Histoires de motardes
Vie de motards - témoignage... et APPEL DE PHARE...
Maman motarde... Pour ma fille, loin.
- M'man, tu voudras bien rouler avec moi quand j'aurai la CB ? J'aimerais bien que tu sois là les premières fois, je me sentirais rassurée. Et puis, être toutes les deux, ce serait tellement beau !
Koi ? Que me demande-t-elle ? A moi ? Me demander ça à moi ?
Permis depuis plus de deux ans, p'tite jeune éduquée AFDM et discussions interminables
de son milieu de motards, elle roule sur sa 125 et je sais qu'elle roule "bien",
a dit son frère, qui l'a vue emprunter des plus grosses. L'année -ou deux ans, je ne me
rappelle plus- d'avant, elle m'a offert mon cadeau de Fête des Mères : aller jusqu'au
Pont du Diable avec la 125 en rodage. Quelle journée ! C'est la seule fois où je l'ai
vue conduire et peut-être même la seule balade avec elle.
Et là, elle a besoin de moi pour se sentir rassurée ? La technique, je ne peux pas la
lui apporter, mais ça ? oui ! Et c'est avec une fierté indescriptible que j'ai répondu
oui.
J'ai une ZZR depuis une dizaine de jours, et j'ai déjà roulé pas mal : ville,
petites routes, balade derrière...
Sa grande peur ? avoir oublié et ressembler à un "crapaud". Non, ma fille, tu
es la plus belle dans ton cuir, oui c'est bien, tu es belle, tellement belle sur la moto.
Me voilà l'escorter et surveiller chacun de ses gestes pour, à mon tour, lui dire ce qui
va bien ou pas. Suivre la CB que j'ai toujours vue conduite par son frère fait vraiment
bizarre ! Elle conduit bien, a des trajectoires propres mais on n'entend pas le même
bruit, pas de rétrogradages hauts dans les tours, la moto n'est pas aussi
"sèche", aussi précise, ce n'est plus le jouet que fiston a d'ordinaire.
On repasse par cette route où j'étais passagère de sa 125, elle s'en souvient aussi,
très émue à la pause. Un "must" ici, le Col du Vent, pas loin, pas haut mais
avec quelques virolos quand même. Un des premiers que j'avais faits dès le début de
ZZR, là, très bas dans les tours, ne cherchais pas à conduire en poussant ma moto, au
contraire essayer de voir tout ce que l'on pouvait faire sur un 4 cylindres sans passer
les vitesses, je la suivais, tranquille, plus à l'aise qu'elle. Je regarde la vue où les
montagnes sont toutes bleutées, tranquille, heureuse, ma fille devant qui s'applique et
qui est belle sur sa moto. Toute à ma rêverie, je n'ai pas réalisé qu'elle s'est
sentie tout d'un coup mieux, je regarde les montagnes et hop, elle disparaît devant, elle
a passé un cran sur la moto et la voilà partie ! Mètres, mètres et moi, je suis
toujours là à rêver, sans réaliser. J'étais trop bien à faire cette balade cool et
regarder ce bleu et à me répéter "c'est ma fille, là, qu'est-ce qu'elle doit
être heureuse et qu'est-ce que je suis heureuse, moi, à avoir le temps de la regarder.
Impossible d'enclencher la vitesse supérieure ni dans la tête, ni dans les mains...
A l'arrivée du col - Ben m'man, j't'ai déposée là ! - Ouiménon, je regardais le
paysage, tu as vu comme c'était beau, ces monts tout bleutés ? - Mouarff!!!
Ben voilà, tu lis en ce moment, je suis obligée d'avouer :))
Le reste, je tenais quand même à mon honneur, prête, sur le qui-vive et j'ai repris mon rôle d'observatrice à la hauteur de la situation :)) On rentre, elle fait une bêtise sur la route, j'attends la pause pour le lui faire remarquer comme l'ont fait d'autres motards pour moi avant. Les puissances ne se comparent pas, cette route avec de grandes courbes, c'est l'élément de la ZZR. On pause, elle a les traits tirés, elle est fatiguée mais heureuse.
