un paramètre non maîtrisé… Par exemple, si une pièce est malformée, cela peut mener à l’abandon… Je mets toutes les chances de mon côté en partant avec une moto neuve : une KTM 450 enduro (kit RS concept).
Etes-vous déjà en contact avec d’autres pilotes ou amis qui font ou auraient déjà participé au Dakar, en tant que « Original by Motul » ou avec assistance ?
J’ai un ami avec lequel je suis en contact régulier : Stéphane Bouvier pilote moto. En pilote “Original by Motul” il y a Romain Leloup avec lequel j’ai déjà échangé. Et je suis aussi en relation avec d’anciens pilotes malles pour avoir quelques conseils.
Quels objets personnels emmenez-vous avec vous ?
Je colle les petits mots envoyés par mes partenaires et les dessins de mes enfants à l’intérieur de ma malle ! Et il y a aussi des bracelets que me font des enfants handicapés avec lesquels je suis en lien dans le cadre d’actions solidaires.
Pourquoi avoir choisir de concourir en tant que “Original by Motul” ?
Il y a 2 raisons : d’abord vivre une aventure à l’état brut comme les Dakar d’antan avec l’entraide entre pilotes !! Et puis il y a le budget aussi. Economiser sur l’assistance permet de repartir l’année d’après ! Je connaissais aussi cette catégorie depuis l’appellation des malles moto. J’aurais bien fini par participer au Dakar en malle motos mais la structure Motul m’a rassuré… Pour moi Motul fournit une huile de qualité et
je gagne de la place dans ma malle !
Comment vous êtes-vous entraîné pour concourir en tant que « Original by Motul » ?
Physiquement : Je fais beaucoup de sport (cyclisme, course à pied…) et j’ai fait des courses moto dans le même registre pour me préparer (Africa Race, Maroc).
Mécaniquement : Il faut surtout avoir la moto qui ne tombera pas en panne ! Je vise donc la fiabilité surtout ! Sinon je connais les notions de base et je suis assez débrouillard.
Mentalement : Je fais de la préparation mentale naturellement dans tout ce que je fais. J’ai fait le Roc d’Azur il y a quelques semaines (compétition VTT) sous une météo exécrable… C’est assez efficace pour travailler le mental !! La recherche de partenaires demande également une force mentale pour tenir le coup !
Pour moi, la préparation reste plus difficile que le rallye !
Comment connaissiez-vous Motul avant le Dakar ?
Je connais bien les produits Motul. Quand on fait de la moto, ce qui compte c’est : la graisse de chaine, l’huile moteur et l’huile de fourche ! Et Motul c’est de la super huile !
Pensez-vous avoir besoin de conseils techniques de la part d’experts techniques Motul ?
Pour le moment je ne pense pas, mais c‘est toujours intéressant sur un rallye tel que le Dakar d’avoir des échanges avec des experts.
Quelles langues parlez-vous ?
Je me débrouille plutôt bien en anglais, mais l’espagnol c’est autre chose...
Quel est votre métier ?
Je suis responsable d’un service de maintenance SNCF. Et préparer le Dakar c’est un 2e job !
Si vous deviez vous définir en 3 mots ?
Tenace, persévérant, endurant.
Comment votre famille vit-elle l’aventure Dakar?
J’ai un support sans faille de leur part ! Mes parents sont un peu angoissés, mais ils me supportent oui. Ma mère est aux 400 coups ! Ma femme doit venir au Pérou me rejoindre sur certains bivouacs. Mes enfants sont à fond !
Comment imaginez-vous le passage de la ligne finale à Lima ?
L’arrivée est toujours un moment très spécial. C’est le Graal que l’on attend. Mais c’est aussi un double sentiment… D’une part nous avons atteint le but tant attendu, mais cela signifie en même temps que c’est la fin, que tout s’arrête et que l’adrénaline retombe…
Qu’est-ce que cela représenterait pour vous de remporter la course dans la plus dure des catégories ?
Je m’empêche d’y penser ! Il y a des gars avec un niveau et une expérience plus importante que moi ! Je me rappelle l’Africa Eco Race où je m’étais pris au jeu… Au final, j’ai fait une grosse chute à 100 km sur le sol marocain le 3ème jour et j’ai failli rester sur le carreau !
Comment allez-vous partager cette aventure ?
J’ai une page Instagram (Rallye Fred 21) et une page FB (Rallye Fred). J’ai aussi un blog qui sera mis à jour quotidiennement () où je partagerai avec plaisir photos et vidéo ! Tous les soirs je ferai un point avec une équipe d’une dizaine d’amis en France qui animera les réseaux sociaux pour moi. Parfois j’essaierai de faire quelques Lives durant la journée ou le soir.
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