Brèves de motard(e)s

Vie de motards - témoignage... et APPEL DE PHARE...

Petite moto, petite vitesse et gros bobos

Février 76

Non, la Bandit 12 n'existait pas encore. C'était avec un 125 XLS Honda.

Un dimanche midi, petite route sud région parisienne, sortant d'un club équestre, j'avais échangé mes bottes d'équitation pour mes bottes de cross (heureusement... mais là encore ça se discute car le temps passé à changer de bottes et le verre refusé aux amis pour rentrer parce que ma femme m'attendait, etc... et puis j'avais un collègue motard qui s'était tué le vendredi alors pas la Nationale et mollo sur la poignée...) 10 mn plus tard j'étais sur le dos sur la route après un choc terrible et un superbe vol plané avec double salto et chute de judoka et ma 125 dans un champ ! Une voiture venait de me percuter de plein fouet sur la jambe gauche à sa sortie de virage (en épingle). Estimation des gendarmes : elle roulait à 60 !!! et fatalement elle ne pouvait que filer tout droit... sur moi. Moi qui avais respecté en face la limitation à 30 km/h !... Les témoins (dignes inconnus qui me suivaient en voitures ont pu en témoigner, de même qu'un gars qui cultivait son jardin et a levé la tête en entendant ma moto arriver (ah ces motards, tous les mêmes...) et a également témoigné que je roulais à droite et à vitesse réduite...

Bref après avoir moi-même constaté les dégâts (secouriste) allongé sur le sol après reprise de conscience et demandé aux spectateurs une couverture car le choc était là et je commençais à geler sur place malgré le soleil : j'enlevais mon casque (à ne pas faire...)  : épaule gauche HS (en fait la tête humérale avait explosé et se trouvait au niveau des côtes) la jambe gauche HS (en fait fractures plateau tibial, tibia et péroné, malléole externe). J'allumais une cigarette en attendant les secours (à ne pas faire non plus, mais bon, ça calme.. drogué va ). Ce que j'appris plus tard à l'hosto c'est que j'avais oublié la fracture de la main gauche...

Merci à mon casque de cross (je me rappelle encore le choc sur le crâne à la réception).
Merci à mes années de sport de combat pour les réflexes pour la chute et à tous les sports pratiqués qui m'ont donné la force de tenir le choc.
Merci à mes bottes de cross car, sans elles, les dégâts auraient été bien pires.
Merci à mes gants de cross rembourrés car là encore c'eût pu être pire...
Merci à mon blouson d'aviateur trouvé aux Puces qui avait à peine une rayure sur l'épaule gauche !

Aucun commentaire quant au conducteur fou !!!

La 125 à la casse. La Volkswagen à l'arrêt capot moteur défoncé par mon épaule (pas solides ces allemandes...)... 6 heures d'opération... Après une semaine d'immobilisation, il fallait que je me stabilise : sept mois de plâtre (terrible, rappelez-vous pour les anciens : 1976, année de la grande sécheresse...), opération, puis greffe plus tard, opération encore, un an d'arrêt de travail et une carrière prof foutue en l'air. Mais, un ENORME MERCI aux pompiers qui m'ont pris en charge et ont failli se battre avec les gendarmes qui voulaient absolument me faire souffler dans le ballon, moi qui ne boit jamais avant de rouler et pas beaucoup quand je ne roule pas de toute façon. Et merci aussi à l'équipe de chirurgie qui m'a opéré et suivi, au kiné qui m'a aidé. J'ai pu remonter à cheval, refaire du ski, de la planche à voile (même en compet), de la plongée, et bien plus encore, enfin vivre quoi ET SURTOUT remonter sur une moto.

Aujourd'hui je roule en Bandit 12 depuis 3 ans (année de mon permis gros cube... : anecdote de AXA contactée pour l'assurance : "Monsieur, nous vous refusons, vous sortez des normes, on ne passe pas d'un scooter automatique 125 cc à un 1200cc comme ça... :-))))))) et j'adore ça ! Surtout dans ma région actuelle : la côte d'Azur. Avec ma femme (non pas la même...), 60.000 km, l'Autriche, la Corse, la France aussi (Ah les gorges du Tarn , le plateau du Larzac, ...) et je suis heureux mais tout aussi péteux car je me rappelle. Et j'enrage de voir ces fous autos/camions/deux roues qui ne savent pas, ou qui s'en foutent... Souvent je les traite de CRIMINELS (quand je peux le faire, s'il n'y a pas de délit de fuite de leur part...), car dans la semaine de mon accident, il y a 25 ans, je perdais 2 collègues motards... et tous les autres...

Marc, Nice  - le 13 septembre 2001

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