Demain, le grand jour : la première balade familiale où nous avons tous les trois nos nouvelles motos. Rêve incroyable pour moi. C'est vrai que la mienne est plus imposante, mébon, pour moi, c'est juste ma moto. Ce qui se passait dans la tête de chacun, difficile de dire. Mon fils, notre maître, qui encadrait la maman, sa soeur passée dans la cour des grandes avec sa 500. Je sais que mon fils est très fier de sa soeur, de mon permis, de la passion qu'il a réussi à nous faire partager, il a compris que je m'en remets totalement à lui et à tous les gens qui disaient "quand même, un 600 ZZR,elle n'aurait pas dû", il répondait "Ecoute, elle a 50 ans, elle a droit de se faire plaisir, elle conduit bien, on peut lui faire confiance". Ma fille aussi fière de son frère, de sa "maman qui conduit un ZZR" et la maman qui voyait sa fille sur sa 500.
Fiston (avec sa passagère) voulait voir ce que donnait son 600 dans le Col de St
Pierre de La Fage. Contact, une jaune, une blanche et rouge, une noire et rouge, chacun à
faire attention pour l'autre, attention à ne pas risquer l'accident pour ce que cela
voudrait dire pour l'autre, à se dire on est tous ensemble à vivre la même chose.
Arrêt en haut du col, ma fille descendra plus tranquillement, "tu me suis". Ben
évidemment ! Tu sais, quand je ne suis pas, c'est que je ne peux pas, mais le coeur y est
toujours :)) Descente superbe, toujours excellent bitume, ZZR enroule en suivant le CBR,
bien, jusqu'au moment où une différence de pas grand chose dans la trajectoire, trop de
freins, la remise de gaz, et voilà, elle se remet à tourner carré. J'essaye de me
reprendre mais sens que je vais au danger, je n'ai pas pu le suivre, tant pis, je descends
comme je peux en sécurité et attends que les virages se réélargissent pour reprendre
un rythme.
Arrivés en bas, j'ai bien sûr droit à ses yeux pleins de malice "Ben m'man, j'
vais quand même pas passer ma vie à t'attendre " ? :)) Explosion de bonheur pour
tous, notre bonheur très égoïste et le bonheur de voir les yeux de l'autre. Les jurons
fusent, les tapes sur les cuisses, on ne peut pas se contenir. Fiston veut faire de la
course, les balades ne l'intéressent plus, il connaît sa 500 par coeur, il en a tiré
tout ce qu'elle pouvait donner. Le voilà à nous fausser compagnie et je l'imagine tester
sa moto avec la maîtrise qu'il a. Quel visage explosé de bonheur à l'arrivée !
Retour par la voie rapide, je sens encore le côté "imposant" de ma moto par
rapport aux deux autres, l'aisance qu'elle semble donner sur cette route. Et je pense à
tous ces gens à côté, non, vous ne pouvez pas comprendre... On revient tous les trois
d'une balade à moto et ce sont mes enfants : ce sont eux qui savent mieux que moi, ce
sont eux qui m'ont appris.
On mange mais on n'en a pas eu assez avec ma fille ! On décide de repartir, l'inséparable se joint mais le charme est rompu. Veut-il nous montrer qu'avec son GPZ, il va nous déposer ? On s'en fiche, on le sait, on était juste heureuses sur nos motos et le rythme saccadé ne nous convient plus. On fatigue, je sens ma fille, qui avait progressé depuis la veille, limite, je m'inquiète, le ZZR ne tourne plus, non, il faut s'arrêter et rentrer...
V My Dreamy
Dreamy dite "Dreamy" - le 20 janvier 2002
Vous avez aussi une aventure à raconter ? Ecrivez la moi et je la publierai :-)
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