Primes d'assurances en hausse : la fin du sport moto ?
Des primes d'assurances qui plombent de plus en plus l'organisation d'événements sportifs
Quand la jurisprudence prend le pas sur la passion... quel avenir pour le sport moto ?
Le ciel s'obscurcit peu à peu au-dessus du sport motocycliste français. Non contant de subir les conséquences directes d'un marché au plus bas (ventes de motos divisées par deux en 5 ans), le sport moto souffre d'un contexte juridique de plus en plus pesant qui pourrait bien entrainer la disparation de nombreuses épreuves dans les prochaines années.
L'explosion des primes d'assurances
Classé par définition comme un sport à risque, le motocyclisme dispose depuis longtemps de primes d'assurances élevées aussi bien pour les pilotes que pour les organisateurs. Cette situation n'est pas sans conséquence puisque la prime de Responsabilité Civile Organisateur représente une part importante du budget dans l'organisation d'une manifestation. Ces contraintes financières compliquent déjà grandement la tâche des clubs et ligues.
La situation n'est pas près de s'arranger puisque la jurisprudence a évolué l'année dernière en faisant disparaitre le principe "d'acceptation du risque" pourtant inhérent à la pratique de la moto. Désormais, les pilotes peuvent donc se retourner contre les organisateurs en cas de blessure.
Cette évolution se fera sentir dès la saison prochaine puisque les primes d'assurances Responsabilité Civile Organisateur vont purement et simplement être doublées. Une augmentation qui se poursuivra en 2015 et en 2016, en doublant chaque année ! Ainsi, un club qui paye aujourd'hui 1.000 euros d'assurance, payera 2.000 euros en 2014 et 4.000 euros en 2015. Plus grave, certains événements ont déjà des coûts d'assurance de l'ordre de 80.000 euros actuellement. Il leur faudra donc payer 160.000 euros l'année suivante. Alors que les organisateurs peinent déjà de plus en plus à assurer financièrement la rentabilité d'un événement, les contraintes seront bientôt beaucoup trop importantes et encore plus devant la désaffection grandissante de certains grands événements moto par rapport à la fréquentation ayant pu être connue dans le passé.
Un phénomène national
Ce ne sont pas que les manifestations locales qui sont menacées mais bien l'ensemble des courses françaises, y compris les plus emblématiques. Des événements comme le Bol d'Or pourraient avoir du mal à rester au calendrier dans les prochaines années. L'année dernière, l'organisation de la course d'endurance avait dû dépenser 40.000 € rien que pour l'assurance. Cette saison ce sont donc 80.000 € qui devront y être dédiés. Un budget colossal si l'on s'en tient aux 40.000 spectateurs officiellement présents en avril dernier à Magny-Cours.
La FFM fait de son mieux
Fortement engagée sur ce dossier depuis maintenant plusieurs années, la Fédération Française de Motocyclisme a longtemps cherché appui auprès du gouvernement. Mais ni les promesses de David Douillet, ni les rencontres avec l'actuelle Ministre des Sports Valérie Fourneyron n'ont permis d'inverser la tendance.
Le fonds d'indemnisation des sportifs accidentés semble aujourd'hui bien loin. La FFM se voit donc obligée de prendre seule les mesures qui permettront de sauvegarder le sport moto, en augmentant notamment le tarif des licences pour financer l'organisation des manifestations et approfondir la couverture des pilotes.
Cependant, la Fédé semble bien seule pour faire face à ce dossier et ne fait que ralentir l'hémorragie avant l'inévitable. Le sport moto est-il voué à disparaitre ? Peut-être pas. En France en tout cas, si elle est mal engagée la partie n'est pas encore terminée...
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