Radars automatiques : les marchés sont-ils truqués ?

Une ombre jetée sur l'attribution d'un marché de radars automatiques

Des soupçons de favoritisme visant à emporter un marché public

C'est une affaire embarrassante que révèlent aujourd'hui nos confrères de l'Express. Selon leurs informations, l'ancien commissaire divisionnaire de l'Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), Serge Blüge, a fait état de soupçons de marchés truqués dans le cadre de la gestion des radars automatiques.

Durant l'été 2014, Serge Blüge dépose un signalement auprès du Service central de prévention de la corruption (SCPC) et insiste pour être auditionné par les enquêteurs de l'Inspection générale de l'administration (IGA). Le commissaire divisionnaire souhaite à l'époque alerter les autorités compétentes sur les conditions dans lesquelles l'Antai a passé un marché de 3 millions d'euros hors taxes sur le renouvellement d'équipement concernant les radars automatiques.

Le prestataire historique de ce type de marchés, la société Steria, avait à cette occasion cédé sa place à la société Bearing Point qui n'avait jusque-là jamais travaillé dans ce secteur. C'est désormais cette société qui a la charge de gérer un autre contrat bien plus important sur la gestion informatisé du traitement des infractions automatiques. Fin juin dernier, l'Express révélait déjà que ce traitement présentait certaines anomalies en plus de représenter un enjeu financier de taille pour les entreprises privées qui en détenaient la gestion. Rappelons que le système de relevé et de traitement est informatisé depuis de nombreuses années.

Selon Serge Blüge, le directeur de l'Antaï de l'époque aurait modifié les notes visant à défendre le projet de chacun des prestataires pour valoriser la candidature de Bearing Point aux dépens de celle de Steria. Le commissaire divisionnaire précise que cela lui a été de plus rapporté par trois personnes différentes. Bien que Serge Blüge ait alerté les autorités à l'époque, son témoignage semble être passé à la trappe.

L'Express révèle encore qu'une des contrôleuses de gestion de l'Antai, dont la fonction l'amène fatalement à traiter des informations financières capitales pour l'attribution des marchés public aux candidats de futurs appels d'offres, aurait été recommandée par une responsable de la société Bearing Point qui a remporté le marché en question.

Si l'on savait déjà que les radars automatiques constituaient un enjeu économique d'envergure en générant plus de 800 millions d'euros de recettes chaque année, voilà que des soupçons pourraient révéler que les marchés y seraient octroyés de manière nauséabonde.

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